Joshua & Ren.
Il me repousse et je me doute que ça ne lui plait pas. Et encore… il n’a pas les détails de ma vie.
« J’avais tort en fait… Tu seras parfaite chez les Alpha…. » Sortie de son contexte, ça peut faire plaisir mais ci-présent, ça avait une façon de me le reprocher. Je frémis et serre mes bras autour de mon ventre pour ne pas fléchir.
« Je crois que j’m’en fiche au fond que tu m’aies menti. C’est pas comme si on avait une relation depuis des années. Je ne me sens même pas trahi à vrai dire. » Je lève mon regard vers lui. Surprise. Déboussolée.
« J’m’en veux de pas l’avoir compris en fait. » Et comment pourrait-il ? Six ans que je me suis formée à mentir, tout le monde croyait en mon mensonge, personne pour me vendre. Du moins, mes deux mondes ne se sont pas souvent mélangés.
« A quoi ça sert d’avoir un super cerveau si je sais pas m’en servir pour comprendre les gens qui m’entourent hein ? » Je pousse un soupir, désespérée. «
Tu ne pouvais pas savoir… j’ai… menti à tout le monde sans exception. » Il se rapproche et j’ai un petit mouvement de retrait. J’ai peur …
« Mais malgré tout… » Je relève la tête, il ne fait que me surprendre.
« J’ai aucun droit de te juger Ren. Tu n’es pas parfaite et tu ne le seras jamais Dieu merci. » Je penche légèrement ma tête sur le côté. A mes yeux, personne ne l’était. J’observe le jeune homme, en le laissant parler ;
« L’année dernière, j’ai participé à des cambriolages. Oh je ne gardais rien de ce qui a été volé… J’y allais simplement pour l’adrénaline et le fait de… Pirater les systèmes d’alarmes des maisons. » J’entrouvre la bouche. Là, je suis choquée. Je ne m’attendais pas à ce genre de confidence, Joshua était le symbole de la réussite, de la combativité et… il a fait ça ? Ça me choque mais après tout, tout le monde a ses faiblesses, ses démons…
« Qui je suis pour te juger ? » Je grimace. Parce que lui c’était un évènement ponctuel et moi ça fait six ans ?
« Parle-moi Ren, parle autant que tu veux si tu as encore confiance en moi. Mais j’t’en prie, ne te mens plus, ça fait mal à la longue, surtout à toi. » Je réfléchis quelques secondes. Pas pour le manque de confiance en Joshua, je ne l’ai jamais perdu. Mais parce qu’il désire que je me confie à lui. J’ai peur des répercussions de mon acte. Mais il a le droit de savoir. Il devient important pour moi de jour en jour. «
D’accord… mais… je veux tout te dire du début. » Je tends mes mains vers les siennes pour les saisir et l’attirer jusqu’au lit. Déjà pieds nues, je m’y assois en tailleur et garde serrer ses mains dans les miennes parce que j’ai besoin de sentir qu’il est avec moi. «
Le petit garçon dont je t’ai parlé… c’est mon petit-frère… il avait seulement neuf ans et … sa maladie a été un coup dur dans notre famille… Parce que… ma mère n’est qu’une simple femme de ménage. Mon père… un simple ouvrier d’usine. » Premier mensonge relevé. Je regarde Joshua et essaie de continuer. «
Quand on souscrit au minimum pour les assurances, il faut s’attendre à payer le plus lourd. Nous avions déjà du mal à vivre avant ça. C’était rare qu’on fasse 3 repas par jour, rares ont été les Noël. Avec sa maladie, c’était pire encore. Mon père… a emprunté de l’argent… à des hommes pas forcément très … net. Puis… les voisins ont vus ses gens venir chez nous, ils ont contactés les services sociaux… ils menaçaient mes parents de nous retirer de la famille. On avait beau être pauvre, que ma mère se batte pour nous, ça nous aurait tous déchiré. Alors, j’ai essayé de trouver un travail… pour aider mes parents. Dans cette recherche, j’ai rencontré un homme. Il m’a dit que je pouvais me faire de l’argent rapide et pas mal d’argent. Mais ce n’était pas de l’argent facile pour moi… parce que j’ai dû faire des choses sales… mais quand tous les mois, je rapporte cette somme importante à ma famille, qu’on peut manger à notre faim, payer les créanciers… que je peux en mettre un peu de côté, je me sens heureuse d’avoir fait ça pour ma famille. J’ai dit à mes parents que je travaillais dans un bar, qu’il fallait juste rien dire sur mon âge. Officieusement, je vendais mon corps à des hommes dans une maison close… » Sachant le choc de mon annonce, je serres encore plus mon emprise sur les mains de Joshua et posais mon autre main sur sa joue, mon pouce sur ses lèvres. «
Laisses-moi terminer, s’il te plait… » demandais-je à l’asiatique. Je ferme les yeux quelques secondes et je me reprends : «
Je gagnais pas mal d’argent, je pouvais me faire des plaisirs comme des vêtements et toutes ces choses-là. Seulement… j’ai encore menti… parce que j’ai rencontré un garçon. On se côtoyait par correspondance, il vivait en Allemagne, moi aux USA. Seulement c’était un garçon très riche, un noble allemand. Tu le connais un peu, je pense, c’est Charly, le cousin d’Andreas. Il était un garçon si… noble, si… j’étais amoureuse de lui. J’ai eu peur qu’il me rejette parce que j’étais différente, pas de son monde… alors j’ai dit la même chose que je t’ai dite sur la plage, mes parents sont riches, chirurgiens, je suis fille unique etc… Tout pour lui plaire et avec l’argent que j’avais, je pouvais manipuler mon mensonge. Quand j’ai compris que mentir sur ma condition me permettrait d’accéder à des relations intéressantes, à devenir quelqu’un… je me suis laissé aller. J’ai utilisé une partie de mon argent pour des vêtements et quand j’ai fini de payer les dettes de mes parents, j’ai décidé d’économiser pour aller à UCLA pour faire médecine, de pouvoir intégrer une confrérie et devenir une personne reconnue. Et comme tu le sais, j’ai réussi à intégrer les Alpha Bêta. Mais maintenant… tout ça, c’est amère. Charly a découvert que je suis pauvre à cause de la soirée d’Halloween, on avait trop bu et j’ai dû proposer de dormir chez ma famille, il a dû se réveiller avant moi … et il m’en veut tellement. » Je sens mes mains tremblés en pensant à Charly. Ça me fait mal de l’avoir perdu, j’ai l’impression qu’on m’a arraché une partie de moi. «
Je veux que tu saches qu’après Charly, quand j’étais jeune, je n’ai jamais eu d’autres relations avant toi… Dès le premier regard, j’essayais de repousser si j’intéressais quelqu’un mais… avec toi, je ne l’ai pas vu venir. Alors j’ai… tu sais… quand on était dans la salle de bain tous les deux… pour la douche… » Je rougis un peu en y pensant… «
Je t’ai demandé si tu regrettais notre relation, ta réponse… m’a motivé à arrêter. D’arrêter de vendre mon corps maintenant que je vivais dans le superflu. A trouver la dignité qu’il faut pour pouvoir accepter un jour de vivre une véritable histoire… saine… même si je sais que c’est très compromis… maintenant… » ‘avec toi’… Je suis sale, souillée, horrible… Je relâche ses mains et je le laisse s’en aller s’il le désire. Ou me mettre dehors, il en a tous les droits. Je ne peux soutenir plus longtemps son regard. «
Je suppose que maintenant… que tu connais la vraie Ren… tu es dégouté… » soupirais-je, la tête tournée vers le mur pour ne pas l’affronter.