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    Home Sweet Home.

    2 participants

    Home Sweet Home.

    Lun 26 Juin 2023 - 5:48
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    Peter L. Michaels
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    Orientation & situation : Toujours bisexuel, toujours refoulé, toujours célibataire. Divorcé de Debbie Michaels, plaqué en 2020 par Lysander E. Foster.
    Métier/occupation : Romancier de renom et consultant sur le plateau de tournage de BLACK wives.
    Études & fraternité/sororité : Anciennement: critique littéraire & musicale à Entertainment Today (LA), peintre amateur. Pas d'études supérieures.
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    C'est étrange de retrouver cette demeure qui, au final, n'a plus rien d'un foyer. Quand j'y repense, cet appartement n'aspirait jamais à devenir un arrangement permanent. Je m'y suis installé après le divorce parce qu'il s'agissait de la solution de facilité et que je n'étais pas en mesure de chercher bien plus loin que ça. Mais dans l'idée, ce pied-à-terre était toujours destiné à demeurer un logement temporaire – une parenthèse dans un des plus sombres chapitres de ma vie.

    Puis Lys est arrivé. Les fleurs ont éclos au printemps. Le bonheur a fleuri. Et pendant quelques années, cet appartement sans âme ni personnalité s'est vu hériter de son flair en décoration. Une affiche d'un concert des rolling stones par ci. Une enceinte haute définition dans la chambre, près du lit. L'appartement a trouvé sa vie à travers les idées de Lys. Et pendant le plus bref des instants, cette demeure devint finalement un foyer.

    Puis, ce fut le retour à New York. Un nouvel appartement, une nouvelle vie. Celui-ci s'est retrouvé condamné au statut d'autre appartement. Par prudence, je n'ai pas su me résoudre à l'abandonner: et si ma carrière me faisait faux-bond de nouveau? Et si je me retrouvais contraint de revenir en Californie, une deuxième fois?

    Il me faudrait ce pied-à-terre.

    Mais New York m'a accueillie à bras ouverts, et je m'y suis retrouvé plus heureux que la première fois.

    Mais il me restait ce pied à terre. Je rationalisais la chose: ça peut toujours servir. Pour lorsque je viens rendre visite à la famille. Peut être que Kimmie pourrait en profiter, lorsqu'elle irait étudier à UCLA (car je me refuse à accepter l'idée qu'elle puisse avoir envie d'étudier ailleurs).

    Et puis, ton accident est survenu. J'ai été profondément heurté par la nouvelle. Je sais que mon absence à ton chevet n'a pas suffisamment communiqué mon empathie, mais j'ose espérer que la proposition que je t'ai envoyée aura su compenser pour mon indisponibilité.

    Mi casa es su casa. J'insiste. L'appartement est vide à l'année, sinon.

    Et je t'ai laissé découvrir cet étrange logement qui n'a jamais été mon foyer, et ne sera probablement jamais le tien non plus. Je t'ai laissé tenter de l'apprivoiser et en faire ton cocon – un endroit où tu pourrais te ressourcer aussi longtemps que nécessaire.

    Toi et moi, c'est à la vie, à la mort. Les temps changent, les gens viennent et vont. Mais tu as toujours été là pour moi. Et j'espère bien que ma dernière attention compensera, au moins un minimum, pour les nombreuses fois où je n'ai pas su être là lorsque tu avais besoin de moi.

    J'entre la clef dans la serrure, avant de franchir le seuil de cet appartement que je t'ai prêté ces derniers temps. Il y a eu un changement de programme: je dois rester en ville quelques temps. Tu m'as affirmé que cela ne te dérangerait pas. Au final, nous nous retrouvons comme au point de départ: deux rats de bibliothèque en cohabitation, avec quelques rides de plus et de nombreux échecs à vanter. Ils me manquent, parfois, ces brillants étudiants emplis d'espoir et d'optimisme. Comment a-t-on pu laisser le temps tant nous transformer?

    Re: Home Sweet Home.

    Mer 28 Juin 2023 - 6:58
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    Bartosz Wolanski
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    TW : mort, homophobie, infidelite, alcool

    Vous avez trois nouveaux messages.

    Tu deposes avec négligence tes clefs sur la table basse et allume la console stéréo pour y mettre un peu de jazz. Un soupir t’échappe avant que tu ne portes le verre a tes lèvres. Deja, le silence salvateur de la bobine fait place a la voix éraillée de ta mère. Tu t'éloignes du téléphone sans même y penser, t'affale sur le sofa, les yeux tournés vers le plafond et fait bouger les glaçons, dans ta vodka.

    As-tu reellement besoin d’écouter pour savoir ce qui va suivre?

    Ta mère. Elle s'indigne de tomber une nouvelle fois sur cette maudite machine. Ne pourrais-tu pas arriver au XXIe siècle comme tout le monde et t'acheter un téléphone portable? Qu'as-tu de si urgent a faire, un vendredi, pour ne pas avoir de temps pour ta vieille mère? Il y a un temps d’arrêt. Le temps d'une gorgée de vin, sans doute. Et puis la litanie habituelle débute.

    Ton père est encore en train de faire l’imbécile. Comment pourrait-il en être autrement? Cette petite sotte qu'il a épousé , il y a deux ans, l'emporte avec elle dans le fond du baril. Ton frère... Une autre gorgée, moins discrete que la précédente. Ton frère avait encore besoin d'argent. Mais pourquoi Philip l’a-t-il quitté?On ne divorcait pas d’un medecin pour devenir pauvre aussi vite. Voulais-tu bien nous dire pourquoi les homosexuels paradaient dans la rue pour avoir le droit de se marier s'ils divorcaient moins de cinq ans plus tard? Et les gosses, dans tout ca? Ils auraient mieux fait d’être adoptés par une famille normale. Et Lu...

    Le bip sonore l'interrompt. Ta mere parle trop. Son temps s'est écoulé. Mais ta génitrice n’était pas du genre à se laisser dominer par le joug d’un appareil.

    Tu n'as pas besoin d'entendre le message suivant pour comprendre ce qui se passe. Ta petite soeur est en train de rechuter. Elle s'habille de nouveau avec des vêtements trop larges et ne montre jamais son corps. Tout ca pour cacher le relief accentué de ses cotes, sur sa peau translucide et les marques, sur ses bras. Pourrais-tu lui parler, Bartosz? Elle t'ecoutait, toi.

    Tu fermes les yeux, en silence. La derniere fois, il a fallu la mettre sous tutelle, pour l'hospitaliser. Pour la forcer à avaler quelque chose. Ludmilla a 28 ans, maintenant. Mais elle resterait à jamais prisonnière de ses peurs. A jamais coincée entre une silhouette trop difficile à supporter et l'age adulte. Ce monde n’était pas fait pour elle. Pas pour son innocence et sa sensibilité. Il n'etait pas fait pour sa douceur. Et il laissait des traces affreuses sur ses joues creuses et ses poignets.

    Foutus, les enfants Wolanski. Vous étiez foutus.

    La truffe humide de Winston t'arrache du tourbillon de tes pensees. La voix sur le repondeur change.

    Peter.

    Son ton, sympathique et enjoué, contraste avec le reste. Sa voix profonde t'effleure, te caresse et te fait la promesse de choses que tu sais impossibles. Tu n’écoutes plus les mots. Juste le timbre de sa voix et le cliquetis des glacons.

