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— @Adam Renfield

tw : mention de meurtre

Assise à son bureau, Lotte sentait que ça ne serait pas sa journée. Elle enchainait les mauvaises nouvelles sur une affaire en cours, passant son temps au téléphone ou par mails afin d'arranger la situation. Puzzle mental dont les pièces ne s'emboitent plus correctement. Elle se penche sur son dossier, relisant encore et encore les mêmes rapports, les mêmes compte-rendus, connaissant déjà par coeur les mots qui allaient suivre ceux qui étaient devant ses yeux. On frappa à la porte de son bureau et elle n'eut pas le temps de dire d'entrer que la personne ouvrait déjà. Son manager l'appela mais elle ne déniait même pas lever les yeux, trop prise pour cette affaire qui commençait à lui échapper. "T'as un autre cas Henkins." C'est à ce moment là qu'elle leva les yeux sur lui. "Quoi ?" Il lui répéta sa phrase, elle l'avait bien entendu et il le savait. Peu importe que ce qu'elle gérait actuellement n'allait pas comme elle voulait, on avait besoin d'elle pour une autre affaire - qu'elle le veuille ou non. Un gars avait pété un plomb, il avait tout perdu du jour au lendemain avant de doucement sombrer dans les ténèbres pour finalement  prendre une arme et dézinguer toute sa famille, n'épargnant de sa folie meurtrière. Il avait essayé de fuir pendant quelques semaines mais le LAPD venait de l'attraper.  Il demandait à être représenté par ce cabinet et la seule qui a le moins d'affaire en cours, c'était elle. "Il est au chaud au commissariat et refuse de parler tant que son avocat ne sera pas là." A traduire par tu arrêtes tout ce que tu fais maintenant et t'y vas tout de suite. Elle rangea sommairement son bureau et prit ses affaires.

Garée devant le commissariat de Los Angeles, Lotte s'arrêta un instant pour chercher sur internet tout ce qu'elle pouvait trouver sur cette affaire. Tous les articles de presse, les résumés des JT, n'importe quoi qui lui remettait en mémoire ce que cet homme avait fait. Monsieur presque tout le monde, une carrière brillante qui avait pris fin soudainement, un redémarrage trop compliqué, happé par les abysses jusqu'à commettre l'irréparable. Tout ce que Lotte n'aimait pas, préférant de loin défendre les victimes, de faire tomber des têtes plutôt que de les sauver. Mais aussi moche que soit son job, c'était justement son job. Comme disait si bien son manager, elle n'a qu'à ouvrir son propre cabinet et là elle pourra se permettre de choisir qui défendre, en attendant, elle prend les cas qu'on lui donne.

Sa piqure de rappel enfin terminée, elle sortit de sa voiture et entra dans le bâtiment, s'approchant de l'accueil - reconnaissant le policier derrière le comptoir "Maitre Charlotte Henkins, je suis là pour.." Elle n'eut pas le temps de dire qui elle venait voir qu'il lui répondit qu'on l'attendait. Ils se faufilèrent parmi la foule, entre inculpés et plaignants. Ses talons raisonnèrent dans le couloir étroit menant aux salles d'interrogatoires. A chaque fois ces endroits lui donnaient froid dans le dos alors qu'elle n'avait jamais été assise du mauvais côté de la table de sa vie. Le policier s'arrêta devant une pièce et invita Lotte à entrer. Elle frappa par politesse et ouvrit sans attendre de réponse. "Bonjour, maitre Charlotte Henkins" La tension dans la pièce était palpable, l'accusé assis au fond de sa chaise, regardant dans le vague comme un roc inébranlable mais elle ne se doutait pas que l'agent en face avait tout essayé pour le faire parler. Voilà tout ce qu'elle n'aimait pas comme préambule d'une enquête, bras de fer immédiatement engagé sans avoir pu discuter avec son client au préalable. "Monsieur Renfield puis je avoir un instant avec mon client ?" Car maintenant l'agent n'était plus avoir une mais deux personnes contre lui et ils avaient besoin de se mettre d'accord sur la situation avant de commencer.

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tw: interrogatoire de police, et toutes les techniques associées. mention de: homicide volontaire (familicide, infanticide). description (légère) de: cadavres, scène du crime

Garder son sang froid.

Un objectif. Une mission. Un mantra.

