Désire moi.
Prends moi.
Aime moi.
Aime moi, comme on ne m'a jamais aimé.
Aime moi, comme je souffre de ne pas être aimé.
Avec passion. Avec fureur. Ravageuse. Destructrice.
Un de ces amours qui dévore tout, dans des flammes incandescentes. Une de ces histoires folles qui recouvrent des livres entiers de lettres en encre noire.
Juste le temps d'une nuit. D'un soir. D'une heure. D'une minute.
Un souffle.
Ton souffle chaud, contre ma peau, alors que ton bassin claque contre mes fesses.
« Adriele ... »
La voix plaintive, le corps crispé, dans l'attente de ton amour. Montre moi. Montre moi l'homme auquel j'ai renoncé, tant d'années plus tôt.
Et cet amour que j'ai renié, car il ne me correspondait pas, à priori, ou pas assez.
Parcours mon corps de tes mains pour révéler mes erreurs passées. Découvre moi. Recouvre moi. Possède moi.
Tu vibres en moi, ton sexe s'étendant et se crispant au rythme de tes mouvements, mes cuisses s'enlaçant autour de ta taille, et je t'aime, à cet instant. J'aime cette bienveillance avec laquelle tu t'offres à moi, et l'empressement avec lequel tu m'as délivré de ma prison quotidienne. J'aime cette passion que tu déchaines sur mon corps, en mon corps, et ce désir que tu ne nies pas. J'aime ces regards désespérés que tu m'offres alors que tu me pénètres avec entrain. Et moi? Qu'aimes-tu chez moi?
Lis tu le désespoir au fond de mes iris verts? Le désir plaintif et lascif qui n'attend qu'à être assouvi?
« Oh si, Adriele... Fottimi forte... »
La passion enivre autant qu'elle galvanise. Je sens la fièvre monter et mes orteils se crisper. Mes doigts se cramponnent à toi, s'ancrant dans ta peau. Marée haute, marée basse. Tu glisses en moi, toujours plus profondément, et je perds mes repères.
Mes jambes se replient un peu, et tu heurtes tous les bons endroits. Ça me coupe le souffle, ça me donne le vertige. Je me perds dans les pulsions de tes ardeurs.
« Oh poutain, oui, c'est si bon... » Des larmes de désir éclosent aux coins de mes paupières alors que ma tête bascule vers l'arrière. Un instant, le temps se fige, et tout s'arrête. Je sens le désir monter, monter, monter.
Une explosion.
Le Vésuve.
La crème jaillit, tâchant mon corps nu et tes draps immaculés. J'en ai partout. Dans les cheveux. Sur le torse. Sur le ventre. Et je continue de me toucher. J'ai besoin que tu continues aussi. Je veux sentir ton soulagement au creux de mes reins.
Deuxième explosion.
Tu te tens. Je te sens mourir, un instant. Puis renaître. Et c'est beau, ce moment d'harmonie. Cette union sacrée. Tu restes en moi. Mes jambes se resserrent contre toi.
Je ne veux pas que ça s'arrête. Car ça doit bien s'arrêter un jour.
Mais une fois que tout se termine...
Que reste-t-il, après?
Qu'en est-il, de « l'après »?
Et qu'adviendra-t-il de toi, de moi... De nous?
Tu te dérobes, enfin.
Je sombre.
Et la magie s'évapore.
Et tu te lèves, et tu disparais.
Et la magie file avec toi, te suivant dans le corridor, loin de la chambre et de moi.
Je me recroqueville dans les draps, soudainement glaciaux.
Je me cramponne à la couette, gelé jusqu'à l'os.
Mon coeur bat à deux cent à l'heure. Je sens ta semence couler le long de ma cuisse. Et je réalise les enjeux de ce que nous venons de faire.
Et je pense à Silas.
Et toutes ces éventualités, ces possibilités, ces probabilités incertaines, hypothétiques...
En un instant, tout cela disparait, remplacé par la réalité très concrète.
J'ai trompé Silas.
Et mon estomac se retourne lorsque je réalise que tout a changé, et que rien ne sera plus jamais comme avant.
Et c'est de ta faute, Adriele. Car je ne peux pas accepter mes propres torts, tu devrais le savoir.
Alors c'est toi que je blâme.
Il ne fallait pas me laisser seul, ici. Elle était là, ton erreur. Il ne fallait pas me donner une seule seconde pour revenir à la réalité, et réaliser l'ampleur du péché que nous venons de commettre.
Tu reviens, mais je ne suis plus vraiment là. Plus vraiment. Mais un peu quand même.
Mon corps est encore là.
Il accepte l'eau que tu lui donnes. Il le boit.