    Vingt ans ont passé et il te fait encore cet effet-là. Vingt ans que tu détournes les contacts, de peur de te compromettre. Vingt ans de fuite épistolaire où le jeu est de s'abreuver de lui, de s'abreuver de sa prose en évitant soigneusement de trop lui parler de toi. Combien de fois l'as-tu vu, depuis son mariage? Tu pourrais les compter sur les doigts d’une main.  Il y avait toujours une excuse. Un séminaire. Un trimestre éprouvant. Des copies à corriger.  Les parents de Lucy. La vie. La mort.

    Tout pour ne pas que le masque tombe.

    Tu n'étais même pas venu a l'enterrement d'Adrian. La famille voulait être seule, a ce qu'on t'avait dit. Deborah était en état de choc. Quelque chose du genre. Tu ne sais plus. Était -ce une raison pour abandonner un ami de la sorte? Lui en voulais-tu vraiment, à Peter, de ne pas s’être précipité à ton chevet, après l'accident?

    Mi casa es su casa. L'appartement est vide a l’année.

    Tu souris. Ca fait des siècles que Peter ne vit plus à Los Angeles. Et pourtant, la Californie s’entend dans chacune de ses syllables.

    Il t'avait pris par surprise. Lui avais-tu seulement parlé de ta séparation?

    L'UCLA a accepte ma candidature. Tu te souviens de ces vieux profs débiles, perdus et grisonnants? Eh bien ce sera moi, le trimestre prochain. Souhaite-moi bonne chance, Hemmingway.

    Mi casa es su casa.
    L'invitation était venue d'elle-même. Naturellement, sans poser de question. Sans même demander ce qu'il advenait de la femme avec qui tu avais passé les quinze dernieres années. Comme si ca allait de soi. Comme s'il savait déjà. Comme s'il t’avait deja tout deviné, dans tes silences.

    Tu avais accepté. En esperant secrètement retrouver une partie de lui, entre ces quatre murs. Une partie de vous deux. Tout ce que tu y avais retrouvé était un appartement impersonnel, aussi vide que toi.

    Tu effaces le message avant la fin. Tu sais qu'il doit revenir a LA pour le tournage de son oeuvre. Tu auras trouve un autre logis d'ici la.

    Winston gémit. Tu poses une main affectueuse sur son énorme tète. Tu as menti, Bartosz. Tu as menti, comme toujours. Lucy avait été surprise. Depuis quand t’interessais-tu aux chiens, toi? Et à un chien provenant d'un refuge à une heure de voiture de Haven Port. Toi qui ne jurait que par le transport en commun! Pourquoi ce chien? Un lévrier irlandais dans votre petite maison de ville? La pauvre bête allait mourir d'ennui, quand tu retournerais plein temps au travail! Mais Lucy avait flanché. Pour toi. Parce que le doc n’avait juré que par des exercices doux et la marche, pour te… remettre sur pied.(sic). Tu as menti, oui.
    Tu connaissais Winston depuis bientôt deux ans.

    Winston était le chien d'Elliott.

    Ton verre est vide, Bartosz. Et la bouteille aussi.

    - Allez, viens, Churchill. Moi aussi, j'ai besoin d'air.

    ***

    La bouteille de vodka se heurte à ta bequille dans une cadence auquelle tu ne t'habitueras jamais. Ta jambe te fait mal. Quand la douleur cessera-t-elle? Le medecin ne le sait pas.

    Winston grogne. Ce n'est pas un chien aggressif, pourtant. Que se passe-t-il? Tu t’arrêtes. As-tu verrouillé la porte, en sortant?
    Il y a quelqu'un, dans l'appartement.

    Peter.
    Tu ne l’attendais pas avant des semaines.
    Que disait le message vocal, déjà?

    Winston gronde de nouveau et la laisse s’échappe de tes doigts. Dans une vision d’horreur, tu vois le mastodonte sauter sur ton ancien camarade de dortoir... et faire connaissance.

    Plus de peur que de mal. Les deux pattes de devant sur les épaules solides de l'ecrivain, le lévrier agite la queue, tout joyeux d’avoir trouvé quelqu'un de sa taille. Féroce cerbère, vraiment!

    Comment aurait réagi Elliott, en présence de Peter? Ta gorge se serre. Tes yeux s’embuent. Les deux hommes se seraient bien entendu, tu en est certain. Elliott aurait compris. Compris que tu aimais Peter autant que lui, peut-être un peu plus. Elliott t’aurait apaisé. Elliott n'etait pas un homme jaloux.

    - Winston! Il n'est pas méchant, je te le promets!

    Tu tentes de contrôler l'engouement du canin, avec maladresse. Hormis quelques rides, l’étudiant que tu as connu n’a pas changé. Pas vraiment.  À moins...

    Non, il n’’a pas changé. Il a mûri. Il est plus grandiose que dans tes souvenirs.

    - Bon dieu Ernie! J'ai complètement oublié que c'est aujourd’hui que tu arrivais!

    Tu claudiques jusqu'à lui en levant la tete.

    - Avoir su...

    Avec nervosité, tu boites jusqu'au salon. Tu enlèves avec empressement les copies d’examen couvertes d’encre rouge et les livres du canapé. Les verres sales de la table basse. Tant pis pour les bouteilles qui s’alignent sur le comptoir de la cuisine.

    - Alors? La production a deja commencé? Je n'en reviens pas qu'ils aient pris tout ce temps à adapter ce roman. Ce livre était ...

    Tu déglutis. Toi qui hait la petite conversation. Regarde-toi, Bartosz! Tu baisses la tête .

    - Ce livre est magnifique, Peter.

    Tu frémis.

    - Magnifique... Mais ça, tu le sais, hein? L’égo passe encore au travers de la porte, Hemingway?

    Tu souris. Pour de vrai, cette fois. Ton ami est là . Peter est là . Une étincelle d'humour allume enfin l'azur de tes yeux.

    - Tu... tu as faim? Ils te nourrissent un peu, en premiere classe ou pas du tout? Je suis certain que mes choux farcis et mon barszcz t'ont terriblement manqué.

    Re: Home Sweet Home.

    Jeu 29 Juin 2023 - 5:43
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    Peter L. Michaels
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    L'air est différent, ici. Je ne saurais pas le décrire autrement. Il y a une légèreté dans l'atmosphère. Comme si le sel des vagues avoisinantes altérait la composition chimique du climat pour le rendre plus apaisant. New York a beau être mon domaine, je ne pourrais jamais nier que c'est d'ici que je viens.

    California.

    C'est un environnement parfaitement adapté pour la fougue de la jeunesse et la folie des grandeurs. Je m'y plaisais, dans ma jeunesse, c'est indéniable. Mais le charme Angelin ne fait pas le poids face à la sophistication New Yorkaise. C'est là bas que se trouve ma vie désormais.

    Malgré tout, je dois bien admettre que retrouver cet environnement qui m'est si familier se montre particulièrement réconfortant.

    Si on en ignore les séjours brefs et expéditifs effectués pour rendre visite aux filles, la dernière fois que je suis réellement revenu par ici, c'était pour me remettre d'un échec particulièrement brutal, ainsi qu'accepter la dissolution de mon mariage. Ma vie en lambeaux, tout semblait se désintégrer autour de moi. Les souvenirs de ce déménagement restent particulièrement brutaux.

    Aujourd'hui, les choses sont différentes. Si Lys n'est plus là, il est bien vrai ... Je ne me sens pas aussi déboussolé que j'ai pu l'être, la dernière fois. Ma carrière prend son second souffle. Ma famille reste un phare lumineux qui parvient à percer à travers les ténèbres. La rupture fut douloureuse, mais pas insurmontable. Contrairement au divorce, je n'ai pas eu l'impression de perdre une partie de moi-même. Si le perdre, lui, s'est montré douloureux ... Je n'ai pas peur de ce que l'avenir me réserve.

