Gengo o hitotsu wa kesshite tarinai • Maki

Il ne sait pas pourquoi il a accepté. Il n’est pas en état de faire une rencontre même si techniquement, il connait la jeune femme depuis longtemps. Cette fois, c’est du concret, du réel et il se demande encore souvent pourquoi ils ne l’ont pas fait avant. Avant qu’il perde sa mère, avant qu’il ne devienne un fantôme travaillant à en perdre la raison et le sommeil pour ne plus penser, pour ne plus cauchemarder. Avant d’avoir eu autant de choses à gérer, à affronter. Avant tout simplement. Ses pas le portent difficilement vers l’observatoire. Il s’arrête devant la grande bâtisse avant de l’observer longuement. Il devrait faire demi-tour et lui envoyer un mail en lui disant qu’il ne va pas bien aujourd’hui. Ce n’est pas si grave après tout. Il attrape son téléphone et ouvre l’application désirée avant de se figer. Non, il ne peut pas faire ça… Il doit avoir le courage d’affronter ça et de ne pas être déprimé. Il n’a pas le droit de l’être après tout. Aaron a raison, il doit avancer et se reprendre en main. C’est pour son bien. Il passe sa main dans sa chevelure ébène avant d’entrer dans le hall et d’aller dans la salle qu’ils ont convenus ensembles. Il aime l’observatoire, il aime encore plus la salle aux étoiles. Celle où l’on s’allonge et qu’on contemple les étoiles. Il se dit que c’est un bon endroit pour apprendre à se connaître sous un ciel différent. Il s’installe dans un coin et attend sagement quelques minutes avant qu’une demoiselle ne s’installe à ses côtés. Il sourit en la reconnaissant. « Ohayo (bonjour)… » Il parle doucement en la regardant. « Hajimemashite Mady-Chan. » Il lui sourit tendrement avant de se mettre assis à ses côtés. Il regarde les gens autour, puis elle à nouveau. « Genki desu ? (ça va ?) »

Ça fait longtemps que je parle avec Hiroki. Courriers, mails, SMS voir même des discussions vocales. Mais on s’est rendu compte qu’étant donné qu’il était sur Los Angeles à présent, que depuis le temps que moi aussi j’y étais, il faudrait peut-être qu’on se voit. On a eu une bonne alchimie tous les deux, rien qu’à se parler par écran interposé, je me suis imaginée que notre amitié pouvait tout à fait continuer au-delà de l’écran. Après tout, ça faisait des années qu’on parle ensemble. Il sait tout de moi. De mes amours, de mes amitiés, mes peines, mes joies ! Du moins, presque tout ! Certains détails de ma vie lui sont inconnus. Notamment, je lui ai dit ouvertement que j’ai trouvé l’amour, je ne peux pas lui cacher. Adam me rends trop heureuse pour ne pas être suspecte aux yeux de mon ami. Seulement, je ne lui ai pas dit les détails, simplement un prénom et des sentiments heureux. Mais aujourd’hui, ce n’est pas l’amour qui occupe principalement mon esprit mais c’est ma rencontre avec Hiroki. J’ai un peu peur, c’est vrai. Il y a tellement de différences entre internet et la réalité. Même si on a eu des photographies de l’un de l’autre, ce n’est… pas pareil. Le conservatoire était un lieu qui nous convenait parfaitement pour notre première rencontre. Je suis restée naturelle pour l’occasion. Pas de maquillage, un chemisier et une jupette qui m’arrive en dessous des genoux, c’est le mieux. Je le reconnais de loin. Wow. Il est aussi beau que je me l’imaginais. Un sourire s’esquisse sur mon visage en le voyant. « Hajimemashite Hiroki-kun ! » Je m’assied sur un banc en grès, il me suit dans mon geste. Je ne peux pas m’empêcher de le détailler. « o kagesama de genki desu ? (Je vais bien, merci. Et toi ?) » Je n’ose même pas l’approcher. Je me sens vraiment timide, impressionnée… Mais je ne le montre pas trop. Après tout, je suis un véritable boute-en-train ! « Je suis tellement contente de te voir. Ça me semble tellement irréel. »

