Allez, c’est l’heure. Oz écrase le filtre de sa clope contre le mur, et embarque dans le bus. Elle a rendez-vous avec un certain Hiroki Gray pour du boulot et qui dit rendez-vous pro, dit organisation comme se lever tôt, farfouiller dans ses placards pour trouver une tenue qui fera l’affaire, pas de quoi casser trois pattes à un canard non plus, elle va être femme de ménage pas cadre du coup pas besoin de sortir le grand jeu, pas dit qu’elle ait de quoi le faire d’ailleurs. A bien y réfléchir, elle sait même pas en quoi consiste le job, elle dit femme de ménage au hasard parce qu’elle se fait d’illusions, Oz, elle sait comment ça marche dans ce pays, y a rien à espérer pour des gens comme elle, pas grave, ça fait un bail qu’elle a plus d’ambition. Le rêve américain, quelle connerie et elle se sent doublement plus conne d’y avoir cru toutes ces années. Le gars derrière elle se colle un peu trop à elle, innocemment mon cul, elle commence à les connaître ces pervers qui se dissimulent derrière leur costards qui leur donnent un air sérieux et se soulagent en se frottant contre des culs attirants, sûr qu’il peut pas baiser sa femme ou n’en a même pas. Oz dit rien, pas par honte non, ni par faiblesse même s’il parait qu’elle a une tronche de victime, simplement parce qu’elle a besoin de personne pour le gérer et aussi innocemment que lui, elle parvient à lui mettre un coup de sac dans les parties. Puis elle descend comme si de rien n’était à son arrêt. C’est maintenant que les choses se compliquent ; elle sort le téléphone qu’elle a pris à un de ses pots, fout l’adresse sur le gps et le suit en espérant que ce soit pas trop le trou du cul du monde. Après une vingtaine de minutes à se perdre dans quelques mauvaises rues, elle débarque enfin devant la galerie. Ça lui prend deux ou trois minutes pour s’offrir une expression potable et elle entre. « Bonjour, j’ai rendez-vous avec monsieur Gray » elle demande à la première personne qu’elle croise, sûrement la seule, polie au plus haut point.