Je ferme les yeux, m’attends à ce qu’il se lève et qu’il me laisse. Comme s’il se doit en somme quoi. Madison est sa copine, j’ai assimilé la chose, maintenant je ne me fais plus de film, je ne suis même pas sure de vouloir regarder un film. Je veux qu’il me laisse tranquille, je n’ai pas envie de me prendre la tête. Je n’en ai jamais eu envie, alors ça ne va pas commencer avec lui. Non, pas aujourd’hui. S’il vous plait, pas aujourd’hui. Je me sens en colère, je ne devrai pas, j’rouvre les paupières et mon regard tombe dans le sien, s’il ne part pas, c’est moi qui vais devoir le faire putain. Je ne fais pas partie de ces filles avec qui on trompe sa copine. Même si clairement, on a rien fait lui et moi, enfin sauf l’autre fois. Il était d’ailleurs déjà avec elle à ce moment-là ? Je me rends compte que je ne connais pas Andreas, vraiment pas, et qu’il aurait pu me mentir, j’aurai tout gobé. Qu’il peut me mentir et que je crois tout. Je suis vraiment idiote, pas vrai ? « Pourquoi tu dis ça ? » C’est maintenant que je dois m’énerver ? Parce que c’est elle ta copine, pas moi. On joue à un jeu dangereux, que je ne comprends pas. Et puis, de toute façon, je n’ai pas envie de servir de poupée. J’avale ma salive difficilement, me demandant si je dois vraiment répondre à ça. Il se redresse et … « Si je suis resté là c'est parce que j'avais envie de passer la soirée avec toi. » D’accord. Je euh … Je perds mes mots, une nouvelle fois, pour changer quoi. Mais j’ai l’impression qu’il perd aussi les siens. Je tente de contrôler ma colère, mais ce n’est pas possible en fait, c’est déclenché et je crois bien que rien ne l’arrêtera. Je soupire m’arrachant à moitié les cheveux. « Alors à toi de voir si tu veux vraiment me virer pour que je la rejoigne ou si tu préfères que je reste ici. » Je veux qu'il reste, je ne suis pas une menteuse moi, et pourrai l'affirmer. Ouais, j'ai envie de lui à mes côtés, c'est vrai. Mais non, faut se raisonner Grace, allez ... J’entrevois son sourire dans l’obscurité, avec la simple lumière des lampadaires, de l’ordinateur pour nous éclairer. Il est beau, et je m’en veux de le penser. Il sait y faire, ça aussi je me déçois de l’affirmer. Je ne sais pas ce que je veux. Il a foutu le bordel en moi, je pince mes lèvres, je m’approche de lui, à une distance bien trop proche, je le sais, je devrai m’empêcher, mais j’y arrive pas. Je suis en colère, je ne veux pas, et pourtant je me faufile, pousse l’ordinateur, nos visages presque accolés, je laisse mes doigts le caresser, son visage évidemment. Je l’apprécie, bordel, je l’apprécie vraiment. Je continue mon geste pour glisser mes doigts sur lui, je le taquine de loin, souris en coin. De mes lèvres j’effleure les siennes, avant d’y poser dessus une phrase. « Si tu tiens à elle, casse-toi. » Je le teste, je veux voir. Savoir jusqu’où il est capable d’aller, et à la fin faire ce que j’aurai du faire dès le départ pour lui et moi, rester éloignés. On aurait dû s’arrêter à ce baiser, celui qu’il a lui-même qualifié de dernier.
Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil,
ce moment où on se souvient d'avoir rêvé ?
C'est là que je t'aimerai toujours,
c'est là que je t'attendrai.