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« Hajimemashite Hiroki-kun ! » Il sourit quand elle le dit et quand elle vient se mettre à ses côtés. Elle n’a pas un accent parfait, mais pour quelqu’un qui apprend ça ici, c’est loin d’être mauvais, au contraire. « O kagesama de genki desu ? (Je vais bien, merci. Et toi ?) » Il hoche sa tête en prononçant un léger : Hm, distinctif au Japon pour confirmer si ça va ou non. Il y a une petite distance entre eux qu’il ne rompt pas pour autant parce qu’il n’ose pas et qu’il n’a pas envie non plus qu’elle remarque sa tête de déterré. L’endroit est assez sombre pour observer le plafond qui est comparable à la galaxie, c’est un avantage pour lui. « Je suis tellement contente de te voir. Ça me semble tellement irréel. » Il sourit encore un peu avant de poser ses yeux sur le ciel étoilé. « C’est vrai. C’est un peu comme un rêve, comme ici en fait. » Il n’avait peut-être pas choisi cet endroit par hasard après tout. Ce n’était peut-être qu’un simplement mélange de réalité et de rêverie. Il croise ses jambes doucement avant d’observer les gens autour. La salle est relativement vide, vue l’heure en même temps. C’est mieux comme ça de toute façon. « Je suis content aussi. » Il s’est rendu compte qu’il ne l’a même pas dit. C’était comme une évidence dans sa tête, sans réel besoin de le prouver. Finalement, il tourne à nouveau son visage vers le sien. « Désolé, je suis plus bavard que ça d’habitude. J’ai eu beaucoup de travail au studio récemment, ça m’a un peu cloué. » Il lui sourit. « Et toi alors ? Les cours, les amours ? Tout se passe bien ? » Il n’a cessé de lui parler en japonais depuis le début, essayant de parler sans trop de rapidité pour ne pas la perdre, parce que quand il cause dans sa langue de naissance, il devient rapide comme l’éclair et parfois, difficile à suivre.

Je me prends à rêver parmi les étoiles. Avec Hiroki dedans. C’est si irréel et pourtant, c’est vrai. Je ne suis pas amoureuse et pourtant, notre amitié me fait du bien. Les étoiles illuminent notre rencontre, c’est agréable.  « C’est vrai. Ça se trouve, je vais me réveiller et devoir t’envoyer un message pour te dire que j’ai rêvé que je te rencontrais. Et justifier après à Adam que j’ai rêvé d’un autre homme sans aucune ambiguïté ! Oh mon dieu, c’est affreux de dire ça ! » Je ris, gênée et amusée. Puis je pose mes yeux sur le ciel étoilé. Après tout, il faut bien en profiter. C’est Hiroki qui me sort de ma contemplation. Il m’avoue ressentir la même chose, il est content. Je lui souris et pose ma main sur la sienne pour lui montrer que je suis contente. Il m’avoue ne pas trop parler à cause de la fatigue. Je tire alors sa main pour la mettre entre les miennes, pour le rassurer avec douceur. « Ne t’en fais pas, je comprends. » Je tente de scruter son visage avec le peu de lumière, je me demande comment j’ai fait pour le reconnaitre dans cette pénombre. « Oh bah les cours, je reprends normalement la sexologie l’année prochaine. Et grâce à mon petit-ami. Il savait que c’était important pour moi, alors il m’a proposé son aide. Mais je voudrais lui rembourser, donc, je travaille comme assistante. Là j’étais l’assistante d’un salopard mais depuis peu, je travaille pour un producteur. Il est bien plus vivable… » Je soupire d’aise, je me rends compte que pour l’instant, tout va bien dans ma vie. Je me rapproche d’Hiroki comme je peux, et constate ce que je redoutais un peu. « Tu as l’air pâle, du moins, tu as pas une super mine. Tu vas bien, toi ? Tu sais, on aurait pu repousser notre rencontre pour que tu te reposes. » Et question de santé avant tout, je m'y connais pas mal...

