hold no grudge — oscar & adriel

Talya S. Adams aime ce message

« HOOOOOO,
AÏEEE WANNA DANCE WIDDE SAUMEBAAADY,
AÏEEE WANNA FILLLL DEEE HITEEEE WIDDE SAUMEBAAADY,
YAAAAAAH, AÏE WANNAA DANCE WIDDE SAUMEBAAADY,
WIDDE SAUMEBAAADY WHO LAUUUUVES ME! »

Chanter à tue tête.
Danser toute la nuit.

Se perdre, dans l'euphorie, de ce lieu qui semble sacrosaint.

Ce soir, c'est ma nuit.

Trente-et-un octobre. Buon compleanno a me. Trente-six ans. Je devrais angoisser face à l'approche de la quarantaine. Peut être demain. Ce soir, je m'amuse trop.

« HOOOOOO,
AÏEEE WANNA DANCE WIDDE SAUMEBAAADY... »

Je passe la soirée de ma vie. La musique est superbe. La compagnie aussi. On s'amuse comme des fous, avec Talya. Et même toi... Toi, qui pourtant disait me détester...

Même toi, tu sembles profiter, un peu.

La musique ralentit un peu.

« DÉSOLÉE MON PETIT CHAT MAIS IL FAUT QUE JE FILE, JE COMMENCE TÔT DEMAIN! »

Elle crie, car la musique est trop forte pour qu'on puisse s'entendre autrement. Moi je crie en retour, pour la même raison.

« HO NO, DÉJÀ? » Mine déconfite, regard de chien battu. « ANCORA UNA CHANSON? »

Talya roule ses yeux vers le plafond, et je sais déjà pourquoi.

« AH NON TU NE VAS PAS RECOMMENCER, C'EST LA CINQUIÈME FOIS QUE TU ME FAIS LE COUP! »

Petite expression espiègle. Oui, je suis vilain, mais c'est pour ça qu'on m'aime bien, non?

« MA C'EST MON CUMPLEANNOOOO!! »

Elle sait que je plaisante: elle a déjà bien honoré son rôle de meilleure amie, je ne peux décemment pas en attendre plus!

« TOU VAS NOUS MANQUER! » j'affirme quand même, avant de lui faire un énorme calin. « GRAZIEMILE ANCORA, PER TUTTO! »

Un geste de la main, et Talya disparaît.

Et maintenant, il ne reste que deux.

Nous deux.

Toi et moi.

Adriele et Oscar.

Et la foule autour.

Mais étrangement, cela n'a aucune importance.

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2013

2018

2023

Qui aurait pu croire qu’en ce jour d’Halloween, je me trouverai sur une piste de danse accompagné de Talya et Oscar. Moi même j’ai du mal à y croire, mais… J’ai dis oui. J’ai accepté cette invitation, balayant d’un revers de main le peu de plans que j’avais déjà… Une soirée déguisée d’Halloween classique, ou j’avais déjà prévu mon costume de vampire. Ouais, un classique, mais j’avais pas envie de me prendre la tête, clairement. Alors cette deuxième proposition était la bienvenue. Pas de déguisement, pas de pression.

Enfin, si… la pression… Pression que je me met moi même, je suppose, mais… J’ai pas encore digéré l’histoire avec Oscar. J’comprends qu’à moitié pourquoi il a fait ça, même si il semble honnête dans sa version, mais… J’ai du mal à accepter. Et pourtant, je suis ici, à danser avec lui et sa meilleure amie. D’un côté, je pense que si elle n’avait pas été là, je ne serai pas venu. Ça aurait été trop étrange, non ? Lui, et moi… comme si de rien était, alors qu’il y a quelques semaines, je pensais qu’on fusionnait, alors qu’il culpabilisait.

Ce n’est pas le moment pour se prendre la tête, après tout, c’est l’anniversaire d’Oscar. Je serai vraiment ignoble de lui parler de ça le jour de son anniversaire, alors que… regardez le. Il semble aller bien, il danse, il saute parfois, en récitant les paroles de chansons… Je danse parfois avec eux, mais jamais réellement proche... Pas collé, en tout cas. Mais je me joins à eux pour quelques danses.

C’est au milieu d’une danse que j’entends Talya dire qu’elle va devoir y aller, ce qui me fait redescendre un peu. Elle va nous laisser, tous les deux ? Je la regarde, avec un petit sourire, attendant qu’elle dise au revoir à Oscar avant de m’avancer vers elle pour lui claquer une bise, et lui dire de faire attention sur le retour. Je l’interroge aussi du regard… Est-ce qu’elle a fait exprès pour que justement, on reste tous les deux ? Je lui demanderai par message demain.

Ma tête se tourne vers Oscar, et je souris légèrement. C’est gênant, comme situation… Nous voilà l’un à côté de l’autre, sur la piste de danse, et cet au revoir m’a un peu freiné dans mon élan. J’ai un peu chaud, également. Un silence s’installe, que je comble en m’approchant, histoire qu’il m’entende malgré la musique.

- J’vais aller me prendre un verre, j’commence à avoir chaud. Viens..

Je ne lui laisse pas réellement le choix, vu comme il s’agite depuis tout à l’heure, il faut qu’il s’hydrate aussi… Bon, moi j’avoue que je vais me laisser tenter par une bière, juste pour avoir l’effet hydratant et en ayant ma dose d’alcool. Vous pensez que mon cul se balance juste par la force du saint esprit ? Non, je suis le genre de mec qui danse qu’une fois un peu désinhibé… Je suis loin d’être ivre, mais vous avez compris, quoi..

Une fois au bar, après avoir donné la commande au barman, je me retourne vers Oscar, avec un petit sourire. J’avoue être passé dans une boutique pour lui acheter un cadeau, rapidement. Je n’avais rien prévu, mais chez moi, il est malpoli de se pointer à une soirée les mains vides, et encore plus à un anniversaire sans cadeau. Alors, sans plus de cérémonies, je prend la boite dans ma poche, et la lui tend.

- Tiens, au fait… Bon anniversaire officiellement.

La boite contient une montre, assez sobre, sans bling bling, mais avec en fond de cadran, une constellation. Celle du signe astrologique d’Oscar. Je l’ai trouvée sympa, j’espère qu’il aimera…

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Non je ne crois pas à ce que tu me dis. Tu cours à l'échec tel que je l'ai prédis. Tu n'as jamais été capable de t'assumer, renonce à tes chimères et viens me retrouver.

