ain't talking about love
C’est fini. On arrête Andreas, je ne peux plus.
C’est trop dur… Ce n’est pas moi, tout ça…
Je ne me reconnais plus, et j’ai peur putain. J’ai trop peur.
Alors, on arrête. On arrête tout.
…
…
…
Et le pire, dans tout ça ? C’est que quelques heures auparavant, j’avais encore la tête entre ses cuisses. Et quelques heures auparavant, elle était encore en train de gémir, ses mains agrippées à ma nuque comme si sa survie en dépendait. Tout ça, je l’ai bel et bien vécu, cela n’avait rien d’un rêve. Et pourtant, la sentence est tombée, sans que je ne m’attende à rien. A rien putain. Ça m’est tombé dessus de façon tellement impromptue que je me souviens m’être pincé à un moment pour être sûr que je n’étais pas en plein cauchemar.
A quel point ai-je été aveugle ou juste con pour ne rien remarquer ? Pour ne rien sentir venir ? Cette question, je me la suis posée une centaine de fois sur le chemin du retour, et bon nombre de fois ont été accompagnées d’espèces de bouffées d’angoisse que jamais, encore, je n’avais ressenties. Le genre de truc qui donne la nausée tellement c’est renversant. Vous ignoriez ce que ça faisait, d’être largué ? Bande d’ignorants. Ça vous retourne le ventre, la tête, le corps entier. Ca vous fait étouffer et vous donne l’impression d’être une sous-merde, rien de plus, rien de moins. D’une minute à l’autre, vous devenez l’être le plus impuissant de la terre et votre carcasse ne devient qu’un tas d’os, semble-t-il, inutile. Quant à ce qu’il y a à l’intérieur de vous, ça bouillonne, ça saigne, ça meurt. J’ai cru en crever, de cette saloperie.
Ses mots tranchants. Ses regards à la fois désolés et hautains, un mélange tellement foireux, voire même dégoûtant. Une chance que je n’ai pas eu la gerbe, enfin, c’était un bien pour un mal. Au lieu de ça, j’ai frappé. Ce que j’ai trouvé, quoi. Pour finalement la voir s’enfuir et rester comme le plus con des cons dans cette chambre d’hôtel pleine de son parfum. J’ai cru devenir fou. Peut-être que je le suis devenu, d’ailleurs.
…
…
…
Je ne sais pas par quel miracle j’ai réussi à me retrouver à Los Angeles aussi tôt, en fin de compte. Ma vitesse sur la route, peut-être… Toujours est-il que Madison m’avait dit ne pas accepter de fuite pour cette soirée ; alors me voilà, arrivant dans le Westwood au volant de ma chère bagnole dans laquelle j’ai vécu ces deux derniers jours tel un misérable clampin. D’ailleurs, je dois forcément puer. Par chance j’ai encore mon sac dans le coffre avec quelques affaires propres, de quoi me changer chez la Gamma avant de me dédier elle, ou à nous, ou… Enfin bref, je ne sais pas du tout à quoi m’attendre de cette soirée. Ou est-ce plutôt que je ne m’attends à rien. Ouais, c’est surtout ça. J’avoue que j’ai hésité avant de m’y rendre, mais le simple fait de m’imaginer la réaction d’Adélaïde et Chloé en rentrant à l’appart a suffit à me convaincre de ne pas y passer pour directement filer chez Madison. Je sais qu’avec elle, j’aurai moins de contrainte. Je sais surtout qu’avec elle, la soirée sera meilleure. Loin de Grace. Le plus loin possible.
Me voilà alors face à sa porte, mon sac de voyage à bout de bras, attendant que mon amie fasse enfin son apparition. Et quand la porte s’ouvre sur elle, je la regarde un instant silencieusement, avant de finalement prononcer : « Je crois que j'ai besoin d’une douche, et de me changer… Le weekend a été long. » Long. Pour maintes raisons. Et je l’implore presque du regard. Je l’implore de ne pas poser de questions, pas tout de suite, parce que j’aurai tout sauf l’énergie d'y répondre.
