« C’est si étrange tout ça. Je ne sais rien de toi, je ne sais même pas si on saurait s’entendre, si ça sera si bien que ça de se retrouver et pourtant, depuis que tu es là, c’est comme si on venait de me combler un fossé dans l’âme et le cœur. » Beaucoup de questions, mais peu de réponses. Au final, nous devions sans doute être tout aussi mal à l'aise l'un que l'autre, même si je devais quand même reconnaître que sa présence me faisait du bien. Je n'étais pas chez moi dans cette ville, je n'appréciais rien en particulier dans le mode de vie américain et ça me perturbait grandement d'évoluer dans Los Angeles, car je n'étais pas le genre de personne à supporter des changements trop importants dans mon environnement... mais là, juste pour un petit moment, je retrouvais mon calme et un peu plus d'alignement avec moi-même. C'est alors que je fermais les paupières pour profiter des bienfaits de la présence d'Hiroki, soupirant de soulagement pour je ne sais quelle raison, qu'il reprit la parole en abordant un sujet qui attira toute mon attention. Il mettait des mots sur ce que je ressentais à l'intérieur. Oui, c'était exactement ça. Je ne pus m'empêcher de sourire en ouvrant les yeux pour les déposer sur son visage peu avant qu'il se tourne vers moi. « C’est stupide non ? Cette sensation de ne plus se sentir orphelin pour la première fois depuis trop longtemps… » Un temps. « Hiro.. » Est-ce que je devrais lui parler de ces nombreuses fois où je me suis soudainement senti malade, sans aucune raison valable ? Quand j'étais enfant, il m'arrivait souvent de vouloir partir de la maison, aussi, mais pas pour l'aventure... c'était plus un besoin urgent, pressé. De la quasi panique, identique à celle d'un adulte, parce que je ressentais jusque dans mes tripes que quelque chose n'allait pas, quelque part. Or, là, les mots du jeune homme venaient de me faire comprendre que le quelque part, c'était là où il se trouvait. Je n'étais pas assez naïf pour ne pas croire en ce genre de choses. D'une façon ou d'une autre, nous n'avions jamais cessé d'être en contact. Et j'avais simplement ignoré les signaux, accumulant petit à petit de la colère dans mon coeur à la place de faire quelque chose avec ce que mon instinct m'indiquait. Enfin, ma gorge se noua et l'eau finit par me monter aux yeux, ce qui me fit aussitôt détourner le visage. Tout prenait du sens, maintenant. Après tout ce temps, les choses s'étaient enfin alignées pour nous faire entrer en contact. Enfin... et dire que j'étais à deux doigts de l'envoyer balader. « Non... c'est pas stupide... tu n'es plus... » Je secouais la tête et me levais en reniflant, la poitrine serrée, puis me retournais face au grand brun pour déposer une main sur son épaule. Je suis désolé, je n'ai pas écouté. « Je suis là, maintenant, d'accord ? C'est terminé, je te le promets. » Une larme roula enfin sur ma joue, partage d'émotions contradictoires. J'avais une vraie famille, alors. C'était lui.