    Peut être que cette relation n'avait que pour but d'exercer cette fonction? Celle de me permettre de retrouver goût à la vie. De me montrer qu'il était possible de recommencer, à zéro. J'étais trop cartésien pour pouvoir le concevoir, à l'époque. Aujourd'hui, l'inconnu ne m'effraie plus. Alors merci, Lys. Pour tout ce que tu m'as appris.

    Je pose ma mallette près de la porte avant de m'avancer vers le salon.

    « Johnny? Are you around, buddy? »

    En guise d'accueil, je manque de tomber à la renverse sous le poids d'un chien vraisemblablement sorti de nulle part.

    « Woow there, easy boy, easy. »

    J'avais oublié que tu avais un chien, maintenant. Je dois avouer que je vais devoir m'y habituer. Je ne suis pas particulièrement tactile de nature, et encore moins avec les animaux. Ils détiennent un enthousiasme farouche qui se heurte facilement à la rigueur de mes pensées.

    Prenant soin de ne pas brusquer l'animal, j'essaie tout de même de me frayer un passage vers toi lorsque j'entends le son chaleureux de ta voix.

    « Johnny! It's been too long! »

    La distance qui nous sépare est enjambée et rapidement réduite à zéro. Mon enthousiasme est évident. Les bras ouverts, je n'attends pas avant de t'enserrer fermement. Cela te déstabilisera très certainement autant que cela me surprend: je ne suis pourtant pas si démonstratif, d'habitude. La culpabilité de ne pas avoir pu être présent, ni d'avoir pu aider davantage, joue certainement.

    Le chien continue de s'agiter autour de nous. J'essaie de l'ignorer, bien que je peine à faire abstraction de ce museau trempé qui se frotte contre mon pantalon. Ce n'est rien, je suppose. Je m'y habituerai, probablement. Du moins ... Je l'espère. Mais ce n'est pas important. Pas après ce qu'il t'est arrivé, non.

    « No, production hasn't started yet, I believe the set will be ready next Monday. »

    On se contente des platitudes habituelles, l'inévitable small talk qui reste étrange dans les circonstances actuelles. Il y a à la fois tant de choses à dire, et également, rien à dire en même temps. C'est assez étrange. Je ne sais pas par où commencer.

    « I'm really glad you like it so much. It really means a lot. »

    Un léger sourire face à ta question sur mon égo. Tu me connais: je suis un homme de peu de mots. Je compte sur toi pour savoir lire entre mes mots, et comprendre mes pensées. Ça fonctionnait toujours, à l'époque. J'ose espérer que certaines choses ne changeront jamais. Te souviens-tu de la première ébauche que j'avais écrite, dans notre piaule, il y a maintenant presque trente ans? Je crois que je la tiens! J'avais exclamé avec entrain et enthousiasme, avant de me mettre à griffonner sur la feuille. J'ai encore ce premier jet manuscrit encadré sur le mur de mon bureau. Il y a toujours la tâche de borscht que tu as créé lorsque tu as accidentellement renversé ta soupe dessus – d'une certaine façon, ça rend l'objet d'autant plus mémorable.

    Ton sourire éveille en moi tant de souvenirs d'une jeunesse qui nous échappe désormais. Pourtant, je te reconnais bien. Après tout ce temps ... Tu restes Johnny. Je crois bien que je n'ai jamais eu de meilleur ami que toi. Et pour un instant, j'en viens à oublier ... Tout. Tout ce que tu m'as raconté, l'autre fois, au téléphone. Tes épreuves, tes tourments. Tout ce que tu as subi, et enduré, pendant mon absence.

    Tu me rappelles rapidement à la réalité lorsque je te vois boiter à travers l'appartement. Je n'avais pas réellement saisi à quel point tu étais amoché. Pas que sur le plan physique: sur le plan émotionnel, également. Il y a quelque chose, au fond de ton regard ... Mais je ne parviens pas à en saisir toutes les couleurs. Je te vois t'éparpiller pour tenter de déblayer un peu la vie que tu t'es construite dans ce cocon que je t'ai pourtant confié. J'avoue n'avoir pas mesuré l'ampleur des dégâts, et cela m'attriste, profondément. J'ai mal de te voir dans cet état là. Je ne peux pas m'empêcher de voir, du coin des yeux, la pile de bouteilles sur le comptoir. Et de me rappeler de mes propres années sombres, où le gin était mon seul ami. On va te remettre sur pieds, mon ami. Je te le promets. Je serai là, cette fois.

    En te voyant boiter vers la cuisine, je retrouve la parole. « I'm alright, actually, don't worry about me. » Je meurs de faim, en vérité. Mais ça non plus, ce n'est pas important. « Will you sit down with me for a minute? It's been a long trip. » C'est surtout par considération pour toi que je désire qu'on se pose. J'espère que mes intentions ne sont pas trop transparentes. Je ne veux pas paraître condescendant. Je ne peux simplement pas tolérer de te voir ainsi. Je sais que c'est égoïste, mais je ne peux pas supporter de te voir ainsi. Alors s'il te plait. Installe toi. Prenons le temps de nous acclimater, l'un à l'autre. Comme à la première rencontre.

    Re: Home Sweet Home.

    Sam 1 Juil 2023 - 7:11
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    Bartosz Wolanski
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    .« Johnny, it’s been too long »

    Ernie et Johnny. Hemingway and Keats. De jolis surnoms plein de rêves, de grandeur et de folie. Les deux héros de votre univers de mots. Toi, tu sera un écrivain couronné de gloire et de succès et moi, un poète éternel et maudit digne de Rimbaud.

    Je t’ai vu fleurir. J’ai assisté, avec émerveillement, aux premiers bourgeons de tes idées. J’ai vu apparaître les premiers caractères noirs sur une page blanche. Je t’ai vu griffonner, rebiffer, chiffonner ta première page. Et j’ai vu tes premiers mots, tes premières phrases.

    J’ai été ton premier critique, ton premier fan. Le premier lecteur à umbiber tes pages de thé. Et de borscht, bien sûr.

    Avoue, Ernie. On faisait une drôle de paire. C’était toi l’écrivain, le peintre. L’artiste.  Et moi, je devais être le scientifique. L’érudit, le chercheur. Le type qui devait citer avec perfection et rigueur sa bibliographie. Mais les rôles s’étaient inversés. Pendant que toi, tu créais avec méthode, moi, je passais mon temps la tête dans les nuages. À rêver, à procrastiner, à griffonner des vers dans les marges de mes livres et surtout, à tout renverser. Maudit borscht.

    Tu as réussi ton pari. Tu es devenu Buzz Coleman. Tu as réussi à inscrire ton nom quelque part dans l’histoire littéraire. Qui peut prétendre ignorer ce qu’est la saga DARK.

    Que me reste-t-il aujourd’hui? Des rimes trop intimes éparpillées en marge de plans de cours.

    Au début, c’était facile. Tellement facile. Quel jeune homme n’a pas envie d’écrire la beauté universelle? Une poésie baroque dédiée à… à rien, finalement. Un concept. C’était si facile de te les lire, mes poèmes… ils ne voulaient rien dire. Et pourtant, tu les adorais.

    Et puis… ma muse a tracé ses traits sur ma rétine. Elle a fait tonner sa voix jour et nuit, dans ma tête. Dans mon coeur.
    Et elle m’a laissé voir son visage.