C’est trop dur… Ce n’est pas moi, tout ça…
Je ne me reconnais plus, et j’ai peur putain. J’ai trop peur.
Alors, on arrête. On arrête tout.
…
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Et le pire, dans tout ça ? C’est que quelques heures auparavant, j’avais encore la tête entre ses cuisses. Et quelques heures auparavant, elle était encore en train de gémir, ses mains agrippées à ma nuque comme si sa survie en dépendait. Tout ça, je l’ai bel et bien vécu, cela n’avait rien d’un rêve. Et pourtant, la sentence est tombée, sans que je ne m’attende à rien. A rien putain. Ça m’est tombé dessus de façon tellement impromptue que je me souviens m’être pincé à un moment pour être sûr que je n’étais pas en plein cauchemar.
A quel point ai-je été aveugle ou juste con pour ne rien remarquer ? Pour ne rien sentir venir ? Cette question, je me la suis posée une centaine de fois sur le chemin du retour, et bon nombre de fois ont été accompagnées d’espèces de bouffées d’angoisse que jamais, encore, je n’avais ressenties. Le genre de truc qui donne la nausée tellement c’est renversant. Vous ignoriez ce que ça faisait, d’être largué ? Bande d’ignorants. Ça vous retourne le ventre, la tête, le corps entier. Ca vous fait étouffer et vous donne l’impression d’être une sous-merde, rien de plus, rien de moins. D’une minute à l’autre, vous devenez l’être le plus impuissant de la terre et votre carcasse ne devient qu’un tas d’os, semble-t-il, inutile. Quant à ce qu’il y a à l’intérieur de vous, ça bouillonne, ça saigne, ça meurt. J’ai cru en crever, de cette saloperie.
Ses mots tranchants. Ses regards à la fois désolés et hautains, un mélange tellement foireux, voire même dégoûtant. Une chance que je n’ai pas eu la gerbe, enfin, c’était un bien pour un mal. Au lieu de ça, j’ai frappé. Ce que j’ai trouvé, quoi. Pour finalement la voir s’enfuir et rester comme le plus con des cons dans cette chambre d’hôtel pleine de son parfum. J’ai cru devenir fou. Peut-être que je le suis devenu, d’ailleurs.
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Je ne sais pas par quel miracle j’ai réussi à me retrouver à Los Angeles aussi tôt, en fin de compte. Ma vitesse sur la route, peut-être… Toujours est-il que Madison m’avait dit ne pas accepter de fuite pour cette soirée ; alors me voilà, arrivant dans le Westwood au volant de ma chère bagnole dans laquelle j’ai vécu ces deux derniers jours tel un misérable clampin. D’ailleurs, je dois forcément puer. Par chance j’ai encore mon sac dans le coffre avec quelques affaires propres, de quoi me changer chez la Gamma avant de me dédier elle, ou à nous, ou… Enfin bref, je ne sais pas du tout à quoi m’attendre de cette soirée. Ou est-ce plutôt que je ne m’attends à rien. Ouais, c’est surtout ça. J’avoue que j’ai hésité avant de m’y rendre, mais le simple fait de m’imaginer la réaction d’Adélaïde et Chloé en rentrant à l’appart a suffit à me convaincre de ne pas y passer pour directement filer chez Madison. Je sais qu’avec elle, j’aurai moins de contrainte. Je sais surtout qu’avec elle, la soirée sera meilleure. Loin de Grace. Le plus loin possible.
Me voilà alors face à sa porte, mon sac de voyage à bout de bras, attendant que mon amie fasse enfin son apparition. Et quand la porte s’ouvre sur elle, je la regarde un instant silencieusement, avant de finalement prononcer : « Je crois que j'ai besoin d’une douche, et de me changer… Le weekend a été long. » Long. Pour maintes raisons. Et je l’implore presque du regard. Je l’implore de ne pas poser de questions, pas tout de suite, parce que j’aurai tout sauf l’énergie d'y répondre.
Je serais juste l'attrape-cœurs et tout. D'accord, c'est dingue, mais c'est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. Salinger