Dinner for Two ღ Aidan & Devon

Confortablement installé dans ma voiture – qui semblait plus ou moins bien fonctionner aujourd’hui (je croisais les doigts pour que cela continue) –, je me dirigeais à une allure régulière vers le quartier de Northeast dans lequel mon meilleur ami, Aidan, habitait. La musique presque à fond – me fichant royalement des personnes que je pouvais déranger –, je chantais à tue-tête du Maroon 5, ayant (très) légèrement pitié pour ceux qui devait subir lors des nombreux feux rouges ma voix de crécelle. Parce que, si je pouvais me vanter de briller dans plusieurs domaines, le chant n’en faisait pas partie. Il m’arrivait de gratter quelques morceaux sur ma guitare achetée dans un magasin au rabais, mais chaque fois que j’ouvrais la bouche, un oiseau mourrait d’apoplexie. Et même si je n’aimais pas particulièrement cette espèce animale – en particulier, les pigeons (mais qui aiment les pigeons ?!) –, je tentais tout de même de les épargner le plus possible. En tout cas, si le film d’Hitchcock venait un jour à se produire, il existait au moins une arme efficace contre les oiseaux : moi.

Après m’être garé rapidement dans une rue pas loin de chez Aidan, je montai rapidement les étages qui me séparaient de son appartement, frappai à sa porte plusieurs coups de façon régulière et ne m’arrêtai qu’une fois que celui-ci eut enfin ouvert sa porte. Ce qui voulait dire que je pouvais frapper pendant trois heures non-stop si celui-ci se retrouvait coincer aux chiottes, par exemple.

- Le dîner est servi ! m’exclamai-je, tout en levant le sac plastique dans lequel contenait les boîtes de riz et autres ingrédients en tout genre provenant tout droit de chez le chinois. J’espère que t’as faim, parce que j’ai fait la razzia sur la nourriture. J’ai apporté des bières aussi, ajoutai-je en montrant le paquet que j’avais dans l’autre main, juste au cas où que tu n’en es pas assez, ou carrément plus du tout. Je suis sûr que tu organises des fêtes en secret auxquelles je ne suis pas invité. Quel meilleur ami indigne tu fais, franchement ! dis-je sur un ton faussement indigné. Aidan savait de toute façon parfaitement que je n’étais jamais sérieux – et puis, même si je l’étais, ce n’était pas le genre à se vexer aussi facilement.

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because when everything is changing, all you need is your best friend. he's the one you can count on.

J’avais pas grand-chose de prévu aujourd’hui, sauf la visite de Devon. Bon, c’est un habitué de mon appartement et j’avais la flemme de ranger les quelques trucs qui trainaient. Il allait devoir s’y faire de toute façon, je ne rangerai pas. En l’attendant, j’étais affalé dans le canapé, regardant la télévision. Enfin, je ne regardais pas vraiment. Je jouais avec la télécommande en appuyant le plus rapidement sur le bouton chaine suivante. Certes, c’est drôle un moment, mais ça devient très vite ennuyant. Une fois mon petit divertissement terminé, je me levais pour aller au frigo, attrapant une canette de bière et je m’affalais de nouveau sur le canapé. Cette fois ci, je regardais vraiment ce que les chaines pouvaient proposer et je m’arrêtais sur un match de basket-ball. Je buvais ma bière de temps à autres et finalement, j’étais interrompu par quelqu’un qui frappait à ma porte. Pensant que c’était mon meilleur ami, je me dirigeais vers la porte, prêt à lui lancer une vanne gentille mais ce n’était autre que la voisine qui cherchait à savoir si je pouvais lui prêter du sucre… Je lui apportais alors ce que j’avais, en lui priant de me le rapporter plus tard. Je refermais et je retournais m’ennuyer sur le canapé. Après juste quelques minutes, on revient frapper à ma porte et j’étais persuadé que c’était la voisine, alors je trainais des pieds mais, en entendant le nombre de toc toc sur le bois de la porte, je me doutais finalement que ce n’était pas elle. Porte ouverte et j’avais un meilleur ami qui présentait de la bouffe dans un sac. Le dîner est servi ! Je souriais en voyant le gros sachet, je sentais que j’allais me régaler ! J’espère que t’as faim, parce que j’ai fait la razzia sur la nourriture. J’ai apporté des bières aussi Il me montrait alors le pack de bières dans son autre main et mon sourire s’agrandissait. Tchin ! que je faisais en levant ma canette vers son pack. juste au cas où que tu n’en es pas assez, ou carrément plus du tout. Je suis sûr que tu organises des fêtes en secret auxquelles je ne suis pas invité. Quel meilleur ami indigne tu fais, franchement ! Je me mis à rire et j’entrais finalement dans son jeu. C’était toujours comme ça entre nous de toute façon. Moooh, pauvre petit chou ! J’organise tellement de fêtes sans toi que j’ai plus de bouffe et j’suis obligé de compter sur toi pour me nourrir après, oh oui, je suis le pire des meilleurs amis ! Je me décalais de l’entrée pour le laisser intégrer mon havre de paix et je refermais ensuite. Bon, pas besoin de te dire fais comme chez toi… Je retournais alors vers mon canapé où je m’affalais de nouveau, de façon assez confortable.

