« Oh allez Al', arrête de penser à lui et viens t'éclater avec nous, c'est rare que l'ambiance soit aussi bonne ici ! » Mais je n'ai pas la tête à m'éclater, pas ce soir. Pour une fois j'ai dû surestimer ma capacité à relativiser, enfin, si on peut appeler ça comme ça, en tout cas je n'ai pas réussi à faire semblant plus d'une heure. Il est presque minuit et toutes mes pensées vont vers RJ, lui que je ne comprends plus ces derniers temps, qui a oublié que j'étais sa petite-amie aussi, accessoirement. C'est simple, j'ai l'impression qu'il fait sa vie de son côté et moi la mienne de mon côté. Cela m'aurait été si nous n'avions pas été si « amis » avant de se mettre ensemble. Il n'y avait pas deux ou trois jours où je n'avais pas de ses nouvelles et là, plus rien alors que nous sommes en couple. Peut-être que je suis égoïste, mais pas mal intentionnée envers lui. Tout ce que je voudrais, c'est discuter avec lui de ce qui s'est passé à Manchester sans pour autant avoir l'impression de l'emmerder et croyez-moi, ce n'est pas gagné. Assise à notre table pour la soirée, je regarde Amber, Cora et Jessica danser gaiement non loin d'un barman qui n'a d'ailleurs d'yeux que pour elles. Il faut dire qu'en dignes camarades étudiantes de danse, elles savent comment y faire. Au lieu de les rejoindre, tout ce dont j'ai envie c'est de fuir, de sortir de ce bar blindé de monde bruyant pour retrouver l'air frais, quitte à rentrer chez moi. Bien décidée à m'exécuter, je me lève, me rapproche de Cora et lui glisse à l'oreille que je m'échappe et que je lui enverrai un texto une fois rentrée, puis je disparais dans la foule, sors enfin du bar. Là, je ne sais même pas quoi faire, ni où aller. Après cinq ans passé à Los Angeles, je ne connais malheureusement pas encore la ville comme ma poche, en tout cas pas ce quartier dans lequel les filles ont voulu m'emmener. Alors je vais sur ma droite, longe le trottoir à une allure relativement rapide avant de malencontreusement foncer dans quelqu'un, et quand je me retourne pour m'excuser je réalise que c'est le pote de RJ. « Désolée … euh … » Bravo Alice, tu aurais au moins pu retenir son prénom la dernière fois que tu l'as vu, non ? Ce doit être ses yeux qui m'avaient captivée, bon sang ce que son regard est perçant à ce gars. « … Chace ? Chris ? » Cesse de te ridiculiser, peut-être. « Je ne regardais pas où j'allais. » Que je lui dis finalement, encore plus désappointée.
Avec une insupportable vanité, elle s'était imaginé pouvoir sonder le cœur de tout le monde. Les évènements avaient montré qu'elle s'était complètement trompée. Austen