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« C’est vrai. Ça se trouve, je vais me réveiller et devoir t’envoyer un message pour te dire que j’ai rêvé que je te rencontrais. Et justifier après à Adam que j’ai rêvé d’un autre homme sans aucune ambiguïté ! Oh mon dieu, c’est affreux de dire ça ! » Il sourit doucement en l’entendant raconter ça. C’est mignon. Il est content qu’elle soit heureuse en amour, il trouve que ce genre de chance devient rare de nos jours. Ou alors que ça ne dure absolument pas. Il regarde la main de la belle se poser sur la sienne. Il a envie de rompre le contact rapidement, mais il ne veut pas passer pour un iceberg. Cependant, il supporte mal d’être touché ou approché en ce moment. « Ne t’en fais pas, je comprends. » Oh non, elle ne comprend pas. Mais ça, il est incapable de le dire à voix haute parce qu’il ne veut pas passer pour un caliméro. Il essaye de passer à autre chose en parlant des cours notamment. Heureusement, elle marche dans la combine rapidement. « Oh bah les cours, je reprends normalement la sexologie l’année prochaine. Et grâce à mon petit-ami. Il savait que c’était important pour moi, alors il m’a proposé son aide. Mais je voudrais lui rembourser, donc, je travaille comme assistante. Là j’étais l’assistante d’un salopard mais depuis peu, je travaille pour un producteur. Il est bien plus vivable… » Il lui sourit. « Tant mieux si ton nouveau patron est mieux que l’ancien. C’est rare à trouver. » Il sait parfaitement qu’il a une chance de dingue avec Aaron et il ne le lâchera pour rien au monde. « Tu as l’air pâle, du moins, tu as pas une super mine. Tu vas bien, toi ? Tu sais, on aurait pu repousser notre rencontre pour que tu te reposes. » Cette fois-ci, il retire sa main de la sienne afin de croiser ses bras et de se mettre dans une sorte de carapace impénétrable. « J’ai eu beaucoup de boulot avec le festival c’est tout. » Pas besoin de parler du décès de sa mère, de ses 6 kilos perdus en moins de deux semaines. Il ne se laisse pas dépérir, au contraire. Il fait juste tellement de choses pour s’occuper qu’il n’arrive pas stabiliser son poids. Entre le vélo à outrance, le fait d’être constamment en route, le déménagement qui a été éreintant… Il soupire doucement. « T’en fais pas pour moi. » Il la regarde dans les yeux avant de sourire un peu. « Dire qu’on était à la même université depuis tout ce temps et qu’on s’est jamais croisé. C’est con mine de rien… » Il se passe la main dans les cheveux doucement avant de soupirer et de ramener ses jambes contre son torse. Il croise ses bras sur ses genoux et pose son menton dessus avant d’observer encore le ciel. « En tout cas, ton japonais est excellent. » Il la regarde en coin.

Je sens tout de suite qu’Hiroki se braque avec moi. Je ne m’attendais pas à toucher un nerf sensible de sa vie. Je ne sais même pas comment réagir. Il me dit qu’il a beaucoup travaillé mais de là à faire une tête comme ça, je me sens inquiète. « Je peux pas m’empêcher de m’en faire… » après tout, même si c’est six ans de correspondance où on a entretenu un lien d’amitié. Même si on ne s’est pas vu physiquement, ce n’est pas « rien » comme relation. Et pourtant, pas assez pour qu’on remarque que l’autre était en train d’étudier dans la même université. « En même temps, tu as vu la grande ville que c’est ? C’est vraiment des coups de chance si on croise quelqu’un plusieurs fois ! » Je le regarde et sa façon de faire me déstabilise. J’ai fait un peu de psychologie « générale », j’analyse mais je me rends compte aussi que c’est mal d’analyser ses proches. Je m’abstiens de lui souligner ça. « arigatō (merci). » dis-je en souriant. Ça n’effaçait en rien mon inquiétude. En général, j’approche l’ami en question pour le tenir dans mes bras, lui faire ressentir que je suis là et souvent, ça vient tout seul. Mais je me sens désarmée. « Hiroki… » Et comme je suis un peu impulsive, je prends son visage entre mes mains quelques secondes pour déposer un énorme bisou bien baveux et presque dégoutant à écouter sur sa joue. J’essaye de sourire sournoisement pour le faire rire aussi. « Muhahaha ! Gomen Nasai (désolé). J’espérais un petit sourire et peut-être que tu me dises ce que j’ai raté. On n’a pas fait de longues conversations depuis quelques temps… Comme peut-être une chérie dans ta vie ? Ou alors, une folie que je ne sais pas de toi ? » Je penche un peu mon buste en arrière en me tenant au banc pour regarder un peu plus les étoiles.

