oh, babe, it's a wild world
starbucks, fin d'après-midi ϟ Leonor était comme tout le monde - enfin, presque. Elle avait ses jours avec, et ses jours sans, merci bien. Et là, c'était clairement, définitivement un jour sans. Presque comme voir quelqu'un porter du orange avec du vert pomme - et à cette seule idée, elle eut une vague nausée. C'était simplement l'une de ces journées où elle tombait accidentellement sur des traces de l'existence de Rosalind - des articles, des photos, des vidéos, parfois. Rosalind, qu'elle avait relégué dans un vague coin de son esprit, parce que sinon, ce n'était pas que la nausée, qu'elle avait. Fichue Rosalind. Même morte, elle arrivait encore à lui pourrir l'existence, et ce, quatre ans après. Pouah. Être tombée sur le talent et le sourire éblouissant de Rosalind, et ce, dès le matin, avant même d'avoir eu son café l'avait transformée en ours bougon. Résultat, elle avait été d'une humeur massacrante toute la journée. Même la sortie de shopping qu'elle avait prévue de longue date avec Pyper n'avait pas vraiment réussi à la dérider. Si, en apparence, elle était tout aussi sereine que d'habitude - elle savait dissimuler des émotions comme personne - intérieurement, elle bouillonnait. Ce qui s'était très légèrement dévoilé par les trois paires de chaussures qu'elle avait achetées et les cinq cafés qu'elle avait déjà avalés. Et elle n'aimait pas vraiment le café, en plus.
Mais, peu à peu, la présence de Pyper l'avait apaisée. Comme si elle se réglait sur ses émotions de sa meilleure amie. Résultat, chargée de sacs de course comme une mule mexicaine, elle avait fini par entraîner Pyper dans un Starbucks - par pour y avaler un énième café, non, et puis de toute façon, elle savait bien que son amie n'aimait pas la boisson en question. Mais un chocolat chaud et des gâteaux n'avaient jamais fait de mal à personne (sauf à sa ligne parfaite). C'était accessoirement pour cette raison qu'elle tenait en équilibre un plateau couvert d'un chocolat chaud - avec extra supplément de cannelle et de crème fouettée - avec un muffin et un carrot cake. Elle remarquait clairement les regards qui suivaient sa route et celle de Pyper, et un sourire hautain s'imposa tranquillement sur son visage. Elle aimait l'admiration des autres; elle avait toujours aimé briller. C'était en partie l'une des raisons pour lesquelles elle avait tant aimé danser: le contrôle absolu sur son corps, l'harmonie parfaite, la lumière, les regards. Et même si elle avait rangé tutu et pointes, elle appréciait de faire le même effet en robe pull, leggins, et boots motardes. Elle adressa un clin d'oeil à un garçon qui les observait toutes les deux en ne brillant pas par sa discrétion, et alla choisir une table, celle qui était la mieux exposée, la plus centrale. C'était bien le minimum, non?
Sur la table à côté, des élèves de UCLA dont elle ne connaissait pas le nom - insignifiantes petites créatures qu'elles étaient, et qui ne méritaient clairement pas de respirer le même air, occupées comme elles étaient toutes les cinq à piailler comme des poussins enragés. D'un geste, elle invita Pyper à s'asseoir, et commença à déchiqueter son muffin entre ses longs doigts. Elle avait dit qu'elle n'était plus nerveuse? Elle avait menti. La sensation d'étouffement lui revenait, et elle voyait Rosalind partout. Un instant, elle était persuadée qu'une fille de dos était elle; l'instant suivant, elle surprenait son sourire sur le visage d'une étudiante. C'était trop. Alors elle fit ce qu'elle faisait toujours lorsqu'elle se sentait mal: elle se déchargea sur quelqu'un d'autre. Haut et fort, afin que ses voisines de la table d'à côté puissent entendre. "Hé, Pyp's, tu étais au courant, pour Snow Jr? C'est quoi, son nom, déjà? Eve? Edith? Eden? Enfin, peu importe. Il paraît qu'elle est enceinte. Étonnant, pas vrai? Surtout quand tout le monde sait qu'elle est plus attirée par les génomes XX. Mini-Snow a bien trompé son monde, pas vrai? Pas si innocente que ça, au final. Je n'y ai cru que quand je l'ai vue moi-même à l'hôpital, la semaine dernière. Même encore, j'arrive pas à y croire. J'étais sûre que c'était une fille bien, tu vois." Pfiouuu, elle se sentait déjà mieux. Le noeud dans son estomac s'était atténué, et elle put même avaler une gorgée de chocolat chaud. On aurait pu croire que ce qui était arrivé à Rosalind l'avait définitivement dégoûtée de l'idée d'écraser ainsi les autres sous ses talons, mais ce n'était pas le cas. "Mieux vaut vous que moi", pas vrai? Elle jouait avec la vie des autres quand elle ne parvenait plus à supporter sa propre existence. Propageait des rumeurs. Rebattait les cartes. Et ce, sans jamais un cheveu qui dépassait. Alors elle adressa un sourire radieux à Pyper, cessa de massacrer son muffin, et se détendit enfin.