- Moooh, pauvre petit chou ! se moqua-t-il gentiment en entrant dans le jeu que je venais d’initier. Un jeu que nous connaissions par cœur, lui et moi, puisque l’on se taquinait de ma sorte presque tout le temps. C’était une façon comme une autre d’exprimer notre complicité et les personnes qui avait la chance de nous voir – car, oui, c’était toujours une chance de nous voir, Aidan et moi – nous faisaient d’ailleurs souvent remarquer à quel point nous étions proches et sur la même longueur d’onde. C’était pour cela qu’il était mon meilleur ami, après tout ! J’organise tellement de fêtes sans toi que j’ai plus de bouffe et j’suis obligé de compter sur toi pour me nourrir après, oh oui, je suis le pire des meilleurs amis !

- Exactement ! approuvai-je vivement, avant qu’il ne se décale légèrement de l’entrée afin que je puisse enfin entrer – ce dont je ne me fis pas prier. La preuve en est encore aujourd’hui, continuai-je notre petit jeu. Je suis sûr que si j’ouvre ton frigo, là, maintenant, j’y trouve un morceau de fromage tout pourri avec une bouteille de coca avec un fond qui a perdu toutes ses bulles.

- Bon, pas besoin de te dire fais comme chez toi… dit-il, ce qui était, en effet, totalement inutile puisque j’étais déjà en train de déposer la nourriture sur sa table basse, avant de m’affaler comme un vrai lourdaud sur son canapé à ses côtés.

- Alors… Qu’est-ce que tu veux manger ? J’ai du riz blanc, cantonnais, avec de l’œuf. Des nouilles. Du bœuf, du poulet. En gros, j’ai tout pris, je te l’ai dit, fis-je en lui tendant le paquet de chips aux crevettes qui étaient certes très grasses, mais tellement bonnes – un peu comme nos bonnes vieilles chips américaines, en gros… Je vois que tu regardes le match de basket, commentai-je, après un rapide coup d’œil vers la télé. Des fois, je me dis que, regarder le sport à la télé, c’est quand même pas très hétéro comme activité… C’est vrai ! Tu vas pas me dire que mater des mecs souvent sexy en train de transpirer, c’est ce qui est de plus hétéro au monde ! commençai-je à débattre comme j’en avais souvent l’habitude.