    Le tien.

    Le reste? Le reste ne voulait plus rien dire.
    Comment te montrer ça?! Comment montrer ça à qui que ce soit?
    Je t’ai dit ne plus vouloir écrire. Keats était mort, après tout. C’est mieux pour tout le monde.

    Un pas, deux pas, trois pas. Il ne te faut que trois enjambées, à toi, pour m’atteindre. Tes bras s’enroule autour de moi dans une étreinte que je croyais pourtant impossible. J’en ai le souffle coupé, Peter. Depuis quand es-tu devenu aussi chaleureux? Tu mesures une bonne tête de plus que moi. Je me retrouve le nez enfoui au creux que ton épaule. Ton odeur m’enivre. J’en ai le vertige.

    C’est un peu trop pour moi, Ernie.
    Me pardonneras-tu de me détacher de toi? Un peu. Juste un peu.

    Je souris, une main toujours sur ton épaule.
    Way too long, mate. Way too long. I…

    J’hésite, un moment. D’où me vient cette timidité?

    I missed you.

    Je baisse la tête, pour ne pas croiser ton regard. Je baisse la tête vers Winston qui flaire d’un peu trop près ton beau pantalon. Je tourne la tête vers le salon, que j’ai laissé en piteux état. Tu m’as vraiment pris de cours. Je te promets que ca ne sera pas toujours ainsi. Mal à l’aise, j’essaie de limiter les dégâts. Les copies du dernier interrogatoire sur la Guerre de l’Independance vont rejoindre le tas de documents informes au pied du canapé. Les verres sales, l’évier de la cuisine.

    Ton regard me brûle le dos. Je sens tes yeux descendre, le long de ma jambe. J’ai bien vu ton coup d’oeil vers les bouteilles qui jonchent le comptoir. Je sais ce que tu penses.  Je suis tellement désolé, Ernie. Je suis désolé que tu sois témoin de tout ça. Je tiens à peine le coup. Laisse-moi ce vice. Pour l’instant. Juste pour l’instant. Le temps de m’accrocher à autre chose. À quelque chose. Tu comprends, hein? Dis-moi que tu comprends.

    Oh! Tu rouspètes déjà! Me voir claudiquer tout autour de toi t’angoisse. Je le sens. Arrête. S’il-te-plait. Tu ne peux rien y faire. Ta compassion ne me rendra pas la chair disparue. Je dépose une dernière assiette, dans l’évier et pointe du pouce la bouilloire.

    At least, let me offer you a cuppa’. What kind of an Englishman would I be if I forget that? Or would you prefer a glass of gin, maybe?

    Non. Pas de thé, cette fois-ci. J'ouvre le réfrigérateur et attrape la bouteille de gin que Lucy a ramené de son dernier voyage, au Canada. Par quel miracle est-elle encore pleine? Je ne sais pas. La vodka n’est pas aussi noble, sans doute.  C’est toujours mieux pour s’enivrer.  Et puis, je voulais te faire goûter.

    Deux verres propres, des glaçons et d’autres pas éprouvants, vers le salon. Des arômes d'épinette et autres herbes des forêts boréales flottent jusqu'à mes narines. Depuis le temps, je connais un peu tes goûts. Je crois que tu vas aimer. Tu en as besoin autant que moi.

    Winston ne t'a pas lâché d'une semelle, n'est-ce pas? Soit patient. Il est comme ça. C'est un chien curieux. Il aime les gens. Autant que son premier maître. Tu n'apprécie pas tant ces bestioles, j'en suis parfaitement conscient. Moi aussi, j'ai dû m'habituer à lui. Il en prend, de la place! J'ai dû accepter de partager l'homme que j'aimais avec lui. Elliott ne s'en séparait jamais. T'y habitueras-tu? Je te le promets, nous ne resteront pas longtemps chez toi. C'est ton appartement, après tout.

    Je m'assoie enfin. Si tu savais comme ça fait mal... Mais cette douleur est dans ma tête, pas vrai?

    Down, Winston!

    Le chien se couche docilement à mes pieds. Good boy, Churchill. Une friandise apparait de ma poche et est déposée délicatement devant lui. Je l'observe attendre sa récompense et la prendre délicatement dans sa gueule. Son pelage argenté rêche brille dans la lumière de l'ampoule, ses grand yeux sages et patients fixés sur moi. Tant de souvenirs... Tant de souvenirs que je ne pourrai pas te raconter.

    To tell you the truth, Ernie... I wasn't expecting this. You'd told me a year ago that this beast would be laying there... I would have laughed at you. You know me. I have more than enough to care about, already. But... Look at it. Look. It needs you. It requires you to give it food, to give it water. It requires you to exercise. It needs you to get out of bed. To goddamned get dressed and walk. Just to fucking walk. To be able to shit outside.

    Je me passe une main sur le visage. Est-ce nécéssaire d'être si vulgaire?

    I don't know why Lucy insists that much to have a family on her own. Can you tell me why it's so important to have a child that you can screw up when you can have this needy thing instead? It won't tell you to fuck off, it won't ask you for money. It won't starve itself just to please some loser. It will need you no matter what. It will give you unconditional admiration until death brings you down for good. And even so, a piece of you will always stay with it. Always. Why it is so important to give birth to a goddamn kid?

    Un soupir m'échappe. Je sais très bien à quel point je suis égoiste. Lucy a fait suffisamment de sacrifice pour moi. Elle a le droit d'être heureuse. Et si c'est par un enfant que ça passe pourquoi pas. Je sais bien à quel point tu aime ta fille. À quel point tu donnerais tout de toi-même pour Kimmie. Pour Adrian. Veux-tu que je te confie un truc? Lorsque Deborah et toi avez divorcé... j'ai eu peur pour Kimmie. Très peur. Je voyais la même histoire se répéter. Celle de Ludmilla. Mais... vous vous êtes débrouillés à merveille. Ça n'a pas été parfait, non. Combien de tes gueules de bois ai-je dû éponger? Mais tu as fait de ton mieux.

    Je suis fier de toi, Peter. Si fier, tu n'as pas idée.  Voir le père que tu es devenu réconforte l'enfant blessé en moi.

    I know what you're going to tell me. Kids change you. Kimmie is a wonderful young lady with wonderful parents. God, the last time I saw her, she was a little girl. She wanted to be a dancer like her mum. How... how is she?

    J'hésite. Vois-tu encore Déborah, parfois? Je l'ignore. T'imaginer avec d'innombrables conquêtes féminines me donne le cafard. J'ignore tout de ta vie amoureuse.  Peut-être est-ce mieux ainsi.

    And Deborah?

    J'ai la gorge qui se serre, juste à prononcer son nom. Je ne pouvais plus vous voir ensemble. Je ne pouvais plus ressentir cette amertume. Cette jalousie de ne pas être à sa place. Je n'en pouvais plus de te voir te languir de son absence.

    Pourras-tu me le pardonner un jour, Hemingway?

    Un autre sourire. Je sonde enfin ton regard. Tes yeux. Tes yeux m'ont manqué.  La dernière fois qu'on s'est vu, tu étais salement amoché. Tu passais les week-ends sur notre divan-lit, au Connecticut. Avec ta gueule de bois. Lucy préférait ne pas poser de questions.

    J'ai eu peur pour toi, un moment. J'ai eu peur de perdre celui que j'aimais dans l'abime. Mais tu en es revenu. Plus fort encore.

