J’avais connu Oksana, et j’étais tombé fou amoureux d’elle alors que la guerre faisait rage autour de nous, alors que la mort qui régnait autour de nous consumait petit à petit. Je lui avais demandé sa main en sachant pertinemment que je n’allais peut-être pas la voir, et que de toute manière, elle allait s’éloigner de moi en repartant, oui j’avais fait toutes ces choses folles parce que je l’aimais, et parce que je savais que c’était la bonne. Notre couple avait survécu à tout ça, à l’éloignement, la guerre, le manque de communication, et pourtant, une fois réuni, c’est là que tout éclatait. À croire que plus nous étions proches, plus nous nous éloignions, comme des aimants. C’était dingue de ce dire que pendant tout ce temps, alors que j’étais soldat, j’avais rêvé de l’avoir auprès de moi, et que désormais, alors que je savais qu’elle était près de moi, je ne pouvais la toucher, la prendre dans mes bras. Soudain, ses mots faisaient chavirer mon cœur, elle semblait hésitante, mais je la connaissais, elle ne parlait jamais pour des paroles en l’air. J’avalais alors avec difficulté ma salive et oubliais ma cigarette qui se consumait. « Tu… tu es sûre ? » Il fallait que j’entende l’affirmative, il ne m’en fallait pas plus.