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J’avais toujours été taquin quand il s’agissait de mon meilleur ami. Faut dire, il ne rendait pas les choses difficiles non plus. Il était toujours sur le ton de l’humour et ça faisait du bien de passer du temps avec lui, pour ça entre autres. Enfin, de toute façon, il ne prenait rien mal et c’était ça qui était cool. Il me reprochait de faire des fêtes sans lui et je rentrais dans son jeu en disant que c’était le cas. Et j’ajoutais même que c’était à lui de me nourrir du coup. Exactement ! Je souriais alors que je le faisais entrer dans mon appartement. La preuve en est encore aujourd’hui. Je suis sûr que si j’ouvre ton frigo, là, maintenant, j’y trouve un morceau de fromage tout pourri avec une bouteille de coca avec un fond qui a perdu toutes ses bulles. Je refermais la porte derrière lui, tout en l’écoutant et je me mis à rire. Alors va voir. Après tout, on ne saura que comme ça si c’est vrai… ou si c’est faux. Puisque c’était mon meilleur ami, il avait l’habitude de venir ici et du coup, je n’avais plus besoin de lui dire de faire comme chez lui, c’était naturel maintenant. Du coup, il était déjà dans le canapé, ses sacs sur la table basse et il sortait tous ses achats pour me les présenter. Alors… Qu’est-ce que tu veux manger ? J’ai du riz blanc, cantonnais, avec de l’œuf. Des nouilles. Du bœuf, du poulet. En gros, j’ai tout pris, je te l’ai dit Je remarquais alors la grande quantité de bouffe qu’il avait pris, y’en avait pour au moins deux régiments. Il me sortait même des chips à la crevette. Oh my god quoi. Des nouilles et du poulet, ça m’va. J’ai l’impression que t’as ramené pour une semaine entière là ! Je m’installais à côté de lui sur le canapé, regardant tous les ingrédients présents. Je vois que tu regardes le match de basket Je hochais la tête alors que je récupérais ma bouffe. Et forcément, il enchainait avec un commentaire qui lui était typique. Des fois, je me dis que, regarder le sport à la télé, c’est quand même pas très hétéro comme activité… C’est vrai ! Tu vas pas me dire que mater des mecs souvent sexy en train de transpirer, c’est ce qui est de plus hétéro au monde ! Je me mis à rire en secouant la tête. Non mais t’es sérieux ? Je vais pas m’étendre sur le pourquoi du comment j’aime le sport, c’est comme ça. Et ça veut pas dire que je suis pas hétéro, au contraire. En ce moment, je suis bel et bien hétéro ! Bah ouais, je fréquentais Jaycee et ça s’passait assez bien, faut l’avouer.

- Alors va voir. Après tout, on ne saura que comme ça si c’est vrai… ou si c’est faux, m’invita-t-il à vérifier mes dires que j’avais évidemment inventé de toute pièce, et je lui fis un petit geste afin de lui signifier que j’irai plus tard et que, de toute façon, ce n’était pas très important. Après tout, même si cela était véridique, je venais de lui apporter à manger pour plusieurs jours au moins, il avait donc largement le temps d’aller faire les courses entre temps s’il manquait de quoi que ce soit. Des nouilles et du poulet, ça m’va. J’ai l’impression que t’as ramené pour une semaine entière là ! s’exclama-t-il, tandis que je lui tendais les boites contenant la nourriture qu’il venait indirectement de commander.

- J’ai peur que tu crèves la dalle, sans ça, répliquai-je, tout en me servant moi-même de riz à l’œuf et de poulet à l’ananas. Si j’étais pas là, je te retrouverais à l’agonie sur le sol de ton salon et tes derniers mots seraient : « J’ai faim ».

- Non mais t’es sérieux ? rit-il, presque exaspéré par le commentaire que je venais de faire sur le sport – comme quoi, je pouvais encore l’étonné après tout ce temps passé ensemble, ce qui était un point plutôt positif ! Je vais pas m’étendre sur le pourquoi du comment j’aime le sport, c’est comme ça. Et ça veut pas dire que je suis pas hétéro, au contraire. En ce moment, je suis bel et bien hétéro !

- Mais je sais que t’es hétéro, mon lapin ! fis-je, tout en lui pinçant la joue comme on le ferait à un enfant. Sinon, tu serais pas mon meilleur ami. Parce que s’il avait été gay (ou bi, peu importe), cela ferait déjà bien longtemps qu’il serait passé dans mon lit. Et si cette étape n’empêchait pas certains de créer une amitié post-coïtal avec la personne en question, ce n’était pas du tout mon cas. Je n’avais pas l’habitude de garder contact avec mes conquêtes et le peu avec qui je parlais toujours était loin d’être mes amis ! Bref, vous l’aurez compris : je ne pouvais créer de véritables amitiés qu’avec des types avec lesquels il était impossible de coucher. Et c’est quoi ce « en ce moment » ? demandai-je après un temps de réflexion. Tu vois quelqu’un ?

