oscar ∇ safe and sound.

oscar ∞ mike

« Monsieur Anderson ? Votre femme... » Mike grogna. Il la reprit très rapidement. « Ex-femme. » Elle hocha la tête, sembla bredouiller quelques excuses avant de reprendre. « Votre ex-femme donc... est passée ce matin. Elle voulait vous voir à propos des enfants. Je crois qu'elle voulait que vous alliez les chercher à l'école ce soir, parce qu'elle ne peut pas les prendre avant demain. » Mentionner son ex l'énervait. Ce n'était pas de la colère envers elle, la pauvre, qui n'avait rien fait et rien demandé – si ce n'est être une femme, admettons que ce n'était pas sa faute. Plutôt de la colère qu'il ressentait contre lui-même, sur le fait de s'être voilé la face si longtemps. Enfin... c'était fait. « Or, vous avez un rendez-vous à l'heure où l'école se termine. » Mike fit un signe de main. Les enfants avant le boulot, c'était ainsi. C'était d'ailleurs vraiment nouveau car avant Mike n'aurait jamais pu laisser traîner un dossier en retard. En réalité, beaucoup de choses avaient changé depuis ce divorce. Ses fréquentations pour commencer... « J'annule. Appelle Elizabeth et confirme-lui que j'irais chercher les enfants. » Elle hocha la tête. Ces derniers temps, la pauvre assistante ne savait plus comment agir avec l'avocat. Tantôt il était d'une humeur incroyable... et d'autres jours comme celui-ci, il valait mieux écouter la conversation. En général c'était ce même jour qu'il était atteint du syndrome de la page blanche, s'étant fraîchement lancé dans l'écriture. Si c'était lié ? Très certainement oui. Il la gratifia malgré tout d'un merci avant de retourner à son bureau.

Sur le chemin de ce dernier, il croisa son père. Homme froid. Pire qu'avant. Depuis les révélations, ils ne s'étaient adressés la parole que pour le boulot. Effectivement, Mike aurait pu prendre son envol et ouvrir son propre cabinet mais sa réputation n'était pas des meilleures actuellement, il devait donc continuer à collaborer avec son paternel malgré son envie d'y mettre fin. Anderson père aurait pu le virer également, mais Mike était un bon avocat et il rapportait gros. Un peu moins dernièrement... Toujours était-il qu'il gagnait encore assez pour ne pas être sur la sellette. Un simple sourire faux en guise de sourire ; ils passèrent tous les deux leur chemin. Mike poussa la porte de son bureau et ne tarda pas à s'affaler sur son siège en soupirant. Des dossiers étaient éparpillés un peu partout : il n'aurait jamais fini pour le week-end.

Pas vraiment motivé, il ferma les yeux. La décoration de cet endroit ne lui plaisait plus du tout, il voulait tout refaire. A croire que toute sa vie devait devenir autre chose : sa situation amoureuse, son orientation sexuelle, son appart, son bureau... Une seule chose demeurait cependant. L'envie de donner une suite à ce qu'il avait commencé à écrire, quand il était encore en couple avec Elizabeth. Seul problème ; à chaque fois qu'il relisait afin de trouver l'inspiration, il se rappelait Oscar. Forcément... c'était lui, son personnage principal. Et son favori aussi. Aucune suite ne semblait... digne de lui. Mike ne faisait qu'effacer ce qu'il rajoutait au fur et à mesure.

Pas l'envie d'écrire, aujourd'hui. Alors après quelques minutes à ne rien faire dans son fauteuil, il se remit au boulot.

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Il n'y a rien. Pas de téléphone qui sonne, pas de secrétaire paniquée qui tente de m'arrêter mi-trajectoire. Pas de bruits de pas, de froissement de tissus ... Pas de mépris lorsque mon chemin croise celui d'Anderson Senior, ce vieillard insupportable qui avait le chic pour me donner froid dans le dos dès que nos chemins se croisaient, lorsque je n'étais encore qu'un vulgaire stagiaire, ici ...

Non, il n'y a rien de tout cela. Tout ce qu'il y a, aujourd'hui et à tout jamais, c'est la rage, la haine, la fureur qui brûlent en moi.

Michael Anderson, tu n'es vraiment qu'un sale enfoiré.

Quatre mois. Cela fait quatre mois que je l'attends, cette putain de lettre de recommandation. Quatre mois que je suis là, comme un con, à l'appeler, à lui envoyer et à lui renvoyer des e-mails, à la contacter, ta putain de secrétaire. Quatre mois, également, qu'elle me promet que tu vas me la faire, cette satanée lettre ! Alors ? Où est-elle, bordel ? J'en ai marre que tu me prennes pour un con !

Arrivé au bout du corridor, je m'apprête à ouvrir la porte de son bureau lorsque sa secrétaire - une nouvelle fille depuis la dernière fois que je suis venu ici, tiens, je me demande si elle aussi, il lui fait des promesses de mariage en la sautant tous les vendr ... Bref, changeons de sujet - m'interrompt.

- Je suis désolée monsieur mais Maître Anderson est très occupé aujourd'hui et ...