La situation a beau lui retourner les viscères, il se doit de garder son sang froid. Pourtant, son sang bout dans ses veines. Sa rage fait fureur, au plus profond de ses entrailles. De nature pacifiste, Adam a très peu de leviers capable de le faire sortir de ses gonds. Le familicide et l'infanticide sont, bien entendus, hauts gradés sur la liste.

« ... Reprenons, monsieur Turner. Pouvez-vous me dire où vous étiez, le vendredi 18 août, à vingt-et-une heures quarante? »

Silence.

Adam inspire profondément. Il sait déjà ce que certains collègues lui conseilleraient de faire: frapper la table. Élever la voix. Vociférer des menaces. Des approches certainement alléchantes, surtout compte tenu de la situation nauséabonde. Mais Adam est trop honnête et propre sur lui pour pouvoir se résoudre à user de telles tactiques. Le moindre faux-pas peut aisément mettre sa carrière en péril. Ou pire, encore: son enquête. Son approche apporte peut être des résultats moins immédiats. Mais elle ne lui a jamais fait défaut jusqu'à présent.

Le silence de l'interrogé reste cependant particulièrement difficile à digérer.

« Je ne parlerai pas en l'absence de mon avocat. »

Le détective inspire profondément. Il tape deux fois contre la porte de la salle d'interrogation, afin d'interpeller son collègue. Lorsque la porte s'ouvre, Adam souffle, de façon suffisamment audible pour que le scélérat puisse l'entendre:

« Blake, peux-tu convoquer le représentant légal de ce brave monsieur Turner? Merci beaucoup. »

La porte se referme alors. Adam reporte son attention sur son interlocuteur.

« Monsieur Turner, je vais être honnête avec vous: le tableau dépeint par la presse n'est pas beau à voir. Il y aura probablement un procès. Il sera très certainement long. Ce genre d'affaires attire beaucoup d'attention. »

Turner se prostre dans son silence.

« ... Ce sera laborieux, et probablement très taxant. Mais ... » Il fallait bien qu'il y ait un mais, après tout, non?

« ... Mais une simple confession suffirait à tout expediter. Votre sentence... Je ne vais pas vous mentir: les sentences sont particulièrement punitives dans ce genre d'affaires. D'autant plus lorsqu'un accord de plaidoyer n'est pas sur table. Pour obtenir cet accord, vous devez vous en douter: nous avons besoin d'une confession. »

S'il était techniquement autorisé de mentir autant que nécessaire pour obtenir gain de cause à travers la manipulation psychologique, ce genre de pratique s'avère bien trop sournois et cynique pour Adam, dont l'optimisme reste étonnamment inébranlé après approximativement vingt années de service. Il faut dire que le californien a un goût prononcé pour les défis. Obtenir une confession de façon honorable reste un accomplissement particulièrement difficile à concrétiser. Mais pas impossible. Ça lui était déjà arrivé, plusieurs fois, par le passé. Mais quelque chose lui intime la certitude que cet inculpé sera plus difficile à convaincre.

« Je. ne. parlerai. pas. en. l'absence. de. mon. avocat. »

Adam soupire, audiblement.

« Votre avocat arrive, monsieur Turner. Nous ne faisons que tuer le temps, tous les deux. J'espère que ça ne vous dérange pas? »

Tuer le temps. Des mots choisis, par stratégie. Si le mensonge ne fait pas partie de la boite à outils d'Adam, la suggestion reste une pratique sous-cotée par ses collègues. Sa question est bien entendue à sens unique: Turner n'a pas d'autre choix que de rester en sa présence.

Adam n'aime pas particulièrement faire recours à sa prochaine méthode d'interrogation, mais il doit bien admettre son efficacité avérée dans ses affaires antérieures. Il ramasse donc l'enveloppe sur la table d'interrogation, la défaisant soigneusement avant d'en tirer des photos scintillantes, aux couleurs châtoyantes. Des corps, inanimés, recouverts de sang. L'expression figée de terreur sur le visage de la femme. Les enfants, face au sol, visibles uniquement de dos. « ... Reconnaissez-vous les sujets de ces photographies? » demande-t-il finalement. « Melinda Turner. Trente-six ans. Épouse de Harrison Turner. » Il marque un temps d'arrêt. « Jake et Jill Turner. Cinq et six ans, respectivement. Enfants de Melinda et Harrison Turner. »

Toujours aucune réponse.

« Monsieur Turner, je suis dans le devoir de vous rappeler que dans le cadre d'un procès, de nombreuses images de ce genre sont habituellement diffusées. »

Turner maintient son silence, malgré un malaise apparent.