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De toute façon, les choses étaient simples avec Devon. On s’marrait pour rien et c’était ça qui était cool. Pas de prise de tête et on disait ce qu’on pensait, sans flipper de la réaction de l’autre. J’lui disais donc que j’prendrai des nouilles et du poulet. Autant faire simple quand on le peut. J’hallucinais presque en voyant toute la bouffe qu’il avait ramené d’ailleurs. J’ai peur que tu crèves la dalle, sans ça. Si j’étais pas là, je te retrouverais à l’agonie sur le sol de ton salon et tes derniers mots seraient : « J’ai faim ». Je me mis à rire en imaginant la scène de moi par terre en train de dire j’ai faim. Sérieux, c’était vraiment fun. Du coup, j’m’installais à côté de mon meilleur ami, prêt à manger ce qu’il me filerait. Puis forcément, il a pas pu s’empêcher de dire une remarque sur mon programme télé : un match de basket. Ouais, j’aimais regarder le sport et alors ? Bref, il sortait son blabla sur le fait que c’était pas très hétéro le fait de regarder du sport puisqu’il s’agissait de regarder des mecs en short, transpirant qui courent derrière un ballon. De toute façon, j’étais bel et bien hétéro, je le savais. Mais je sais que t’es hétéro, mon lapin ! Ses surnoms me faisaient toujours rire. Il n’y avait que lui pour m’appeler comme ça de toute façon. Et finalement, il se mit à réagir sur ce que j’avais dit, plus particulièrement le « en ce moment. Et c’est quoi ce « en ce moment » ? Tu vois quelqu’un ? Je me pinçais les lèvres. J’pouvais lui dire à lui… on l’avait bien dit à Bliss. Enfin, c’était plus un accident qu’autre chose mais… ouais, j’pouvais. Yep mec. Et pas n’importe qui. J’chopais alors mes nouilles pour ouvrir la boîte et je commençais à manger. Bon, je le laissais mijoter un peu, ça lui ferait pas de mal.

- Yep mec. Et pas n’importe qui, fut sa seule et unique réponse, et je lui aurais mis une beigne pour ça. C’est vrai ! C’était quoi cette façon de faire durer le suspense, surtout envers son meilleur ami ? Et d’ailleurs, depuis quand il était casé, lui ?! Et comment cela se faisait-il que je ne sois pas au courant ?! Mais c’était quoi ce binz ?! J’avais obtenu le titre de meilleur ami depuis longtemps à présent. C’était même tatoué sur mes fesses ! J’avais donc le droit suprême que tous les meilleurs amis ont lorsqu’ils obtiennent ce titre tant convoité : le droit d’être tenu au courant, non seulement le premier, mais aussi, dans un délai d’un jour après l’événement en question. Donc si Aidan avait une petite copine, cela s’était produit hier ou – et au vu des circonstances, j’optais avec désappointement pour cette option – il avait osé ne pas m’en parler tout de suite…

- Tu comptes me faire deviner à l’aide d’une charade ou tu vas avoir la gentillesse de m’épargner ce jeu stupide ? déclarai-je, après avoir savouré une bouchée de poulet à l’ananas que je trouvais toujours aussi délicieux, soit dit en passant. Bon, j’étais légèrement de mauvaise foi en affirmant que le jeu des charades était stupide car je trouvais cela très divertissant, au contraire, et cela permettait aussi de créer des liens plus ou moins forts avec son partenaire de jeu. Par exemple, Aidan et moi nous étions totalement imbattables et la raison était évidente : nous nous connaissions par cœur ! Voilà donc aussi pourquoi je me devais de savoir l’identité de sa copine car ce sera malheureusement elle qui allait me remplacer si nous aurions un jour le malheur d’y jouer.

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Je savais comment attirer son attention sur un truc en particulier. Quelques mots et plus rien, ça suffisait. Après tout, Devon était un gars super curieux et dès qu'on attise cette curiosité, il était impossible à stopper. Du coup, je le regardais me regarder, un petit sourire en coin. Sadique ? A peine ! Tu comptes me faire deviner à l’aide d’une charade ou tu vas avoir la gentillesse de m’épargner ce jeu stupide ? Je me pinçais les lèvres puis je me mettais à rire. Non, juste devine. Je me remettais à manger de mes nouilles et de mon poulet. Je m'enfonçais dans le canapé alors que je le regardais. S'il savait ce qui s'est passé ces dernières semaines, entre la première fois de Jaycee, l'accident de voiture qui avait conduit à ce qu'on se fréquente, puis l'altercation qui a conduit à notre mise en couple.. Ouais, j'en avais vécu des trucs ces dernières semaines. Bon, je vais t'épargner cet immense effort à ton cerveau, le pauvre déjà qu'il bosse pas souvent... Je me mis à rire. Ouais, j'en profitais pour le taquiner, ne serait-ce qu'un peu. S'il en faisait de même avec moi, je pouvais bien m'amuser à mon tour. Depuis quelques semaines... j'fréquente Jaycee. Et ça devient... sérieux. Très sérieux. Certes, on se cachait mais vivons heureux vivons caché non ?

