Mes yeux se perdent sur ma montre, encore une fois. BVLGARI. Les chassures, c'est Prada. Et le sac ? Gucci. Pour la robe ... Dolce&Gabbana, évidemment. Assez coûteuse, d'ailleurs. Elle faisait partie d'une de leurs nouvelles collections de printemps. Elle vaut, bien évidemment, chaque centime qu'elle a coûté à papa.
Tic, tac, tic, tac. L'horloge pendue au plafond continue à faire avancer le temps, tandis que sur mon visage, le sourire que j'avais jusqu'alors d'affiché commence à se transformer en une grimace amère.
Dix heures dix, dix heures vingt, dix heures trente ... J'étais censée arriver à neuf heures et demie, je suis arrivée à dix heures et voilà qu'il n'est toujours pas là. Je me mords la lèvre. Franchement, ce n'est vraiment pas très sérieux, tout ça ... Il m'a prise pour qui, exactement ? Comme si je n'avais que cela à faire, l'attendre, toute la journée. Dans une heure, Barney's ouvrent leurs soldes d'été et il est hors de question que je ne sois pas de la partie ! Certes, cela ne fait pas plus de vingt quatre heures que cette robe Dolce est venue s'ajouter à ma garde robe ... Mais l'achat d'un nouveau vêtement ne m'a jusqu'alors jamais empêchée d'aller en acheter d'autres ! Bien au contraire ! Bref. En attendant, moi, j'attends. Et pourtant, Dieu sait que je déteste attendre ... D'habitude, c'est moi qu'on attend, merde ! Ah lala, il n'a vraiment pas appris les bonnes manières, ce garçon. Il va voir ce qu'il va voir, lorsqu'enfin, il va arriver. Je me demande s'il reçoit un café, le matin, avant d'entrer dans le bureau. J'espère bien que oui parce qu'il mériterait bien que je le lui jette à la figure, ce café. Ce serait encore mieux s'il était bien brûlant, évidemment !
Tic, tac, tic, tac ... Continue l'horloge, tandis qu'assise, les jambes croisées, je réfléchis à ce que je pourrais bien faire. Fouillant dans mon sac à main, j'en sors le dernier exemplaire de
People Magazine qui y était
soigneusement enroulé avant de le déplier une énième fois et de commencer à le feuilleter. Lorsque je me rends compte que je ne suis pas d'humeur à lire, parce que cela me coûte trop d'énergie, j'enroule le magazine à nouveau avant de le ranger dans le sac, haussant des épaules en ce faisant. Puis, je sors mon téléphone de mon sac avant de commencer à pianoter sur l'écran. Ah, les écrans tactiles ... Tellement pratique, ces machins ! Il faut dire que l'iPhone 6 Plus est l'une des créations technologiques les plus parfaites de notre génération ... ! Du moins, jusqu'à ce qu'ils créeront l'iPhone 7. Après, le 6 ne vaudra plus grand chose et je pourrai donc ranger le mien au fond d'un tiroir, quelque part, pour ne plus jamais m'en servir. Certaines de mes amies le revendrait à ma place mais je ne suis pas comme elles : je n'ai pas besoin de perdre mon temps à faire des choses aussi triviales que d'essayer de gagner de l'argent. Papa s'en occupe déjà assez bien tout seul ! Regardant mes notifications Facebook, mes messages ainsi que les dernières nouvelles de Perez Hilton online, j'arque d'un sourcil une ou deux fois lorsque mon regard s'arrête sur une information
relativement intéressante avant de soupirer, bruyamment.
10:45. Il fait quoi, exactement, cet idiot ? Il est parti faire un marathon sans me prévenir ou quoi ? Agacée, je me connecte sur le Facebook chat, espérant que Zoé soit en ligne. Lorsqu'une fille ne peut pas compter sur un garçon, après tout, sa meilleure amie sera toujours là pour elle ... Non ... ? Il faut bien croire que non, puisque Zoé n'est, bien évidemment, pas en ligne, pour une fois. Mon dieu, mais à quoi me sert-elle, elle ? Parfois, je me demande vraiment pourquoi je supporte une écervelée pareille, puisqu'elle n'est même pas capable de me divertir lorsque je m'ennuie à mourir ! Si seulement j'avais emmenée ma lime à ongles ... Cela m'aurait bien occupée, avant ma manucure hebdomadaire ! Ah, mais ... Attends ... Peut être que ...
Fouillant dans mon sac à nouveau, je cherche avec désespoir cette fameuse ligne, le retournant sens dessus dessous deux fois avant de me rendre à l'évidence, dépitée. Pas de lime à ongles dans les parages. Pas de moyen de tuer le temps ou, au moins, de le faire avancer plus rapidement. Je ne sais même pas pourquoi je reste ici, d'ailleurs. Il mériterait que je lui griffonne un mot bien cruel sur son bloc de post-its avant de m'en aller avant même qu'il n'arrive. Mais je ne sais pas. Je me dis que j'ai tellement attendu que je devrais attendre jusqu'au bout. Au moins, je pourrai me venger en personne. C'est bien plus sympa, comme ça. Parce que oui, je suis comme ça, moi : ma vengeance, je ne la mange pas seulement chaude, mais également, complètement épicée.
Ennuyée, je me lève alors afin de regarder la vue. Tiens, peut être que ça, ça m'occuperait, ne serait-ce qu'un peu ... Les bras croisés sur ma poitrine, mon regard se plonge, là, dehors, vers l'infini et l'inconnu mais ... Nada. Je ne ressens rien. Pas d'émerveillement, pas de fascination, simplement un ennui incroyable. J'ai une meilleure vue de mon appartement, et pourtant, je ne suis pas à un étage si élevé. Et puis, si on compare ça à New York ... Rien n'arrive à la cheville de New York. Ça me manque, d'ailleurs ! J'ai tellement hâte d'y retourner, au mois de Juillet. Je me demande comment les choses ont changé, en mon absence.
Brutalement tirée de mes songes par une porte qui s'ouvre, je me retourne avec stupeur.
L'imbécile. Je l'ai tellement attendu que je ne l'attendais même plus ! Lorsqu'il me parle, c'est avec sarcasme que je lui réponds.
- Eh bien. Je commençais à croire que tu m'avais oubliée. Ce n'est pas comme si cela ne fait pas ... Jetant un rapide coup d'oeil à ma montre pour m'aider, j'essaie de calculer le nombre de minutes que cela fait que je l'attends. Deux heures et trente ... Non, ça sonne bizarre ... Tente sep ... Non, je suis persuadée que cela fait plus d'une heure, attends ... Ouais, bon, en fait, on va laisser tomber, j'ai vraiment pas la tête à faire des maths, là.
... Une éternité que je t'attends ! Dire qu'il m'avait dit de venir à neuf heures trente. Le goujat.