J'aimerai tellement briser ta défiance, te prouver que je mérite ta confiance. Mais tu ne m'as jamais donné l'occasion de révéler ma passion.

KoalaVolant

Regards croisés.

Et toutes les histoires imaginables s'écrivent dans ce court laps de temps. Il y a les comédies. Les tragédies. Et toutes les nuances de couleurs arc-en-ciel qui se dessinent entre les deux extrêmes. Mais au coeur de toutes, toujours le même point de départ: deux hommes, qui dansent, face à face.

La gêne s'accentue. Talya partie, me voilà seul face à toi. Je reste confus par la situation. Tu me détestes. Tu es là. Tu ne veux plus entendre parler de moi. Tu fais un pas vers moi.

La température change si rapidement que j'en tomberais presque malade. Chaud. Froid. Chaud. Glacial.

Brûlant.

Comme ces ardeurs qui m'appellent à toi.

Ce que tu es beau. Adriele.

Tellement beau. Éclairé par les lumières multicolores du bar, j'ai l'impression de regarder le panorama kaléidoscopique d'un de mes rêves. Tu en es l'épicentre.

Je me réfugie dans la musique, fermant les yeux pour éviter ton regard. Je me balance, timidement. Je ne sais pas exactement ce que j'attends. Ni même si j'attends quelque chose.

J’vais aller me prendre un verre, j’commence à avoir chaud. Viens...

As-tu chaud, ou as-tu chaud? S'agit-il d'une chaleur effervescente qui enveloppe le corps après trop de mouvement, ou de la chaleur brûlante qui dévore depuis l'intérieur, dont la source est puisée au niveau de l'entrejambe pour s'épanouïr jusqu'au coeur?

Le silence suffit comme réponse. Le silence, et le mouvement. Je te suis. Instinctivement, ma main cherche la tienne lorsque la foule menace de nous séparer. Nerveusement, elle la relâche presque aussi subitement, lorsque je me souviens de notre dernier échange.

J’te déteste. Mais vraiment, genre… Putain, qu’est-ce que j’te hais, là.

Le coeur se resserre. Perdu dans mes pensées, comme si habituellement, j'en oublie où j'en suis. Le réveil se fait lorsque tu me parles d'anniversaire à nouveau. Un mot qui attire l'attention. Un mot qui met la puce à l'oreille.

« Oh? »

La curiosité est piquée, alors que la boite est acceptée, puis ouverte.

« Adriele... »

L'émotion prend le dessus alors que la montre scorpion (quel merveilleux signe du zodiaque...) reflète les lumières du plafond. Je ne m'attendais pas à ça. C'est étrange: je n'ai pourtant jamais porté de montre. Peut être une ou deux fois, lorsque j'étais bambino, et que je voulais passer pour un adulte. Ma mamma avait dû m'en offrir une à Noël, lorsque j'avais cinq ans... Mais rapidement, le désir et le besoin d'en porter avait fini par s'estomper. Avec les smartphones, qui a besoin d'encombrer son poignet?

Et pourtant, l'attention reste particulièrement belle. C'est un accessoire. Quelque chose pour agrémenter une tenue, et exprimer quelque chose. Et pour le coup, le cadeau est étonnamment personnel.

« Est vraiment... magnifico! Ma... Tou es soûr? »

La situation reste compliquée, entre nous. Et cette montre n'a pas l'air bas de gamme. J'espère qu'elle ne t'a pas coûté une petite fortune... Et d'un autre côté, j'espère également que si.

Parce que peut être que tu ne me détestes pas tant que cela, au final.
Et peut être que l'espoir n'est pas mort.

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2013

2018

2023

Oui, je suis parti faire les magasins pour trouver cette montre. J’ai pris de mon temps pour lui acheter un cadeau d’anniversaire ? Est-ce qu’il le mérite ? Si j’avais demandé à mes amis, je suis certain qu’ils m’auraient dit que j’étais con, que je ne devrais pas y aller, encore moins acheter de cadeau, et même ne pas envoyer de message d’anniversaire, et pour cause… Mais à la place, j’envoie un message. J’accepte la soirée. Et j’achète cette montre.

Parce que oui, j’pense à toi quand je l’achete, j’suis prêt à t’offrir un cadeau, alors que j’ai autant l’envie de t’offrir un couteau, ou n’importe quoi qui pourrait te montrer que je t’en veux. Mais je ne veux pas jouer à ça. Il faut que j’apprenne à passer à autre chose. C’est la trentaine, l’année de la maturité… Alors je vais prendre ce qu’il y a à prendre. Je vais ignorer qu’il m’a piétiné, plusieurs fois, même si parfois sans le vouloir vraiment.

Je vais réussir à aller à sa soirée d’anniversaire sans penser que c’est parce qu’il veut quelque chose.

Je vais lui offrir un cadeau, comme si j’allais à n’importe quel anniversaire.

Et je vais même danser, sourire, discuter, sans arrières pensées. Ça va le faire. Alors oui, quand tu me demandes si je suis sûr, je souris. J’en suis sûr, oui.

- Certains, même . Après je peux l’échanger si ce n’est pas ton style, ou si tu n’aimes pas

Après tout, il n’a pas l’air de porter de montres, mais d’un autre côté… je ne me voyais pas lui faire un cadeau très personnel. Ça serait bizarre non ? Ma bière arrive, et j’en prend quelques gorgées. Ça fait un bien fou ! J’vais être prêt pour retourner danser avec toi. Toi et moi, sur la piste. T’avais l’air de bien t’amuser, je ne vais pas casser ça.

- Mais t’es pas obligé de te décider tout de suite. Là, le but est de reprendre des forces, et on y retourne !

Puis peut-être que c’est mieux, qu’on s’occupe. Qu’on s’amuse, et qu’on… reparte de zéro ? Dis comme ça, c’est trop bizarre…

Mais essayer d’être amis. Si c’est possible.

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Non je ne crois pas à ce que tu me dis. Tu cours à l'échec tel que je l'ai prédis. Tu n'as jamais été capable de t'assumer, renonce à tes chimères et viens me retrouver.

J'aimerai tellement briser ta défiance, te prouver que je mérite ta confiance. Mais tu ne m'as jamais donné l'occasion de révéler ma passion.

KoalaVolant

Les yeux emplis d'étoiles. Je reste médusé par tant d'attention.