    Je le vois dans tes yeux. Tu vas beaucoup mieux.

    And you, Peter. How are you?

    Re: Home Sweet Home.

    Mer 5 Juil 2023 - 5:26
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    Suis-je trop avenant? La dernière fois que tu m'as vu aussi enthousiaste remonte bien à ... Quand, exactement? Je pose la question sans réellement avoir besoin de réfléchir à la réponse: je sais exactement combien de temps s'est écoulé depuis la dernière fois que tu m'as vu aussi chaleureux. Il s'agit de treize années. Ces treize terribles années qui ont suivi le décès d'Adrian.

    Et si je ne suis toujours pas remis de la perte ... Beaucoup de choses ont changé, depuis. Lys y a beaucoup contribué, je dois bien l'admettre. Mais Lys, je ne t'en ai jamais parlé. Pourquoi, d'ailleurs? Probablement parce que j'avais peur. Que tu me jugerais. Que tu ne comprendrais pas. Que tu me verrais différemment, également.

    À Debbie non plus, je n'en ai jamais parlé. Se doutait-elle de cette liaison? Cela lui ressemblerait bien. Pourtant, j'ai bien pris soin de rester aussi discret que possible. Je ne voulais absolument pas qu'elle découvre la vérité. Ni elle, ni Kimmie. Il faut croire que je n'étais pas prêt. C'est pour cela qu'il est parti, d'ailleurs. Du moins, en partie. J'en ai marre, Pete. Je vaux mieux que d'être ton sale petit secret.

    Bref. Il y avait donc eu Lys. Une merveilleuse parenthèse, un véritable bol d'air frais. Et depuis ... Je me sens revitalisé, Johnny. Je sais que ça peut paraître fou, mais j'ai l'impression d'avoir retrouvé, au moins une partie de cet étudiant que j'étais il y a tant d'années qu'on aurait presque l'impression qu'il s'agissait d'une vie antérieure. En de bien nombreux aspects, c'était plus ou moins le cas, d'ailleurs.

    « I missed you too, buddy! I missed you too. » J'en profite pour te serrer une deuxième fois dans mes bras, comme pour m'assurer que tu es bien là, en chaire et en os, et que je ne rêve pas ces retrouvailles. Il faut dire que c'est tellement surréel: toi et moi, ici, à Los Angeles. Exactement comme au bon vieux temps. Exactement. Ou presque.

    Les choses s'accélèrent d'un seul coup: j'ai à peine le temps de tourner la tête que déjà, voilà que tu reviens armé d'un verre de gin.

    « I ... Thanks. Gin is great. »

    Je regarde le verre. Il est peut être un peu tôt pour boire, mais c'est une occasion spéciale. Même si il semblerait que tu ne m'aies pas attendu pour descendre ... Combien de bouteilles, exactement? Et en combien de temps? Il va falloir qu'on discute, Johnny, et qu'on discute sérieusement. Mais pas tout de suite.

    Pendant que tu dresses ton chien, j'en profite pour aspirer une gorgée du spiritueux.

    « This ... This is some really great gin, Johnny. »

    J'ai des goûts plutôt classiques, habituellement, pourtant. Mais celui-ci contient des notes suffisamment subtiles pour agrémenter le parfum naturel du breuvage. « Where did you score such a find? »

    Je souris poliment lorsque tu me parles de ton chien. Winston. Churchill. C'est le genre de  blagues qu'on se serait fait à l'université, sans jamais y donner suite: je nommerai mon chien après un premier ministre. Mais tu l'as fait, visiblement.

    « That's definitely one way of putting it! » Beaucoup des choses que tu me décris là ressemblent à l'art du parenting, en réalité. Bon, hormis le dernier détail sur la merde dans la rue. Heureusement pour moi, Kimmie sait utiliser des toilettes depuis bien quinze ans et demie, maintenant. Mais pourquoi est-ce qu'on parle de ça, déjà?

    La diatribe qui s'ensuit est légèrement plus embarrassante. J'ai des enfants, Johnny. Enfin ... Un enfant. Une magnifique fille. Kimberley. 17 ans. Tu l'as déjà rencontrée. Elle était parfaite, à ce moment là. Elle l'est toujours, à sa façon ... Mais différemment. Plus complexe. Plus énigmatique. Moins facile à apprivoiser. Ce n'est pas facile tous les jours, je le reconnais et je veux bien te l'accorder ... Mais je ne l'aime pas moins pour autant.

    Et puis il y a eu Adrian. On en a parlé, également. Tu sais ce que j'ai perdu. Quelle réponse attends-tu à ta question? Je ne sais pas pourquoi c'est important de se reproduire, Johnny. Je ne peux pas expliquer ni justifier l'évolution en une seule pensée. C'est une longue conversation que tu veux avoir là. Une conversation accompagnée d'au moins deux bouteilles de gin. Chacun. Au moins.

    Alors je ne dis rien. J'écoute. Je comprends que tu as besoin d'exprimer tes frustrations. Après tout ce que tu as traversé, la moindre des choses c'est que je t'écoute. Tout le monde me reproche de ne pas être assez à l'écoute. Debbie l'a fait. Lys l'a fait. Kimmie continue de le faire – elle n'a pas encore perdu espoir, elle. Pas encore. Alors je fais l'effort. Comme lorsqu'on était encore étudiants. Avec toi, ça a toujours été plus facile.

    Heureusement, tu te ressaisis. Comme je savais que tu le ferais. Ou plutôt, comme je l'espérais. Bordel, Keats. T'as pas changé d'un cil. Sauf sur les fâcheux détails qui nous ont rassemblé dans cet endroit, tous les deux. Mais ça ... Je n'ai pas envie d'y penser tout de suite. Je veux simplement profiter de ces retrouvailles.

    « Kimmie's doing great, thanks for asking. She's doing really well in school, she's a social butterfly. Everyone loves her. She's just like her mother – but don't tell her I said that, or she'd be really upset. »

    Je cligne de l'oeil. Les adolescents sont toujours particuliers, à leur façon, et Kimberley n'y fait pas exception. Sa relation avec Debbie est particulièrement houleuse, depuis quelques temps. Je ne sais pas encore comment ça va se passer entre nous lorsque je la verrai. Je gèrerai ça en temps et en heure.

    « Debbie ... » Je soupire, légèrement. Comment va donc Debbie? Je n'en ai pas la moindre idée. À quand remonte notre dernière conversation? J'ai été si occupé, ces derniers temps ... Il faudrait que je l'appelle, d'ailleurs. Ça fait longtemps. Trop longtemps. « Debbie's ok. » En d'autres termes: je n'en ai pas la moindre idée.

    Vient enfin la dernière question. La question qui fâche. Et l'espace d'un instant, la façade menace presque tomber en miettes. Presque. Soudainement, les dernières disputes avec Lys (@Lysander Foster) me reviennent en mémoire. Cette solitude que je vis depuis son départ reste facile à ignorer lorsque je plonge ma tête dans le sable. Son absence reste bien moins facile à ignorer lorsqu'on me demande comment je vais en me regardant dans le blanc de l'oeil: tu me connais, Johnny. Je suis bien piètre menteur. Alors je change le sujet. Et tu me connais assez pour savoir que si je le fais, c'est que j'ai une bonne raison de le faire. Alors rends moi service, et promets moi que tu n'insisteras pas. S'il te plaît?

    « We're not here to talk about my boring old life, Johnny! How have you been? How's the new job? Are you settling in well? And the apartment? Have you been getting settled in alright? »

    Il y a tant d'autres questions que j'aimerais te poser. Comment vas-tu depuis l'accident? Comment te sens-tu? As-tu besoin de quoi que ce soit?

