Je suis tellement heureuse de le voir, ses yeux me dévalent rapidement et me donnent l’impression d’être la plus belle des merveilles au monde. Mon cœur bat la chamade, il pompe énormément de sang et me donne l’impression d’être à deux doigts de craquer, de m’effondrer au sol mais je tiens bon. J’aime cette sensation, j’apprécie d’être à fleur de peau en sa compagnie, un simple geste, un simple regard de sa part parvient à me faire m’enflammer, il dispose d’une allumette qu’il peut jeter à n’importe quel instant sur l’essence que j’ai partout sur mon corps. Il peut me libérer, être mien et je n’attends que cela de lui, je l’espère courageux pour sauter le pas, ne pas se contenter d’une partie de jambes en l’air. Ce n’est en tout cas pas comme cela que je l’ai interprété, il y avait tellement plus, du désir, de chaleur, de tendresse… De passion ! Oui, ce n’était pas juste un coup entre amis, cela exprimait tellement plus, une possessivité qui nous liait, l’envie de dépasser un stade pour franchir un nouvel obstacle. Je me sens tellement bien depuis quelques temps, il est ma source de lumière et cette énergie me permet de renaitre de mes cendres. « Lukah ? » Je tourne la tête, prête à saluer une amie comme une autre du jeune homme mais je perds immédiatement le sourire. Je viens d’être foudroyée, je suis impuissante, je tombe de haut, de très haut. Aleksandra ? Que fait-elle là ? Lukah m’en a énormément parlé, son premier amour, elle compte énormément pour lui et c’est ce qui me fait peur… Je peux lire toute la gêne dans son regard, il essaye de fuir nos deux regards, nous, les deux filles qui sont peut-être le plus liées à lui. J’angoisse, j’étouffe, j’ai tout le mal du monde à déglutir. Elle lui donne un cadeau qu’elle lui demande d’ouvrir lorsqu’il sera seul, un petit coup de poêle supplémentaire, c’est personnel, surement magnifique et moi j’ai l’air stupide avec mon bon pour un massage… Elle s’excuse et s’éloigne, mon cœur bat tellement vite qu’il résonne dans mes oreilles, je suis là mais mon esprit est ailleurs, je panique, je le vois dans son regard, il l’aime toujours, il ne veut pas qu’elle s’en aille et ça me fait quelque chose, ça me fait du mal parce que j’aimerais qu’il soit uniquement nostalgique de son passé mais prêt à vivre dans le présent, dans un futur proche, peut-être avec moi ? « Tu m’excuses une minute ? » J’acquiesce, silencieuse, et les observe de loin. Ils ont une telle intensité dans le regard lorsqu’ils échangent pendant un bref instant, j’ai l’impression d’être ce personnage dans une série ou dans une saga, le personnage qui forme le nouveau couple que les fans veulent voir casser pour revenir à leur crackship favori. Lucas et Peyton dans One Tree Hill par exemple, qui a vraiment apprécié le couple que ce dernier formait avec Lindsey ? Personne ! Je me sens comme la péripétie qui empêche le héros de retrouver sa princesse dans les contes. Il revient et je me sens tellement mal, je ne veux pas le priver, je ne veux pas être l’élément perturbateur, je ne veux que son bonheur même si je dois mettre un terme à ce qui fait le mien. Ce sera toujours comme ça entre nous, je le ferais toujours passer avant moi parce qu’il compte, parce qu’il ne pourra jamais comprendre à quel point je l’aime et à quel point il est important pour moi. « Ne la laisse pas partir, Lukah ! C’est ton premier amour… Toi et moi on sait très bien que tu en es toujours dingue… Ne laisse pas passer ta chance ! » Putain ce que les mots que je suis en train de prononcer me paraissent amers, des lames de rasoir qui s’enfoncent dans ma peau un peu plus profondément. Je baisse la tête, je dois me ressaisir, donner l’illusion, pense comme l’actrice que tu es. Je relève la tête, esquissant un sourire que j’espère naturel. « Vas-y, qu’est-ce que tu attends ? Je serais quelque part par-là si tu as besoin. » Je me mordille la lèvre, m’avance pour lui déposer un petit baiser sur la joue et je fuis, je ne peux pas affronter son visage ni donner l’illusion que je souhaite vraiment le voir renouer avec Aleksandra, c’est impossible, cela signifie me priver de lui, de ce que nous sommes en train de créer et ça me fait mal, tellement mal. Je prends une grande inspiration, ne craque pas Leah, ne craque pas, pas maintenant.