Talya S. Adams aime ce message
@Talya S. Adams
Elle a l’impression que rien ne va en ce moment. Les pièces du puzzle sont en vrac, éparpillées, impossibles à trier ; ça l’angoisse. Parce qu’elle s’est réfugiée derrière son couple factice par nécessité autant que par facilité. Pendant huit ans. Et aujourd’hui, ils sont au bord d’un précipice. Ils ne sont plus des gamins prêts à se sacrifier par amitié. Ils sont trentenaires, maintenant, et lui rêve de construire une famille. Quelque chose qu’ils ne peuvent malheureusement pas s’offrir mutuellement ; bien sûr qu’ils s’aiment, mais pas comme ça, pas de cette façon. La bague qu’elle porte au doigt le lui rappelle douloureusement, jour après jour. Il lui suffit de regarder sa main pour ressentir le poids de ces années de mensonge.
Elle a tellement espéré que ça lui passerait, qu’elle serait capable d’aimer réellement un homme… Mais c’est peine perdue. La magie n’opère pas. Elle a eu beau tenter des rapprochements physiques avec son meilleur ami – son fiancé ; le mensonge a été aussi loin que ça – rien n’a fonctionné. Ce n’est même pas du dégoût ; ça ne lui parait simplement pas naturel, ça se heurte à tout ce qu’elle est et c’est cette lutte qui lui donne la nausée. Ça avait été comme essayer de mettre un carré dans un rond et de s’acharner en essayant de rendre ce carré bien rond ; ça avait été simplement impossible. Combien de fois a-t-elle supplié que tout s’arrête, qu’elle soit simplement capable d’être attirée par les hommes ? Combien de fois a-t-elle tenté de se convaincre que les femmes n’attiraient pas son regard ? Combien de fois a-t-elle lutté contre elle-même, se refusant des histoires pour ne pas avoir à accepter ce qu’elle est ? Il est fatigant de lutter contre soi-même. Fatigant de se battre constamment contre ses sentiments. Son meilleur ami n’y arrive plus, elle le sait. Il n’arrive plus à faire perdurer ce mensonge. Elle ne peut pas lui en vouloir ; il a déjà consacré huit ans de sa vie et de sa liberté. Huit ans à la soutenir et à s’oublier pour qu’elle puisse vivre une sorte de normalité. Ce n’est bon pour personne. Ni pour elle, ni pour lui et elle le sait.
Lorana fait l’autruche. Le visage penché sur ses dossiers, elle se love dans le travail pour ne pas avoir à penser à la fin de sa journée, à son appartement, à son meilleur ami et à sa vie. Elle met toute son énergie dans son boulot, juste pour être exténuée en rentrant, comme si ça pouvait anesthésier son esprit. Elle est sur un truc important ; l’accès aux soins pour les personnes qu’elle accompagne. Ceux qui n’ont pas une thune, clairement pas assez pour se prendre une bonne assurance et encore moins pour allonger les prix exorbitants des soins dont ils auraient besoin. Son projet commence à émerger, à prendre une forme réelle et c’est bien la seule chose sur laquelle elle a une emprise aujourd’hui. Un partenariat avec des médecins urgentistes, pour garantir aux personnes SDF des soins minimums ; voilà pourquoi elle se bat aujourd’hui.
Et, justement, elle a rendez-vous avec l’un de ces médecins. Ce sont des mois de travail qui commencent à aboutir, des mois à remuer ciel et terre pour rendre ce rendez-vous possible. Lora a fait un effort vestimentaire ; un tailleur qui lui donne un air professionnel, ses cheveux lâchés autour de son visage et un maquillage léger. Elle veut paraitre sous son meilleur jour, pour mettre toutes les chances de son côté. Elle veut que son sérieux transparaisse sur son apparence. Le stress monte alors qu’elle frappe à la porte du bureau du Dr Adams, même si elle connait son speech par cœur. Elle entre dans la pièce lorsqu’elle y est invitée et vient serrer la main de celle qui pourrait devenir sa collaboratrice.
« Merci d’avoir accepté de me recevoir. » glisse l’albanaise, en se faisant violence pour faire mourir les papillons qui naissent dans son ventre. Il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte de la beauté de l’urgentiste. Il faudrait être aveugle pour ne pas se dire qu’elle est particulièrement attirante. Mais Lorana est là pour le travail ; rien de plus. Pourtant, il serait mentir que d’affirmer qu’elle n’est pas légèrement déstabilisée, même si elle se sent stupide de l’être. Elle se fait l’effet d’une ado qui vient d’avoir un crush sur la jolie pom-pom-girl à laquelle elle n’a jamais adressé la parole et elle se trouve ridicule de le penser. « Je suis heureuse de voir que ma proposition et mon projet ont fini par intéresser quelqu’un. Encore merci de prendre du temps pour ça. Je suis convaincue qu’un partenariat entre mon service et l’hôpital pourra faire avancer les choses, au moins pour les personnes que j’accompagne. » Définitivement, Lora s’est préparée pour cette entrevue. Elle n’avait simplement pas prévu de se retrouver face à une femme aussi agréable à regarder.