    Ce sont des questions que je réserve pour plus tard. Pour ton bien-être, comme pour le mien, je préfère ne pas plonger dans le vif du sujet tout de suite.

    Re: Home Sweet Home.

    Jeu 6 Juil 2023 - 8:24
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    Quelle heure est-il? J'ai perdu le fil du temps. Est-il réellement trop tôt pour un verre de gin, Ernie? Le temps. L'heure. Elle n'a jamais fait réellement barrière, à l'époque, tu te souviens? L'ivresse était belle parce qu'elle était spontanée et surtout éphémère. Ponctuée de rires et de vers. Le poète éméché oublie l'horloge et celui qui l'écoute goûte à l'éternité l'espace d'un souffle. Au diable l'heure! Je n'ai que de bons souvenirs de ces matins enivrés où l'aurore et tes éclats de rires et d'admiration n'avaient plus de fin.

    Pas toi, Hemingway?

    Non, il est trop tard, probablement. Beaucoup trop tard maintenant que tu as fait le décompte des cadavres de verre sur le comptoir de la cuisine. Il est trop tard pour prétendre qu'on ne fait que s'amuser et que nos déboires n'ont aucune conséquence.

    Je me sens vieux, Peter. Le temps m'échappe. Parfois, il disparait complètement, dans un battement de cils. Je me retrouve sans ces maudites rides autour des yeux, les boucles noires beaucoup trop longues pour être présenté à ta mère et bras dessus, bras dessous avec toi dans cette chambre de dortoir que nous partagions. Invincible, loin du moment où nos vies se sont séparées. Je cours encore à toute haleine, en songe, en me rappelant qui j'ai laissé sans surveillance, au bord de la rivière. Et souvent, j'entends Elliott soupirer, tout à côté de moi.

    Ne t'inquiète pas trop de mes silences et de mes trous noirs. De mes anachronismes. C'est normal. C'est ce que le neurologue a expliqué à Lucy. On ne peut pas rester aussi longtemps dans les limbes de la mort sans séquelles. J'ai eu énormément de chance : tout est assez stable, dans ce caroussel. Il manque quelques vis, mais sans plus, vraiment. Ils sont au courant, à l'Université. Nous en avons discuté, le recteur et moi. Au final, les étudiants ne seront pas trop dépaysés, crois-moi. Ne t'inquiète pas. Je suis simplement ailleurs, parfois. Je reviendrai toujours auprès de toi. Ne me serre pas si fort. Je ne disparais pas, promis.

    Les verres sont servis. Le mien reste sagement sur la table basse. Par politesse. Pour te préserver. J'attends ta réaction. Je ne sais plus si c'est moi ou Lucy qui a ramené cette bouteille de la ville de Québec. Non. Ce doit être Lucy. J'étais encore en convalescence, je crois et elle avait une conférence, avec les dirigeants d'Ivanhoe Cambridge. Ce doit être l'habitude. À chaque passage à Oxford, je rapportais une bouteille de gin, au Connecticut. Au cas où tu passerais nous rendre visite. C'en était une routine, entre nous. Je suppose que Lucy avait elle aussi besoin de ces petits repères illusoires.

    "It is nice, right? It change just a bit from what we are use to. It has some smooth wildness to it, I feel... I feel like walking in the woods when I get a sip of it. In the woods and all its perfumes... Lucy got it as a gift when signing the Fairmount contract."


    Encore de la petite conversation. Elle m'exaspère, Ernie. Elle me fait culbuter dans l'ennui, dans ces minutes qui se figent à l'infini. Parle-moi. Parle-moi de ta vie. Parle-moi de tes amours. Parle-moi de tes projets. Parle-moi de ce prochain livre que tu vas écrire. Sais-tu depuis combien de temps je l'attends? Parle-moi de ton présent avant de me perdre.

    Winston. Je vois encore cette énorme bête puante entrer à reculons dans la baignoire et se secouer de toutes ses forces. Il fallait être deux. Oh bordel! M'as-tu déjà vu en colère? J'entends encore Elliott se moquer de moi et de mon dégoût. Qu'est-ce qu'une autre chemise dans la lessive quand l'amour inconditionnel à quatre pattes sentait enfin un peu le shampooing? Elliott en avait, de la patience, lui. Bien plus que moi.

    Pourquoi cette diatribe? Je ne sais même plus. Je sais à qui je parle, Ernie. Je le sais. Qui suis-je pour questionner un père sur la genèse de ses propre enfants? Qui suis-je pour remettre en question vos fiertés, à Deborah et toi? Vos espoirs? Qui suis-je pour douter de la douleur de votre perte?

    Une partie de moi a peur de la paternité. J'ai peur de voir ma propre image aigrie se métamorphoser devant moi. J'ai peur d'y retrouver les maux de Janusz. Et le labyrinthe de Ludmilla. J'ai peur de briser une autre fois des vies. J'ai peur que ma négligence condamne à nouveau un gosse de trois ans à la noyade.

    Lucy ne comprend pas. Toi... toi me comprends-tu?

    Un soupir. Je sais que mes propos te blessent. Ta voix me rappelle au présent. Tu es mon phare, dans cette brume d'éthanol et d'amertume. Toi, Peter. Parle-moi de toi. Parle-moi de cette famille que tu as construite, bon gré, mal gré. Parle-moi d'un couple d'adultes capable de se parler, de se soutenir et de s'unir dans un but commun, malgré les griffes de la mort. Parle-moi de Debbie, si tu veux. Je te le promets, j'écouterai. Je ne flancherai pas.
    Parle-moi de toi.

    "A social butterfly? Just like her father."

    Je ne peux m'empêcher de sourire. Après tout, c'est toi qui a réussi à démolir mes barrières.

    Est-ce aussi idyllique que je l'imagine? Bien sûr que non. Je me doute qu'élever à distance une adolescente doit être compliqué. Je me doute que ça ne doit pas être facile à tous les jours, d'élever un être qui veut s'émanciper, explorer et surtout ne pas nous ressembler et faire les mêmes conneries.

    Je me doute bien que le temps a fait ses ravages et que vous n'êtes plus aussi proches, Debbie et toi.

    Debbie's ok.
    Je pourrais te dire la même chose de Lucy. Je ne réponds plus à ses messages depuis des semaines. Elle appelle encore, parfois. Elle demande des nouvelles. Elle essayera de te tirer les vers du nez, Hemingway, fais gaffe. Elle pense que ce n'est que temporaire, tout ça. Une séquelle comme une autre. Elle s'inquiète alors qu'elle a une vie entière à rattraper. Elle mérite qu'on l'aime. Pour ce qu'elle est. Forte, intelligente et vive.  Elle mérite qu'on lui donne cet enfant à chérir.  Elle survivra sans moi.

    Je sens quelque chose se briser en toi. Il y a ce moment de silence où tu te reconstruis un masque. Que se passe-t-il, Ernie?

    Tu change de sujet. On sait tous les deux ce que ça veut dire, n'est-ce pas?
    Non, je n'insisterai pas.
    Pas tout de suite.

    Tu me connais. Je suis incapable de jouer la comédie et de faire comme si de rien n'était. Incapable. Je pince les lèvres dans un sourire triste. Ma main se pose encore une fois sur ton épaule et la serre. Fort. Je serai là, quand tu voudras en parler. Je serai là.