La fusillant du regard, je me contente de lâcher un simple :

- Je me fiche du nombre de choses que Michael a à faire aujourd'hui ou même demain, moi aussi j'ai des choses à faire et c'est justement à cause de lui que je ne peux pas les faire.

N'attendant plus, malgré les vaines protestations de la secrétaire, j'ouvre violemment la porte avant de m'introduire hâtivement à l'intérieur du bureau ... Qui ... A à peine changé ... Depuis la dernière fois.

C'est ... Perturbant.

Mais je me remets vite de mes émotions. Avant même que je n'aie le temps de parler, cependant, la rouquine me coupe l'herbe sous le pied afin de tenter de garder les bonnes graces de son patron sur elle.

- Je suis désolée Monsieur Anderson j'ai essayé de lui faire comprendre que vous n'aviez pas de temps aujourd'hui mais il n'a pas voulu m'écouter.

Quelle idiote, celle là, je vous jure. Certes, elle ne m'a rien fait, mais la regarder suffit à me donner envie de me vomir sur place. Il la saute, c'est évident, regarde moi un peu comment elle est sculptée ... Même mes fesses ne sauraient pas rivaliser. M'avançant vers le bureau sans ralentir ni battre d'un cil, j'attends que le fauteuil - qui n'a pas changé non plus - se retourne afin de plonger mon regard dans le sien et de lui demander, aussi docilement que possible (ironie) :

- Et sinon, tu comptes attendre que je sois à la retraite, pour me l'écrire, cette lettre de recommandation ?

Je prends soin de parler bien fort afin que Débilla puisse m'entendre. Avec un peu de chance, elle aura assez de jugeote pour assimiler mon visage à un nom, celui qu'elle note sans cesse depuis quelques semaines à présent : Oscar Luccheti. Son plus grand cauchemar, probablement ... Et maintenant, celui de Mike aussi.

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oscar ∞ mike

Le calme régnait. Ca ne durait jamais bien longtemps ici ; il y avait bien souvent un coup de téléphone par là, des pas dans le couloir par ci... Et parfois son assistante qui venait tant bien que mal lui passer un message : toujours le même. La lettre de recommandation d'Oscar. A priori, il n'était pas non plus motivé pour la lui faire, cette foutue lettre. On avait beau lui répéter, son assistante, Oscar lui-même par mail, ça lui sortait toujours de la tête. Intentionnel ou non... toujours était-il que ça traînait encore dans sa liste de choses à faire. Tout en bas. Alors qu'il s'apprêtait à travailler – oui, enfin il regardait surtout la vue que lui offrait sa fenêtre pour se « motiver » – on s'agita par ici. La porte s'ouvrit, Mike grimaça. Que venait-elle encore lui dire ? Il s'agissait bien de son assistante, sauf qu'elle semblait accompagnée. De... oh. Oscar ? Mike finit par se retourner, suffisamment de temps après s'être assuré qu'il avait bien un air impassible sur le visage. « Oh, bonjour Oscar. » Il regarda la jeune femme. « C'est bon, tu peux nous laisser. A l'avenir tâche d'être plus convaincante je t'en prie. » Il lui fit un clin d'oeil, elle s'en alla.

Mike faisait tous les efforts du monde pour ne pas sembler perturbé. Bon sang qu'il l'était, pourtant ! Si Oscar lui avait parfois écrit par mail pour sa lettre de recommandation, il ne s'était jamais déplacé. Signe que cette histoire traînait depuis trop longtemps... A cause de fainéantise. Ou d'autre chose. Oscar n'avait pas beaucoup changé. Toujours aussi sexy, qu'il ne put s'empêcher de se dire. C'était bien vrai... Et s'il ne le détestait pas, Mike l'aurait sans doute dit. En attendant, le voir ici était franchement... Désagréable ? Ce n'était pas le mot, mais il n'en trouvait pas d'autre. Mike n'avait pas pu se préparer psychologiquement à le revoir, et il aurait bien voulu. Effectivement, son cœur battait à un rythme qu'il n'aimait pas du tout... Alors il détourna les yeux. Faible. Mike grimaça et se releva, faisant mine de fouiller dans tous ses dossiers pour expliquer son regard fuyant.

« Ta lettre de recommandation tu dis... oh oui, on m'en a vaguement parlé. » Un peu plus que vaguement à vrai dire, mais Mike sans l'ironie... ce n'était pas Mike. Il laissa tomber ses dossiers pour se retourner de nouveau vers Oscar. « Tu as deux minutes, non ? Après tout, ça fait déjà quelques mois que t'attends. » Il sourit doucement. Ce n'étaient pas les retrouvailles espérées par Mike. Il aurait pu – et dû d'ailleurs – se jeter à ses pieds pour s'excuser mais ça... ça n'était pas possible. Sa tête lui disait de ne pas ruiner le peu de fierté qu'il lui restait, et donc de se comporter ainsi. Pendant combien de temps il tiendrait... Aucune idée. « Est-ce que je dois y mentionner la fois où tu as quitté le procès en plein milieu ? » Il se souvenait bien de cette dispute, à ce même endroit. C'était leur début, lorsqu'ils ne s'étaient pas vraiment apprivoisés. Aujourd'hui plus que jamais ils ressemblaient à ces deux types en train de s'engueuler, froids, qui ne se touchent pas – plus.

