Le kilt aux couleurs chaudes recouvrit la peau aux reflets bronzés de l'écossais. Debout face à l'appareil, il n'osait plus s'asseoir. De un, ça masquerait sa belle jupe traditionnelle. Et de deux, ça risquait de la froisser ! Ne bougeant plus trop, buvant simplement sa bière qu'il avait récupéré, Ansel écoutait les histoires de son camarade écossais avec grand intérêt. Un bad boy alors. Il en avait pas forcément les airs. Quoique si peut-être... En y réfléchissant. L'écossais fixait son confrère, l'analysant du regard comme s'il trouverait des restes de sang des victimes de ses poings ou de la peinture de ses tags encore sur ses doigts. Stupide mais il ne put s'en empêcher. La déception le traversa bien sur en n'y trouvant rien de tout cela et il reprit la parole pour la masquer.
"T'as dû déménager souvent alors... Heureusement que c'était qu'une fois pour moi. Enfin, à part quand je suis venu ici. Je serais devenu fou sinon."
Il sourit un peu. C'était une bonne chose que d'être venu en Californie. Cet état américain lui plaisait. Le soleil, la plage, les filles en bikinis... Quoi ? Il fallait bien profiter de la vue qu'offrait les jolies américaines refaites ou non. Grand jeu d'ailleurs que de deviner la véracité des poitrines les plus proéminentes. Mais bref, cela déviait de la situation actuelle. Et ce n'était pas ici qu'il rencontrerait un canon hollywoodien. Ou la surprise serait totale.
L'illumination traversa l'esprit du brun à cette seconde.
"T'sais quoi ?"
Ansel finit sa bière rapidement avant de la poser plus loin pour éviter qu'elle soit sur toutes les photos. L'instant d'après, il retirait son t-shirt. C'était bien la première fois qu'il se déshabillait tant dans une chambre, seul avec un mec et en ayant plus de douze ans. Il fixa ensuite Lachlan à travers l'objectif, souriant en coin légèrement, fier de sa stupidité.
"Quitte à faire un shooting en kilt, autant se la jouer pub pour William Lawson tu crois pas ?"
Sans posséder la carrure impressionnante des modèles pour ces publicités à l'honneur du scotch, l'écossais comptait s'amuser malgré tout. Et plutôt que se tenir mal à l'aise devant l'appareil en devant être lui-même sans y parvenir, autant se montrer fier de ses origines. Jouant donc, Ansel posa encore et encore. Debout, les bras croisés avec un air déterminé digne d'un bûcheron prêt à abattre un grand sapin. De face, de dos, de profil. Une jambe en l'air appuyée sur une chaise, une main dans les cheveux pour remuer sa tignasse folle, un clin d'œil ironique pour allumer une jolie fille imaginaire. Les mouvements s'enchainaient tous plus ridicules les uns que les autres. S'il prenait des airs sérieux quelques secondes le temps d'entendre le clic de l'appareil photo et d'éviter de ruiner complètement son shooting, souvent le modèle d'un jour se mettait à rire juste après. C'était si grotesque parfois. Comment les mannequins pouvaient-ils prendre des positions pareilles sans ciller ? Les bières descendaient discrètement entre deux pouffements. Et finalement, Ansel se décida à prendre la pose. La seule et l'unique. S'allongeant sur le lit de côté, une main soutenant sa tête, le jeune homme lâcha avec une sensualité emplie d'ironie :
"Draw me like one of your French girls."
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