RJ + we have to face it

We have to face it
RJ HEMINGWAY & J. RILEY CLARKE

La dispute a été si forte, si violente ... J’attends d’être complètement sûre que Joshua ne soit plus là pour relâcher toute la pression et la tristesse qui me traverse, qui me tiraille. Les premières respirations sont aussi douloureuses que salvatrices. Mais elles s’étranglent bientôt de sanglots incontrôlables. Mes jambes me lâchent, je m’écroule à genoux sur le carrelage froid. Peu importe qui peut me voir, peu importe qui peut m’entendre. Tout ce que je veux c’est sortir cette douleur qui ne cesse de me torturer et pour ça, je ferais n’importe quoi. Je pleure, je cris, je balance, j’arrache. Les miroirs se brisent, les poubelles se vident sur le sol. Il faut croire que cela devient une habitude quand les flashs d'une scène similaire me reviennent. Personne n’ose troubler ma crise et lorsque je retrouve le sol, c’est un éclat de verre qui vient chatouiller mes doigts et qui vient me dévoiler dans le reflet un monstre ... Un bruit, un pas derrière moi et j'attrape le bout de verre qui m'entaille les doigts que je serre autour de lui. Je me relève brusquement et me tourne vers cet homme qui a osé entrer. RJ. Il ne manquait plus que lui. Mon regard dévasté et dévastateur se pose sur lui. Mais je ne suis plus là, seule une ombre esseulée et rageuse subsiste.

RJ ne trouvait rien à faire. Il y avait bien des jeunes femmes belles dans leurs maillots de bain qui se retournaient sur son passage, lui lançaient des regards et des sourires lourd de sens, auxquels ils répondaient, mais sans réelle envie. Il n’avait pas la tête, il n’avait pas la tête à grand-chose, si ce n’était à se battre mais il n’avait pas trouvé de cibles qui lui plaisaient. Provoquer dans un camping était beaucoup plus difficile que dans une bonne de nuit d’autant plus qu’il n’avait pas assez ingurgité d’alcool, ce breuvage même qui le métamorphosait littéralement en un de ces hommes qu’il méprisait pourtant avant. Frapper et se faire frapper, telle était sa logique désormais. Cigarette aux lèvres –nouvelles habitude qu’il avait adoptée avec son nouveau rythme de vie-, il décida de se promener un peu afin de se dégourdir les jambes et de prendre un bon bol d’air frais. Tout était paisible jusqu’à ce qu’il entende un vacarme venir des sanitaires du camping, curieux, comme les personnes qui s’étaient plus ou moins attroupées autour, il alla jeter un œil, faisant mine d’avoir envie de soulager sa vessie. Et que ne fut pas sa surprise de tomber sur un visage plus que familier mais qu’il tentait d’éviter autant que possible, comportement que la jeune femme adoptait également de son côté. « Je suis presque sûr que ce que tu es entrain de faire est interdit par la loi » Il dit en guise de taquinerie, un petit sourire aux lèvres, mais aucune trace de malice n’était visible. Il s’assit à l’entrée, s’adossant contre le mur. « Qu’est-ce qu’il t’arrive ? » Il ne la regarda pas en posant sa question, se concentrant sur la fumée qui s’échappait de sa cigarette.

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When I fall to my feet wearing my heart on my sleeve, all I see just don't make sense. Because all I need is the love you breathe. signature by anaëlle.

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Mon regard s’arrête sur lui, puis sur cette foule juste derrière lui. Je m’approche à vive allure et le passe sans même le toucher pour aller rager aux visages de ces gens que je ne distingue même pas clairement. Tout est juste flou. « Qu’est-ce que vous regardez ?? ». Le regard noir parsemé de petite lueur de folie, d’instabilité, je dois suffisamment les effrayés pour qu’ils rebroussent chemin. Je les regarde s’éloigner, m’assurant qu’aucun curieux ne reste sur les lieux. Ma main me lance soudainement et je remarque le sang qui coule le long du morceau de verre. Un morceau de verre que je jette au hasard avant de m’appuyer, front contre le mur et de souffler bruyamment. « Qu’est-ce qu’il m’arrive ? ». Je n’en avais strictement aucune idée mais il n’était de toute façon par le meilleur placé pour me poser la question. Depuis combien de temps ne nous étions nous pas adresser la parole ? Je savais que ça ne l’intéressait pas … Et puis cette histoire avec Alice … Je ne pu m’empêcher de cracher sournoisement : « C’est l’hôpital qui se fout de la charité … Tu devrais te poser la question avant de me la poser à moi … ». Au fond, ses mots ne sont qu’une tactique pour éviter de répondre moi-même à cette question. Vu la situation dans laquelle je me suis fourrée, je n’ai certainement pas le droit de lui faire la morale … Mais je me protège, je me protège comme je le peux.