Il répond à tes caresses, ma verge s'étendant sous l'appel de tes doigts habiles. Oh, ce qu'ils sont habiles...
Mes épaules se soumettent à tes lèvres mitrailleuses, mes lèvres s'entrouvrent pour gémir sous tes caresses. Je culpabilise douloureusement de tant renaître sous ton toucher. Mais le mal est déjà fait. J'ai déshonoré mon amour pour Silas. Il est impossible de revenir en arrière. Et mon corps, vorace, continue de faire appel au tien. Je te laisse jouer de moi. Je réponds au jeu de séduction. Nous nous aimons, à nouveau. Plus férocement. Plus désespérément. Comme si nous allions mourir demain. C'est ce que je ressens, en tout cas: que demain, nous serons morts. Foudroyés sur place pour le crime que nous venons de commettre. La culpabilité est un étrange aphrodisiaque. Les larmes perlent de nouveau, moins heureuses, au coin des yeux. Un sentiment aigre-doux, un plaisir mélancolique. Un désir teinté. Et alors que tu me pénètres de nouveau, cette fois, je pense à Silas.
Et je me mords la lèvre pour me retenir de hurler. De crier. De pleurer.
Tu vas et tu viens, et moi je suis déjà parti. Je suis de retour à Los Angeles, dans mes pensées. Je continue de l'attendre. Je n'aurais jamais dû venir. Mais mes cuisses s'enlacent encore autour de ta taille, et je t'invite de nouveau à te vider en moi. Et je couine, et je gémis. Et je jouis. Et c'est terrible. Et terrifiant. Et lorsque tu t'es bien vidé, une deuxième fois ...
C'est là où le vide s'installe, véritablement, en moi. Et que je me sens absent. Le monde se dérobe, autour de moi, et je disparais.
Qu'a-t-on fait?
Qu'a-t-on fait à Silas?
Le doux Silas.
Le beau Silas.
Le gentil Silas.
Je suis un monstre.
J'imagine ma sentence. Une damnation éternelle. L'enfer de Dante. Imaginer une éternité de châtiment me rassure, étrangement. Je me stabilise en imaginant qu'il reste de l'ordre, de la justice, des conventions. Que mon acte ne sera pas impuni. Qu'il y aura des conséquences. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais ça me rassure.
Et je m'endors.
Et tu ne me réveilles pas.
À mon éveil, je suis à moitié là. Me vois-tu distrait? L'entends-tu dans ma voix?
Le séjour a à peine commencé qu'il est déjà terminé. Mais on continue, pour la forme. On visite la ville. On se tient la main. Ça reste étrange, et surréel. Je partage tout avec toi. Mes pensées, mes désirs, mon corps. Mais je ne suis pas réellement là.
Le jour, on se découvre. Et la nuit, on se découvre profondément. Et tu m'encules tous les soirs, et je jouis délicieusement, tout en culpabilisant douloureusement face à ma cruauté envers Silas. Mais tu es là. Et en ta présence, je l'oublie, un peu. Et dans les rares moments volés où tu m'abandonnes, je culpabilise plus fort.
Ce n'est pas tant qu'il me manque.
C'est plutôt qu'il ne me manque pas.
Pas lorsque tu es là, en tous les cas.
Pas lorsque que tes doigts me caressent et que ta verge me pénètre.
Pas lorsque tu te soulages en moi.
Il me manque lorsque tu te relèves pour aller chercher de l'eau.
Il me manque lorsque tu pars te doucher.
Il me manque lorsque tu es au téléphone, avec ta soeur, ton père, ton médecin.
Il me manque, lorsque tu dors à mes côtés et que ta respiration n'est pas la sienne.
C'est généralement dans ces moments là que je pleure. Et que je prie. Et que je demande le pardon.
Finalement, il est temps de repartir.
Le voyage était merveilleux. Et ça me fend d'autant plus le coeur en deux.
Pourquoi ne pouvais-tu pas m'aimer ainsi, Silas?
Je ne voulais pas te trahir de la sorte.
Mais il y avait Adriele. Et Adriele m'aime, lui. Ou du moins, Adriele m'a aimé. Avec son corps. Toute la nuit. Et tout le jour, aussi, parfois. Et j'en avais besoin, Silas. D'être vu. D'être valorisé. D'être aimé.
On se tient encore la main dans l'avion, lui et moi.
C'est à l'atterrissage que la réalité reprend le dessus, et que nos doigts se délient.
« Je t'appellerai. » Une promesse vague, évasive. Un sourire qui n'est pas plus rassurant. À demi convaincu, à demi convainquant. Un léger baiser, furtivement volé au coin des lèvres. Un salut de la main, envoyé au loin.
Et c'est fini.
Retour à la réalité.
Bordel, qu'ai-je fait?
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