Il était quelque peu surpris de la docilité nouvelle d’Alice. Ce n’était nullement son genre. Il s’attendait à batailler ardemment pour avoir gain de cause, comme d’habitude à vrai dire puisque la jeune femme savait se montrer persuasive et de fait atteindre les objectifs qu’elle s’était fixée. RJ lui résistait rarement, au début de leur relation, il avait par plusieurs reprises tenté de s’imposer lui aussi, mais il avait très vite dû abandonner, personne ne parvenait à avoir le dernier mot avec Alice Collins, lui encore moins. Alors il laissait tomber, de toute façon, elle savait –parfois- rester raisonnable alors qu’y avait-il de mal à la laisser obtenir tout ce qu’elle désirait de lui ? Cette fois-ci il s’était mentalement préparé à ce sempiternel combat perdu d’avance, mais il n’en fut rien. Du moins au début. Une certaine déception se mit à courir dans ses synapses…peut-être avait-il espéré qu’elle se braque et que la soirée ait un tout autre dénouement. Quand bien même l’aurait-il passé à discuter encore et encore de leur situation, c’était toujours mieux qu’un manque de contact total non ? Et puis, il savait qu’ils seraient rapidement à court d’arguments, du moins, ils se retrouveraient bien vite las de ce débat qui ne les mènerait nulle-part ce soir. RJ avait besoin de temps, Alice, de réponses, réponses qu’elle n’obtiendrait qu’après que ce dernier ait mis un peu d’ordre dans son esprit et qu’il sache enfin ce qu’il veut, passer les prochains mois à pleurer sur son sort, à pleurer des personnes qui n’ont jamais rien fait pour lui ou bien, se consacrer à celle qui comptait véritablement ,celle qui avait su voir à travers cette carapace de coureur de jupons et l’accepter malgré son amoncellement de faiblesses. Celle-là même qui s’agrippait désespérément à sa chemise, comme si sa vie en dépendait.
Il la sentit plus fragile que jamais.
Et son cœur manqua un battement.
Il se retourna alors, machinalement et ce fut sûrement sa plus grande erreur. Ce qu’il pouvait lire sur le visage de la jolie brune fit fondre ce qu’il restait de froideur en lui, ce qui restait de supposée raison qui lui intimait, lui hurlait même que l’idéal aurait été de s’arrêter là pour ce soir. Il avançait sur un terrain miné et s’il ne faisait pas attention, il risquait fort de s’y perdre. A nouveau. Pourtant, il était incapable de bouger, tout comme il était incapable de l’arrêter de son élan. Il demeurait là, immobile, à l’observer comme si ses traits fins possédaient les réponses qu’il recherchait désespérément. Peut-être était-ce le cas après tout…
« Alice, il ne faut pas… »
Il n’était pas très convaincant, il en avait autant envie qu’elle et ce depuis que ses prunelles s’étaient posées sur elle dans cette boîte. Il se laissa, se laissa aller. Se laisser aller…ce n’était pas aussi effrayant qu’il aurait pu le croire. Ses mains se posèrent doucement sur son visage et son taux de résistance se rapprocha soudain de zéro tandis qu’il répondait à son baiser avec la fougue du manque. Combien de temps avait-il voulu faire ceci sans pour autant en trouver le courage ? Oui, c’était bel et bien ce qui manquait pour que tout soit avant…pas exactement comme avant mais quelque chose s’y rapprochant.
« Je te raccompagne »
Dit-il finalement. L’idée n’était pas nécessairement de finir la soirée dans son lit, même si dire que cela ne lui avait pas traversé l’esprit serait mentir mais il voulait profiter un peu de la jeune femme pour rendre ses souvenirs et rêves peu catholiques un peu plus réels qu’ils ne l’étaient actuellement. Il l’entraîna dans le taxi, donnant prestement l’adresse de la brune au conducteur et il scella à nouveau leurs lèvres, avec passion sur un fond de désespoir qu’il ne parvenait pas à s’expliquer. Ils ne se lâchèrent pas de tout le trajet, c’était simple, il ne voulait pas la lâcher. Il venait de la retrouver, son désir premier était dans profiter jusqu’au bout. Bout qui vint pour son plus grand dam rapidement puisque le véhicule s’immobilisa, signe que Cendrillon devait s’en aller en abandonnant son soulier de verre à un prince qui passerait les prochains jours à nourrir son âme des peu de souvenirs qu’il lui resterait.
« On est arrivés. »
Minuit venait de sonner.
I CAN LIVE UNDERWATER
When I fall to my feet wearing my heart on my sleeve, all I see just don't make sense. Because all I need is the love you breathe. signature by anaëlle.