Il se demandait brièvement ce qui avait pu la mettre dans des états pareils, il ne se souvenait pas que Riley était le genre de personnes à se donner en spectacle en public comme elle venait de le faire. Il était presque sûr qu’il fallait vraiment l’avoir blessée pour qu’elle se laisse à une démonstration d’émotions aussi importante, devant tout ce public. « Aux dernières nouvelles ce n’est pas moi qui étais entrain de me donner en spectacle en saccageant des lieux publics en hurlant devant un public attentif » répondit-il avec autant de mesquinerie qu’il avait pu percevoir dans le ton de sa voix. Il savait parfaitement d’où venaient ses reproches de sa relation semi-avortée avec Alice, une situation qui s’éternisait, ne faisant que lui prendre conscience que le temps passait et qu’il fallait mettre de l’ordre dans tout cela très rapidement. « Tu en veux ? » Il tendit son paquet de cigarettes dans sa direction. Il ne se souvenait pas qu’elle fumait, lui non plus, habituellement mais cela aussi avait changé. Tout le changeait. L’heure était aux modifications, alors pourquoi pas lui ? Il connaissait parfaitement les dégâts des cigarettes sur son organisme, mais tant pis, l’on mourrait tous un jour ou l’autre non ?

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Au bout de quelques minutes, les yeux fermés, le front contre le mur froid du sanitaire, sa voix résonne juste derrière moi. Je m’étonne qu’il soit encore là mais au fond de moi, sa présence me réconforte. En voilà un que je n’effraie pas, en voilà un qui ne me fuit pas. Je me détache du mur et me tourne vers lui. « J’ai pas trouvé mieux … ». C’est aussi ridicule que cela. Je n’avais pas pu prévoir le débordement, le trop plein de colère, de rancœur et de honte. Trop de sentiments avaient bataillés en moi et il avait fallut que je les expulse, que je les sorte de mon corps et de mon esprit à tout prix. Je n’avais pas réfléchi, j’avais agis sous l’impulsion, sous l’émotion. J’ai fait n’importe quoi. « Tu va me prendre pour une folle hein ? ». Ce qui n’a pas vraiment d’importance. Peu importe ce qu’il pense de moi. La question n’en est pas vraiment une. J’attrape la cigarette qu’il me tend et attend sagement qu’il me file de quoi l’allumer. J’hésite mais vient finalement m’asseoir à côté de lui. « T’es rentrée depuis quand ? ». Je tire doucement sur la cigarette pour l’allumer et lui rends le briquet. « Tu reviens au milieu d’un sacré bordel tu sais … ».

Il ne la jugeait pas, ce fut d’ailleurs pour ça qu’il se contenta simplement de hausser les épaules après un « je vois » plutôt neutre. Ce n’était pas ses histoires et vu ses erreurs à lui, il s’interdisait toute sorte de remontrances sachant ô combien cela peut être agaçant et ô combien il est mal placé pour cela. « Non, je devrais ? » dit-il d’un air légèrement amusé, un petit sourire au coin des lèvres. Cela était une question rhétorique, afin de détendre quelque peu l’ambiance, la faire sourire peut-être, rien de méchant en somme. Elle attrapa finalement une cigarette et il s’empressa de lui tendre le briquet, avec nonchalance. Il n’était plus que cela, nonchalant. Après tout se dire que rien n’avait d’importance rendait tout cela plus concret. « Depuis… » il fit mine de réfléchir quelques secondes « Un bon moment » Il savait sa réponse frustrante et sûrement qu’elle ne satisferait pas la blonde mais il se doutait bien qu’elle avait déjà eu de ses nouvelles par Alice, plutôt son absence de nouvelles. « Tu parles de quel bordel exactement ? » Le tien ou le mien impliquait-il. Ils avaient toujours eu ce point commun de mettre le désordre partout où ils passaient « Je trouve que nous sommes très doués pour tout foutre en l’air »