- Non, juste devine, fit-il simplement, avant de prendre une bouchée de nouilles et de poulet, tout en s’enfonçant confortablement dans le sofa, son regard amusé fixé au mien. Je détestais lorsqu’il s’amusait avec moi de la sorte – et pourtant, je faisais bien pire envers lui ! Mais dans cette situation précise, il était en train de me faire tourner en bourrique et cela m’énervait passablement. Après tout, on parlait tout de même d’une information importante le concernant ! J’avais donc le droit de savoir ! J’avais BESOIN de savoir ! Bon, je vais t'épargner cet immense effort à ton cerveau, le pauvre déjà qu'il bosse pas souvent... se moqua-t-il gentiment tandis que je lui répondais par un grimace enfantine, content tout de même qu’il se décide enfin à tout m’avouer. Depuis quelques semaines... j'fréquente Jaycee. Et ça devient... sérieux. Très sérieux, me lança-t-il, telle les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki.

- Quoi ?! m’exclamai-je, horrifié par cette nouvelle, bien que peu étonné car les filles et garçons hétéros ne pouvaient définitivement pas avoir une relation amicale sans que cela ne passe pas le sexe… (je ne ferais évidemment pas remarquer ma mauvaise foi évidente puisque j’avais moi-même affirmé que je ne pouvais être amis avec des mecs gays sans coucher avec eux…). Oh, mon Dieu… Dis-moi que c’est pas vrai ! Pas elle ! Ma réaction n’était que légèrement exagérée. Ça ne se voyait peut-être pas, mais j’aimais beaucoup Jaycee. Seulement, une sorte de rivalité amicale s’était créée entre nous et j’adorais faire semblant de la détester – ce qui était de même de son côté. Allez, viens. On se fait un petit voyage à Vegas. Je te paye toutes les putes que tu veux, et on oublie cette histoire…

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J'aimais m'amuser de mon meilleur ami, c'était une de mes distractions préférées. Je pouvais bien faire ça, il n'hésitait pas à faire pire avec moi donc pour une fois que j'ai l'avantage, je ne crache pas dessus. Le truc, c'était que même s'il cherchait, il n'allait en aucun cas trouver qui était la fameuse fille. Ou alors, c'était vraiment la dernière à qui il penserait. Mais bon, finalement, je me disais que je pouvais lui faire une petite fleur et lui dire qui était la mystérieuse fille qui occupait mon lit, et mes pensées toute la journée. Je faisais quand même durer le suspens quelques instants... et je lâchais le nom. Jaycee. Je lui avouais même que ça devenait très sérieux, pour qu'il voit bien que ça allait durer. Quoi ?! Visiblement, ça n'avait pas l'air de lui plaire... vraiment pas. Je fronçais les sourcils, qu'est-ce qu'il avait à redire cette fois ? Oh, mon Dieu… Dis-moi que c’est pas vrai ! Pas elle ! Je soupirais alors que je reposais mon plat sur la table basse tout en le regardant. Qu'est-ce que ça peut t'faire de toute façon ? Elle est avec moi, pas avec toi. Bah ouais, quand même. Ca restait mon choix et il n'avait rien à redire. Il était homo de toute façon, c'est pas comme s'il pouvait avoir des vues sur elle. Alors ouais, j'étais perdu dans sa réaction. Ca devait peut-être à voir avec leur relation à eux deux... sûrement ouais. Allez, viens. On se fait un petit voyage à Vegas. Je te paye toutes les putes que tu veux, et on oublie cette histoire… Je me mis à rire même si c'était pas vraiment drôle. Il n'avait pas l'air d'accepter ma relation avec Jay, et je ne comprenais pas pourquoi. On oublie rien du tout, j'suis amoureux d'elle mec. Va falloir t'y faire, c'est plus ma meilleure amie maintenant, mais ma p'tite amie. Et il avait intérêt à l'accepter, sinon ça allait barder.

