Putain, j’ai froid. Et chaud. Des sensations de fièvre, alors que je sais que j’ai pas de température. Mais le stress, surement… Faut dire que je ne pensais pas avoir ce genre de conversation aujourd’hui. Et plus les minutes passent, plus je sens que j’ai pas fini de trembler. C’est donc ça, le jeu du jour ? J’te dis quelque chose qui ne va pas, et tu me le reproches à mon tour ? Ouais, parfois j’parle mal, mais j’crois n’avoir jamais dit quelque chose qui pourrait te blesser. Alors okey, tu savais pas que c’était le cas pour moi, mais les faits sont là : t’es clairement pas toujours tendre dans tes propos Caleb, même si je sais que tu ne parles pas de moi personnellement.
- Rien à voir.. On a tous les deux été parfois cons avec les filles, mais j’te parle pas de ça. Pourquoi tu peux pas juste admettre que ce que je dis est vrai ?
Et je crois que ce n’est pas le moment de te dire que parfois, quand je te disais avoir couché avec telle fille, c’était pas le cas… Pas toujours. Bien sur que j’ai eu des relations avec des femmes, j’en ai toujours, mais.. disons que parfois, j’ai fais en sorte d’enjoliver la réalité, pour être… crédible. Et les mots et toi ça fait deux… ouais, certes, mais faut pas abuser non plus.
- Bah dis toi que ça serait pas mal que parfois tu réfléchisses avant de l’ouvrir.
Le « normal » est clairement pas passé, j’crois que c’est bien ce qui m’a fait sortir de mes gonds, surtout que franchement… c’est juste ma plus grande peur de ne pas être considéré comme ça, et d’attirer l’attention pour les mauvaises raisons. Ma connerie, ajoutée à ton manque de tact parfois.. Forcement, fallait bien que ça explose.
- … Y’a juste ça…
Mais j’te comprends, Caleb. Bien sur que t’es mon frère. J’me rappelle de notre pacte. Et ouais, t’es mon frère, bien qu’on ait pas le même sang. Mais c’est bien la seule chose sur laquelle je t’ai caché quelque chose. Mais ne pense pas que ça soit aussi simple que ça, c’est.. ça aurait été vachement plus simple que je porte mes couilles dès ma jeunesse, j’le sais. J’peux pas me défendre la dessus, alors je cherche à fuir. J’prépare déjà ma fugue, sachant très bien que ça va mal finir, vu comme on est là. Mais il apprécie pas, et mon téléphone part heurter le canapé. Pareil, j’comprends..
- C’est pas des sextos...
J’te regarde, dans les yeux, et j’peux voir la déception dans ton regard, tout comme tu dois lire dans les miens la peur, mélangée à de la rage. J’suis dans un état second, rarement atteint, mais qui me rend fou. J’suis pas un violent, pourtant je sens qu’il faut que j’explose. Puis putain, comment ça se fait que t’as toujours pas compris ? Ou alors est-ce qu’il faut que tu l’entendes, réellement, avec des mots ? Putain, c’est dur, Caleb.
- J’voulais pas faire ça comme ça putain… Pas comme ça, pas maintenant… Putain si t’avais pas sorti toutes tes remarques à la con là…
J’aurai pu faire ça proprement, un jour. Mais est-ce que je l’aurai fais ? J’sais pas. Putain, j’m’apprête à le faire. Mon coeur accélère, à un rythme pas du tout régulier. J’ai mal dans la poitrine, rien qu’à l’idée. J’bagaye clairement, et j’sers moi aussi les poings. Si on en vient aux mains, tu vas me démonter, mais j’le mérite sûrement un peu. Tout comme tu mériterai un bon coup dans les couilles également.
- J’suis tout ce que tu as dit tout à l’heure. Pédé. Tapette. Comme Thaddeus. Pas normal. J’suis juste pas un suceur de bite… mais ça, j’vais pas commencer à entrer dans les détails. Et tu la fermes. Ça sort pas d’ici. Si j’apprends que t’as balancé l’info j’te jure que j’te castre, Caleb, frère ou pas.
La vérité ? C’est que je me chie dessus de peur là. J’voulais pas le dire, déjà. Mais je voulais encore moins lui dire à lui dans un moment comme ça, tendu par les nerfs.
- … J’dois y aller. J’prend la fuite, clairement. Mais je ne me vois pas assister au regard de déception de Caleb, ou j’sais pas trop quoi d’autre. On en parlera quand tu seras capable de peser tes mots, ou juste de réfléchir cinq minutes avant de parler.
C’est plus simple de se barrer. Fuir, comme je l’ai toujours fait. Peut-être qu’on en parlera plus tard, un jour. Mais là, j’en ai déjà dit beaucoup, j’me sens pas de poursuivre maintenant.