« Non, non... Est vraiment... Perfetto. Graziemile Adriele! » La montre est emparée, puis parée autour du poignet. Un sourire reconnaissant. Des yeux redevables. Le désir de remercier brûle sur le bout des lèvres. L'instinct prend momentanément le dessus, le temps que je m'approche imperceptiblement.

Tes lèvres m'appellent.

Puis la raison l'emporte sur les pulsions de mes ardeurs, et je me ravise.

Je me rapproche, tout de même. Pour un câlin, plus chaste, moins engageant. Depuis la dernière fois... Il est difficile de savoir sur quel pied danser, avec toi. Et je préfère faire attention.

Je tiens trop à ta compagnie pour te perdre. Même si t'avoir autour de moi sans t'avoir reste incroyablement difficile.

Je te regarde boire. Je ne peux m'empêcher de constater que tu demeures toujours aussi séduisant. Je chavire, éternellement, subjugué par ton regard, happé par le chant envoutant de tes lèvres et les caresses de ton parfum.

Mais non, Oscar. Il faut que tu restes fort.

Mes lèvres se trempent timidement dans l'eau que j'avais commandée, la sirotant doucement, sans pour autant oser te quitter du regard.

Là, le but est de reprendre des force, et on y retourne.

Les rythmes contagieux d'un nouveau classique des années 80 commence à résonner.

« Oh, A-DO-RO cette canzone!

DOU-DOU-DOU-DOU
DOU-DOU-DOU-DOU-DOU
DOU-DOU-DOU-DOU
DOU-DOU-DOU-DOU-DOU...

Aïe comma haume, inne da morrenin' laïte,
My moderre say "Wenne youa gonna liva your lifa righta?"
Ooouh mamma dire, ouire notta da fortunata ouannes,
Anda girrls, dey ouanna hava fu-u-u-u-n,
Ooouh da girrrls justa ouanna hava f-u-u-u-n! »

Les mains se rejoignent sans réfléchir.

Je t'entraine.

Dans mon sillage.

Vers le coeur de la piste.

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2013

2018

2023

Okey, bon, mission accomplie ! Oscar semble aimer son cadeau, que ça soit dans ses gestes, ses mots, ou même juste son attitude. Je vois qu’il regarde cette montre avec intérêt, et que ça lui plait. Moi même j’avoue que j’ai même du mal à comprendre comment est-ce que ça peut autant lui plaire. Est-ce que c’est l’attention, plus que l’objet ? Ou qu’il rêvait d’avoir une montre depuis plusieurs années ?

Je ne cherche pas plus loin, et prend ce qu’il y a à prendre. C’est mon nouveau mantra, surtout avec lui. Ne rien espérer, ne pas se prendre la tête, et prendre ce que j’ai à prendre de lui. Je n’oublie pas tout ce qui s’est passé, et je porte encore les séquelles de ces dernières semaines, mais… On est adultes, maintenant… Si il y a quelques années je lui en voulait de ne pas m’offrir de chance, je ne peu décemment pas garder cette rancoeur aujourd’hui.

Je le regarde mettre la montre, signe que ça lui plait réellement. Je souris, et le complimente, lui avouant qu’elle va bien à son poignet. C’est vrai en plus ! La bonne taille, pas trop imposante, mais lui offrant un accessoire de style supplémentaire. Heureux, je le vois s’approcher de moi, et je reste immobile. J’ai l’impression que si je bouge, ça pourrait le faire fuir. Je me sens chasseur, approché par la biche que tu sembles être, dans les moments comme ça.

Je ne te chasse pas, sache le.

J’accepte le câlin, ça rentre dans un potentiel pacte d’amitié non ? J’y participe même, refermant mes bras autour de lui, avant de le lâcher. Je le laisse contrôler la durée de cet échange. Comme si une flamme venait de naitre en moi, je me jette presque sur mon verre, pour en éteindre toute once, avant que ma main se cale dans la sienne. Je regarde nos mains désarmais liées, alors que mes pieds suivent tes pas sur la piste. Nous voilà au milieu de tous.

Je joue le jeu, et danse un peu, bougeant difficilement au rythme de la chanson. Il faut quoi, sauter à chaque refrain ? Bouger de gauche à droite ? J’essaye un jeu de miroir, reproduisant certains pas que tu fais. Bizarrement, ma main n’a pas lâché la tienne pendant la danse, sauf pour quelques pas, mais elles se sont retrouvées bien vite. C’est de la danse, rien de grave. Je peux me laisser aller à ce peu de rapprochement.

Sauf que les musiques passent. Elles s’enchainent, et nos danses aussi. Nos cris de paroles, nos rires parfois. Je m’amuse, et je ne pensais pas pouvoir le faire autant, sans trop me poser de questions.

Humidity is rising, barometer's getting low
According to all sources, the street's the place to go

Profitant de moment « calme » de la chanson, je bouge, ayant lâché la main du birthday boy, pour quelques mouvements de danse anarchiques. Ouais j’ai un peu bu, mais franchement ça va ! La danse est portée par le moment, pas par l’alcool.

'Cause tonight for the first time
Just about half-past ten
For the first time in history
It's gonna start raining men

Mon visage s’est rapproché, mon front collé au sien, ma main dans sa nuque, alors que je continue de chanter. On a la même énergie, et je la ressens. Je connais les paroles par coeur, c’est automatique, mais quand vient le refrain, j’ouvre les yeux, et alors que devrais lever les bras et sauter en hurlant qu’il pleut des hommes, je ne bouge pas.

It's raining men, hallelujah, it's raining men, amen

Mes lèvres sont entrouvertes, et aucun son en sort. Je te regarde, bloquant l’instant, fixant tes lèvres, alors que mes canines mordillent le bout de ma langue, qui a traversé mes lèvres. Comme pour la retenir de faire une connerie.

Non.

La barrière est fine, beaucoup trop. C’est trop prêt de la ligne à ne pas franchir de ma part. C’est le moment de reculer. Ma main relâche ses cheveux, que j’ai attrapé sans même le contrôler.

- Wouah, cette soirée… ça fait un moment que je ne me suis pas autant donné sur une piste de danse…

Je parle fort, comme pour me justifier. Même si clairement, rien ne justifie dans ce que je dis. J’me vois comme quelqu’un qui joue un peu trop avec la tentation, avant même d’avoir fini son deuil.

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Non je ne crois pas à ce que tu me dis. Tu cours à l'échec tel que je l'ai prédis. Tu n'as jamais été capable de t'assumer, renonce à tes chimères et viens me retrouver.

