J’ai encore les sensations chaudes de la cire sur ma peau. Ça me fait très étrange, sauf que j’aimerais bien prendre une douche. Je ne veux pas prendre le risque de me glisser sous celle-ci sans la présence d’Hiroki. J’ai toujours peur de glisser, de me blesser et que personne ne soit là pour moi. Peut-être la peur d’être seule pour des choses où il y a le plus faible risque qui me paralyse, je n’en sais rien. Autant dire que j’ai préféré m’allonger sur mon lit en lisant mon livre de psychologie. Je feuillette quelques pages pour lire un chapitre qui me semblait inconnu et pourtant, je devais le connaitre pour mieux comprendre cette année. Au bout d’un certain temps, j’entends le bruit de la porte d’entrée. En voyant l’heure sur mon téléphone, je comprends qu’Hiroki est arrivé. Je suis toute contente de le voir et avant qu’il n’arrive, je pose mon livre sur ma table de chevet et me lève de mon lit. A cloche-pied, je vais jusqu’à mon bureau pour y poser mes fesses en attendant que le japonais arrive jusqu’à ma chambre. Ce dont j’étais sûre vu que j’avais proposé probablement qu’il me voit toute nue bien que j’étais encore en tenue normale. Mes lèvres s’étirent quand je vois le visage de mon ami qui entre dans ma chambre. Je ronronne : « Hmm, Monsieur Gray, je suis contente de vous voir. » Je me mords ma lèvre inférieure et du bout des doigts, j’attire Hiroki vers moi en le tirant par le pull. Puis mes bras entourent ses hanches et je serre le jeune homme contre moi. Une étreinte chaleureuse, simple, mais tellement agréable. « Dire que je t’ai dit que tu pouvais me voir toute nue maintenant, c’est un peu ambigu mais je m’en fou, j’adore… » Humant son parfum, je ne le lâche pas ; et je ne compte pas le faire pour le reste de la soirée. Et pas pour des choses coquines même si j’en avais envie, je ne peux pas, ma jambe m’empêche, me complexe. Je pense alors à ce qu’il a apporté. Mon ventre veut bien se faire câliner de mets aussi… « hmm, tu préfères que je prenne ma douche avant ou après manger ? D’un sens, manger te donnerait des forces. » Haussant un sourcil, je le regarde, amusée. Double sens…
« Voici vos photos, bonne soirée. » Il encaisse l’argent avant de regarder la boutique dans un petit soupir. Les journées sont longues en ce moment, à son plus grand plaisir en réalité, mais il est épuisé en ce moment. S’occuper de Madi, gérer la boutique autant que possible pour aider Aaron et continuer de grimper dans son estime, sans compter qu’il s’est remis au sport et que les nuits, il dort peu parce qu’il cauchemarde régulièrement depuis qu’il a retrouvé Yosuke. C’est tellement, tellement de choses en peu de temps pour lui. 2014 aura été une année chargée. Bien trop chargée à vrai dire. Perdu dans ses pensées, il sursaute quand il reçoit un petit coup sur la main et observe la mamie devant lui en haussant un sourcil de surprise avant de s’excuser platement et de prendre sa demande en charge. Une fois fait, il entre dans l’arrière-boutique avant de se poser contre un mur et de regarder l’enveloppe qu’il a dans la main. Comment est-ce qu’il a pu faire pour ne pas la reconnaître ? Il tremble doucement avant de ranger ça dans sa sacoche sans vouloir lui accorder le moindre crédit. Sa grand-mère… Il ne s’en souvenait même plus. Elle n’est même pas venue à l’enterrement. Il détourne son regard et essuie une larme qui coule avant de regarder son portable et d’y revoir les sms de Madison. Il est temps de rentrer à la maison. Comme souvent, il passe faire des petites courses pour le soir. Prendre des fruits ou des légumes, un dessert, quelque chose. Ils ne peuvent plus vraiment se permettre de vivre dans un grand luxe et depuis que RJ est encore parti pour l’Europe, c’est plus difficile pour eux, enfin surtout pour lui d’assumer les frais du loft. Il pense à déménager ou chercher encore des colocs pour ne pas souffrir de ça d’ailleurs. Il arrive enfin à la maison et dépose tout dans le frigo soigneusement avant d’aller vers la chambre de la belle blonde. Elle l’attend sur le bureau et il sourit doucement avant de venir la rejoindre. L’étreinte ne se fait pas attendre et doucement, il passe ses bras autour d’elle aussi pour l’enlacer tendrement. Il dépose sa tête sur la sienne et reste comme ça plusieurs secondes en repensant à la visite de sa grand-mère avant de regarder Madi qui le sort de ses pensées. « Ta douche ? » Il secoue doucement son minois avant de sourire faiblement. « Avant, ça serait bien. » Il hoche doucement sa tête avant de la porter dans ses bras pour l’emmener à la salle de bain, ne rebondissant même pas sur ce qu’elle a dit sur sa nudité. Ça devient un rituel entre eux, il n’est plus gêné par ça, il n’a pas envie de s’en formaliser à vrai dire et de façon, il a la tête ailleurs.
Une sorte de quotidien s’est installé entre Hiroki et moi, ce qui est très perturbant. Je n’arrive pas à me faire à ce que nous vivons, à ce que nous ressentons. C’est difficile à expliquer, tellement de choses dans ma tête fusent que je suis incapable de me sentir ben à cent pour cent, comme si inconsciemment, je me bloquais. J’en parlerais à Edward, il saura sûrement comment m’aider à surmonter cela. Je regarde Hiroki, à présent à mes côtés, je me retrouvais à l’enlacer, à me dire qu’il pouvait me regarder. Je l’avoue que ça me travaille de savoir qu’il me verra nue, moi qui cache toujours un peu plus pour éviter qu’il en voit trop. Il était encore un inconnu même si ça faisait déjà des semaines que j’étais revenue de l’hôpital, qu’il m’aidait. Je le réveillais dans ce qui semblait être des songes profonds, il pense à quelque chose, et ça devait être assez important pour qu’un moment que j’aurais sous-entendu coquin devienne presque … banal ? Comme à notre habitude ? Je grimace quand il me tient contre lui, me soulève pour m’emmener dans la salle de bain sans véritable cérémonie ou encore moins de sourire. Pas d’ambiance, rien. Je comprends que depuis notre conversation ou alors, je ne l’ai pas senti au travers de nos messages, il a des choses en tête, à tel point qu’il en oublie de profiter avec moi. Du coup… je n’ai même pas envie de me doucher. « Hiroki… » soupirais-je. Je me tiens à la rambarde qui sert normalement à m’asseoir aux toilettes pour me relever, passant ma main sur sa joue. « Quelque chose ne vas pas ? Je ne te sens pas du tout, mais alors, pas du tout avec moi. Ça coupe toute envie de « jouer ». » riais-je pour détendre un peu la situation. Oui, parce que j’avais envie de jouer, de me rapprocher de lui car en sachant que je n’arrivais pas à m’attacher à lui comme je le voulais, bien… je voulais bousculer un peu les choses. Plus d’intimité ne peut que nous rapprocher mais il est tellement à l’ouest que là… je me sens désarmée. Et je n’aime pas ressentir cela car en d’autres termes, Hiroki me cache quelque chose et ça… pour s’apprécier, ce n’est pas facile à accepter pour une relation. « Si quelque chose te tracasse, tu peux me le dire, tu sais, il n’y a pas que moi qui a besoin d’être écoutée. Donc, dis-moi ce qui te tracasse tant au point de ne plus avoir l’envie de me voir entièrement nue. » J’essayais de faire un peu d’humour, sait-on jamais hein.
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