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« Je peux pas m’empêcher de m’en faire… » Ça ne sert à rien de s’en faire, ça ne changera pas les choses hormis de lui coller un possible début d’ulcère. Elle ne mérite pas ça et il n’a pas envie de lui avouer ce qui lui laboure le cœur. Si elle creuse trop, il n’aura qu’à mentir en prétextant une peine de cœur. Il change de sujet pour essayer de la faire parler d’autre chose. Il est sur les nerfs, il aimerait tellement partir. C’était une mauvaise idée. Il était mieux dans le loft. Il est mieux en travaillant aussi qu’en parlant. Il a toujours été d’un naturel discret et secret mais tout a empiré maintenant. « En même temps, tu as vu la grande ville que c’est ? C’est vraiment des coups de chance si on croise quelqu’un plusieurs fois ! » Il baisse doucement ses yeux avant de les poser sur le ciel étoilé en soupirant légèrement. Il pense à Scar, il pense à beaucoup de choses. Il en profite pour la complimenter sur son japonais, elle le remercie. Il hoche faiblement sa tête dans un léger rictus pour pouvoir la remercier tendrement. Sagement, il se passe la main dans les cheveux lorsqu’elle se décide à l’attaquer, il n’a rien vu venir. Ses yeux grands écarquillés s’accordent avec la surprise qu’on peut lire sur son visage. Il sent la bave qui coule sur sa joue et lui arrache une légère grimace. « Muhahaha ! Gomen Nasai (désolé). J’espérais un petit sourire et peut-être que tu me dises ce que j’ai raté. On n’a pas fait de longues conversations depuis quelques temps… Comme peut-être une chérie dans ta vie ? Ou alors, une folie que je ne sais pas de toi ? » Il a encore la bouche ouverte, surprise de ça avant de s’essuyer la jouer du revers de la main et de s’essuyer sur Madison dans un geste qui se veut taquin. « Tiens, j’te rends ta bave. » Il fait une grimace avant de lui tirer doucement la langue, puis de s’allonger sur le banc en mettant ses bras sous sa tête. « On a pas tous le malheur comme toi d’être casé. » Il rit enfin, légèrement, mais quand même. « Je suis bien en célibataire… Sinon je sais pas. J’ai quitté la fac pour bosser. » Il hausse doucement ses épaules avant de bailler et de se cacher avec sa main. « Je vis en colocation avec mon meilleur ami… Je sais pas quoi dire. J’ai une vie vraiment banale. » Il fait une petite moue avant de l’observer. « Et toi ? Tu vas vivre avec ton Adam ? »

Au moins, un baiser ça égaye les mœurs ! Du moins, je l’espère ! En plus, ça ne coûte rien ! Je ris quand il s’essuyait sa joue et qu’il le fasse sur moi, malgré ma protestation ! « Beeeh, c’était un cadeau ! » J'essuie ma robe mais bon... c'est trop tard ! Et puis, je préfère en rire ! Moi aussi je lui montre ma belle langue ! Non mais ! En tout cas, je sens que l’atmosphère s’est un peu détendue à présent. Mais il me retourne ma situation. Je lui tire la langue, à nouveau, et encore mieux que lui. Il la voit bien là ! « Hey ! C’est un véritable bonheur d’être en couple ! – enfin, la plupart du temps, on va dire ! Le monde ne peut pas être parfait ! » Beh oui, tout n’est pas forcément rose bonbon mais ça reste agréable sur l’ensemble. J’espérais lui avoir cloué le bec ! Mais il est doué pour me le clouer aussi. Il a … stoppé la fac ? J’ouvre la bouche comme un poisson, je suis surprise ! Je bois ses paroles, surprise mais pleine d’espoirs. Il embraye sur ma vie avec Adam, je pensais lui en avoir parlé pourtant. « Je vis déjà avec Adam, gros bêta ! Même si j’ai un peu de mal à être dépendante de lui. Des fois, j’ai des coups de déprime, je ne te raconte pas. Ce n'est pas très joyeux ! Maiiiis, je veux parler de toi ! Comment ça se fait que tu as stoppé ? Tu comptes faire quoi comme boulot ? Tu vas t’en sortir financièrement, hein ? Et après, tu veux que je ne m’inquiète pas mais là, c’est difficile. » Je fais une moue boudeuse et croise les bras contre ma poitrine. C’est un peu gamin mais en même temps, je ne m’y attendais pas. « Tu m’inviteras chez toi, j’espère ? » demandais-je d’une façon bien inquisitrice.

