Il y a deux mois. Thea et moi. Aujourd'hui. Plus rien.
Je joue avec le bord de mon verre, posé sur la table basse. Me ressassant encore et toujours le moment où elle est partit sans même se retourner vers moi. Sans même me jeter ne serait-ce qu'un petit regard. Mon cœur se serre en repensant à cela. A ce moment. Si minime et qui pourtant a tout chamboulé en moi, en ma vie, en mon bien-être. Je me pince les lèvres, ferme les yeux un instant et fait tomber le verre qui s'éclate alors sur le sol en plusieurs dizaines de morceaux. J'ouvre de nouveaux les yeux et pose mon regard, plein de désespoir, sur le cadavre de mon verre étendu sur le carrelage du salon. Je soupire. Encore. Une nouvelle fois. Une vraie catastrophe, voilà ce que je suis à ce moment précis.
Et ce, depuis deux mois.
Deux longs mois de solitude, de désespoir, de remise en question, de soupirs, de mal-être. Rien de positif. Non de non. Deux mois. Et qu'est-ce que c'est long ! J'ai l'impression de compter les jours. Sans répits. L'espoir me fait vivre, me donne la force de rester debout, de me dire que peut-être un jour elle reviendra. Pourtant, la réalité est tout autre. Car au final, je n'ai jamais eu de nouvelles d'elle. Rien du tout. Vide spatial. Comme si je n'existais pas. Comme si je n'avais jamais existé. Comme si nous n'avions jamais existé. Et j'ai la dure impression que cela ne changera jamais. Que jamais Théa ne reviendra. Je soupire une nouvelle fois.
Aujourd'hui, un changement.
Je me lève, écrase un bout de verre sous ma chaussure et grimace à ce sentiment. La sonnette retentis alors. Je me tourne vers la porte d'entrée, mais je ne voie pas à travers, ce fût un moment de solitude que je ressentis. Un dernier regard vers les bouts de verre avant de me décider de les ramasser après. Chaque chose en son temps. Sans hésitation je me dirige vers la porte d'entrée, la déverrouille et l'ouvre doucement en m'appuyant contre le mur. Je cligne des yeux. Une fois. Deux fois. Une troisième fois même. Je rêve. C'est sûr. Je referme la porte. Pas certain de ce que j'ai devant les yeux. Je respire un instant avant d'ouvrir de nouveau la porte et de me retrouver face à ce que j'attends depuis si longtemps, mais qu'au fond, je n'attendais même plus. Comme un lointain espoir.
Le bouleversement de la réalité.
J'ouvre la bouche, tente d'articuler doucement des paroles, mais sans résultat. J'avale alors ma salive difficilement. Prend une grande respiration et tente de nouveau de parler. Avec réussite cette fois. " Théa ... " Comme un soulagement, un cri de délivrance. Tu es là, face à moi. Mes yeux te voient. Il suffirait que je tende la main et je pourrais toucher ton visage. Mais je n'ose pas, sûrement pas après tout ce qu'on a vécu. Alors je te regarde. Te dévores des yeux. Je me demande même si c'est bien toi qui est face à moi ou si cela n'est encore qu'un rêve. Car oui, j'en ai rêvé de toi ! Sans réussir à articuler quoi que ce soit d'autre je me pousse, te laissant libre champs pour entrer dans le loft qui était encore le tien il y a peu. Je te regarde passer si près de moi et sens ton parfum un bref instant qui me retourne le coeur. Je referme la porte derrière toi et te regarde. J'attends. J'ignore quoi. Mais j'attends. Profitant de ce moment pour me pincer discrètement, histoire d'être certain qu'il s'agit bien de toi, face à moi. Cela semble être réel. A mon plus grand soulagement.
Je soupire. Une dernière fois. De bonheur, à la voir face à moi.
FRAT LOVE :
Quand Kai essaie de convaincre qu'il est un bon père ...
... Mais que la réalité est tout autre :