    Je laisse enfin tomber mon bras sur l'accoudoir du fauteuil. J'ai soif. J'ai soif de cette douce odeur de pin qui a marqué le moment culminant de la fin de mon enfance. Le dernier moment de mon insouciance. J'avale une longue gorgée avant de re-déposer mon verre.

    Je sais dans quel état je t'ai appelé. Je sais à quel point j'étais perdu, dans toute cette noirceur, dans mon propre tourbillon. C'est le numéro d'Elliott, que j'ai d'abord composé. Et puis le tien, lorsque je suis tombé sur la voix robotisée de l'opératrice.

    J'avais besoin d'entendre ta voix, c'est tout. De savoir que toi, tu étais encore là, quelque part, dans ce monde. J'espère que ton vol s'est bien passé.

    "Me? Are you not fed up since decades to hear me talk about the unknown soldier? The Unknown Poet of Walcheren? Did you know that we might have found a sample of his writing in Wales? We might finally be able to identify him for good. I'm in communication with an expert graphologist and... Well... the Americans won't give a damn about it, of course, but Oxford..."

    Je ris doucement. Ma thèse de doctorat. Avoues, Ernie, tu n'en peux plus de m'entendre déblatérer à propos de ce soldat supposément mort de choléra. Cela te fera-t-il regretter de ne pas te confier un peu plus?

    "I'm... I'm ok."

    Un autre sourire triste.

    "The UCLA's new rector is a fine gentleman. Everyone is great, really, in the department. I feel like home again. They even tolerate the presence of Winston in the auditorium. No need to worry about that dog being all by itself here. I'm replacing another teacher for the summer and will take my own class in the beginning of fall. Well, at least, that's the plan for now."

    Jusqu'à ce qu'Oxford me fasse une offre.

    Je lève la tête vers le mur du salon. Vers ce poster des Rolling Stones qui jure tant avec l'impersonnalité des lieux. Silence et fixation. Je me perds, un instant. Je ne savais même pas que tu aimais ce groupe. Comment l'as-tu découvert? Quelle chanson préfères-tu? Parlons de musique, tiens. Fais-moi écouter ce qui te fait vibrer.  Sors tous tes disques. Éparpillons-les sur le plancher et choisissons en un au hasard. Et puis un autre et encore un autre.

    Comme avant.
    Non. Tu n'aime pas le désordre. Écoutons un disque à la fois, alors. Intensément. Mot après mot. Assis côte à côte sur le canapé, ton bras autour de mes épaules. Je suis assis sur ce satané fauteuil et j'ai l'impression qu'un monde nous sépare.

    Suis-je à l'aise dans cet appartement? Peut-être que oui... maintenant que tu es là.

    "I've took the little room, in the back. In case you'd had a guest. It's quite fine really, it's a nice place you got there, well situated. I'll never thank you enough, for all of this, Ernie. I... I needed time for myself. I... needed time to think."

    Re: Home Sweet Home.

    Lun 21 Aoû 2023 - 7:25
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    J'hoche de la tête, en silence. Mes pensées fusent à toute allure, tandis que j'essaie de resituer les évènements et de comprendre. D'assimiler. Tu es en bien piètre état, mon ami. Il me peine de te voir ainsi. Je sirote doucement le gin. C'est vrai qu'il a un sacré goût. Une douceur farouche, presque sauvage dans sa sincérité. Tout comme toi, mon ami. Tout comme toi.

    « It really is. That was very thoughtful of her. »

    Des paroles lisses, polies comme une pierre ponce, alors que les questions s'éveillent. Comment va Lucy? Où est-elle? Pourquoi est-elle ailleurs?

    La conversation avance. Elle suit son cours, comme ce verre de gin que je me retrouve à remuer avec nonchalance dans le verre. Lys remarquerait très certainement que je prends mon temps pour le descendre, ce breuvage. S'il était là, il se plaindrait très probablement de la lenteur de ma démarche, sans nécessairement chercher à comprendre les raisons motivant tant de retenue. Et toi, Johnny? Sauras-tu lire dans mes pensées?

    Je suis contrarié, mon ami. Je ne te reconnais pas. Ou plus. Tu as tellement changé. Et en même temps, si peu. Je vois à la fois le jeune homme brillant de promesse et d'enthousiasme que j'ai eu l'honneur de connaître, dans ma jeunesse. Et je vois également cet homme, aussi battu par la vie qu'un chien errant, dont la seule lumière reste l'éclat au coin des yeux, lorsqu'il parle du passé. Est-ce donc à ça que je ressemble, à tes yeux, également? Un pâle reflet, fantôme énigmatique d'une jeunesse oubliée?

    Un léger rire, modeste et timide, s'échappe d'entre mes lèvres à ta prochaine observation. « I don't know if I'd go that far. » Et pourtant, tu as bien raison: l'intrépide, de nous trois, c'était bel et bien moi.

    Il y avait toi, dans ta timidité. Toujours craintif. Toujours sur la réserve. La prudence incarnée.
    Il y avait Debbie, également, et son indépendance férocement solitaire. Toujours capable de vivre en silence, en paix avec elle-même. Si indifférente aux autres qu'ils en devenaient presque invisibles. Sauf avec moi. Pendant un temps. Avant que la vie ne brise la magie qu'était notre entente.
    Puis, il y avait moi. Moi, et l'optimisme de cet avenir brillant que je voyais se concrétiser, de jour en jour. J'étais intouchable. Rien ne pouvait m'arrêter. La vie me souriait, et je lui souriais en retour. Je connaissais les noms de tout un chacun. Je faisais causette sans efforts, ni difficultés. Le monde était mon huitre, et je m'en abreuvais allègrement.

    Ce que les choses ont changé.

    Et pourtant, si peu également.

    Je reste cet homme, pris entre mille feux, sous les regards curieux d'un public adulant. Mais l'attention n'a plus le même éclat, et les lumières en sont aveuglantes, à présent. Emprisonné dans un monde d'images et d'apparences, les autres n'ont plus le même attrait.

    Un moment de contrariété, lorsque tu changes de sujet et que tu exprimes, discrètement, à ta façon, comprendre. Nous sommes bien différents sur ce point là, Keats. Je suis si happé par les apparences, parfois, que je les revêts comme une armure. Tu as la fâcheuse tendance à toujours vouloir être mis à nu, livré à à la merci de tous. Je reconnais les efforts que tu fais, depuis toujours, pour me laisser me terrer au fond de mes carapaces. Mais j'ai tout de même un léger sursaut, un moment de recul. Parce que je n'aime pas cette impression que tu vas chercher à creuser au fond de mes mal-êtres pour me « soigner ». Ce n'est pas pour cela que nous sommes ici, tous deux. Non. Ma vie va bien, Johnny. Je te le promets. Nul besoin de creuser: nous sommes ici pour t'aider, toi. Je n'ai aucun problèmes, de mon côté ...

    Si je me le répète suffisamment, est-ce que cela finira par être vrai?

    Je change de sujet, je te rends la balle. Tu as la générosité de l'accepter et de la saisir entre tes mains. Je t'écoute me parler de tes poètes perdus, et je souris, doucement. C'est toujours dans ces moments là que je te reconnais le mieux. Ces merveilleux moments, où ton enthousiasme a raison de toi et que tu te laisses revivre, un peu. Ces instants où tu retrouves le lustre de ta jeunesse, et les ardeurs de tes passions. Que tu es beau ainsi, Johnny. J'aimerais tellement que tu puisses avoir conscience de ton propre éclat.