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« Beeeh, c’était un cadeau ! » « Drôle de cadeau ! » Il sourit en coin malgré tout. Il aime bien sa spontanéité. Elle est comme une enfant à lui tirer la langue ainsi, mais ça le fait sourire. « Hey ! C’est un véritable bonheur d’être en couple ! – enfin, la plupart du temps, on va dire ! Le monde ne peut pas être parfait ! » Ça le fait sourire à nouveau. Il n’a jamais été réellement en couple. Pas qu’il ne voulait pas spécialement. Non, au contraire. Il n’a aucun à priori sur le fait de ce caser et d’être avec quelqu’un, c’est surtout qu’il n’a encore trouvé personne avec qui partager ça. « Heureusement que rien n’est parfait. Tout serait triste autrement. » La vie est bien avec ses défauts et malgré ce qu’il pense parfois, les coups durs sont aussi nécessaires pour pouvoir apprécier les choses simples et bonnes. C’est aussi l’enseignement bouddhiste après tout. Celui auquel il doit se raccrocher pour savoir faire son deuil d’une façon ou d’une autre. « Je vis déjà avec Adam, gros bêta ! Même si j’ai un peu de mal à être dépendante de lui. Des fois, j’ai des coups de déprime, je ne te raconte pas. Ce n'est pas très joyeux ! Maiiiis, je veux parler de toi ! Comment ça se fait que tu as stoppé ? Tu comptes faire quoi comme boulot ? Tu vas t’en sortir financièrement, hein ? Et après, tu veux que je ne m’inquiète pas mais là, c’est difficile. » Il hausse un sourcil en la regardant. « Il n’y a rien d’inquiétant dans le fait de quitter la fac. C’était pas pour moi, je passais mon temps à dormir en cours. Là, je suis l’assistant d’un grand photographe. Aaron Campbell, je sais pas si tu connais. » Il la regarde. « J’vais bien. J’t’assure. » Il vit une période sombre que beaucoup traverseront aussi un jour ou l’autre. Il n’a pas besoin de pitié ou de compassion. « Tu m’inviteras chez toi, j’espère ? » « Je demanderai à mon colocataire. » Il l’observe sagement. « Je viens seulement de le rejoindre, j’arrive pas encore m’imposer…. » Il hausse les épaules avant de soupirer faiblement et de se masser le ventre. Il a faim sans avoir réellement faim. C’est comme ça depuis le décès de sa mère d’ailleurs. Il se remet assis, incapable de rester en place. « C’est dur la sexologie ? » Il la regarde. « J’t’avoue que tes études m’ont toujours intriguées… Tu vas devenir sexologue, c’est pas commun comme métier. » Il rit un peu en y pensant.

