Oh mon doux navire, depuis quand t'étais-tu épris du chant des sirènes ? Celles qui ne font que te rappeler ces inconcevables désirs, qui ne laissent place qu'à une imagination bien trop débordante. Voilà que mes matelots de membres s'engouffraient aux fins fonds de son corps. A lui, l'océan, mon océan. Il était ma repentance, mon seul et unique moyen de faire la paix avec ce moi que je fuyais depuis bien trop d'années maintenant. Depuis que j'avais moi-même mis les voiles. Depuis que je l'avais abandonné sur les quais, nez en l'air et yeux plissés, criant au vent de le reprendre. J'avais honte, pirate que j'étais devenu. Et pourtant ô coeur de pirate n'était que détresse. Cette détresse qui m'avait arraché à ses bras, tout comme me les avait à nouveau imposé, bercé par la douce étreinte des vagues. Ses bras, ses mains, son touché. Cette noyade qu'était ma vie ne m'avait jamais semblé aussi exquise. Pourtant je n'arrêtais pas de respirer non, comme s'il me sauvait de ma propre perte. Comme s'il savait parfaitement ce qu'il fallait faire pour me guider, m'escorter sur ce chemin que tous les adultes avaient au moins une fois emprunté. Ce sentir qui m'était nouveau, moi et mon périlleux sens de l'équilibre. Je n'y connaissais rien, aucun décor, aucun pas, les dalles s'effaçant sous mes pieds alors que son regard continuait de me guider. Sans crainte. Alors, mes mains jonchaient les boutons de sa chemise, le délivrant bientôt de ce mal qui n'était plus nécessaire. Nous n'avions plus besoin de nous cacher l'un de l'autre, et si c'était valable pour Oscar, ça l'était également pour moi. Quelque part, je m'étais toujours imaginé que ce moment serait parfait, que j'aurais tout préparé à l'avance, qu'il s'agisse des plateaux d'entrées comme des bougies, de l'odeur de rose qui saupoudreraient les draps ou encore de cette touche de maladresse qui rendrait cette nuit magique. Mais je me rendais compte que mes histoires pour enfant n'étaient pas si loin du compte. Parce que si je n'avais pas de rose, ni de plateau repas, ni même ma propre chambre, je l'avais lui. Et en fin de compte, je crois bien que cela compensait largement. Aussi, après avoir longé son torse, mes bras se glissaient tels des serpents dans son dos, l'attirant à nouveau contre moi alors que mes lèvres capturaient les siennes. Je n'y connaissais rien, et pourtant tout cela me semblait être une sorte d'instinct animal. J'étais celui que j'avais toujours été, cet Atom qui se cachait derrière ces billes de crystal, attendant son heure pour rugir. Et rugir, c'est ce que mes soupirs traduisaient là, tout contre lui. J'avais incroyablement chaud, mais ça n'était pas pour me déranger, sa peau électrisant la mienne comme lorsque deux nuages se caressaient de trop près. Bientôt, je pouvais sentir ses doigts se glisser sous mon haut, mes abdominaux se faisant rock à son simple touché, comme par magnétisme avant de finalement se décontracter. Un nouveau murmure, une parole, que je décidais finalement de couper en lui offrant un nouveau baiser, allant même jusqu'à mordiller sa lèvre inférieure, le tout souligné plus tard par un sourire. Et puis la première défense tombait alors que je me sentais d'ores et déjà soulagé d'un poids. Je voulais qu'il parcourt mon corps, qu'il ose prendre ce que j'avais mis tant de temps à lui céder. Qu'il ose prendre ce qui lui était du. Ce qui était sien. Parce que je n'imaginais pas les choses différemment, non. Et alors que mon souffle avait de plus en plus de mal à se faire régulier, je sentais de nouveau ses mains dévaler mon corps pour s'arrêter sur le bouton de mon jean. Je restais là, immobile, ne sachant plus trop quoi faire, étant même totalement perdu. C'était à ce moment là qu'il allait falloir qu'il prenne le dessus, qu'il me guide. Mon regard traduisait toute cette attente, sans pourtant avoir une once de peur. Parce que je lui faisais confiance, comme je n'avais par ailleurs jamais fait conscience. Et alors que mon pantalon glissait lentement sur mes jambes, je décidais pendant un court instant d'inverser les positions, passant alors au dessus du beau brun. Je l'accablais d'une avalanche de baiser, alors qu'une de mes mains se voulait plus courageuse que je ne l'aurais imaginé, se posant sur son pectoraux droit, son coeur battant tout contre ma paume avant de descendre un peu plus, longeant cette extrémité rosée pour s'attarder sur son ventre, y redessinant la moindre ligne, la moindre crevasse avant de finalement s'arrêter à sa ceinture. Me redressant un court instant, je déverrouillais celle ci, avant d'embrasser son torse, tout en faisant glisser cette nouvelle barrière hors de son corps. Oh, qu'est ce que je faisais. Qu'est-ce qui m'arrivait ? Je n'étais pourtant pas aussi confiant en règles générales ? Pourtant, là, j'étais absolument certain de ce que je voulais. Je le voulais lui, tout contre moi. Et alors que mon torse frôlait à nouveau le sien, que mes lèvres longeaient celles du jeune homme, je le laissais peu à peu reprendre le dessus. Je le laissais me guider comme il avait toujours eu l'habitude de le faire.