    « You know I'd never grow tired of you, Keats. » Une tape dans le dos, pour la forme. Un gage d'affection, d'amitié et de camaraderie. Pourtant, il ne s'agit pas de simples mots. On se l'était promis, il y a tant d'années: à la vie, à la mort. En parlant de la mort, tu n'en as pas l'air bien loin, mais t'inquiète pas qu'on te gardera parmi nous pendant encore longtemps: je suis là, maintenant. On va te remettre sur pieds.

    Tes mots ne convainquent personne: ni moi, ni toi. Est-ce ainsi que mes propos ont également semblé, quelques instants plus tôt? Sommes nous tous deux aussi transparents qu'au premier jour, même après tant d'années de distance et de silence?

    « UCLA is lucky to have you, buddy. » Je souris. C'est étrange de te voir de retour dans ce qui était, autrefois, un peu comme notre berceau.

    « I'm glad I could help, Bartosz. » Silence. Le remarques-tu, l'emploi de ton prénom? À quand remonte la dernière fois que je t'ai appelé ainsi? « I hope you know I'll always be here, whenever you need anything. » De l'argent, un conseil, un endroit où dormir... Quoi qu'il en soit, je serais toujours là pour toi. J'ai manqué à mon devoir, mais cela n'arrivera plus. Si seulement tu pouvais savoir à quel point je m'en veux de ne pas avoir pu être le meilleur ami que tu méritais.

    Re: Home Sweet Home.

    Mer 23 Aoû 2023 - 4:53
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    Bartosz Wolanski
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    Études & fraternité/sororité : Histoire à L'UCLA
    UCLA is lucky to have you, buddy.

    Petit rire. Oh Hemingway! Si tu savais... Serais-je à l'UCLA, sans cet accident? Probablement pas. J'étais si fier de mes accomplissements. Si imbu de moi-même. Du moins, dans le domaine de l'Histoire. J'étais si fier d'enseigner à Yale. Comme si ma position pouvait éclipser le petit corps ensanglanté, sur la chaussée brûlante. Ou les rêves et la carrière sacrifiés de Lucy sur l'autel de ma profession. Comme si mon statut d'érudit effaçait les affres et les secrets de ma vie privée. Les mensonges que je récitais à Lucy, pour fuir au Vermont, retrouver mon amant.  Ma propre honte, mes propres cachotteries que j'infligeais à Elliott, en refusant d'accepter toute trace de son existence dans ma vie publique, en dehors de ces week-ends d'amour volé.  Te parlerais-je un jour de cet après-midi d'octobre où tout s'est brisé, en moi, devant des collègues? Où il a fallu que je prétendes avoir simplement besoin d'air pour encaisser une fin de session difficile, alors que je venais de perdre mon amant. Maudit autobus. Tu sais ce qu'ils ont dit à la police, ces collègues? À Lucy? Te décrirai-je l'expression de ces centaines d'étudiants-modèles, lorsque j'ai fait un faux pas et que ma prothèse m'a lâchée, dans l'auditorium? Les propos du recteur de Yale, sur une retraite anticipée amplement méritée et très confortable, pour le reste de mes jours.  

    Ah! Les apparences, Peter... Les apparences. Je sais à quel point elles te rassurent, ces apparences. À quel point tu t'y accroches, pour te préserver. Pour te convaincre que tout va bien. J'ai vu ton mouvement de recul. Je suis désolé, mon ami. Je ne voulais pas te brusquer. Je ne voulais pas te retrancher derrière tes murailles de marbre. Me crois-tu réellement au-dessus d'elles, les apparences? Moi qui voulait garder à tout prix cette image d'enfant modèle, d'homme modèle... Une retraite anticipée... Qu'est-ce qu'un prof d'histoire qui n'enseigne plus? Qu'est-ce qu'un historien qu'on emmure chez lui pour de bon,  seul dans l'ombre? J'ai démissionné. Je lui ai dit d'aller se faire foutre, avec sa pension. J'ai fuit cette fosse de hyènes.

    Et je suis revenu là où tout a commencé, pour moi. Où j'ai réellement commencé à vivre. À rire. Et à me laisser être moi-même. Parfois un peu trop. Dans cette université publique et sans prétention où je t'ai connu.

    "Is UCLA is really lucky to have me, I dare ask? Well, the rector say so. Some students... not that much. They are pissed to have an english man - a respectful subject of her Majesty the Colonialist, mind you, - telling them their own history. The Independance War, all those South Plantations, the goddamn Civil War, can you imagine? History is told, after all, by the conquerors..."

    J'ai un soupir bienheureux. Cette énergie qu'ils ont, ces étudiants!

    "I LOVE them. God, I love them, Ernie! With all my heart! I love the way they DEFY me on my own theory, on my own knowledge, on my own biases. On my own fucking white privilege. God Ernie! You would never see that at Yale. Those kids, they're not there to look perfect. They are not trying to impress anyone with their statuses, their money or their grades.  They are here to be heard. And god... they challenge me. Every time I open my mouth, they challenge me. I... I needed to be challenged, Peter. "

    Silence.

    "I needed that to feel alive. You know how I'm bloody lucky, just to be alive."

    Un autobus, tu imagines? Alors que d'autres meurent sans bruit et sans fracas. Elliott est mort d'un rhume. Un putain de rhume.

    Ah! Ce geste de camaraderie! À la vie, à la mort! Comme des frères. Cette foutue tape dans le dos. Elle m'arrache un sourire forcé, que je cache dans le fond de mon verre de gin. Encore les apparences.

    Si tu savais... Si tu savais ce que tu représentes à mes yeux... Non. Pas un frère. Je pose mon verre vide sur la table et nous ressers tous les deux.

    Bartosz. Tu le prononce avec une intonation presque slave que même mes parents n'utilisent plus. Mon propre prénom me semble étrange, entre tes lèvres. Comme l'incantation mystique d'une langue étrangère. Que cherches-tu à conjurer? Qui cherches-tu à rappeler d'outre-tombe? Dis-moi, Peter. Est-ce nos années d'insouciance ou l'apparence de l'homme solide que j'étais?

    "Whenever I need anything..."

    L'alcool commence à faire enfin effet sur moi, je le crains. Je soupire et reprends une gorgée. Ma paume se pose sur ton bras, un moment avant de se retirer avec décence. Elle retourne poliment sur l'accoudoir. Je tournes le liquide dans son verre, pensif.
    Tu ne peux pas me donner ce dont j'ai besoin, Peter. Pas à moi.
    Je sais à quel point je suis important pour toi. À quel point tu t'en veux de ne pas davantage été présent. De tout ton coeur. Mais tu es là, c'est tout. Ça devrait suffire, non? Je ne suis qu'un ingrat. Pourquoi aurais-je besoin de plus?

    " You know what you could do for me, my friend? What I need, from you?"

    Je me mords la lèvre. Ça ne va pas te plaire, je le sais. Je me tourne vers toi, avec un sourire tendre et triste. Je te regarde pour ce que tu es. Ta splendeur et les ombres que tu caches, quand les projecteurs sont éteints et que tu crois que personne ne remarque.

    "I need you to stop worrying for me. I need you to stop staring at this leg and at this damn cane. At this damn drink. Let me enjoy it. Let me get drunk. Let me fall on the ground and picked myself up. Let me forget for a second in what year Andrew Jackson has been elected. Everyone is looking at me like a dead man. Lucy... Now you.  I've put myself there, you understand me? I've choose my misfortune, believe me. I'm not fine, no. But I'm alive, Peter. I'm alive."

    Re: Home Sweet Home.

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