Il me dit que le fameux homme situé non loin du Snow n'est pas "son style" d'hommes, et je me retrouve à froncer des sourcils à ce moment précis. Parce qu'il a un style d'hommes ? J'en suis un peu déboussolé tant je ne m'attendais pas à ce que ce soit le cas et, surtout, à ce qu'il me l'annonce aussi ouvertement et d'une façon aussi désinvolte. Est-ce que je corresponds à ce style, moi, au moins ? Non, parce que clairement, si on veut jouer à ce jeu là, moi aussi, je peux dire qu'Adriel correspond davantage à mon style que l'inconnu X qui ne m'intéresse dès à présent pratiquement plus du tout. Nous nous mettons alors à parler du bateau devant lequel ce fameux inconnu se maintient depuis tout à l'heure, et je me permets de lui laisser penser que je ne suis pas plus impressionné par le navire que cela. Je pense avoir touché une corde sensible, étant donné qu'on m'avait déjà dit qu'insulter le yacht d'un riche revient à taquiner un homme au sujet de la taille de son engin - en somme, qu'il s'agissait de quelque chose qu'il fallait prendre très au sérieux car eux le prenaient très à coeur, quoi. Pour ma part, je ne me suis jamais senti complexé par mon engin à moi, mais cela ne m'empêche tout de même pas de comprendre la comparaison et, du coup, de l'apprécier à sa juste valeur. Je me dis donc que pour détendre l'atmosphère, il vaudrait mieux que je lâche quelque chose d'humoristique, histoire de lui faire oublier que je viens de réagir avec une indifférence simulée face à la vue de son bateau (que j'admire pourtant depuis maintenant des années), et voilà que nous en venons donc à parler de mes cheveux. Il me dit avoir été persuadé que je faisais une permanente pour qu'ils semblent aussi soyeux et, pourtant, frisés ... Et en profite pour me préciser que cela me va bien. Souriant légèrement, tournant mon regard vers le sol, je me rends compte que ce type est probablement en train de me draguer. Comme ça. Cash. J'aurais dû m'en rendre compte un peu plus tôt.
- Non non, j'ai essayé de me les faire lisser une fois mais la machine du coiffeur n'a pas trop apprécié. Je crois même qu'elle s'est cassée à cause de moi.
C'est faux, archi-faux, d'autant plus que je n'ai jamais eu la (mauvaise) idée en tête de me faire défriser les cheveux, ne serait-ce que temporairement ... Mais si mon interlocuteur n'est pas trop simple d'esprit, il comprendra que c'était une blague lancée pour sociabiliser plutôt que pour reconter des faits réels. Il m'invite alors à découvrir le yacht et c'est avec une curiosité à peine dissimulée par ma nonchalance ambiante et mon calme légendaire que j'accepte de l'y suivre, lorsqu'il le souhaitera. Je ne m'étais pas rendu compte qu'il comptait m'y emmener dans l'immédiat, cependant, son invitation me prenant donc par surprise.
- Maintenant ?
Je cligne des yeux, sonné par la stupeur, avant de réfléchir un bref instant et de reprendre, plus sûr de moi :
- On ne risque pas d'avoir besoin de crème solaire sur un bateau donc bon, pourquoi pas ... Allons-y, oui, si tu y tiens !
J'essaie bien d'appuyer sur le fait que si je le suis, c'est pour lui faire plaisir plus qu'autre chose ; que moi, cela m'est égal si l'on visite le bateau ou non et, surtout si on le visite maintenant, plus tard dans la journée, un autre jour ou tout simplement jamais. C'est faux, encore une fois, certes, mais bon, il n'a pas non plus besoin de savoir que ce bateau, cela fait six ans que je meurs d'envie de le découvrir, de monter à bord de celui-ci pour y vivre la plus folle des aventures. Non, ça, c'est un secret qui s'est si confortablement installé en moi qu'il n'a plus jamais besoin de ressortir à la lumière du jour. Mais voilà qu'il est en train de m'entrainer le long des quais, me poussant légèrement vers l'avant. Si le contact physique avec lui n'est pas nécessairement déplaisant, il m'est tout de même désagréable, étant donné que j'ai du mal à rester posé et contrôlé lorsque l'un des hommes les plus attirants au monde a une main posée sur mon corps (quel que soit son emplacement). J'avance donc d'un pas hâté afin de me libérer de son emprise et de marcher plus vite vers le navire en question. Au moins, je connais notre destination, c'est déjà ça. Une fois arrivés, il m'invite à monter en premier ce que je fais, sans hésiter, notant au passage qu'il a été bien éduqué et que c'est une qualité remarquable à avoir lorsque l'on est un jeune homme de son âge. Sa mère devait probablement avoir envie d'un fils gentleman. Sexy. J'arrive donc sur le bateau et je me permets d'admirer la vue en inspirant profondément afin de remplir mes poumons de cet air marin si sain qui nous entoure. Lorsqu'il me rejoint, mon regard l'interroge au sujet de notre prochaine destination et c'est alors qu'il commence à me guider vers un espace dans lequel se trouve plusieurs sièges, enfin, des objets sur lesquels s'assoir : une banquette, des fauteuils ... Le genre de choses sur lesquelles on a envie de s'assoir lorsqu'il fait aussi beau qu'aujourd'hui, en fait. La banquette attire cependant davantage mon regard, car elle fait face au soleil (et qu'elle me permettra donc de bronzer un peu), donc c'est sur elle que je me pose, presque instinctivement. J'en profite pour ôter mes lunettes de soleil au passage et de les ranger à nouveau dans ma chemise, histoire de ne pas me retrouver avec des traces de bronzage de lunettes. Adriel est debout face à moi, son crâne dissimulant l'astre solaire baignant dans les rayons solaires lui donnant une aura bienveillante. Le genre de clichés que tout photographe adore prendre car le sujet semble mystérieux alors que le fond est tout de même clair et coloré. Il me demande alors si je souhaite boire quelque chose.
- Et sinon, tu as de l'eau ... ? Je t'avoue que j'ai un peu soif donc si tu en avais, ce serait idéal.
Je lui souris alors d'une façon compatissante. Pas besoin de m'impressionner, tu sais ? Voilà ce que lui déclarent mes yeux, rieurs et confiants. Je suis déjà impressionné, et plutôt par son physique de rêve que par le bateau ... Bien que le bateau aide, beaucoup. Je me permets d'ailleurs de le dévisager lentement, le temps qu'il se retourne, me disant qu'il ne s'en rendrait probablement pas compte ... L'attendant ici, ne sachant pas trop si je devrais le suivre ou non. Je me contente donc d'admirer la vue, le soleil, le monde quoi, dans l'attente de son retour ... Et c'est lorsqu'il revient à nouveau vers moi que je lui souris, enchanté, avant de lui faire un aveu :
- Si on m'avait dit qu'un jour, je me retrouverais ici ... Je n'y aurais jamais cru.
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