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Devrait-il ? Son sourire au coin des lèvres me poussa à répondre positivement. « Peut-être bien … Qui sait … Au fond tu ne me connais pas si bien que ça. ». Parce que nous n’avions jamais eu l’occasion d’approfondir une quelconque relation, si nous en avions réellement eut une par le passé, si ça non plus je ne l’avais pas inventé de toute pièce. Mais ce n’était pas la question. Je n’y faisais même pas réellement référence. Je préférais me concentrer sur l’avenir. Cette avenir que nous nous évertuons à foutre en l’air comme il le disait si bien. « Le tiens, le miens. Au fond je crois qu’ils se complètent nos gros bordels ». Je soupire doucement, un soupire accompagné d’un nuage de fumée. « Je suis partie peu de temps après toi, je n’ai pas prévenu Alice, j’ai en quelques sortes coupés les ponts. Mais je ne savais pas que tu n’étais plus là, du moins plus présent pour elle. Je crois que c’était trop, trop de changement, trop de perte en si peu de temps … ». Bien sûr que je prêchais pour ma meilleure amie. Mais je n’étais pas dans le reproche ou ils étaient au moins partagés. Et malgré le dramatique de la situation, je ne pu m’empêcher de rire à ses mots. « Personne ne te contredira là-dessus. Bordel, comment on va finir ? Seuls bouffés par des chats … ».

« Tu m’avais promis ton mode d’emploi, j’attends toujours » rétorqua-t-il son sourire toujours apparent. Elle avait raison, il ne la connaissait pas tant que ça, à vrai dire, il avait l’impression qu’elle ne montrait que ce qu’elle voulait bien montrer, les barrières qu’elle avait érigé entre elle et le monde étaient si hautes qu’elles semblaient impossible à franchir. « Pourquoi tu es partie toi ? » Sa voix semblait lointaine, comme s’il ne s’intéressait pas vraiment à la réponse qu’elle lui fournirait, pourtant si, il était curieux, d’une certaine manière et puis ça leur ferait un petit sujet de conversation de quoi faire passer le temps le plus rapidement. « Ca tombe mal je suis allergique au chat » il lâcha un petit rire, plutôt amusé par la situation, ce serait encore pire pour lui, tant qu’à faire il n’aurait qu’à se prendre un singe, c’était plutôt pas mal bien que cela nécessitait beaucoup de travail. « On aura qu’à se voir une fois par mois dans un parc à nourrir les pigeons tout en discutant du temps qui passe, c’est pas mal non ? »

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Un mode d’emploi ? Mon regard trouble s’arrête sur son sourire apparent. Peut-être que cela aurait facilité pas mal de chose entre nous, à une certaine époque. « Il y’a pas mal de pages et je ne l’ai pas encore traduit du chinois … ». Même si je me sens loin d’être un produit bas de gamme. Cette discussion légère a le mérite de détendre l’atmosphère. Du moins pour quelques secondes. Juste le temps d’amener des sujets plus sérieux. Mon départ. Mes doigts viennent jouer avec le papier roulé, distraitement quand mon regard le fuit. « Joshua … Plus le temps passait et plus je me sentais prise au piège … Etre en couple, emménager … Je me suis rendue compte qu’il me demandait plus que ce que je pouvais lui donner. Je me suis rendue compte que je le voulais lui, mais pas seulement … ». C’est peut-être horrible de ma part de dire une chose pareille, mais au moins c’est honnête. Combien se torde de frustration ? D’idées refoulées simplement pour être quelqu’un de bien ? « Et toi ? Qu’est-ce qu’il s’est passé en Angleterre ? ». Mon regard ose enfin retrouver son visage. Ce n’est pas donnant donnant, mais je m’autorise à poser la question à mon tour. Par curiosité. « Merde … Tu fou nos plans en l’air ». Allergique au chat. Je devrais peut-être le souffler à Alice qui devait déjà être au courant si une idée de vengeance lui venait à l’esprit. Pas que j’en voulais à RJ, mais j’étais toujours partant pour ce genre de blague. « Tu nous trouves si pitoyable ? Tu me déprimes RJ ». Nourrir des pigeons. Discuter du temps qui passe. Bordel, pourquoi pas mourir tout de suite ? « On vivra à cent à l’heure on n’aura même pas le temps de voir la couleur du ciel … ». Les yeux rêveurs, je tire sur la cigarette pour en expulser doucement la fumer de mes lèvres.