AARON CAMPBELL & SHAE M. ANTONELLI
Un dernier baiser volé et le brun s’échappe définitivement de la chambre, me laissant dans des draps encore empreint de sa chaleur, dans ce cocon que nous nous sommes construit au fil de notre relation et qui représente énormément pour moi. Guidée par ce besoin toujours plus fort, toujours plus fort que moi de repères et de stabilité, qui explique sûrement et un peu facilement, mes récentes réactions négatives lorsqu’Aaron m’a parlé de déménager. Parce que des évènements auxquels je ne suis pas préparée ne cessent de s’immiscer dans ma vie, j’ai besoin aujourd’hui plus encore qu’hier d’une certaine stabilité qu’il tente chaque jour de m’apporter.
Il me faut quelques minutes de plus pour qu’à mon tour, je décide de m’extirper du lit. Rester en pyjama, alitée à longueur de journée n’est pas une possibilité parce que la paresse n’est tout simplement pas dans ma nature. J’aurais l’impression de tourner en rond tel un lion enfermé dans une cage dorée, ce que je tente d’éviter à tout prix depuis presque neuf mois. Alors j’effectue, tous les gestes du quotidien. Petit déjeuner, douche et habillage. Et c’est lors de cette dernière étape, lorsque je décide d’enfiler une paire de bas opaque pour l’hiver, appuyée contre la commode de la chambre qu’un liquide se met à couler le long de mes jambes. Affolée, je regarde le sol et vient la première contraction qui me lance. Les bas m’échappent des mains et je maintiens mon ventre comme si ce geste pouvait effacer ou au moins atténuer la douleur pour aller m’assoir sur le lit. Quelque chose se passe, là dans mon corps. Et sans le savoir, je sais précisément ce qui est entrain de se dérouler. D’une main, je tâtonne pour attraper mon portable perdue dans les draps et compose un numéro que je connais par cœur sans même prendre le temps de le chercher dans le répertoire. « Aaron ? Il faut que tu rentres maintenant ! ». Même s’il vient tout juste de partir, peut-être d’arriver au travail, il faut qu’il rentre et tout de suite. Parce que c’est le moment. Sur cet ordre que je ne voulais pas aussi autoritaire, je jette le portable sur le lit et m’allonge, recroquevillée pour essayer d’atténuer la douleur le temps qu’il me rejoigne. Et les mains tremblantes, je fixe la porte en espérant qu'il ne tardera pas ...