Déjà trente et un jour, dont vingt travaillés. Un mois. Aujourd’hui, je soufflais ma première bougie en tant que professeur en université. Et contrairement à mes appréhensions, mes représentations et mes craintes sur le métier, les choses se déroulaient plutôt bien pour moi. Comme je l’ai déjà dit, j’avais déjà eu la chance de ne pas passer par la case collège et lycée et d’arriver directement en université, sûrement grâce à la pénurie de professeur, pourtant difficile à croire dans le domaine des lettres et des langues étrangères. L’université n’était déjà pas un filtre assez fort pour évincer les élèves perturbateurs, qui se foutent royalement de ce que vous voulez leur apporter. Je n’aurais pas supporté d’être dans une classe avec des plus jeunes, ou le plus important travail dans le cours est de capter l’attention des élèves … Je n’étais plus patient, même si je savais garder mon calme depuis mon retour je pouvais parfois être un peu … impulsif. Heureusement pour moi j’avais la chance de compter parmi mes élèves quelques rares avides de lettres. Des élèves qui me confortaient dans mon choix d’orientation, de vie, même si je ne pensais pas à l’heure actuelle finir ma vie dans l’éducation.
Pour l’heure il fallait y aller justement à l’université, donner le premier cours de la journée et de la semaine. Un des plus durs car comme les élèves moi aussi je devais me remettre d’un week end mouvementé. Après dix ans à l’armée, j’avais du temps à rattraper en fête, bêtises et conquêtes. J’avais été isolé trop longtemps, maintenant j’avais besoin d’être entouré, d’être avec les autres, de me faire des amis, pas du genre de ceux qui meurt devant vos yeux. Bref, je devais m’enlever ces sujets de la tête, plus facile à dire qu’à faire car je vivais constamment avec ça. Des images, des mots, des scènes entières tout ça vagabondaient en permanence dans mon esprit, ne me laissant jamais de répit, seulement des angoisses qui me pourrissaient la vie.
Lavé, habillé mais peut-être pas bien réveillé je m’élançais sur le périphérique pour me rendre vers l’UCLA. Je n’habitais pas très loin de mon lieu de travail, seulement le trafic m’obligeait à partir bien à l’avance. Ce qui n’était pas la seule difficulté … Une fois arrivé sur le parking de l’université je devais encore trouver une place où me garer, étant le dernier arrivé, le doyen n’a pas pu me proposer de place sur le parking du personnel. J’étais donc condamné à me garer sur le parking des élèves et à tourner pendant dix minutes pour trouver une place où garer ma berline. Ici. Parfait, pour une fois pas trop loin de l’entrée de l’université. Je me garais tranquillement quand en faisant une manœuvre j’heurtais une voiture à l’arrière dans un gros fracas. Un frisson d’angoisse me traversa l’échine avant qu’une sensation désagréable me prenne aux tripes remontant lentement vers ma gorge. Je ne pouvais plus respirer, quelque chose obstruait ma gorge, mes poumons. Par réflexe j’avais placé ma tête entre mes genoux cachée par mes mains. Le pied bien fixé sur le frein je ne bougeais plus. Sous le choc. Une situation pourtant bien anodine pour beaucoup de personne mais cette situation me ramena dans une scène de guerre. L’espace d’une seconde je n’étais plus présent, Mattei n’était plus à l’UCLA venant prendre son post comme chaque professeur, non il était à Kaboul dans une voiture avec des hommes, regardant la voiture juste devant eux exploser sur une mine, une voiture qui aurait pu être … la mienne. Quelqu’un tapait violemment sur ma vitre, hurlant des mots que je ne discernais pas pour le moment. Une voix féminine qui me rassura car c’était ma langue, je la reconnaissais. Peu à peu je relevais la tête encore craintif, regardant qui me hurlait dessus j’eu un nouveau choc. Cette jeune femme … Je la connaissais que trop bien, tout du moins il fut un temps, Manilyn … Cela faisait un moment que je ne l’avais pas revu et la dernière fois je l’avais complètement ignorée … Je pris une grande inspiration me remettant de mes émotions, me rassurant en regardant tout autour de moi pour me convaincre que tout ça n'était qu'un flash avant d’ouvrir la portière et de revenir dans le monde réel.
Pour l’heure il fallait y aller justement à l’université, donner le premier cours de la journée et de la semaine. Un des plus durs car comme les élèves moi aussi je devais me remettre d’un week end mouvementé. Après dix ans à l’armée, j’avais du temps à rattraper en fête, bêtises et conquêtes. J’avais été isolé trop longtemps, maintenant j’avais besoin d’être entouré, d’être avec les autres, de me faire des amis, pas du genre de ceux qui meurt devant vos yeux. Bref, je devais m’enlever ces sujets de la tête, plus facile à dire qu’à faire car je vivais constamment avec ça. Des images, des mots, des scènes entières tout ça vagabondaient en permanence dans mon esprit, ne me laissant jamais de répit, seulement des angoisses qui me pourrissaient la vie.
Lavé, habillé mais peut-être pas bien réveillé je m’élançais sur le périphérique pour me rendre vers l’UCLA. Je n’habitais pas très loin de mon lieu de travail, seulement le trafic m’obligeait à partir bien à l’avance. Ce qui n’était pas la seule difficulté … Une fois arrivé sur le parking de l’université je devais encore trouver une place où me garer, étant le dernier arrivé, le doyen n’a pas pu me proposer de place sur le parking du personnel. J’étais donc condamné à me garer sur le parking des élèves et à tourner pendant dix minutes pour trouver une place où garer ma berline. Ici. Parfait, pour une fois pas trop loin de l’entrée de l’université. Je me garais tranquillement quand en faisant une manœuvre j’heurtais une voiture à l’arrière dans un gros fracas. Un frisson d’angoisse me traversa l’échine avant qu’une sensation désagréable me prenne aux tripes remontant lentement vers ma gorge. Je ne pouvais plus respirer, quelque chose obstruait ma gorge, mes poumons. Par réflexe j’avais placé ma tête entre mes genoux cachée par mes mains. Le pied bien fixé sur le frein je ne bougeais plus. Sous le choc. Une situation pourtant bien anodine pour beaucoup de personne mais cette situation me ramena dans une scène de guerre. L’espace d’une seconde je n’étais plus présent, Mattei n’était plus à l’UCLA venant prendre son post comme chaque professeur, non il était à Kaboul dans une voiture avec des hommes, regardant la voiture juste devant eux exploser sur une mine, une voiture qui aurait pu être … la mienne. Quelqu’un tapait violemment sur ma vitre, hurlant des mots que je ne discernais pas pour le moment. Une voix féminine qui me rassura car c’était ma langue, je la reconnaissais. Peu à peu je relevais la tête encore craintif, regardant qui me hurlait dessus j’eu un nouveau choc. Cette jeune femme … Je la connaissais que trop bien, tout du moins il fut un temps, Manilyn … Cela faisait un moment que je ne l’avais pas revu et la dernière fois je l’avais complètement ignorée … Je pris une grande inspiration me remettant de mes émotions, me rassurant en regardant tout autour de moi pour me convaincre que tout ça n'était qu'un flash avant d’ouvrir la portière et de revenir dans le monde réel.