« Une confession de quelques mots. C'est tout ce que je vous demande. Une simple confession, et tout cela sera réglé en moins de temps que vous ne pouvez l'imaginer. »

La porte s'ouvre alors.

« Bonjour, maitre Charlotte Henkins. » Adam claque ses mains ensemble, comme pour symboliser la fin de la discussion. « Maitre Henkins. Un véritable plaisir. » Sa voix dénote une certaine ironie. Si Adam, en théorie, est en faveur de concepts tels que la représentation légale pour tous ainsi que le droit à la présomption d'innocence jusqu'à la preuve du contraire, ses années d'expérience au sein des forces de l'ordre l'avaient légèrement immunisé à toute sensibilité à ce sujet: Adam avait vu tellement de scélérats marcher libres grâce à la bonne représentation légale qu'il ne ressentait plus aucune culpabilité à l'idée d'essayer de les amadouer au détour d'un tête à tête. Il note cependant que l'avocat de Turner est en réalité une avocate. Ça lui donne deux espoirs:

1) celui qu'il ne connaisse pas encore son avocate, et que cela induira des laps de confiance qui permettront à l'enquête de découvrir des secrets qui surprendront la madame et,
2) celui que celle-ci ait une conscience et se décide à l'encourager à confesser son crime

« Monsieur Renfield puis je avoir un instant avec mon client? »

Adam se contente de lui désigner sa chaise, avec galanterie. « Je vous en prie. » Sur ces mots, le détective toque de nouveau deux fois contre la porte, afin que Blake le laisse sortir. Il se retourne cependant une dernière fois.

« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, maitre Henkins, nous serons de l'autre côté de la porte. » Une invitation, ou un avertissement? Tout est toujours question de perspective.

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— @Adam Renfield

tw : mention de meurtre (homicide volontaire), interrogatoire,

Lotte savait à quel point les policiers n’aimaient guère l’arrivée des avocats dans les interrogatoires. Ils savaient très bien qu’ils ne pourraient plus parler comme il le souhaitait avec le suspect. Le filtre de la loi, le censeur de la parole n’était pas toujours là pour aider la vérité mais pour défendre un client contre un système, contre une condamnation. Ce n’était pas ce que l’avocate préférait mais c’est ce qu’on lui demandait - devoir et envie n’allaient que trop rarement de pair. Elle avait bien saisi l’ironie de son “véritable plaisir” souligné par l’agent Renfield. Elle attendit qu’il sorte de la pièce pour s’asseoir en face d’Harrison Turner. Remarquant les clichés de la scène du crime posées sur la table, Lotte prit soin de les retourner. Méthode vicelarde pour arriver à ses fins. Quand on en arrive là, c’est bien que le dossier ne tient pas sur grand-chose. “Monsieur Turner, racontez-moi exactement ce qu’il s’est passé ce jour-là.” L’homme ne tenait pas en place sur sa chaise, visiblement gêné. A demi-mot, sans trop oser regarder son avocate, il finit par souffler “Si je vous raconte vous n’allez pas me croire… vous allez me juger…” Lotte se voulut rassurante, cherchant les bons mots pour que l’homme se confie à elle “Je ne suis pas là pour vous juger mais pour vous croire.” Elle eut l’impression que le poids du monde venait de quitter les épaules de cet homme, il planta ses iris dans celles de Lotte “Je ne les ai pas tué.” Sa phrase était catégorique, sans équivoque. Elle comprenait pourquoi le flic semblait tendu. “Qui a tué votre famille? ” Il devenait urgent que la pelote de ce crime se démêle, s’il était vraiment innocent, la police perdait un temps considérable.