Mais, peu à peu, la présence de Pyper l'avait apaisée. Comme si elle se réglait sur ses émotions de sa meilleure amie. Résultat, chargée de sacs de course comme une mule mexicaine, elle avait fini par entraîner Pyper dans un Starbucks - par pour y avaler un énième café, non, et puis de toute façon, elle savait bien que son amie n'aimait pas la boisson en question. Mais un chocolat chaud et des gâteaux n'avaient jamais fait de mal à personne (sauf à sa ligne parfaite). C'était accessoirement pour cette raison qu'elle tenait en équilibre un plateau couvert d'un chocolat chaud - avec extra supplément de cannelle et de crème fouettée - avec un muffin et un carrot cake. Elle remarquait clairement les regards qui suivaient sa route et celle de Pyper, et un sourire hautain s'imposa tranquillement sur son visage. Elle aimait l'admiration des autres; elle avait toujours aimé briller. C'était en partie l'une des raisons pour lesquelles elle avait tant aimé danser: le contrôle absolu sur son corps, l'harmonie parfaite, la lumière, les regards. Et même si elle avait rangé tutu et pointes, elle appréciait de faire le même effet en robe pull, leggins, et boots motardes. Elle adressa un clin d'oeil à un garçon qui les observait toutes les deux en ne brillant pas par sa discrétion, et alla choisir une table, celle qui était la mieux exposée, la plus centrale. C'était bien le minimum, non?
Sur la table à côté, des élèves de UCLA dont elle ne connaissait pas le nom - insignifiantes petites créatures qu'elles étaient, et qui ne méritaient clairement pas de respirer le même air, occupées comme elles étaient toutes les cinq à piailler comme des poussins enragés. D'un geste, elle invita Pyper à s'asseoir, et commença à déchiqueter son muffin entre ses longs doigts. Elle avait dit qu'elle n'était plus nerveuse? Elle avait menti. La sensation d'étouffement lui revenait, et elle voyait Rosalind partout. Un instant, elle était persuadée qu'une fille de dos était elle; l'instant suivant, elle surprenait son sourire sur le visage d'une étudiante. C'était trop. Alors elle fit ce qu'elle faisait toujours lorsqu'elle se sentait mal: elle se déchargea sur quelqu'un d'autre. Haut et fort, afin que ses voisines de la table d'à côté puissent entendre. "Hé, Pyp's, tu étais au courant, pour Snow Jr? C'est quoi, son nom, déjà? Eve? Edith? Eden? Enfin, peu importe. Il paraît qu'elle est enceinte. Étonnant, pas vrai? Surtout quand tout le monde sait qu'elle est plus attirée par les génomes XX. Mini-Snow a bien trompé son monde, pas vrai? Pas si innocente que ça, au final. Je n'y ai cru que quand je l'ai vue moi-même à l'hôpital, la semaine dernière. Même encore, j'arrive pas à y croire. J'étais sûre que c'était une fille bien, tu vois." Pfiouuu, elle se sentait déjà mieux. Le noeud dans son estomac s'était atténué, et elle put même avaler une gorgée de chocolat chaud. On aurait pu croire que ce qui était arrivé à Rosalind l'avait définitivement dégoûtée de l'idée d'écraser ainsi les autres sous ses talons, mais ce n'était pas le cas. "Mieux vaut vous que moi", pas vrai? Elle jouait avec la vie des autres quand elle ne parvenait plus à supporter sa propre existence. Propageait des rumeurs. Rebattait les cartes. Et ce, sans jamais un cheveu qui dépassait. Alors elle adressa un sourire radieux à Pyper, cessa de massacrer son muffin, et se détendit enfin.
© charney
invictus
beyond this place of wrath and tears, looms but the horror of the shade, and yet the menace of the years finds, and shall find, me unafraid. it matters not how strait the gate, how charged with punishments the scroll. i am the master of my fate: i am the captain of my soul. pathos