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2023
Hier, c'était le réveillon de Noël, et je l'avais passé chez mes parents, avec ma petite sœur. Je ne peux pas vraiment dire que c'était bien, parce que... Et bien, c'était chez mes parents, et donc par définition, je me suis fais chier. Déjà parce que mon père n'a pas arrêté de me dire que j'étais « l'avenir » et aussi parce que ma mère est une piètre cuisinière. Et franchement... je n'ai pas forcement envie d'être avec eux le jour de Noël. Je sais, habituellement, on désire être en famille mais moi... Je préfère être avec des gens qui m'aiment, et que j'aime. Oh, en parlant de Noël... Mon cadeau de Noël de la part de mes parents ? Un chèque. De quoi briser un rêve, j'ai la même somme depuis que je suis tout petit. Et oui, je fais parti de ces enfants qui n'ont pas de jouets, parce que pour les parents, ça ne sert qu'à divertir, et ça n'apporte rien.
Mais j'ai l'habitude, je ne me plains pas. Et comme chaque année depuis que j'ai eu l'âge de comprendre que je ne souhaitais pas l'argent de mes parents, je me suis rendu dans un magasin de jouet, à l'ouverture, avec la somme monstrueusement indécente que j'ai reçue par mes parents en liquide. J'ai vidé les rayons de jouets en tout genre et en tout âge, et ait loué une camionnette pour pouvoir tout mettre dans le coffre. Et comme chaque année, je me rend dans un orphelinat, et fais la distribution en costume de Père Noël. Je sais, ce n'est pas très glorieux... Et puis j'ai l'air ridicule dans le costume, mais bon... J'aime leur offrir ça, et me changer après pour les regarder jouer avec. Après avoir salué le directeur de l'établissement, je passe le costume, et rentre dans la pièce où ils ne tardent pas à tous venir à côté.
Bon, je ne connais pas leur prénom, j'utilise des surnoms, et pour le sexe, je me repère avec les rubans sur les paquets. Vert pour les garçons, et rose pour les filles. Et pour les âges, et bien... un peu au pif, mais ils pourront faire des échanges après de toute façon, c'était pour tout le monde. Je souris, même si on ne le voit pas avec la fausse barbe. Une fois tous les cadeaux distribués, je dis en revoir aux enfants, et retourne dans la pièce d'à côté pour me rechanger, revenant quelques minutes après en tenue normale de ville. Soigné, comme toujours. Je passe la porte, et la referme, n'ayant pas encore vu que je n'étais pas tout seul à avoir voulu faire plaisir à des enfants en ce vingt cinq décembre.
Je suis vraiment heureux d'avoir fait ça. Je sais que mes pensées sont peut-être trop bisounours mais... c'est indéniable, le rire d'un enfant est vraiment merveilleux, et crée dans chaque cœur humain une petite étincelle de bonheur et de chaleur humaine. C'est ce qui me faisait croire en l'être humain et en ses capacités, et pas seulement juger sur les conneries qu'on peut faire. Je ne suis pas un saint, et je ne fais pas ça pour me racheter sous prétexte qu'une bonne action m'aidera à franchir les portes du paradis, mais bien parce que j'en ai envie, et que je compte bien faire du cadeau que l'on a offert un vrai cadeau pour tous. Et puis, m'être habillé en père Noël avait été une expérience, ça n'arrive qu'une fois dans l'année, et pas tous les ans ! Une fois revenu dans la salle avec mes vêtements de tous les jours, je me suis simplement mit à un côté de la pièce, regardant tout de loin. C'était bête, mais j’avais l'impression que si je m'approchais, je serai grillé.