Harrison commença à raconter, la perte de son boulot, les dettes accumulées pour cacher la situation à sa famille, l’alcool qui finit par être la seule solution pour oublier, l’envie que tout s’arrête, que tout redevienne comme avant. De cette journée du 18 août, il ne se souvenait que d’être parti en début d'après-midi, faire le plein de sa journée. Le reste n’est qu’un immense black-out, les souvenirs ne reviennent que lorsqu’il est chez lui, l’arme à ses pieds et le corps de sa famille. Lotte lui demande s’il se souvient d’avoir acheté une arme, s’il se souvient avoir discuté avec quelqu’un ce jour là, où il avait pu boire. Elle l’assaillait de questions car elle avait besoin des réponses, bien plus que le policier. C’est en sachant tout qu’elle pourrait le défendre correctement et elle savait que ces questions seraient abordées maintenant qu’elle était là. “Je ne me souviens pas…” devenait sa seule et unique réponse mais elle voyait bien à quel point l’homme était brisé, brisé de ne pas savoir lui-même s’il avait fait ou non. “Pourquoi vous êtes enfui Monsieur Turner ?” Elle savait que fuir et ne prévenir personne allait être un très gros point noir dans cette histoire, le désignant très facilement coupable. “J’ai eu peur… j’ai eu peur d’être le prochain.” La voix qui déraille, la peur qui coule encore dans ses veines. Lotte va arrêter là, la journée était loin d’être terminée pour cet homme. Elle relit rapidement ses notes avant de reprendre “On va essayer de gagner du temps mais Monsieur Turner je vous conseille de très vite retrouver la mémoire, je ne vais pas vous mentir la défense je ne me souviens pas n’est pas très efficace.” Cela pouvait paraître froid mais c’était son pragmatisme qui allait peut être éviter qu’il se retrouve en prison. Lotte pouvait tirer toutes les ficelles juridiques pour gagner du temps, montrer à quel point cet homme était un citoyen modèle avant ce jour fatidique mais c’est tout ce qu’elle pourrait faire, elle ne pourrait pas se rappeler à sa place.

Mais elle lui rappela une nouvelle, elle n’était pas là pour le juger mais bien pour l’aider, elle serait son alliée, son bouclier et son radeau dans la tempête qui se préparait. Lotte se leva et frappa à la porte. Il ne fallut que quelques secondes pour que l’agent Renfield ne lui ouvre “Nous sommes prêts.” lui indiqua-t-elle simplement. Elle s’installa à côté d’Harrison, assise bien en face de l’agent. Elle savait très bien que ça ne pourrait pas bien se passer, Lotte croyait en la version du peut être est il innocent, tant que le policier ne pourra pas prouver que c’est lui qui avait acheté l’arme, qui avait prémédité son geste et qui s’était enfui suite à ce dit geste. Les deux iris de glace qui se jaugent, le bras de fer prêt sur le point de commencer.

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tw: voir plus haut, mais aussi signes de corruption fédérale (lapd)

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« Toujours rien? »

Adam remue sa tête de gauche à droite, en signe de négation.

« J'espère que ce fils de pute écopera la prison à vie. Y'a une place privilégiée en enfer pour les pourritures comme lui. »

Adam pourrait répondre aux propos de son collègue. Au lieu de cela, le détective regarde, attentivement, la conversation qui se déroule à travers la vitre à sens unique. Il observe le langage corporel du suspect, ainsi que de sa représente légale. Il soupire. Se frotte l'arcade sourcilière, l'autre main appuyée contre le dossard d'une chaise. Ce cas reste particulièrement frustrant pour le détective, pour des raisons évidentes. Parmi tous les dossiers imaginables qui pourraient atterrir sur son bureau, les violences physiques et les meurtres restent toujours les sujets les plus éprouvants. S'il y a bien une catégorie de gens que le détective est déterminé à voir derrière des barreaux, ce sont ceux qui oseraient mettre en danger la vie des citoyens auxquels il avait juré allégeance et protection. Surtout lorsque les victimes s'avéraient être des enfants innocents.

Certes, la présomption d'innocence jusqu'à preuve du contraire restait une doctrine plus ou moins sacrosainte, dans cette belle patrie. Et si toutes les preuves inculpant l'accusé n'étaient que circonstancielles, l'absence d'autres suspects, de preuves irréfutables de son innocence, ainsi que sa fugue indéniablement incriminante poussaient le détective à tirer sa propre conclusion: Harrison Turner était coupable.

« Tu veux qu'on écoute? »

La voix de Blake le tire de ses pensées.

« ... Pardon? »

En guise de réponse, Blake désigne quelque chose avec son index. Suivant la trajectoire du doigt de son camarade, le regard du détective se pose sur le bouton permettant d'activer l'accès à l'intercom de la salle d'interrogatoire.

« ... Non, il vaut mieux pas. »

Il pourrait réprimander son collègue. Il pourrait le fusiller du regard. Il pourrait lui rappeler les conséquences que sa suggestion aurait pu leur causer. Il pourrait, oui, s'il était un autre homme. Mais Adam, pour toutes ses qualités humaines, reste un homme qui abhorre le conflit. Il préfère se taire que de créer des animosités qu'il estimerait comme inutiles. Après près de vingt années au sein des forces de l'ordre, le détective n'était plus aussi naïf et crédule qu'au premier jour: il avait rencontré de véritables scélérats, autant de l'autre côté des barreaux qu'à ses côtés, au sein du QG. Le californien n'est pas dupe: ce ne sont pas toujours les plus méritants qui accèdent au « pouvoir » que leur confère l'État de Californie. Il a depuis longtemps abandonné toute lubie de contrôler le comportement de ses pairs. Tout ce à quoi il peut aspirer, c'est de maintenir ses propres valeurs, sa propre moralité, coûte que coûte.