J'aimerai tellement briser ta défiance, te prouver que je mérite ta confiance. Mais tu ne m'as jamais donné l'occasion de révéler ma passion.

KoalaVolant

L'étreinte surprend. Les bruits deviennent échos. Les lumières deviennent ombres. Mon coeur se fige.

Pour un instant, il n'y a que toi.

Puis, le chahut reprend. Je rougis. J'attrape ta main. Viens, on part danser: je suffoque dans notre immobilité.

Les chansons s'enchainent, nos corps se parlent, sur Donna, sur Diana, sur toutes les idoles et icônes que nos parents nous avaient présenté, dans notre jeunesse. Je chante, à tue-tête. Avec mon accent à couper au couteau, et mon absence d'oreille musicale. Sans honte, sans peur. Je chante, par pur bonheur. C'est mon anniversaire. Trente-six années, déjà...

Il y a dix ans, l'idée de passer le cap de la trentaine me terrifiait. Maintenant, je n'y réfléchis plus. Le temps passe: la quarantaine approche. Puis la cinquantaine. Puis la mort. Je profite de chaque instant, je croque la vie à pleine dents: elle est trop courte pour les questions existentielles. Et bien trop courte pour les regrets.

« 'Cosa toonaïïïte forrrrrrra da firsta taïme,
Just abouta haff-past teiiiiiin,
Forra da firsta taïme in histouuurieeee,
It's ganna starta raïning meeeeeeen!!!! »

L'intimité s'accroît. Ton front contre le mien. Tes mains dans mon cou. Ton regard, plongé dans mes yeux.

La ressens-tu? Cette alchimie qui ne s'explique pas. Aussi délicieuse qu'elle est énigmatique: pourquoi nos corps se répondent-ils aussi viscéralement?

Le refrain commence, mais je ne poursuis pas. Je te regarde. Et j'attends. Quoi donc? Rien que je n'ose assumer. Mais j'attends tout de même, espérant que tu sauras l'assumer pour deux. Un espoir vain.

Pourquoi es-tu venu ici, Adriele?

Je ne te comprends pas.

« Ja na voglio plous jamais condividere!!! »

Le moment d'intimité se perd dans la foule. Les musiques reprennent de plus belles. On continue de danser. Plus loin, l'un de l'autre. Et je souffre de cette distance. Mais la tension est là, palpable, dans l'air. Et j'ai trop peur. De commettre un énième faux-pas. De m'attirer ta haine, de nouveau. Les foudres de ta colère. Alors je tiens mes distances. Et je continue de t'attendre. Et d'espérer que tu changeras d'avis. Que tu me donneras une deuxième chance. Deuxième? Troisième? Dixième?

Passé un stade, mieux vaut ne plus compter...

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2013

2018

2023

Le temps semble s’être arrêté, quand le refrain de la chanson arrive. Je sais que j’ai un air totalement absent, alors que je te regarde, ayant quasiment le souffle coupé. Pour quelle raison ? Aucune, justement, c’est bien ça qui m’énerve. J’ai cette envie de serrer encore plus ces boucles de cheveux entre mes doigts, pour diriger ton visage encore plus vers moi, et forcer tes lèvres à entrer en contact avec les miennes.

Sans cesse en équilibre, je ne sais pas de quel côté je devrais me laisser tomber car soyons honnête, les deux côtés me promettent une chute vertigineuse, ainsi que pas mal de souffrance. Mais c’est cette même souffrance qui me pousse à rester sur le fil, sans prendre de décision. Je me préserve d’une triste réalité, finalement.

Craquer, et être ridiculement toujours accro, à espérer qu’enfin il me remarque et se dise que je suis une option potable.

Ou alors renoncer, pour de bon, mais ça veut dire totalement couper les ponts. Passer à autre chose, rentrer à New York, et juste oublier tout ce qu’il a fait.

Une réponse, en italien, que je ne comprend qu’à moitié. Je n’ai pas assez de vocabulaire pour tout comprendre, mais la plupart du temps, dans le contexte, j’ai une bonne traduction. Là, je me contente de sourire, et de continuer de danser à une distance beaucoup plus importante que ces dernières minutes. Je pense, trop, tellement que l’heure continue de tourner, jusqu’à ce que la lumière se rallume, au fur et à mesure… Elles me ramènent à la réalité.

- Je crois qu’en language boite de nuit, ça veut dire « barrez vous »

Un sourire, et je passe par le vestiaire pour récupérer les affaires. Ma veste au bras, je me dirige vers la sortie, aux côtés d’Oscar. Et maintenant, on fait quoi ?

- Je vais nous appeler un taxi

J’ouvre l’appli, et regarde les différentes propositions. J’entre notre localisation, et attends. De toute façon, ma poche vibrera quand il y aura un chauffeur pour nous.

- J’espère que ta soirée d’anniversaire était aussi bien que tu le voulais…

Mon téléphone vibre, un chauffeur arrive. Je lui montre l’écran, avec un petit sourire.

- … Je te raccompagne ?

Puis je me dis qu’il n’y a aucun risque à le raccompagner… après tout, il vit chez Talya non ? C’est pas tendancieux, pas comme si je lui proposais d’aller à l’hôtel..

- Sauf si tu ne veux pas rentrer… de peur de réveiller Talya qui bosse dans… peu de temps. Allez, tu sais quoi ? J’te paye l’hôtel ! Deuxième partie du cadeau.

Talya sera contente, en plus. De pouvoir dormir convenablement j'entends, pas que je raccompagne Oscar à l'hôtel. Quoi que, les deux. Puis comme ça, je m’évite aussi la potentielle idée de mon cerveau de te faire dormir chez moi, ça c’est hors de question. Pour que mes draps sentent ton odeur, comme ceux de New York il y a quelques semaines ? Non. J’réserve en quelques clics une chambre bien sympa, avec une belle vue, histoire de ne pas avoir l’impression d’être enfermé. Petit déjeuner compris, et spa dans l’hôtel, pour demain matin.

- Comme ça tu pourras même te faire masser quand t’auras une gueule en vrac demain pour n'avoir pas assez dormi, ou juste les muscles tendus d’avoir trop dansé.

