J’aurais pu laisser tomber. M’enfermer dans cette vie à Los Angeles, sans elle. Trouver une autre fille, avec qui passer du bon temps. Et peut-être finir par en faire une petite amie. Parce que c’est le but de ma nouvelle vie. Lui passer la bague au doigt, emménager, faire des gosses et divorcer. Mais cette vie est d’un ennui. Plus les jours passent et plus je m’enferme dans ce monde, plus je deviens dingue. Un lion en cage, qui tourne encore et encore, se rassasiant à peine du repas qu’on lui sert, la rage au ventre de quitter cette cage et de tout dévorer autour de lui. Une sensation qui s’amplifie depuis qu’elle est partie. Une sensation qui me consume depuis qu’elle n’est plus là. J’ai besoin d’elle mais mon arrivée à l’aéroport écossais reste complètement impulsive. J’aurais pu partir ailleurs, au fin fond du désert péruvien, dans les plus hauts sommets asiatiques, en quête d’un dépaysement total et salvateur. J’aurais pu l’oublier, parce qu’il est trop tard, parce que notre impossibilité à communiquer, à se comprendre avait tout foutu en l’air. Mais lorsqu’il m’eu fallu choisir la destination, c’est ici que j’ai atterri, sans bagages, avec ce que j’ai sur le dos, du cash dans les poches et une adresse en tête que je donne au chauffeur du taxi à l’accent prononcé. Une heure plus tard j’arrive devant cette petite maison de banlieue. J’ai les yeux clos, mais je n’arrive pas à dormir, même après plus de dix heures de vol. Sur le pas de la porte, je frappe enfin et je mentirai si je n’avoue pas que mon cœur cognait brusquement dans ma poitrine. Là, une femme m’ouvre. Ce n’est pas Madison, mais ses traits y ressemblent. Surement sa mère. « Bonjour, je viens voir Madison … Elle est ici ? ». La surprise risque d’être rude. Je ne connais pas sa réaction, j’espère juste la voir, juste la voir … Ce n’est pas dans mes habitudes de courir après une femme, je suis plutôt du genre à les fuir, à m’exiler. Mais avec elle tout est différent … Tout à toujours été différent.