Mais voilà, un peu plus loin, je vois une petite fille se débattre avec une boite contenant une poupée, barbie ou une fille du genre, vous savez, hyper canon mais hyper non réaliste. Si cette femme était réelle, elle ne tiendrait pas deux secondes debout ! Et puis serait sûrement morte, en fait. Non mais sérieusement, vous avez vu son corps ? Beurk... mais voilà, les petites filles aiment bien. Certains d'identifient même à elles ! Au secours... mais comment laisser la petite lutter sans l'aider ? Je m'avance, faisant quelques mètres pour m'asseoir à côté d'elle, lui proposant gentiment mon aide. Elle accepte, et je trouve rapidement le problème : des espèces de cables bloquant la poupée sur un carton de sécurité. Je retire tout, et lui sort la poupée neuve« - Voilà princesse ! »
Elle me remercie, mais bon... Elle oublie aussi rapidement que je suis dans les parages quand elle commence à jouer avec. Ah, les enfants... mais c'était sympa à voir, et j'ai continué de la regarder pendant quelques minutes, jusqu'à ce que je vois autre chose, en voulant voir si d'autres enfants avaient besoin d'aise pour ouvrir certains paquets. Apparemment pas, par contre, un autre jeune homme avait décidé de venir en ce vingt cinq Décembre, et pas n'importe lequel. Oscar. L'homme que j'avais amené sur le bateau familial. Le mec que j'avais embrassé à Coachella. Et celui que j'avais tenté de revoir à mon retour, mais qui avait toujours trouvé le moyen de m'éviter. Mais cette fois ci, je ne comptais pas le laisser partir comme ça. Je n'hésite pas plus longtemps, et m'avance vers lui, s'occupant d'un petit garçon, qui semblait lui expliquer ce qu'était son jouet. Je me met derrière Oscar, m'adressant au petit garçon, bien que je regarde l'Italien. Enfin, ses boucles pour le moment.« - Waouh ! J'ai demandé la même chose au Père Noël, mais il ne me l'a pas apporté ! Tu as de la chance ! »
Le garçon sourit après avoir levé la tête, avant de retourner à son jeu.
Je n'arrivais pas à décoller mon regard d'Oscar. Il avait quelque chose d’envoûtant, et je n'arrivais pas à réellement me concentrer sur le petit garçon. Si j'avais voulu faire comme si je n'avais pas encore aperçu le bel Italien, je n'aurai pas réussi. Mais voilà, je sens ses yeux sur moi, me fixant. Et comme un con, je lutte pour ne pas le fixer également. J'y arrive, pendant quelques secondes... Mais mon regard se plonge dans le sien, et lentement, je m'y noie. Je n'écoute même plus l'enfant qui parle de son pistolet. Je n'entend même pas Oscar lui parler à son tour. J'en sais rien, je ne me sens même plus capable de rien, sauf admirer cet homme. Ce n'est que lorsque l'enfant finit par aller rejoindre ses amis qu'Oscar se décide à me faire face. Une vague de chaleur envahit mon corps, étant un peu tendu, c'est vrai. J'avais peur qu'il trouve encore un prétexte pour m'éviter car oui, j'avais bien vu qu'il le faisait délibérément.
Ah, peut-être pas cette fois...« - Euh... oui, bien sûr... »
Je suis nerveux, putain j'ai l'impression de perdre tous mes moyens... moi qui était si fier de l'avoir retrouvé, et de m'être approché de lui. J'avais l'impression d'avoir changé de statut, et de me faire avoir. J'avais peur, aussi. Après tout, pourquoi est-ce qu'il fallait que nous sortions pour pouvoir parler tous les deux ? Mais je n'allais pas refuser une occasion de passer un peu de temps avec lui, bien au contraire... Je le suis du coup jusqu'à l'extérieur de l'établissement, et met les mains dans mes poches une fois devant lui, attendant qu'il lance la discussion... Bon, j'aurai préféré qu'il me pose une autre question, je l'avoue...« - Par pur hasard... Mais je ne vais pas le nier, je suis assez content d'être tombé sur toi ici... »
Je mourrai d'envie de lui parler, de lui demander pourquoi est-ce qu'à chaque fois que j'avais réussi à lui mettre la main dessus, il finissait par disparaître quand je détournais le regard. Peut-être est-ce pour cette raison que je ne refusais de le lâcher du regard. Pour être sur qu'il allait pas refaire son coup de chimère, et de me laisser seul dehors, en ce jour de Noël. Maintenant que j'y pensais, cette opportunité n'était-elle pas un présent ? Quelque chose que l'on m'aurait offert, pour me donner l'impression d'un vrai Noël et des cadeaux qui sont supposés l'accompagner ? Ma main passe dans mes cheveux, les remettant en arrière, les pauvres ayant été totalement décoiffés à cause du chapeau de père Noël. Un silence s'installa, que je brisais par une simple phrase, prononcée doucement.« - Retrouvé... Sois franc, tu te cachais ? Et toutes les fois où j'ai voulu venir vers toi, tu faisais exprès de partir, ou de changer de direction ? »
J'avais un peu peur des réponses, mais j'avais besoin de les entendre, pour être sûr, et pour arrêter de penser à ce qui c'était passé si jamais de son côté, il avait oublié.