Le taxi arrive, et une fois dedans, j’avoue ne pas trop savoir quoi dire… je ne veux pas non plus me montrer distant, alors… au rythme de la radio du chauffeur, je tapote mes doigts sur ta cuisse, regardant la route. Puis toi. T’es pire qu’une drogue, Oscar, il est tard, j’ai bu, j’ai pas envie de lutter. Puis j’ai bien senti quand on dansait que tu n’étais pas contre un rapprochement. Le taxi freine, s’arrête devant le bâtiment, et je sors pour te rejoindre de l’autre côté.

- Monsieur est arrivé ! Je crois qu’il ne me reste plus qu’à te souhaiter une bonne nuit. Et encore un bon anniversaire.

Même si il est minuit passé.

Même si je sais, au fond, que tu passerais une meilleure nuit avec moi que seul.

Même si je sais que c’est mal, et que tu ne me mérites pas, de ce qu’en dise mes amis.

Et pourtant, pour conclure cette soirée, je m’avance vers toi, déposant sur tes lèvres un baiser. Doux, tendre, fermant les yeux. Pas de French kiss, malgré ma nationalité, un simple smack que je devine durer quelques secondes. À vrai dire, j’ai perdu la notion du temps, à partir du moment où mes lèvres sont entrées en contact avec les tiennes. Ma tête se recule, et même si je commence à essayer de trouver intérieurement des excuses, je ne dis rien, rouvrant les yeux. Juste une façon de se dire au revoir. Peut-être à bientôt, même. Non ?

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Non je ne crois pas à ce que tu me dis. Tu cours à l'échec tel que je l'ai prédis. Tu n'as jamais été capable de t'assumer, renonce à tes chimères et viens me retrouver.

J'aimerai tellement briser ta défiance, te prouver que je mérite ta confiance. Mais tu ne m'as jamais donné l'occasion de révéler ma passion.

KoalaVolant

tw: souvenirs d'hospitalisation

***

Mes yeux s'ouvrent.

Où suis-je?

Blanc.

Toujours ce même cauchemar.

Ce plafond blanc. J'aimerais repeindre tous les plafonds du monde. Bleus. Rouges. Verts. Jaunes. Roses, même. Orange, si vraiment nécessaire. Pas noirs, par contre. Jamais. Car le noir est aussi abject que le blanc. Violets, peut être, pourquoi pas.

Des plafonds multicolores. Pour que le réveil soit agréable. Et rassurant.

Chaque plafond blanc me rappelle celui de l'hôpital. Je suffoque en revivant ces souvenirs. Je me retrouve, immobile à nouveau, le regard figé vers le haut. Incapable de bouger. Incapable de parler.

Mon pire cauchemar.

Frissons.

Le plafond est donc blanc.

Mais où suis-je?

La lumière filtre à travers les rideaux et... Au secours, non, pitié, ne me dites pas que je suis de nouveau à l'hôpital...?

Mais non. Ce sont des rideaux translucides, cette fois. Ou alors c'est un hôpital vraiment luxueux? Une chose est certaine: je ne suis pas « chez moi ».

Ça veut dire quoi, ça, d'ailleurs? « Chez moi »?

J'ai toujours l'impression d'être un nomade, un squatteur. Je vivais chez mes parents. Puis chez mon frère. Puis chez Silas. Maintenant, chez Talya... Mais l'idée du « moi » n'a rien à voir avec tout ça. C'était chez eux. Moi, je squattais, tout simplement. Au final, je n'ai jamais été plus autonome que lorsque je vivais à la rue.

Concentrati, Oscar. Dove sei?

Les draps. Les draps sont blancs et épais. Doux. Moelleux. Soyeux.

Le lit est énorme. Un queen size, probablement. Comme tous les lits de ces hôtels américains, insupportables dans leurs excès.

Je suis donc dans un hôtel?

J'ai mal à la tête. La musique... Était vraiment très forte, hier soir. Mais on est où, du coup?

La musique... Hier... Danser...

Anniversaire?

1er Novembre.

On est le premier Novembre.

Et j'ai trente-six ans.

Je suis vieux, en vrai.

Et ça ne me dérange pas.

Un bruit me distrait. Un souffle. Une respiration. Mon coeur s'arrête, et je sursaute. Qui es-tu?

Une nouvelle nuit, passée dans les bras d'un inconnu?

L'éveil s'éprend de moi, s'emparant également de mes souvenirs dans la foulée. Et tout me revient. Je n'ai pas besoin de regarder ton visage pour savoir qui tu es. Est-ce un rêve? Non, c'est bien la réalité.

Mon bras s'enroule autour de ta taille alors que je me rallonge, sur le côté. Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je repense à nos ébats de la veille.

Tu m'avais manqué.

Je n'osais pas le dire, mais c'est vrai, Adriele.

Tu m'avais manqué.

Et maintenant que je t'ai, je te tiendrai, précieusement. Avec douceur et tendresse, par peur de te casser. Mais fermement. Par peur que tu ne t'échappes.

Comme je te tiens, là, sous mon bras.

Le meilleur des cadeaux.

Buon compleanno, Oscar.

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2013

2018

2023

Petit à petit, je me mets à entendre les bruits aux alentours... Le réveil est doux, calme, les bruits que j'entends ne sont que des froissements de draps, dans cette chambre d'hôtel très certainement insonorisée. Du bruit d'une tête bougeant sur un oreiller, alors que je suis totalement immobile, encore sur la corde entre le sommeil et le réveil. Un état que j'apprécie bien, dans lequel je me sens étonnement serein. Et pourtant, comme tous les matins, me voilà contraint de faire un choix. Sauf que cette fois, je sais que je ne vais pas me réveiller seul, et puant l'alcool. Bon okey, je sens peut être un peu les quelques verres que j'ai pris hier pour l'anniversaire d'Oscar mais par rapport à d'habitude, ce n'est vraiment pas grand chose.

Tu es la raison qui me fait ouvrir les yeux, ce matin.

Et je sais que je ne devrais pas. On ne va pas se mentir, Oscar .. j'ai une chance sur deux pour qu'en ouvrant les yeux, je vois dans les tiens tout l'étonnement de me voir ici, ou alors le regret de cette nuit. Peut être que tu réalises seulement maintenant ce que tu as fais. Ce que nous avons fait. Ce que j'ai fais ? Car tu vas certainement penser que c'est de ma faute, non ? Alors je garde les yeux fermés encore quelques secondes ... Est-ce mal de vouloir profiter de cette paix intérieure ? J'ai lutté, depuis tes révélations. J'ai essayé de t'oublier, de tirer un trait pour de bon. J'ai même couché avec un mec, pour t'oublier. Pour qu'au final, une soirée me fasse rebasculer du côté obscur.