- Qu'est-ce que ça peut t'faire de toute façon ? Elle est avec moi, pas avec toi, me reprocha-t-il quelque peu ma réaction plus qu’étonnée quant à cette affreuse nouvelle – qui était surtout affreuse dans le sens où j’allais devoir supporter leurs papouilles lorsque j’aurais le malheur de me retrouver en leur compagnie. En tout cas, il était clair que Jaycee n’était pas avec moi, et il n’y avait aucune chance pour que cela soit le cas un jour. Pour la raison évidente que j’étais 100% gay et que rien que l’idée de toucher une fille me dégoûtait au plus haut point – ce qui n’était pas forcément le cas de tous les mecs qui se disaient homosexuels… On oublie rien du tout, j'suis amoureux d'elle mec, se révolta-t-il de ma proposition d’aller à Vegas afin de s’amuser et d’oublier les filles voleuses de meilleur ami. Va falloir t'y faire, c'est plus ma meilleure amie maintenant, mais ma p'tite amie. Je soupirai profondément, Aidan ne semblant pas vraiment ravi de ma réaction – ce que je pouvais parfaitement comprendre, mais je n’allais pas non plus me forcer à sauter de joie, alors que ce n’était pas du tout mon genre. Je n’aimais pas montrer mes véritables sentiments même dans ce type de situations.

- Amoureux, amoureux… Tu crois pas que t’abuses un peu, dis-je, légèrement étonné qu’il puisse dire ça aussi facilement – bien que je savais Aidan plus sentimental que moi (en même temps, n’importe qui pouvait être plus sentimental que moi étant donné que j’étais aussi émotif qu’une porte de prison…). Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? Un jour ? C’est donc un peu rapide pour dire que t’es amoureux !

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Je pensais pas que cette nouvelle allait le faire réagir de cette façon. Ok, j'suis avec Jaycee mais pourquoi le prendre si mal ? Je ne voyais vraiment pas le pourquoi du comment de cette réaction exagérée. Forcément, je m'étais douté qu'il dirait une connerie mais peut-être pas aussi grosse que celle-ci. Aller à Vegas pour oublier ma relation avec Jay, il en était juste hors de question et je ne me gênais pas pour le lui dire. J'en profitais même pour lui dire qu'il fallait s'y faire parce que c'était ma petite amie et moi, j'ai toujours été sérieux quand j'étais en couple. Amoureux, amoureux… Tu crois pas que t’abuses un peu Je le regardais avec mon air "tu crois que j'ai l'air de rigoler ?" Bien sûr que j'étais amoureux, on le ressentait quand les sentiments étaient là et qu'il n'était plus possible de les nier. Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? Un jour ? C’est donc un peu rapide pour dire que t’es amoureux ! Je secouais la tête. Il ne sait pas de quoi il parle donc normal qu'il soit aussi... dubitatif. Arrête, tu sais pas ce que c'est. Que ça fasse un jour, plusieurs semaines ou plusieurs mois, ça change rien. Je sais ce que je ressens et ouais, j'suis amoureux. Bon, de toute façon, ça ne faisait pas un jour mais plusieurs semaines maintenant. Le fait est que je lui avoue seulement maintenant parce que je sais que ça fonctionne elle et moi et, même si on doit rester cachés, je voulais le partager avec mon meilleur ami.

- Arrête, tu sais pas ce que c'est, se révolta-t-il contre mes paroles. Et je ne pouvais pas le contredire sur ce point. Cela pouvait peut-être être difficile à croire pour les romantiques qui tombaient amoureux tous les jours de la première personne venue, mais je n’avais jamais été amoureux. Il fallait dire aussi que je n’avais pas vraiment eu une adolescence comme les autres. Mes parents homophobes m’avaient forcé à refoulé cette partie intégrante de moi, m’empêchant alors tout contact, que ce soit physique ou émotionnel, avec les garçons. Et si j’étais à présent libéré de leur joug, ils avaient violemment arraché cette partie émotionnelle qui nous faisait rêver sur l’Amour et toutes autres conneries en tout genre et qui sommeillait en chacun de nous de mon cœur. Et puis, comment pourrais-je croire que quelqu’un puisse un jour m’aimer, alors que mes propres parents me détestaient pour ce que j’étais ? Non, je ne risquais définitivement pas de tomber amoureux un jour… Que ça fasse un jour, plusieurs semaines ou plusieurs mois, ça change rien. Je sais ce que je ressens et ouais, j'suis amoureux, conclut-il, comme s’il n’y avait plus rien à y redire. Je soupirai bruyamment.

