Lila s'efface. Avec cette épingle que Gia trouve, avec ma perruque qui cède. Je ferme les yeux. Mes bras se replient sur moi. J'attends sa colère. J'attends son rire. Mes cheveux retombent sur mes épaules. J'attends.
Je n'aurais pas du penser que ça serait possible. Pas même juste une nuit. Je n'aurais rien du essayer. Mentir, à quoi cela mène-t-il? Je ne peux pas être Lila, elle n'est qu'un fantôme, elle n'est qu'une illusion. Lila. Tellement plus courageuse que moi. Tellement plus folle. Prête à coucher avec une inconnue, prête à mettre en danger une existence de mensonges...
Gia rit. Je recule d'un pas. Je ne suis pas surprise. Je ne m'attendais à rien d'autre. C'est drôle, mon mensonge… Elle a bien le droit de se moquer. Je voudrais juste pouvoir en rire avec elle et expliquer tout ça. Ca serait comme une plaisanterie. Nous ririons, nous nous moquerions ensemble de la petite Lola qui se cache sous une perruque et un faux nom.
Mais ses mots ne me ridiculisent pas. J'entrouvre les yeux. Je la regarde. Ses mains, sur mon visage, ne me laissent pas vraiment le choix… Je cherche sur son visage une trace de rire, de colère, de moquerie… Je cherche. Je pourrais me dérober. Ca serait simple. Mais ses lèvres collées les miennes sont plus simples encore, et il est plus facile de fermer les yeux, d'accepter le baiser, d'y répondre, et de m'accrocher à sa taille, à ses hanches, à son dos. Il est plus simple d'oublier la peur et les doutes.
Le monde, peut-être, ne s'écroulera pas, pas si je m'accroche à elle, pas avec la chaleur de sa peau qui rayonne, à travers ses vêtements, et vient me réchauffer.
Même sans perruque, Lila peut exister. Elle peut l'embrasser, elle peut aimer le bois dans son dos, elle peut chercher entre ses lèvres un peu d'oxygène, un peu de réalité.
Et mes doigts fouillent son dos, explorent sa nuque, se perdent dans ses cheveux. Et mon corps trouve le sien, il se presse, il se colle.
Elle n'est pas fâchée.
Elle ne se moque pas.
Elle n'exige rien.
J'ai moins peur.
J'ai moins mal.
J'ai envie.
Envie de ne pas avoir peur, envie de ne pas avoir mal, envie d'oser, d'être, avec elle, sans crainte, sans retenue. Abandonner le négatif, les angoisses, la culpabilité. Tout oublier et exister, contre elle, avec elle, à travers ses gestes et ses yeux.
Oublier de douter. Accepter. Elle en trouve pas ça grave, que je me caches. Elle ne trouve pas ça grave que j'aie peur. Elle me trouve attirante. Blonde ou rousse. Elle m'embrasse. Elle m'a emmenée chez elle. Elle m'a collée à ce montant de bois et m'embrasse à me faire oublier de respirer. Et je l'embrasse. Et… rien d'autre ne compte que ce désir-là, que cette liberté.
Je voudrais des mots à ajouter. Il n'y en a pas. Les mots sont trop petits, mon soulagement trop grand. Je ris un peu, contre ses lèvres. Il n'y a plus que ça, en moi: le soulagement et une bulle d'euphorie rieuse, et la chaleur, la chaleur de son corps, la chaleur qui nait partout, en moi, dans mon ventre, mon cou, mon dos, mes mains, mes chevilles. Partout, de la chaleur. Et la tête qui tourne un peu. Et les lèvres qui réclament.
extensionauto_awesomeac_unitvolunteer_activismLola, quand elle voit une fille sexy