Je jure, je ne voulais pas spécialement monter dans ta chambre. Je ne voulais même pas t'embrasser, du moins ma raison ne le voulait pas. Et en quelques heures, je suis passé de celui qui voulait t'oublier à dans l'ordre :
Celui avec qui tu as dansé, de plus en plus proche.
Celui qui a voulu plus d'une fois tenter un rapprochement, mais qui n'a pas craqué.
Celui qui t'as embrassé, au moment de se dire au revoir.
Celui avec qui tu as passé la nuit, malgré tout ce qu'on s'est dit.

Au final, je te sens passer un bras autour de mon torse, pour venir contre moi, ce qui me fait ouvrir les yeux dans une agréable condition... Tu n'as pas l'air de regretter, j'imagine que sinon, tu serais en train de t'habiller silencieusement pour filer à l'anglaise... À la place, tu t'allonges contre moi. Mon bras passe autour du haut de ton corps, posant a main dans ton dos, appliquant de légères caresses.

- ... Bonjour

Que je dis, pour seul et unique but de briser le silence. Je ne sais pas réellement comment faire, ni quoi dire d'autre... J'aimerai savoir à quoi tu penses, et adapter en fonction mes paroles. Comment ne pas te faire fuir ?

- comment tu te sens ?

Au moins ça peut fonctionner dans tous les sens. De comment ça va après hier, ou simplement après cette nuit.

- je sais pas toi, mais j'ai faim.. petit dej au lit ça te tente ?

Je n'ai vraiment pas envie de bouger. En vrai, je pourrais rester contre toi des heures, mais est-ce que toi aussi c'est ce que tu souhaites ?

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Non je ne crois pas à ce que tu me dis. Tu cours à l'échec tel que je l'ai prédis. Tu n'as jamais été capable de t'assumer, renonce à tes chimères et viens me retrouver.

J'aimerai tellement briser ta défiance, te prouver que je mérite ta confiance. Mais tu ne m'as jamais donné l'occasion de révéler ma passion.

KoalaVolant

Et tu te retournes.

... Bonjour.

Et moi je reste là, silencieux, rendu muet par ta beauté indescriptible. Tu me fais perdre mes mots. Mon pouce caresse ta joue alors que j'admire tendrement ce visage, muri par les années, et pourtant, aussi doux qu'à notre première rencontre. Je caresse ta joue, et je souris, bêtement. Car c'est beau, ce qu'on a fait, hier soir. Et cette fois-ci, il n'y a pas eu de culpabilité. Il n'y avait pas de Silas à prendre en compte. Il n'y avait rien. Personne. Juste toi. Et moi.

« ... Buongiorno. » Je finis par répondre, les yeux rieurs, le sourire léger. Le silence règne. On se regarde, un temps. On se perd, l'un dans les yeux de l'autre. Et tu finis par sourire aussi.

Comment tu te sens?

« Ja ma sens... vecchio! Uno vero uomo vecchio. » Je ris discrètement à ma propre sotterie. Comme si passer de 35 à 36 ans, en l'espace d'une soirée, avait eu un impact considérable sur mon existence. « No, veramente... Ja ma sens bene. Tutto bene. » Et je souris à nouveau, en continuant de caresser ta joue. « E tu? » J'essaie de ne pas me perdre dans mes pensées, pour le moment. Il est encore tôt. Je profite de l'engourdissement de mes sens. Cela me permet de me focaliser sur l'instant présent, plutôt que de me faire trente-six mille films sur la pluie de regrets que tu pourrais bien ressentir, vis-à-vis de moi.

Je sais pas toi...

« Adriele... »

Mais j'ai faim...

« Adriele. »

...Petit dej au lit, ça te tente?

« Adriele. Régarda me. »

C'est ton menton que je tiens, désormais entre mon pouce et mon index, pour t'obliger à soutirer mon regard.

« Régarda miei zieux. » Tu les vois? Là. Comme ça. Oui. Regarde moi. Perds toi dans les contradictions de mes iris. Les méandres de mes non-dits. Trouve la vérité, tapie derrière les océans de mes insécurités. Trouve moi. Le véritable moi. Celui qui t'attend. Depuis toutes ces années.

Et prends le par la main.

Combien de temps restons nous ainsi, à se regarder, en silence? Cinq minutes. Ou une éternité. Un temps qui ne se compte plus de façon linéaire. On se dit tant de choses, en se regardant. En moi, tu ne lis cependant qu'une seule chose: la certitude.

« ... Perfetto. » Je finis par souffler. « Sei perfetto, Adriele. »

Tu es la perfection incarnée.

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2013

2018

2023

C’est un tout autre Oscar que j’ai avec moi, ce matin… Le Oscar que je connais n’est pas du genre à caresser ma joue de bon matin. Du moins, pas ma joue. Celle de quelqu’un d’autre, peut-être, j’en sais rien. C’est son intimité, et je n’en ai jamais réellement fait parti. A New York, tu ne l’as pas fait non plus, rongé par le fantôme de ton ex, de ce que j’ai compris.

Je ne me recule pas, et te laisse faire.. C’est agréable, comme caresse, et elle vient de toi. Et alors que j’imagine déjà mes amis me dire que je ne suis qu’un con d’avoir craqué, je ne peux pas m’empêcher de ne rien regretter, là. Puis plus je le regarde, plus je me dis que lui aussi, ne regrette pas.

Je ris avec lui, en l’entendant parler. Je ne fais toujours pas de cours d’Italien, mais je comprend qu’il parle de son âge. 36 ans, déjà. La différence d’âge et toujours présente, mais elle ne semble pas te gêner, dans l’instant.

- Bien aussi

Je ne me penche pas trop sur ce que moi je ressens… j’préfère ne pas trop réfléchir, de peur de paniquer. D’où l’envie de passer au petit déjeuner. Pourtant tu me rappelles à toi. Je ne sais pas si tu l’as senti, mais en tout cas, ta demande me le fait croire. Et pourtant, je n’ai pas la force de te dire que non, je ne peux pas. Parce qu’on est au petit matin, qu’on est sobre tous les deux, et que.. j’ai peur.

Mon regard se perd dans le tien, longtemps. Je regarde le moindre dégradé de couleur dans tes iris, bien que je les connaisse par coeur. Combien de fois je t’ai regardé comme ça, alors que toi tu ne me voyais qu’à peine ? La moindre seconde passée à te regarder me rappelle à mes souvenirs, à mes doutes, et à mes interrogations.

