Alice Collins était comme la plupart des filles que Charly avait toujours eu pour habitude de côtoyer, à une ou deux exceptions prêtes. Ce qui la différenciait, ce qui était tout à son honneur, c’était sa façon de laisser les étiquettes de côtés de sorte qu’elle soit sur le même piédestal que son ami aristocrate. Jouer les bellâtres ce soir n’était donc pas chose facile pour l’Allemand qui néanmoins s’accommodait parfaitement de la situation. La jeune femme parlait avec assurance et confiance, peu impressionnée par les discours de Charly qui visaient toujours à vous en mettre plein la vue. Non. Ce soir, le Von Bodman était un garçon comme les autres, un garçon banal ou presque qui avait eu la chance de rencontrer une Alpha pétillante pour pimenter sa soirée. Pourtant, il restait persuadé que cette rencontre de ce soir s’ancrerait autant dans la mémoire de sa partenaire que dans la sienne.
Charly avait souri après les dires d’Alice qui félicitait presque sincèrement sa façon de danser. C’est vrai qu’il était plus ou moins doué pour bouger son corps en rythme, avec élégance ou non. Pendant son enfance, il avait pourtant dû prendre maintes séances de danse qui avaient pour unique objectif la perfection absolue. C’était un art qui avait toujours fait partie de son éducation et que tout bon aristocrate se devait de respecter. Mais cette partie de l’histoire, Alice ne la connaîtrait probablement jamais, comme tous ceux qui côtoyaient quotidiennement le jeune homme.
« Ca c’est parce que tu n’as jamais été dans ce genre d’établissements à mes côtés. » rétorque le Delta avec un brin de malice et de fierté. « Il suffit juste de connaître les bonnes adresses » continue-t-il tout en restant persuadé que son amie n’avait jamais mis un seul pied à l’intérieur d’un restaurant cinq étoiles. Mais cela ne le dérangeait pas, il aurait tout le temps de confirmer ses dires lors d’une toute autre soirée, dans une toute autre ambiance. Ce soir, ils vivaient des heures où plus rien ne comptait, des heures que certains trouveraient sombres, malsaines, sales. Un seul mot d’ordre : l’oubli. L’oubli d’un amour douloureux pour une, l’oubli d’une routine tyrannique pour l’autre. Cette nuit, ils avaient tous les deux une bonne excuse pour se laisser aller, ils avaient tous les deux une bonne excuse d’ouvrir une parenthèse afin de goûter à l’illégalité. Charly aurait pu prétendre avoir de l’expérience avec ces substances illicites et d’une certaine façon il en avait depuis son entrée au lycée de Berlin, lorsque l’adolescent exemplaire qu’il était a finalement laissé échapper sa sagesse pour adopter prétention, arrogance, impolitesse, manipulation…. Avec ces produits, il ne valait mieux pas discourir inutilement sur leurs effets, chacun sachant suffisamment les risques qu’ils couraient en les consommant ne serait-ce qu’au niveau de la loi. Pour Alice, c’était une première, c’était un grand moment. Charly eu une pensée pour RJ sans qui tout cela ne serait jamais arrivée et alors il sourit. Il sourit car d’une certaine façon, il admirait Alice qui avait eu le courage de s’embarquer dans une aventure telle que celle-ci avec un garçon qu’elle connaissait uniquement grâce à une réputation qui lui collait à la peau, grâce à des rumeurs, de mensonges, des vérités qui lui couraient après. « Je suis fier de toi Collins, tu auras finalement été jusqu’au bout. Je n’aurais pourtant pas parié sur ton courage. » Il sourit à nouveau, ce geste étant à l’honneur en cette soirée à la fois plaisante et pleine de surprises. Charly s’installa sur l’escalier de secours d’un bâtiment que se trouvait plus en profondeur dans la ruelle. Il jeta un coup d’œil aux différents graffitis effacés par le temps mais qui témoignaient de la marginalité de ce lieu. Une pochette à la main, il sortit de celle-ci des herbes précieuses par leur prix et par leurs effets. Avec soin, il roula ensuite un premier joint qu’il finit par tendre à Alice accompagné d’un briquet. « Je vous laisse l’honneur de commencer très chère ! » Les bras croisés sur son torse, l’Allemand jeta un regard joueur à sa compagne de ce soir alors qu’il avait toujours un soupçon de doute quant au courage d’Alice à se jeter à l’eau. « Pour répondre à ta précédente remarque, dévoiler nos péripéties de ce soir est très tentant mais je t’apprécie trop pour ruiner ta réputation d’Alpha, pourtant je t’assure que j’en ai les moyens. » Charly ne mâchait pas ses mots, il n’exagérait rien. Ruiner la vie des gens, ruiner tout court, c’était un mot, une attitude que son père lui avait enseigné depuis son plus jeune âge. Et comme s’il était programmé pour agir de la sorte, il s’exécutait à ternir l’image des plus faibles, de ses ennemis. Usant de son charme, de sa force et de son statut de fils de, secondé par son rôle de chef de confrérie, aidé par une richesse qui lui ouvrait n’importe quelle porte. « J’espère quand même que de ton côté tu raconteras quelle merveilleuse soirée tu as passé au bras de Charly Von Bodman » blagua-t-il avant de baisser son regard vers le joint que tenais Alice entre ses doigts. « Gute Reise meine liebe Freundin*. » conclu-t-il sans quitter Alice des yeux.
Bon voyage ma chère amie*
Ka Pua Maila I Ka Mauna
There is pleasure in the pathless woods, there is rapture on the lonely shore, there is society where none intrudes. By the deep sea and the music in its roar. I love not man the less, but Nature more.endlesslove