Être avec RJ, ici, sans le voir vêtu de sa blouse blanche me fait bizarre. A vrai dire, le revoir tout court me laisse quelque peu songeuse. Pour combien de temps a-t-il posé ses valises à Los Angeles ? Deux ou trois semaines comme la dernière fois ? J’ai cru la fois précédente qu’il était de retour pour un moment, manque de pot ce ne fut pas le cas. S’il était resté nous aurions pu partager beaucoup tous les deux, je suis persuadée qu’il m’aurait aidé à traverser les étapes de deuil, du deuil de ma relation avec Tylian. A la place, je me suis isolée et j’ai pris le temps. Aujourd’hui encore, même si j’ai accepté tout cela je ne suis pas certaine d’avoir définitivement tourné la page. Comment le pourrais-je après une séparation si brutale et inattendue ? Aurait-il eu des nouvelles ? Lui qui était plutôt très ami avec mon ex. « Silence également, pas de nouvelle bonne nouvelle il parait » J’acquiesce, perplexe. « Il parait oui ! » Une part de moi sera toujours inquiète pour Tylian, il est parti à cause des remords, son secret lui pesait trop lourdement sur les épaules, comment passer outre, nous parlons d’un meurtre quand même. RJ est-il au courant ? J’en doute fort, voilà pourquoi je ne dis rien de plus. Tâchons d’être professionnels, j’oublierais ma colère face à ce sentiment d’abandon que j’ai très mal vécu le temps d’une consultation médicale. Il souhaite être testé, rapports non-protégés, bravo ! « T’es vraiment certaine de vouloir le savoir ? » Me demande-t-il en riant, j’hoche la tête de droite à gauche en grimaçant. « Pas vraiment, je tiens à garder l’appétit. » Je lui demande de retirer sa veste pendant que je prépare le matériel nécessaire pour une prise de sang. Je me retourne, interpellée par une étrange sensation, celle d’être observée. Je ne me trompe pas, il est en train de mater. « Eh, t’es pas devant l’exposition de la dernière voiture à la mode tu sais ? » Je sors un garrot, une aiguille, un papillon sous-cutané et un barillet « Tu veux un check-up complet ? » Je le questionne, histoire de prévoir le nombre d’échantillons à prélever. Je dépose le tout sur une petite table à côté du siège médical, prépare plusieurs cotons et en humidifie plusieurs avec un produit spécifique. « Tu peux remonter ton t-shirt ? On te pique à quel bras habituellement ? » Histoire de me faciliter la tâche, quoique, je peux toujours jeter un coup d’œil à ses deux bras pour analyser la situation. « Tu sais à quoi je pense là ? » Il me demande avec ce regard lubrique que je connais par cœur. « Non, mais je suppose que tu vas t’empresser de me le dire ? » Je le toise à présent du regard, marquant une pause dans ma préparation pour pouvoir lui faire face. « A notre première nuit passée ensemble, ici dans cet hôpital, quelle nuit ! » Un sourire étire malgré moi mes lèvres pulpeuses, je m’en souviens de cette nuit, comment l’oublier ? « Oh, cette nuit-là ? » Je remarque avec un air innocent pas du tout à sa place. Un action-chiche-vérité qui aura déraillé, après lui avoir offert une lapdance digne de ce nom nous avons fini tous les deux entièrement nus, ce moment m’a marqué… L’une des nuits les plus sensuelles de toute mon existence. « Ça t’arrive d’y penser, toi ? » Je prends le temps de réfléchir à la question, même si j’en connais déjà la réponse. D’un air sûr de moi, un sourire nostalgique aux lèvres, je ne tarde pas à briser le silence bien plus expressif encore que les paroles. « Je suis une fille RJ, bien-sûr que je repense parfois à cette nuit. » Nous sommes bien connues pour penser à tout, tirer des conclusions puis revenir sur ces dernières et nous prendre la tête pour… Pas grand-chose. « Pourquoi ? T’es d’humeur pour un trip nostalgique ? » Je le questionne, mutine, remontant le long de son bras du bout des doigts. « Parce que tu sais… » Je me penche, femme fatale à souhait, réduit la distance entre nos visages jusqu’à ce que je puisse sentir son souffle chaud s’écraser contre mes lèvres. « Je ne coucherais pas avec un mec qui a trainé sa bite je ne sais où et qui n’est plus certain d’être clean. » Et je pouffe de rire, l’expression rire au nez de quelqu’un n’aura jamais été aussi adaptée que maintenant.