Elle ne pouvait pas s'empêcher de rire à la remarque de son meilleur ami lorsqu'elle parlait de pervertir les anges représentés par les hommes blonds. Quand on connaissait en partie la raison de sa présence ici, il était vrai que ça pouvait être gênant ou révélateur mais elle savait que malgré ça, elle pouvait s'autoriser ce genre de blague avec Andy. Il la connaissais mieux que quiconque, comme un frère, et elle savait qu'il devinerait l'ironie dont elle faisait preuve à cet instant. Cela dit la suite ne semblait pas passer aussi facilement, le froncement de sourcils d'Andreas le laissait savoir. Elle avait eu la bonne idée - ou non - d'affirmer qu'elle avait choisit son statut de célibataire. Bon ok, il avait peut-être raison. Elle le choisissait en partie mais pour la majorité du temps, elle le subissait ce célibat. Aucun homme ne lui avait concrètement demandé d'avoir une relation exclusive avec elle, peut-être parce que la plupart avait goûté à la nymphomane avant d'apprendre de la jeune femme et savait d'avance à quoi s'attendre avec elle. Alors oui, dès que les sentiments arrivaient elle avait cette tendance à fuir, mais pour cela il fallait en avoir l'occasion, ce qu'elle n'avait pas ou très très très rarement. Donc forcément, elle subissait plus qu'elle ne choisissait. Mais Andreas ne semblait pas s'attarder là-dessus et contrairement à ce qu'elle pensait, il ne s'employait pas à lui faire comprendre par un grand discours. Une seule phrase, un clin d’œil, c'était tout. « C'est facile pour toi de dire ça, tu me connais. » Contrairement aux autres hommes. Lui l'a connaissait, lui savait ce qui se cachait sous sa carapace de fille forte et je-m'en-foutiste, lui connaissait Adélaïde, le côté fragile - trop? - qu'elle pouvait avoir. Les autres non, sauf un, mais ça, c'était une autre histoire. Une pensée qui s'échappait tandis qu'elle restait dans ses bras et souriait de ses bêtises, lui faisant presque lâcher de force ce nez qu'il avait attrapé.
Mais elle ne pouvait pas rester joueuse bien longtemps parce qu'elle se posait des questions. Son esprit s'était sûrement fermé aux souvenirs douloureux liés à son arrivée ici, comme si elle avait une espèce de trou noir, mais elle voulait savoir malgré tout le pourquoi du comment. Tout ce dont elle se souvenait c'était de se réveiller dans ces lieux dans les bras d'Andreas et de prendre cet acte comme une trahison. Légitimement, elle voulait donc savoir pourquoi il avait agit comme cela parce qu'elle se trouvait blessée. Le pourquoi l'aiderait peut-être à panser cette blessure. Alors elle l'écoutait, se taisait et comprenait doucement mais sûrement. Les souvenirs remontaient au fil des paroles d'Andreas, même s'il ne donnait pas de détails, elle savait de quoi il parlait, à quelle situation il faisait référence et surtout aux paroles qu'elle avait pu prononcer. Un fin sourire aux lèvres, elle déposait son baiser sur sa joue tout en venant se lover un peu plus contre lui. « Tu es tout pardonné mon Andy. » Parce que même si ça l'avait blessée, parce que même si elle s'était sentie trahie, elle savait très bien, comme il l'avait dit lui-même, qu'il n'avait agit que pour son bien, rien d'autre, alors elle ne pouvait que lui pardonner et même... « Merci pour tout ce que tu fais pour moi. Je sais que ça a pas dut être agréable pour toi non plus d'en venir jusque-là. » De prendre cette décision, de la forcer à être internée, d'aller contre son gré pour l'aider.
Tous les deux s'étaient toujours bien entendu et elle se voyait mal faire quelque chose qu'Andy n'aurait pas voulu, alors elle imaginait bien que pour lui, ça n'avait pas dut être simple de décidé de l'emmener ici et ce, de force. « Je sais vraiment pas ce que j'aurais fait sans toi ni même jusqu'où j'aurais pu aller dans ma connerie. » Aussi bien dans sa maladie que dans ses pensées sombres. Peut-être aurait-elle alimenté les sondages qui disent qu'une bonne partie des personnes dans son cas finissent par commettre l'irréparable, oui, peut-être. Ou bien elle se serait enfoncée davantage dans sa maladie jusqu'à s'isoler. Se redressant sur le lit afin de s'y mettre à genoux, elle saisissait davantage Andreas dans ses bras pour une étreinte qui semblait tout dire, qui semblait exprimer son accord au pardon, son soulagement. Elle réalisait petit à petit qu'il l'avait blessée pour mieux la sauver d'elle-même, et elle ignorait comment lui exprimer par des mots qu'elle le remerciait et qu'elle lui en serait éternellement redevable et reconnaissante. « Je t'aime Andy, si tu savais comme je t'aime. » Des mots qu'elle trouvait justes tout en étant pas assez forts à la fois. C'était pourtant la meilleure façon d'exprimer cette chose inexplicable qui les reliait, parce qu'elle n'en connaissait pas d'autre. Ce n'était pas de l'amour, c'était plus transcendant encore, plus transperçant, plus vrai. Si on lui demandait de choisir entre l'amour et lui, ça serait lui, sans aucun doute possible. Elle l'aimait oui, fraternellement, platoniquement, simplement et surtout naturellement. Elle n'avait pas besoin de se forcer pour le faire, c'était ainsi, cela s'imposait à elle. Il s'agissait probablement du sentiment le plus fort qu'elle a pu connaitre jusqu'à présent et elle voulait simplement le lui faire savoir et le remercier en quelque sorte de lui donner la possibilité de ressentir ça. Elle savait bien que, comme pour elle, ça s'imposait à lui, mais sans lui, elle n'aurait pas eu un sentiment positif comme celui-là dans sa misérable vie. Au final elle le remerciait certainement d'exister, d'avoir creusé en elle et d'avoir sut en garder que le meilleur.
she feels safe in |