J'ai choisi la mort pour nous réunir
Les vacances d’été, une période que j’appréciais particulièrement parce que je n’avais pas la moindre obligation ponctuelle, vous savez, être obligée de me lever tous les jours suivant les horaires de mes cours, les devoirs à rendre et les partiels qui étaient la source principale de mes trois petites heures de sommeil par nuit pendant les périodes scolaires les plus ardues. J’appréciais également le fait d’avoir quasiment trois mois de vacances parce que je gardais en tête que dans quelques années lorsque je serais enfin arrivée à bout de mes études je n’aurais plus le droit à autant de semaines de congés, si je parvenais à réaliser mon rêve en devenant chirurgienne je savais très bien qu’il y aurait des dizaines d’heures de travail en plus, des longues nuits de garde pendant lesquelles je ne pourrais pas dormir et un épuisement global que je devrais pourtant contenir pour toujours être présente pour mes patients et leurs proches, je serais également obligée d’être toujours vive d’esprit pour pouvoir opérer à n’importe quel moment et c’était un challenge que je me sentais plus que capable de relever. Ici je ne dormais pas énormément et pourtant je tenais bon, la fatigue et le repos à mes yeux c’était pour les gens qui avaient peu de volonté et qui étaient faibles, je n’étais pas d’eux, je ne m’arrêtais jamais de bouger. La matinée était passée très vite puisque j’étais rentrée très tard d’une soirée et que j’avais donc rattrapé ma nuit ce matin n’ayant pas le moindre plan de prévu. Il devait être environ midi lorsque j’avais enfin ouvert les yeux, je m’étais longuement douchée, la musique à fond histoire que je puisse chanter comme une casserole même sous la douche. J’avais malgré tout entendu la sonnerie de mon portable retentir puisque je l’avais laissé sur l’évier juste à côté de la douche, ne prenant pas la peine de couper l’eau je m’étais simplement jetée sur le lavabo pour m’emparer de mon téléphone. « Allo ? » Disais-je en tâchant de ne pas trop approcher mon iPhone afin de ne pas le tremper avec mes cheveux mouillés et ma peau ruisselante. « Jersey, j'ai rechuté, je crois que c'est la fin. » Je fronçais les sourcils. « Qu… » A peine avait-il largué sa bombe qu’il avait raccroché, me laissant seule face à une angoisse qui naissait et prenait immédiatement de la place. Je connaissais Knox, je l’avais rencontré au pire moment et, sans vouloir me lancer des fleurs, c’est en majorité grâce à moi qu’il avait décroché. Le sevrage avait été difficile à vivre psychologiquement, j’avais étudié longuement la chose lors de ma deuxième année de médecine mais le vivre était vraiment difficile, il s’était débattu sous l’effet du manque, il m’avait même parfois poussée, insultée mais j’avais tenu bon et il était clean maintenant. Je ne voulais pas le laisser retomber, c’était impossible. Malgré le fait que je sois trempée je m’étais ruée sur une serviette pour m’essuyer à l’arrache, ayant enfilé les premiers vêtements qui m’étaient tombés sous la main, mon bikini rose fluo, un short en jean, une paire de chaussures à talons blanches et un top largement décolleté. Tant pis pour mes cheveux trempés et tant pis si j’avais roulé trop vite sur la route pour rejoindre la villa de Knox, de Bel Air, le quartier dans lequel je vivais à plein temps, occupant une magnifique propriété avec piscine, jacuzzi et tout le confort qu’il fallait.
En arrivant dans sa cour je m’étais garée à l’arrache, ayant immédiatement quitté mon véhicule, les clés sur le contact pour rejoindre la porte d’entrée. Mon corps battait follement dans ma poitrine et une grosse boule m’empêchait de bien pouvoir reprendre mon souffle, j’étais inquiète, d’autant que la porte d’entrée était ouverte et qu’il n’y avait pas de bruit à l’intérieur. Je rentrais sans même y avoir été invitée, regardant tout autour de moi. La première chose que je repérais était sans conteste la poudre blanche qui se trouvait sur sa table, mon cœur se serrait, il avait replongé et c’était très mauvais. « Knox… Knox… » Je commençais très sérieusement à paniquer et le voir là, allongé sur son sofa, l’air dans les vapes ou pire encore n’arrangeait rien du tout. Je courais jusque lui, m’agenouillant sur le sol pour pouvoir l’examiner du regard, il ne semblait plus respirer et à cet instant je ne pensais même pas à prendre son pouls directement. Je lui mettais une petite gifle pour voir s’il avait encore des réflexes mais rien. « Merde ! Knox, restes avec moi ! » Je me redressais pour le glisser, même s’il était lourd, jusqu’à ce qu’il tombe avec moi au sol, le plaçant du mieux que je pouvais en position pour pouvoir débuter un massage cardiaque si je ne trouvais pas de pouls. Prenant une grande inspiration pour tenter de me calmer et de regagner un minimum de sang-froid je venais glisser mes doigts sur son cou, appuyant pour pouvoir ressentir les battements de son cœur.