Notre discussion est amusante entre le bisou baveux ou parler de mon couple, mais ce n’était pas ça dont j’avais envie de parler avec lui. Je voulais parler de lui, avec lui. Je suis surprise qu’il stoppe les études. Mon inquiétude est grande à tel point que je ne peux pas m’empêcher de lui faire part. C’est alors qu’il m’explique qu’il préfère travailler au lieu de continuer quelque chose qu’il a du mal à apprécier. Ce qui capte plus mon attention c’est le nom de la personne pour qui il travaille. Aaron Campbell. Un petit sourire tendre s’esquisse sur mes lèvres mais pas plus. « Bon d’accord… » Je m’avouais vaincu face à Hiroki. Celui-ci semblait dire que ça allait, peut-être que ce que je vois est seulement passager. Je l’espérais. Tout comme j’avais espoir qu’il me montre où il vit, histoire de venir l’embêter plus souvent ! Il n’ose pas s’imposer mais justement… « Il faut que tu t’imposes, Hiroki ! Si tu te laisses bouffer, tu ne profiteras jamais correctement de l’appartement où tu vis, ça ne sera même pas un plaisir de revenir chez toi et de te prélasser sur le lit ou ton canapé pour te reposer ! » J’observe le jeune homme en souriant. Mon dieu, j’ai encore du mal à réaliser que c’est ce garçon avec qui je parle depuis des années. Il est le témoin vivant de beaucoup de confidences même s’il ne connait pas les plus sombres parties de moi. Et la question d’Hiroki me surprit. Et me fit rire quand il me dit que ça l’intriguait, ce n’était pas une matière très commune. En effet, on n’est pas beaucoup à choisir ce cursus… « Ce n’est pas dur, c’est simplement… de la psychologie avec quelques options pour apprendre à gérer des couples, à conseiller sur… *tousse* le kamasutra, notamment ! Le pire c’est que… c’est plus facile de conseiller que de se gérer soi-même… » Je l’avoue volontiers… Ma relation avec Adam a été chaotique dans nos débuts et je n’ai jamais su comment réagir avec lui. De toute manière, c’est toujours le cordonnier le plus mal chaussé. Et peut-être que tout ça c’est derrière nous. « Bref, c’est comme si je faisais de la psycho sauf que j’ai des options en plus… Et tu sais, c’est plutôt intéressant ! Un jour, je te montrerais mes cours ! » Je regarde un peu les étoiles, c’est joli mais… « Si on allait se balader tous les deux ? Je t’invite à boire dans un café si tu veux… Pire si nous allons au Starbucks ! » ajoutais-je en riant.

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« Il faut que tu t’imposes, Hiroki ! Si tu te laisses bouffer, tu ne profiteras jamais correctement de l’appartement où tu vis, ça ne sera même pas un plaisir de revenir chez toi et de te prélasser sur le lit ou ton canapé pour te reposer ! » « C’est surtout que je viens à peine d’arriver, j’ai envie de prendre mes marques avant… » Et sans RJ, il serait à la rue, mais ça, il ne veut pas l’avouer. Il n’a pas envie de le dire et encore moins de s’expliquer pour être honnête. Et puis merde, la colocation démarre seulement, alors il a le temps pour s’imposer. « Et puis je suis d’un caractère franc, alors RJ le saura quand j’aurais un truc à dire. » Il essaye de passer à autre chose, de parler de son cursus notamment. Après tout, la sexologie, c’est tellement étrange non ? M’enfin, c’est aussi cool à vrai dire, il ne doit pas y avoir beaucoup de personne comme ça dans la ville non ? « Ce n’est pas dur, c’est simplement… de la psychologie avec quelques options pour apprendre à gérer des couples, à conseiller sur… le kamasutra, notamment ! Le pire c’est que… c’est plus facile de conseiller que de se gérer soi-même… » « Vous étudiez vraiment le kamasutra ? » Il hausse un sourcil d’étonnement. « Pour certains, ça serait un rêve les études là…. » Sérieusement, il en connait plusieurs qui sont pas mal accros au sexe et à toutes ses tentations et de connaître tous ses secrets seraient sans doute un aboutissement. M’enfin, ce ne sont pas des études qui le botteraient lui. « Bref, c’est comme si je faisais de la psycho sauf que j’ai des options en plus… Et tu sais, c’est plutôt intéressant ! Un jour, je te montrerais mes cours ! Si on allait se balader tous les deux ? Je t’invite à boire dans un café si tu veux… Pire si nous allons au Starbucks ! » Il regarde encore un peu le ciel avant de la regarder elle puis d’hocher la tête doucement. Il n’est pas si loin en plus. « D’accord. » Il se redresse et baille un peu avant de l’aider à se mettre debout, puis de se mettre en route. Ils sortent rapidement, discutent de tout et de rien avant d’arriver enfin au starbuck. Il commande alors un Refresha mûre/hibiscus puis que son végétalisme l’empêche de consommer tout produit animal. « Ils devraient sérieusement penser à augmenter la gamme pour les végétaliens. » Un soupir s’arrache de ses lèvres alors qu’il se pose avec elle à une table.