Elle a l’impression que rien ne va en ce moment. Les pièces du puzzle sont en vrac, éparpillées, impossibles à trier ; ça l’angoisse. Parce qu’elle s’est réfugiée derrière son couple factice par nécessité autant que par facilité. Pendant huit ans. Et aujourd’hui, ils sont au bord d’un précipice. Ils ne sont plus des gamins prêts à se sacrifier par amitié. Ils sont trentenaires, maintenant, et lui rêve de construire une famille. Quelque chose qu’ils ne peuvent malheureusement pas s’offrir mutuellement ; bien sûr qu’ils s’aiment, mais pas comme ça, pas de cette façon. La bague qu’elle porte au doigt le lui rappelle douloureusement, jour après jour. Il lui suffit de regarder sa main pour ressentir le poids de ces années de mensonge.
Elle a tellement espéré que ça lui passerait, qu’elle serait capable d’aimer réellement un homme… Mais c’est peine perdue. La magie n’opère pas. Elle a eu beau tenter des rapprochements physiques avec son meilleur ami – son fiancé ; le mensonge a été aussi loin que ça – rien n’a fonctionné. Ce n’est même pas du dégoût ; ça ne lui parait simplement pas naturel, ça se heurte à tout ce qu’elle est et c’est cette lutte qui lui donne la nausée. Ça avait été comme essayer de mettre un carré dans un rond et de s’acharner en essayant de rendre ce carré bien rond ; ça avait été simplement impossible. Combien de fois a-t-elle supplié que tout s’arrête, qu’elle soit simplement capable d’être attirée par les hommes ? Combien de fois a-t-elle tenté de se convaincre que les femmes n’attiraient pas son regard ? Combien de fois a-t-elle lutté contre elle-même, se refusant des histoires pour ne pas avoir à accepter ce qu’elle est ? Il est fatigant de lutter contre soi-même. Fatigant de se battre constamment contre ses sentiments. Son meilleur ami n’y arrive plus, elle le sait. Il n’arrive plus à faire perdurer ce mensonge. Elle ne peut pas lui en vouloir ; il a déjà consacré huit ans de sa vie et de sa liberté. Huit ans à la soutenir et à s’oublier pour qu’elle puisse vivre une sorte de normalité. Ce n’est bon pour personne. Ni pour elle, ni pour lui et elle le sait.
Lorana fait l’autruche. Le visage penché sur ses dossiers, elle se love dans le travail pour ne pas avoir à penser à la fin de sa journée, à son appartement, à son meilleur ami et à sa vie. Elle met toute son énergie dans son boulot, juste pour être exténuée en rentrant, comme si ça pouvait anesthésier son esprit. Elle est sur un truc important ; l’accès aux soins pour les personnes qu’elle accompagne. Ceux qui n’ont pas une thune, clairement pas assez pour se prendre une bonne assurance et encore moins pour allonger les prix exorbitants des soins dont ils auraient besoin. Son projet commence à émerger, à prendre une forme réelle et c’est bien la seule chose sur laquelle elle a une emprise aujourd’hui. Un partenariat avec des médecins urgentistes, pour garantir aux personnes SDF des soins minimums ; voilà pourquoi elle se bat aujourd’hui.
Et, justement, elle a rendez-vous avec l’un de ces médecins. Ce sont des mois de travail qui commencent à aboutir, des mois à remuer ciel et terre pour rendre ce rendez-vous possible. Lora a fait un effort vestimentaire ; un tailleur qui lui donne un air professionnel, ses cheveux lâchés autour de son visage et un maquillage léger. Elle veut paraitre sous son meilleur jour, pour mettre toutes les chances de son côté. Elle veut que son sérieux transparaisse sur son apparence. Le stress monte alors qu’elle frappe à la porte du bureau du Dr Adams, même si elle connait son speech par cœur. Elle entre dans la pièce lorsqu’elle y est invitée et vient serrer la main de celle qui pourrait devenir sa collaboratrice.
« Merci d’avoir accepté de me recevoir. » glisse l’albanaise, en se faisant violence pour faire mourir les papillons qui naissent dans son ventre. Il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte de la beauté de l’urgentiste. Il faudrait être aveugle pour ne pas se dire qu’elle est particulièrement attirante. Mais Lorana est là pour le travail ; rien de plus. Pourtant, il serait mentir que d’affirmer qu’elle n’est pas légèrement déstabilisée, même si elle se sent stupide de l’être. Elle se fait l’effet d’une ado qui vient d’avoir un crush sur la jolie pom-pom-girl à laquelle elle n’a jamais adressé la parole et elle se trouve ridicule de le penser. « Je suis heureuse de voir que ma proposition et mon projet ont fini par intéresser quelqu’un. Encore merci de prendre du temps pour ça. Je suis convaincue qu’un partenariat entre mon service et l’hôpital pourra faire avancer les choses, au moins pour les personnes que j’accompagne. » Définitivement, Lora s’est préparée pour cette entrevue. Elle n’avait simplement pas prévu de se retrouver face à une femme aussi agréable à regarder.