❛It's just a work to do❜
Les milliers de kilomètres qui le séparait de son Italie n’avait qu’allongé la chaine qui enserrait sa cheville et mordait sa chaire. Une chaine que Vahid ne pourrait jamais briser, même s’il en avait eu l’intention. Il était lié de sang à cette organisation mafieuse et il n’y avait que dans le sang qu’il pourrait un jour la quitter. Les choses étaient faciles à faire mais toujours difficiles à défaire. Los Angeles représentait l’occasion d’un nouveau départ, d’une nouvelle alternative, mais pas d’une nouvelle vie. Sa vie, il ne l’avait pas choisi et il faisait avec. Il acceptait sa place même lorsque son rôle ne lui convenait plus. Vahid était devenu un homme résigné. Sa femme le détestait toujours autant et son travail pour la mafia reprenait dès ce soir au domicile d’une certaine Gia Leonetti, quelques jours à peine après son arrivée. Si ce nom réveillait des souvenirs dans son esprit, Vahid était certain de n’avoir jamais rencontré cette jeune femme. Pour la rejoindre, il avait pris le volant de sa Roméo, laissant Jade gérer seule le bar qu’il venait d’acheter dans le seul but de devenir le citoyen lambda et de ne surtout pas attirer l’attention sur lui. Dans son secteur d’activités, attirer l’attention était la première erreur que l’on puisse commettre et Vahid, d’une nature calme et discrète, savait parfaitement comment se fondre dans la masse. Filant à travers la nuit, la lumière des lampadaires peinant à refléter sur la peinture noire et mate de sa Roméo, les pneus dévorant chaque mètre de bitume, Vahid laissait son pied s’enfoncer encore et encore sur la pédale. Il aimait cette sensation de vitesse. Il aimait ressentir son estomac se soulever et tenter le rouge à une intersection. Fuyant, filant, il évita de peu la collision. Mais bien trop vite, il arriva à destination. Il n’était pas en retard, ni en avance. Juste à l’heure. Il gara sa Roméo devant l’extravagante villa tout en observant l’habitation dans laquelle il risquait de passer une grande partie de son temps. D’un coup sec, il referma la porte de sa voiture et réajusta le bouton de sa manche. Vahid ne travaillait jamais sans un costume. Une marque de fabrique, l’exposition d’une richesse, quelle qu’en soit la raison, la mafia n’opérait jamais en jean basket mais toujours dans une tenue de rigueur. Une norme implicite du code de la mafia. Vahid se déplaça à pas lents mais assurés, il appuya sur la sonnette une seule fois puis attendit qu’elle ou un de ses employés ne viennent lui ouvrir la porte.