Alors, quand il m’assure qu’il saura dire les choses à … RJ ? Je fais une petite moue un peu… perturbée. On ne se fait pas tous appeler RJ, même si Los Angeles est une grande ville. Je n’ose rien dire et approuve : « Tant mieux alors ! » Et puis la conversation devient un peu… olée. Je parle de mon cursus, ce qui impressionne et mystifie toujours les gens sur ce que je fais. Alors, voilà que je parle du kamasutra, c’est sûr que tout le monde apprécierait avoir ça en cours. Je me mets à rire en imaginant tous les gens qui voudraient faire ça juste pour s’améliorer : « Fort heureusement, on n’est pas tant que ça dans ce cursus. » Et puis, ce n’est qu’une option comme je lui expliquais. Certains font simplement de la psychologie, d’autres font ce que je fais. Tout simplement. D’ailleurs, je me disais que sortir d’ici serait une bonne idée. A force, on s’endormirait là. Nous prenons le chemin du starbucks le plus proche et quand il fallait choisir, je me rappelais qu’Hiroki n’était pas du tout comme les autres. Pour ma part, je commandais un Mocha Frappuccino. Je suivais Hiroki jusqu’à une table. Il m’interpella par sa réflexion. Une gamme pour les végétaliens ? Je ne sais pas… « Peut-être que ces boissons ne viseraient pas un public assez large pour les intéressés, je pense… » avouais-je en m’asseyant en face de lui. Je bois une gorgée de mon frappuccino avant de reprendre : « Ce n’est pas trop difficile pour toi de vivre en tant que végétalien ? Que ce soit pour ta santé ou au quotidien… » C’est vrai que bon… s’il se fait inviter, les gens ne savent pas forcément qu’il ne mange rien venant d’animaux.

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« Fort heureusement, on n’est pas tant que ça dans ce cursus. » « Heureusement oui… » Ou pas. En fait, il ne voit rien de mal dans ce cursus à vrai dire. C’est plutôt bien de savoir que des gens peuvent t’aider avec ta sexualité et en même temps, c’est un peu délicat. Il ne sait pas si beaucoup ont le courage de faire cette démarche à vrai dire. Finalement, ils arrivent au Starbucks et comme souvent, il se plaint un peu de ce que le café propose. A savoir : rien pour les gens comme lui. Mais ça, c’est comme partout. « Peut-être que ces boissons ne viseraient pas un public assez large pour les intéressés, je pense… » « Au contraire, on est plus nombreux que ce que tu penses. Et puis, ça ne coûte rien de faire plus de jus de fruits et au moins un café avec du lait de soja. » Il hausse les épaules avant de sourire un peu. Elle a la réaction de tous les omnivores de toute façon. Ça ne l’étonne pas vraiment. « Ce n’est pas trop difficile pour toi de vivre en tant que végétalien ? Que ce soit pour ta santé ou au quotidien… » « Pourquoi ça serait difficile ? » Il sourit en coin. « Je n’ai aucune carence, aucune maladie, je vais parfaitement bien, je mange à ma faim et quand je suis invité, je précise que je suis végétalien et souvent, je fais les desserts pour moins enquiquiner les gens. Pour le reste, il suffit de ne pas mettre de produits animals. On remplace le beurre par de l’huile végétale quand il faut… il y a de la crème de soja, des laits de riz, amandes, noisettes, soja…. Franchement, c’est juste un pli à prendre. » Il lui sourit en se posant à une table avec elle. Le reste du temps se fait à discuter de tout et de rien. Comme deux vieux amis qui se retrouvent.

The end.