Toucher le soleil
« Bonjour, j’aimerais vous prendre une glace. Une boule chocolat dans un cornet, s’il-vous-plaît. » Commande la Française, d’une voix un peu vague.
Son regard voyage encore sur la multitude de parfums proposés. Si c’est le chocolat qu’elle a prononcé, c’est plus par automatisme qu’autre chose. Parfois, il lui arrive de changer, d’opter pour une saveur plus fruitée… Mais en règle générale, Charlotte n’est pas friande du changement. Car quand elle est habituée à des goûts comme aux personnes ou aux lieux, elle n’est pas du genre à bouleverser facilement ses manies. Voilà pourquoi son regard se relève plus décidé que jamais sur l’employé, quelques secondes plus tard. Ce sera le chocolat et rien d’autre.
« Ils sont de plus en plus rares les acheteurs de glaces, en cette période. Vous n’êtes pas d’ici, j’me trompe ? »
Le nez de la jeune fille se retrousse et elle dévisage cet homme pendant un instant, le sourire bientôt pendu aux lèvres. Touchée. Il touche la vérité et cette fois, ce n’est pas uniquement son accent qui a permis à autrui de deviner son origine étrangère.
« En France, quand on a cette température, on commence à s’acheter des glaces. » Explique-t-elle au serveur curieux, avec ce petit air assuré éphémère.
En France, en France… Et chaque fois qu’elle parle de son pays, celui-ci vient à lui manquer. Tout ce qui lui est propre, tous ces gens qui vivent encore là-bas, qui ne viendront sans aucun doute jamais la rejoindre de l’autre côté de l’océan. Charlotte perd bien vite son assurance en attrapant la glace que lui tend le jeune homme, en échange d’un billet vert. Il lui adresse encore quelques mots, ceux-ci accompagnés évidemment d’un sourire digne du Californien séducteur avec sa clientèle, comme ceux du Sud, de son sud à elle. Puis, souriante à son tour par courtoisie, elle le salue et s’éloigne.
Alors qu’elle se dirige ensuite vers une boutique de vêtements située sur le chemin longeant la plage, c’est un tout autre élément qui attire bientôt son attention. Cette silhouette, ce dos, ces cheveux… Puis ce profil, ce visage. Elle est persuadée que c’est lui, à quelques mètres d’elle à peine, cet homme qui a fait flancher son coeur il y a quelques semaines à la plage et qui l’a fait craquer d’autres fois à la librairie depuis, avec ses mots faits pour elle. Ansel est là. Et ses mains… sont accrochées aux épaules d’un garçonnet d’environ dix ans, aussi brun que lui.
Le coeur de Charlotte manque un battement. Troublée, elle observe cet enfant quand il se retourne pour parler à l’adulte qui l’accompagne. Elle a l’impression de reconnaître les traits d’Ansel sur ce visage, et si sa raison aurait au moins pu imaginer deux frères ensemble, c’est le pire qu’elle va s’imaginer de suite. Un père et son fils. C’est quand elle se décide à se retourner pour faire marche arrière et disparaître que le garçonnet montre une nouvelle facette de sa personnalité, à savoir la turbulence. Avant même qu’elle n’ait le temps de faire volte-face, le gamin fonce dans sa direction et la bouscule, sans vraiment le faire exprès. Secouée, Charlotte relève très vite son regard et croise celui d’Ansel, à trois mètres d’elle. Ce qu’elle n’a pas encore vu, c’est cette tâche de chocolat sur son chemisier blanc…
« Ansel… »
Son regard voyage encore sur la multitude de parfums proposés. Si c’est le chocolat qu’elle a prononcé, c’est plus par automatisme qu’autre chose. Parfois, il lui arrive de changer, d’opter pour une saveur plus fruitée… Mais en règle générale, Charlotte n’est pas friande du changement. Car quand elle est habituée à des goûts comme aux personnes ou aux lieux, elle n’est pas du genre à bouleverser facilement ses manies. Voilà pourquoi son regard se relève plus décidé que jamais sur l’employé, quelques secondes plus tard. Ce sera le chocolat et rien d’autre.
« Ils sont de plus en plus rares les acheteurs de glaces, en cette période. Vous n’êtes pas d’ici, j’me trompe ? »
Le nez de la jeune fille se retrousse et elle dévisage cet homme pendant un instant, le sourire bientôt pendu aux lèvres. Touchée. Il touche la vérité et cette fois, ce n’est pas uniquement son accent qui a permis à autrui de deviner son origine étrangère.
« En France, quand on a cette température, on commence à s’acheter des glaces. » Explique-t-elle au serveur curieux, avec ce petit air assuré éphémère.
En France, en France… Et chaque fois qu’elle parle de son pays, celui-ci vient à lui manquer. Tout ce qui lui est propre, tous ces gens qui vivent encore là-bas, qui ne viendront sans aucun doute jamais la rejoindre de l’autre côté de l’océan. Charlotte perd bien vite son assurance en attrapant la glace que lui tend le jeune homme, en échange d’un billet vert. Il lui adresse encore quelques mots, ceux-ci accompagnés évidemment d’un sourire digne du Californien séducteur avec sa clientèle, comme ceux du Sud, de son sud à elle. Puis, souriante à son tour par courtoisie, elle le salue et s’éloigne.
Alors qu’elle se dirige ensuite vers une boutique de vêtements située sur le chemin longeant la plage, c’est un tout autre élément qui attire bientôt son attention. Cette silhouette, ce dos, ces cheveux… Puis ce profil, ce visage. Elle est persuadée que c’est lui, à quelques mètres d’elle à peine, cet homme qui a fait flancher son coeur il y a quelques semaines à la plage et qui l’a fait craquer d’autres fois à la librairie depuis, avec ses mots faits pour elle. Ansel est là. Et ses mains… sont accrochées aux épaules d’un garçonnet d’environ dix ans, aussi brun que lui.
Le coeur de Charlotte manque un battement. Troublée, elle observe cet enfant quand il se retourne pour parler à l’adulte qui l’accompagne. Elle a l’impression de reconnaître les traits d’Ansel sur ce visage, et si sa raison aurait au moins pu imaginer deux frères ensemble, c’est le pire qu’elle va s’imaginer de suite. Un père et son fils. C’est quand elle se décide à se retourner pour faire marche arrière et disparaître que le garçonnet montre une nouvelle facette de sa personnalité, à savoir la turbulence. Avant même qu’elle n’ait le temps de faire volte-face, le gamin fonce dans sa direction et la bouscule, sans vraiment le faire exprès. Secouée, Charlotte relève très vite son regard et croise celui d’Ansel, à trois mètres d’elle. Ce qu’elle n’a pas encore vu, c’est cette tâche de chocolat sur son chemisier blanc…
« Ansel… »
On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux. Saint-Exupéry