C'est étrange de retrouver cette demeure qui, au final, n'a plus rien d'un foyer. Quand j'y repense, cet appartement n'aspirait jamais à devenir un arrangement permanent. Je m'y suis installé après le divorce parce qu'il s'agissait de la solution de facilité et que je n'étais pas en mesure de chercher bien plus loin que ça. Mais dans l'idée, ce pied-à-terre était toujours destiné à demeurer un logement temporaire – une parenthèse dans un des plus sombres chapitres de ma vie.
Puis Lys est arrivé. Les fleurs ont éclos au printemps. Le bonheur a fleuri. Et pendant quelques années, cet appartement sans âme ni personnalité s'est vu hériter de son flair en décoration. Une affiche d'un concert des rolling stones par ci. Une enceinte haute définition dans la chambre, près du lit. L'appartement a trouvé sa vie à travers les idées de Lys. Et pendant le plus bref des instants, cette demeure devint finalement un foyer.
Puis, ce fut le retour à New York. Un nouvel appartement, une nouvelle vie. Celui-ci s'est retrouvé condamné au statut d'autre appartement. Par prudence, je n'ai pas su me résoudre à l'abandonner: et si ma carrière me faisait faux-bond de nouveau? Et si je me retrouvais contraint de revenir en Californie, une deuxième fois?
Il me faudrait ce pied-à-terre.
Mais New York m'a accueillie à bras ouverts, et je m'y suis retrouvé plus heureux que la première fois.
Mais il me restait ce pied à terre. Je rationalisais la chose: ça peut toujours servir. Pour lorsque je viens rendre visite à la famille. Peut être que Kimmie pourrait en profiter, lorsqu'elle irait étudier à UCLA (car je me refuse à accepter l'idée qu'elle puisse avoir envie d'étudier ailleurs).
Et puis, ton accident est survenu. J'ai été profondément heurté par la nouvelle. Je sais que mon absence à ton chevet n'a pas suffisamment communiqué mon empathie, mais j'ose espérer que la proposition que je t'ai envoyée aura su compenser pour mon indisponibilité.
Mi casa es su casa. J'insiste. L'appartement est vide à l'année, sinon.
Et je t'ai laissé découvrir cet étrange logement qui n'a jamais été mon foyer, et ne sera probablement jamais le tien non plus. Je t'ai laissé tenter de l'apprivoiser et en faire ton cocon – un endroit où tu pourrais te ressourcer aussi longtemps que nécessaire.
Toi et moi, c'est à la vie, à la mort. Les temps changent, les gens viennent et vont. Mais tu as toujours été là pour moi. Et j'espère bien que ma dernière attention compensera, au moins un minimum, pour les nombreuses fois où je n'ai pas su être là lorsque tu avais besoin de moi.
J'entre la clef dans la serrure, avant de franchir le seuil de cet appartement que je t'ai prêté ces derniers temps. Il y a eu un changement de programme: je dois rester en ville quelques temps. Tu m'as affirmé que cela ne te dérangerait pas. Au final, nous nous retrouvons comme au point de départ: deux rats de bibliothèque en cohabitation, avec quelques rides de plus et de nombreux échecs à vanter. Ils me manquent, parfois, ces brillants étudiants emplis d'espoir et d'optimisme. Comment a-t-on pu laisser le temps tant nous transformer?
Puis Lys est arrivé. Les fleurs ont éclos au printemps. Le bonheur a fleuri. Et pendant quelques années, cet appartement sans âme ni personnalité s'est vu hériter de son flair en décoration. Une affiche d'un concert des rolling stones par ci. Une enceinte haute définition dans la chambre, près du lit. L'appartement a trouvé sa vie à travers les idées de Lys. Et pendant le plus bref des instants, cette demeure devint finalement un foyer.
Puis, ce fut le retour à New York. Un nouvel appartement, une nouvelle vie. Celui-ci s'est retrouvé condamné au statut d'autre appartement. Par prudence, je n'ai pas su me résoudre à l'abandonner: et si ma carrière me faisait faux-bond de nouveau? Et si je me retrouvais contraint de revenir en Californie, une deuxième fois?
Il me faudrait ce pied-à-terre.
Mais New York m'a accueillie à bras ouverts, et je m'y suis retrouvé plus heureux que la première fois.
Mais il me restait ce pied à terre. Je rationalisais la chose: ça peut toujours servir. Pour lorsque je viens rendre visite à la famille. Peut être que Kimmie pourrait en profiter, lorsqu'elle irait étudier à UCLA (car je me refuse à accepter l'idée qu'elle puisse avoir envie d'étudier ailleurs).
Et puis, ton accident est survenu. J'ai été profondément heurté par la nouvelle. Je sais que mon absence à ton chevet n'a pas suffisamment communiqué mon empathie, mais j'ose espérer que la proposition que je t'ai envoyée aura su compenser pour mon indisponibilité.
Mi casa es su casa. J'insiste. L'appartement est vide à l'année, sinon.
Et je t'ai laissé découvrir cet étrange logement qui n'a jamais été mon foyer, et ne sera probablement jamais le tien non plus. Je t'ai laissé tenter de l'apprivoiser et en faire ton cocon – un endroit où tu pourrais te ressourcer aussi longtemps que nécessaire.
Toi et moi, c'est à la vie, à la mort. Les temps changent, les gens viennent et vont. Mais tu as toujours été là pour moi. Et j'espère bien que ma dernière attention compensera, au moins un minimum, pour les nombreuses fois où je n'ai pas su être là lorsque tu avais besoin de moi.
J'entre la clef dans la serrure, avant de franchir le seuil de cet appartement que je t'ai prêté ces derniers temps. Il y a eu un changement de programme: je dois rester en ville quelques temps. Tu m'as affirmé que cela ne te dérangerait pas. Au final, nous nous retrouvons comme au point de départ: deux rats de bibliothèque en cohabitation, avec quelques rides de plus et de nombreux échecs à vanter. Ils me manquent, parfois, ces brillants étudiants emplis d'espoir et d'optimisme. Comment a-t-on pu laisser le temps tant nous transformer?