Le regard d'Adam reste ferme. Il dévisage et scrute attentivement la conversation qui se déroule sous ses yeux. Non pas pour tenter de déchiffrer les mots prononcés par les interlocuteurs, simplement par réflexe. Il ne tire pas grand chose de cette observation. Pour tout avouer, c'est surtout sur l'avocate que son attention se porte: contrairement aux préconceptions, c'est souvent les représentants légaux qui sont essentiels à la résolution d'un dossier. « La seule différence entre une condamnation et un acquittement, c'est un bon avocat. » Un adage que son mentor lui avait affirmé, peu de temps après son induction au LAPD. Ces mots étaient à jamais gravés dans sa mémoire. Et de ce qu'il en aperçoit, la blonde lui donnera très certainement du fil à retordre. Son calme et son sang-froid ne laissent aucune place au doute: elle est aussi rigoureuse qu'elle est professionnelle. À coups sûrs, elle connaît la loi comme le dos de sa main. Son seul espoir, c'est qu'elle adhère, elle aussi, à un code moral, à l'échelle du sien. Le cas contraire, il sait déjà que le combat sera long et amer.

Elle se relève alors, le détective se redressant par la même occasion. Elle toque à la porte. Il attend quelques secondes, le temps de rassembler ses pensées, avant d'ouvrir la porte.

« Bien. » Il se contente de ce mot unique, avant de retrouver son siège. « ... Reprenons depuis le début, » continue-t-il alors, avant de retourner les photographies de nouveau. « Monsieur Harrison, pouvez-vous me dire qui sont sur ces photographies? » Sur ces mots, c'est le regard de l'avocate auquel il se confronte. Il sait déjà que son combat ne sera pas avec Harrison, mais avec elle.

***

Dix minutes.

C'était tout ce à quoi il avait eu droit, avant qu'elle ne se relève et n'insiste que ce serait « tout pour aujourd'hui ». Si Adam n'est pas surpris, il appréhende déjà la suite de ce dossier. Il pressent que l'avocate sera particulièrement belligérante. Ce n'est pas forcément le type d'adversaire qu'il préfère, pour des raisons évidentes.

« Blake, peux-tu escorter monsieur Turner à sa cellule s'il te plait? »

Blake hoche de la tête, avant d'attraper l'accusé avec un peu trop de brusquesse.

« Tu perds rien pour attendre, pourriture. »

Des paroles prononcées avec discrétion, mais pas suffisamment pour qu'Adam et l'avocate ne les entende pas.

Une fois qu'ils se retrouvent tous deux dans la salle d'observation, le détective reporte son attention sur l'avocate.

« Maître Henkins, auriez-vous quelques minutes à m'accorder? » finit-il par demander, espérant secrètement pouvoir faire appel à sa conscience.

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— @Adam Renfield

tw : mention de meurtre (homicide volontaire), interrogatoire, menace policière

Les premières auditions n’étaient vraiment pas ce que préférer Lotte, elle savait que beaucoup de choses se jouaient dès maintenant si l’avocate se débrouillait bien. L’agent avait repris sa place, la tension monta dans un cran dans la pièce. Harrison Turner restait prostré sur sa chaise, espérant sûrement que son bouclier juridique prendrait tous les coups à sa place. Elle dévia comme elle put les questions trop orientées du policier, somma à plusieurs reprises à son client de ne pas répondre à certaines questions. Le bras de fer était féroce et aucun des deux adversaires n’était prêt à lâcher le moindre terrain à l’autre. Moins elle cèderait maintenant, plus elle aurait dû temps afin de comprendre la situation, de savoir ce qu’il s’était vraiment passé ce jour-là. Si Harrison passait aux aveux, assumant d’avoir tué sa famille, il serait impossible de faire machine arrière. On dirait qu’il avait craqué pour ensuite suivre la stratégie de son avocat véreux et basta, l’histoire s’arrêterait là, autant pour Harrison que pour Lotte. Il serait toujours tant d’avouer plus tard.