Une question lui brûlait toutefois les lèvres. Il voulait savoir. Bon d'accord, il en avait peut-être plus qu'une... mais restons prudents. « Comment est-ce que tu vas ? »

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Lorsqu'il se retourne, avec son air complètement impassible, je me rends compte que l'envie de lui balancer toutes les affaires qui sont éparpillées à la gueule n'a toujours pas disparue, et ce, même après deux ans. Je le hais. Je le hais, je le hais, je le hais. Mike, je te hais.

– Tes "bonjours", tu peux te les fourrer là où je le pense, ça ne m'intéresse pas. Je lui déclare avec froideur. Si lui n'était pas capable de me l'écrire, cette foutue lettre de recommandation ... Moi, je ne suis certainement pas foutu de les écouter, ses "Bonjours". C'est donnant-donnant, après tout ... Et avec lui, j'avais déjà suffisament donné sans jamais rien recevoir, qui plus est. C'était fini, tout ça. Mike déclare à son idiote de secrétaire qu'elle peut "nous laisser" – ce n'est que lorsqu'il lui fait un clin d'oeil, cependant, que je ne peux pas m'empêcher de grimacer. Il couche avec, c'est pas possible, ils n'auraient pas tant de complicité le cas contraire. Ce type est vraiment répugnant. Je n'arrive pas à croire que j'ai un jour pu être assez con pour tomber dans ses filets ... Sérieusement !

Lorsque Mike commence à fouiller dans ses dossiers, ma grimace ne s'efface pas pour autant. Une partie de moi espère qu'il s'apprête à me la filer, cette lettre de motivation, lettre qu'il aurait déjà écrite des semaines auparavant et qui m'attendait bien sagement, installée au fond de sa pile de feuilles "triviales et à trier" – le connaissant, cependant, quelque chose me dit qu'il n'a même pas essayé de faire l'effort de me l'écrire, cette lettre, et c'est cette possibilité qui me rend furieux. Il me déclare qu'on lui en a vaguement parlé et c'est incrédule que je le regarde, les yeux ébahis. Et on lui a vaguement dit aussi que j'allais vaguement lui mettre un millier de coups de pieds au cul ou pas, au fait ? Non, parce que, soyons clairs : l'idée de le faire m'a vaguement traversé l'esprit. Et lui est vaguement très très con, surtout.

Lorsqu'il me demande si j'ai deux minutes devant moi, cependant, je ne peux m'empêcher de camper sur mes positions. Pour toi, des concessions, j'en ai déjà fait bien assez. Tu ne vas pas t'amuser à me faire poireauter toute ma vie. Croisant mes bras sur mon torse, je le toise du regard avant de déclarer, de façon magnianime :

– Pas vraiment, non, j'ai tout un tas de choses plus importantes à faire que d'être ici pour tout t'avouer. Mais si je n'ai pas le choix ... Lorsqu'il me sourit, l'envie de lui enfoncer mon poing dans son visage fier et narquois se fait pressante. Ce type est tellement détestable. Pourquoi, pourquoi diable me suis-je autorisé à tomber sous son charme alors qu'il n'est rien de plus que le dernier des abrutis ? Parfois, je me dis que j'aurais bien mérité plus de claques, dans ma jeunesse. Lorsqu'il me demande si mentionner l'infâme procès est un prérequis pour cette lettre, ma rage et ma fierté n'en peuvent plus et éclatent d'elles-mêmes, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour les rattraper.

– Mais tu te fous de ma gueule en fait ?

Puis, la cerise sur le gâteau. Comment est-ce que tu vas ? Comment est-ce que je vais ? Oh, super génial, merci de t'en inquiéter. J'ai juste passé deux ans à recoller tous les morceaux de mon coeur après que tu ne l'aies brisé, rien de bien transcendant, quoi, t'as bien fait de me laisser partir parce que tu te serais probablement ennuyé. Sérieusement. Quel con. Il s'attend à ce que je lui réponde quoi, exactement ? Mal, laisse moi redevenir ton amant, par pitié ? Croit-il au moins que j'ai si peu de dignité que cela ? Je n'ose même pas y penser. La simple pensée de cela me révolterait. Alors, je reste aussi calme et diplomatique – bien que cinglant – que possible.

– Oh, tu sais, la routine. Ça fait des mois qu'on me promet une lettre de motivation que je ne tiendrai jamais entre mes mains. C'est drôle, on pourrait croire que j'ai l'habitude des promesses vides, après celle du mariage, du bonheur, de l'avenir commun ... Mais en fait non, ça m'énerve toujours autant lorsqu'on me promet quelque chose qu'on ne me donnera jamais. C'est drôle, n'est-ce pas ? Et là, sourire froid, ironique, sarcastique. Tout ça, il l'a, après tout, sacrément bien mérité, si ce n'est plus.

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