Puis tu parles, me parlant de perfection. Et mon coeur s’accélère, un peu, sûrement naïvement.

Pourquoi est-ce que j’ai tant de mal à lâcher prise ?

Mes joues se teintent légèrement, et un sourire étire de nouveau mes lèvres. Je souris encore un peu, et baisse les armes, un instant. Ma main glisse de ton dos à ta nuque, puis à tes cheveux, jouant doucement avec, tes mèches glissant entre mes doigts…

C’est le moment, qui est parfait. Moi, je suis loin de l’être, si tu savais..

Mais une chose à changer. Je n’ai plus l’impression d’avoir face à moi quelqu’un d’égaré

- J’espère t’avoir fait commencer dignement l’année de tes trente six ans…

Façon aussi de dire que j’espère que l’année de tes trente cinq, qui semble avoir été compliquée, pourra rester derrière toi.

Mes lèvres s’ouvrent, mais je ne trouve rien à rajouter. Alors juste, alors que nos visages sont déjà bien proches, je scelle de nouveau nos lèvres, dans un baiser plutôt chaste, pour le coup, mais beau. Quelques secondes où je vais encore à l’encontre de tout ce que je me suis promis face à toi, mais le truc, c’est que j’en meurs d’envie. Le baiser terminé, je lui offre une porte de sortie.. au cas où, bien que j'espère qu'il ne la prenne pas. Mais je sais que ça fait beaucoup en peu de temps, pour lui.

- Tu as quelque chose de prévu aujourd'hui ? Je t'en voudrai pas si tu dois partir... Non pas que je le veuille hein, mais... enfin, après cette nuit, j'comprendrai que tu veuilles être tranquille..

Ridicule.. Putain je bégaye comme un ado.

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Non je ne crois pas à ce que tu me dis. Tu cours à l'échec tel que je l'ai prédis. Tu n'as jamais été capable de t'assumer, renonce à tes chimères et viens me retrouver.

J'aimerai tellement briser ta défiance, te prouver que je mérite ta confiance. Mais tu ne m'as jamais donné l'occasion de révéler ma passion.

KoalaVolant

Sourire.

Cet art que tu as de savoir me faire sourire, d'un simple regard.

Il y a une richesse de bienveillance dans tes iris. Des trésors, plus rares et secrets encore que ceux de naufrages enfouis dans les confins maritimes. Ils m'effrayaient, pendant longtemps. Mais maintenant, je me vois briller dans leur éclat.

« Bene. Tutto bene. » Je souffle, doucement. La voix, aussi fragile et délicate que le moment que nous partageons. L'appréhension ne disparaît pas entièrement. La peur du rejet, une plaie encore trop fraîche.

Je te déteste, Oscar.

Mon coeur se pince.

Mais ce qu'on a fait, hier soir, ne ressemblait pas à de la haine.

Est-ce pour cela que je t'invite à me regarder dans les yeux?

Je ne me fie plus à ma langue. Elle me confond et me perd dans des paroles qui ne traduisent jamais exactement ce que je pense, réellement. Il faut dire que parler en langue étrangère, ce n'est pas chose aisée. Et quelle langue est plus étrangère que l'amour pour un homme à qui la vie à appris qu'il ne le mériterait jamais?

Ma main caresse ton visage. On est bien, là, non? Tous les deux. Juste toi et moi. Ensemble. On est bien.

Ton sourire réchauffe mon âme. J'ai envie de pouvoir m'en enrober, comme d'un voile, comme d'un manteau. Me ressourcer dans la chaleur de tes traits. Tes mains jouent avec mes boucles. La mienne continue de caresser, tendrement, ta joue.

À ta réflexion, je me surprends à émettre un léger rire.

« Sì. »

J'espère que tu ne prendras pas mal mes silences. Si je reste avare avec mes mots, c'est parce que j'ai peur de briser la magie du moment. Avec une parole de travers. Un faux pas de trop.

Tu m'embrasses, à nouveau, et je m'embrase. Mon coeur s'allège, et je m'envole. Je réponds à tes lèvres, une lettre d'amour buccale. Deux langues qui se retrouvent. Comme l'autre fois, à New York. Sans tous le poids de la culpabilité. Juste la légèreté de l'inconnu. Et de nouveaux horizons, pullulant d'opportunités.

Tu as quelque chose de prévu aujourd'hui? Je t'en voudrai pas si tu dois partir... Non pas que je le veuille hein, mais... enfin, après cette nuit, j'comprendrai que tu veuilles être tranquille...

Mon index, contre tes lèvres.

« Shhhh... Shhhh... Adriele... »

Mon front, contre ton front.

Mon nez, contre ton nez.

« Tutto bene, Adriele, tutto bene. »

Profitons simplement de l'instant. Profitons de la magie. Préservons la. Elle est sacrée.

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2013

2018

2023

Le baiser qu’on partage n’est qu’un moyen comme un autre pour moi d’être certain que je ne rêve pas. Je ressens tout au travers de mes lèvres, touchant les tiennes sans les emprisonnées, les caressant du bout de ma langue, alors que tu approfondis l’échange à ton tour. Ce baiser pourrait me faire perdre pied, là tout de suite.

Ça ne changerait pas de toutes les fois où nous nous sommes embrassés.

Sauf qu’à chaque fois, la situation a dérapé, dans le mauvais sens. Et je me refuse à ce que ça arrive encore. Je ne veux pas avoir de nouveau tort. Alors oui, l’occasion pour Oscar de fuir, c’est maintenant, avant qu’encore une fois, je ne tombe amoureux. Enfin, amoureux… est-ce que je sais réellement ce que ça signifie et ce que ça implique ? Surtout quand je prend du recul sur mes aventures et relations passées.

Et cette porte, tu ne l’as prend pas. Pire, tu me fais taire, comme on ferait taire un enfant qui en dit trop. Est-ce que c’est ce que tu penses ? Je parle trop ? Bien sûr que je parle trop, et surtout : je parle mal. J’aurai tellement de chose à te demander, connaitre le fond de tes pensées, mais ça précipiterait ma chute. Alors à la place, au contact de ton doigt sur mes lèvres, je garde le silence. Tu me rends muet par ce simple geste, bientôt accompagné d’une nouvelle approche. Je sens ton souffle, quand tu me certifies que tout va bien.

Tout va bien ? Tu es sûr ?