Les minutes passèrent jusqu’à ce que l’interrogatoire n’était plus qu’une discussion sourde, que toutes les non réponses avaient été fournies. L’avocate mit un terme à l’entrevue et savait pourtant très bien qu’elle n’avait pas facilité l’agent dans son enquête mais s’il voulait un dossier béton, il devait continuer à creuser, à creuser en recherche de vérité et pas juste trouver un coupable qui l’arrange. Le regard d’Harrison croisa celui de Lotte, espoir vain qu’elle lui aurait évité de retourner à sa cellule mais pour cela la blonde allait avoir besoin de plus de temps et d’éléments. Malheureusement cet homme devrait rester derrière les barreaux pendant un moment. “Je vous contacte très prochainement monsieur Turner.” lui dit-elle pour le réconforter.

Lotte jeta un regard noir à ce Blake, elle n’aimait guère sa façon de traiter son client - innocent jusqu’à preuve du contraire. Et sa réflexion ne fut pas assez discrète pour qu’elle ne l’entende pas. Clairement pas ce que Lotte aimait entendre et elle savait très bien que si elle pouvait prouver des potentielles maltraitances policières, c’était des billes qu’elle pourrait jouer pour faire tomber le dossier tel le vent sur un château de cartes. L’avocate imprime bien ses paroles et le nom du policier, déjà prête à soumettre ses inquiétudes sur les conditions de détention de son client au procureur.

Il ne restait plus que l’agent Renfield et Lotte dans la salle d’interrogatoire. Elle rassemble ses affaires, prête également à partir. Elle détestait ces pièces - un peu le comble pour une avocate en droit pénal. Elle fut surprise de la question du policier mais même s’ils s’étaient affrontés les dernières dix minutes, Lotte n’avait rien contre lui personnellement et elle savait très bien que discuter avec la police pouvait toujours être intéressant. “Bien sûr agent Renfield, qui y a t’il ?” demanda t’elle simplement, curieuse de savoir ce qu’il allait lui demander.

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hj: discussion pénale, mention d'homicide, mention de la situation géo-politique aux USA

L'atmosphère pèse autour du détective et de l'avocate. Il s'agit d'un vent tâché de nondits, de tension... et d'opportunité? Le regard aussi doux que ferme d'Adam se loge dans celui de la dénommée Maître Henkins alors qu'il lui réclame quelques minutes de son temps. Il sait foncièrement ce qu'il aimerait aborder avec la blonde. Malgré tout, son regard ferme et glacial le déstabilise suffisamment pour qu'il peine à trouver le bon point d'amorce.

« Je... »

Il finit par inspirer profondément, avant de tourner le dos à son adversaire naturelle, histoire de ne pas avoir à se confronter à ces iris frigorifiants. « ... Les preuves ne mentent pas, maître », finit-il par affirmer, retrouvant ses mots à présent qu'il ne se retrouve pas confronté à l'azur de ses yeux insistants. « Et quelque chose me dit que vous savez tout aussi bien que moi qu'il n'y a pas d'alibi, pas d'autres suspects. » Il se retourne alors, plus affirmé dans sa démarche, armé de tout son courage. « Vous n'êtes pas sans savoir comment fonctionne un banc de jurés, maître. Surtout lorsqu'il est question de féminicide et d'infanticide. » Surtout en Californie. Adam n'est pas sans savoir que le merveilleux pays dans lequel ils résident tous deux n'est qu'un patchwork décousu d'états uniques et disparates. Il n'a aucun doute que dans certains autres états moins progressifs et modernes, les jurés se rangeraient inévitablement du côté de l'accusé, puisqu'il représenterait les mêmes valeurs qu'eux. Heureusement pour lui, ce n'est pas la même histoire en Californie. Les mœurs ont changé. Heureusement. « La procureure est une femme raisonnable. Si votre client confesse, elle lui proposera un accord raisonnable... Relatif au délit, bien entendu. Cela restera une peine importante, bien évidemment. Mais cela sera plus avantageux qu'une vie entière de condamnation derrière les barreaux. » Il ose finalement confronter son regard, aussi vif et ferme (bien que différemment), à celui de l'avocate. « Vous m'avez l'air d'être une femme raisonnable... Réfléchissez-y. Une peine méritée ne représente qu'un échec uniquement si c'est ainsi que vous souhaitez le définir. » En ce qui le concerne, il appelerait cela une victoire: Adam reste catégorique à ce sujet, chaque criminel doit répondre à la loi, sans exceptions.

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