Le simple fait qu'il prononce mon prénom me donne la chair de poule... Pas parce qu'il l'a prononcé avec son accent italien, rendant le tout extrêmement attirant, mais plus parce que l’intonation qu'il a donné ne laissait rien prévoir de bon. Je m'étais attendu à ce qu'il me dise que non, ce n'était que le hasard si nous n'avions fait que de nous croiser sans réussir à passer un peu de temps ensemble, comme nous l'avions fait lors de nos vacances. Je voulais qu'il me dise que non, ce n'était pas voulu, et qu'il n'avait pas fait tout ça avec pour seul but de m'éviter. Mais voilà, je ne le sentais pas... Son « Adriel » connaît vraiment comme une supplication, à laquelle je ne comprenais rien. Du coup, je reste face à lui, et n'osant rien ajouter, au cas où. Finalement, j'aurai peut-être du fuir.
Je l'écoute sans rien dire pour le moment, alors qu'il commence à balancer que de toute façon, ça ne pourrait pas marcher. Je ne peux pas m’empêcher de penser que personne ne le saura si on essaye pas mais bon, je continue de l'écouter en silence. Putain de clichés. Surtout que dans les films, c'est pas justement ces gens qui finissent ensemble ? Les différences qui finissent par s'unir ? Faut croire que non, dans son raisonnement. Il me regarde, dans les yeux en plus, pendant qu'il dit tout ça... Il me parle de son passé, et je passe une main dans mes cheveux. Sérieusement ? Donc parce qu'un con l'a fait souffrir, ça tue les chances de tous ? C'est à ce moment précis que je me suis dis que j'en avais assez entendu, et que je savais très bien comment tout cela allait finir.« - Arrête, si je ne t’intéresse pas, dis le clairement, me dire qu'un autre t'a fait souffrir et donc que je le ferait aussi, c'est pas un argument. Le fait que je me lasserai aussi, je crois qu'aucun d'entre nous ne pourrait dire avant si c'est le cas »
Et j'étais loin de me douter que le pire est à venir. Il ne faisait pas que de bien me faire comprendre que je n'avais pas une chance, il comptait aussi le dire que le moment que je prenais pour un moment privilégié entre nous n'était en fait qu'une erreur. Une mauvaise idée, comme il l'appelait. Donc quoi, tout ça n'avait même pas compté ne serait-ce qu'un petit peu pour lui ? Pourtant, je me rappelle bien du fait que je n'avais pas été le seul à apprecier le baiser. Je ne l'avais pas forcé à poser ses mains sur moi, ou même à prolonger nos baisers. Et puis, il avait été lui même à l'initiative de plusieurs baisers échangés dans ce parc..
Je le regarde, droit dans les yeux, essayant de cacher ma deception et même mon envie de fuir. Ouais, moi, Adriel, j'avais pour une fois envie de fuir, et de me retrouver loin de lui. Comme quoi, les rôles pouvaient s'inverser en l'espace de quelques secondes. Je n'ai même pas envie de répondre à tout ça. Pour dire quoi, de toute façon ? Que j'étais déçu ? Que je ne comprenais pas ? Pourquoi m'attarder sur quelque chose qui de toute évidence, n'allait pas me plaire ? Faut que je sorte, prendre l'air, et.. fumer. Mauvais réflexe, surtout pour le sport, mais bon, tant pis. Je passe devant lui, et finit par rejoindre l'entrée de l'orphelinat, ou j'allume une cigarette en regardant devant moi. Je la coince entre mes lèvres, et attrape mon portable. Je ne l'utilise même pas, mais faut que je m'occupe, quitte à faire le tour de toutes mes applications pour pas grand chose.