- Et moi qui pensais qu’il n’y avait que moi qui pouvais te rendre heureux… fis-je alors d’une manière tout ce qu’il y avait de plus théâtrale. Enfin, promet-moi tout de même une chose ! Promet-moi qu’on passera toujours autant de temps ensemble et, par pitié, pas de léchage de gorge en ma présence ! J’aurais déjà du mal à vous voir ensemble, alors si en plus je dois supporter vos bécotages, je me tire une balle ! m’exclamai-je plus que sérieux – sauf pour le suicide, j’étais trop jeune pour mourir…

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Entendre Devon dire que je n’étais pas amoureux après un jour –bien que ce n’était pas le cas, ça fait quelque temps que Jaycee et moi nous nous fréquentions- c’était un comble. Il n’était jamais tombé amoureux donc il ne pouvait pas savoir ce que ça faisait. Moi, je savais, et j’étais vraiment sérieux quand je le lui disais. De toute façon, il avait une vision beaucoup trop fermée de ce que pouvait être l’amour ou les sentiments en général. Certes, c’était mon problème mais qu’il n’aille pas dire ce que je ressens. Mais de toute façon, j’avais réussi à le faire accepter ça puisqu’il capitulait assez vite, soupirant. Et ouais, j’étais amoureux. Et moi qui pensais qu’il n’y avait que moi qui pouvais te rendre heureux… Je me mis à rire. Il trouvait encore le moyen de raconter de la merde. Tu me rends heureux… à ta façon. disais-je sur le ton de réponse à sa manière de le dire. De toute façon, c’était mon meilleur pote et rien ni personne ne changerait ça. Enfin, promet-moi tout de même une chose ! Promet-moi qu’on passera toujours autant de temps ensemble et, par pitié, pas de léchage de gorge en ma présence ! J’aurais déjà du mal à vous voir ensemble, alors si en plus je dois supporter vos bécotages, je me tire une balle ! Encore une fois, je me mettais à rire. Pourquoi allait-il toujours dans les extrêmes comme ça. Pour l’instant, c’est encore secret… on veut pas se montrer pour profiter de notre bulle mais t’inquiète, on gardera nos habitudes, et pas de bécotage devant toi. Je n’voudrais pas avoir ta mort sur ma conscience ! Ça serait con qu’il se tire une balle pour de simples baisers. Quoiqu’en y repensant… j’suis pas sûr de pouvoir tenir sans l’embrasser… Je guettais sa réaction, lui qui exagérait tout le temps.

- Tu me rends heureux… annonça-t-il en réponse à ma théâtralisation un peu – beaucoup – exagérée du désespoir, avant de rajouter : à ta façon, ce qui me fit presque éclater de rire. Voilà pourquoi Aidan était mon meilleur ami aussi, parce qu’il rigolait de mes conneries et pouvait y répondre avec tout autant d’humour. Pour l’instant, c’est encore secret… m’expliqua-t-il alors, après que je lui ais expressément demandé qu’ils ne se bécotent pas devant moi (je n’avais pas envie de faire des cauchemars ensuite…). On veut pas se montrer pour profiter de notre bulle mais t’inquiète, on gardera nos habitudes, et pas de bécotage devant toi. Je n’voudrais pas avoir ta mort sur ma conscience ! plaisanta-t-il, ce qui me fit évidemment rire et je faillis presque m’étouffer avec mon poulet – une situation assez ironique au vu de ce qu’il venait juste de me dire. Quoiqu’en y repensant… j’suis pas sûr de pouvoir tenir sans l’embrasser… finit-il, provoquant chez moi une grimace de dégoût.

- La seule personne que je t’autorise à embrasser, c’est moi ! m’exclamai-je alors sans le moindre sérieux (comme à mon habitude). D’ailleurs, vas-y ! Embrasse-moi et j’accepte d’être témoin à votre mariage, poursuivis-je, emporté par la plaisanterie, mais je m’arrêtais bien vite en comprenant l’énorme erreur que je venais de faire. Enfin, non ! Attends… Je dis une connerie. Le mariage est encore interdit pour vous, les hétéros, non ? tentai-je de rattraper le coup, en espérant sincèrement qu’Aidan ne retiendra pas l’idée stupide de s’unir pour soi-disant la vie à Jaycee jusqu’à ce que le divorce les sépare.

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