Il n’a pas l’air d’être ailleurs qu’ici, avec moi.

Je ferme les yeux, gardant nos visages au plus proche. C’est dingue de penser qu’il y a une semaine, je m’imaginais des dizaines de plans différents pour parvenir à tourner une bonne fois pour toute la page, et que maintenant, je sens sa peau contre moi. Inconsciemment, la main dans tes cheveux se serre, gardant ton visage proche du mien.

N’ouvre pas les paupières, Ady. Ce sont les derniers remparts de tes larmes.

Pourquoi est-ce que je sens cette boule dans ma gorge ? Cette sensation qu’un rien pourrait me faire basculer, et me montrer vulnérable ? Au fond je sais ce qui m’arrive… Un trop plein, qu’habituellement j’enfuis avec une bonne bouteille. Mais là, rien. Seulement Oscar, et moi. Et la sensation qu’il est heureux d’être ici, qu’il ne regrette pas.

La seule ombre au tableau est la peur. Et si j’interprétais mal ses gestes ? Peut-être qu’il s’agit là du plus merveilleux des au revoir. Mais pourquoi ? Non, ça n’a pas de sens. Encore une fois, je réfléchis beaucoup. Trop. Alors que je devrais juste profiter de l’instant. M’allongeant encore un peu, je finis totalement enfoui dans tes bras, humant ton odeur, au gré de mes respirations. Je rêve éveillé, à me dire que nos réveils pourraient être tous ainsi. Est-ce qu’ils le seront ?

J’ai besoin d’être rassuré, et ça me fait chier. L’image de film romantique de merde me vient en tête, et je tente de chasser l’image de mon esprit pour ne penser qu’à cet instant. Puis la voix, encore, dans ma tête.

Prends ce que tu as à prendre, Ady. Tu n’es plus à ça près de toute façon.

Après tout, tu as tout que tout allait bien. C’est que tout va bien. Même si la vérité fait mal, tu as été malgré tout sincère avec moi ces derniers temps. Enfin… Depuis ta rupture.

Chasse le naturel, il rev…

Stop.

Putain, c’est dans ses moments là que j’ai besoin d’un verre.

À la place, je lutte. C’est clairement pas le moment. Puis vu l’heure… à la place, je relève la tête, pour te regarder. Tu me rassures, à ta manière, je l’ai bien compris. Et je te souris, relâchant la pression sur tes cheveux, mon coeur ralentissant doucement, bien qu’à un rythme irrégulier. J’aimerai te remercier d’être là, mais chaque mot semble ne pas être le bienvenue. J’en viens à espérer que nous n’aurons pas à rendre la chambre dans les minutes à venir, et casser la bulle qui semble s’installer.

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Non je ne crois pas à ce que tu me dis. Tu cours à l'échec tel que je l'ai prédis. Tu n'as jamais été capable de t'assumer, renonce à tes chimères et viens me retrouver.

J'aimerai tellement briser ta défiance, te prouver que je mérite ta confiance. Mais tu ne m'as jamais donné l'occasion de révéler ma passion.

KoalaVolant

On reste là, à se regarder. Juste toi et moi. Nos yeux se racontant des secrets dont on ignore encore l'existence. Et dans les chants de nos silences, je te vois. Clairement.

Ce que tu es magnifique.

J'essaie de ne pas me poser trop de questions. Pour la première fois de ma vie, je tente de vivre dans le moment. Carpe Diem. Que sera, sera.

Mais non.

Je ne devrais pas.

Pas ainsi, pas comme ça. Pas sans... Parler? Communiquer. Pour une fois.

Je reste toujours tellement dans mes pensées que je finis par oublier qu'il n'y a que moi, dans ma tête. Et au final, je me perds dans des dialogues avec mes démons intérieurs. Et je commets l'erreur de supposer que tu y as accès.

Ce n'est pas ainsi qu'on communique avec les autres. Je suis désolé, Adriele.

« Adriele... » Ma voix est calme. Mes paroles sont douces. Ma main se pose, sur la tienne, contre ton coeur. Il y a tant de choses à dire, finalement. Par où commencer ?

« Ja ... Tou ... » Rougir. Un simple sourire ... Pourquoi est-ce toujours si dur de te parler? « Mi scusi, haha... Ça que ja voulais dire, ça est que ... » J'inspire. J'ai du mal à trouver mes mots. Pardonne-moi: c'est souvent lorsque je suis nerveux que mon anglais m'échappe. « ... Ja na veux pas ta faire dou mal, Adriele. »

La voilà, la vérité. Et je me redresse alors. Les mots qui suivent sont durs à exprimer. Difficiles à accepter. Mais je ne peux pas taire ma vérité.

« Quand ja souis avec toi, ja ma sens ... Bene. Tutto bene. Ma... »

Mais quoi?

« ... Ma... Ja ne sais pas si ja souis prêt pour una relazione, tout de souite. »

Mon regard est empreint de tristesse et de regrets. J'aimerais, pourtant: pouvoir sauter le cap, me jeter vers l'inconnu, à nouveau. Mais non. Je ne peux pas. Pas encore.

C'est encore trop frais, avec Silas. J'ai bien trop souffert de cette histoire suffocante. Je ne peux pas me résoudre à me soumettre à ça de nouveau. Et peut être bien que ce serait différent, cette fois-ci ... Mais je ne peux pas le risquer. « Ja tiens beaucoupe à toi. Est pour ça que fais encore plous attention, avec toi. Parce que ja na veux pas te blesser. Jamais. Peut être est égoïste, de ma part. De ritornare...? Revenire? à chaque fois. » Un nouveau silence. Je me noie, dans tes silences. Dis quelque chose. Parle. Hurle. Chuchote. Mais dis quelque chose, s'il te plait.

Je m'arme finalement de mon courage, me retournant pour me confronter à ton regard. Ma main attrape la tienne à cette occasion. « Penso que ja ai bisogno de plousse de liberté. » C'est important, de dire les choses honnêtement, après tout. Dès le départ, idéalement. Est-ce que aujourd'hui, ça compte comme un départ? « Ja ne sais pas si la monogamia est faite pour moi. » La voilà, la confession. Et j'espère que tu comprendras.

Je ne peux pas tant m'exposer. M'offrir, si pleinement. Si intensément.
Car quand j'aime, c'est de toute mon âme. Un éclat si pur qu'il m'en brûle les mains.
Et j'ai mal, Adriele.
J'ai mal d'aimer.

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