Ses mots racontent une histoire que son corps ne corrobore pas. Il prétend une chose, en agissant de l'autre. Ne désirant pas la solitude en fuyant malgré tout. Malgré tout, malgré l'ombre, malgré le silence, sa présence s'éloigne de moi et je le sens, je le perçois. Dans les vagues, qui tremblent face à son poids. Dans le vent, qui frissonne au contact de sa peau, froide et, pourtant, si brûlante comparé à la fraîcheur nocturne. Et c'est ainsi que je me rends compte que j'ai froid. Mon sang, glacé dans mes veines, commence à ralentir mon coeur. Mes bras, mes mains, mes pieds, deviennent lourds. J'ai besoin de regagner le bord, alors que les frissons me gagnent, mes dents claquant contre les molécules du vent.
– Je suis désolé.
Je plonge une dernière fois mon regard dans le sien. Je suis vraiment désolé. Terriblement désolé. Pour tout. Les baisers, les rires. Les souvenirs, les secrets. Les moments de partage, les moments échangés. Je suis navré pour la souffrance, la douleur, la déception. Je ne peux plus continuer.
Je ne sais pas faire ça.
Blesser, faire mal.
Moi, je suis né pour aimer. Moi, je suis né pour aider.
C'est mon coeur qu'on brise, mon coeur que je répare. C'est moi qui accepte toujours tout en silence, sans jamais me plaindre, sans jamais protester.
Et pas cette fois.
Cette fois, ce n'est pas moi.
Cette fois, c'est moi qui brise un coeur, un coeur que je ne réparerai pas. Cette fois, c'est moi qui inflige, en silence, ce que je détestais subir par le passé. Sans lui laisser l'opportunité de se plaindre, celle de protester. Ses yeux scintillent dans la lueur de la nuit et je m'y accroche, comme deux ancres près du port. Ma vision se trouble un peu. Je me rends compte que je ne peux pas rester ici. Cette culpabilité, toute cette culpabilité ...
C'est trop, trop pour moi.
Je ne suis pas né courageux, en vérité, je ne l'ai jamais réellement été.
– Désolé.
Je marmonne alors, dans un dernier effort, avant de foncer vers la plage sans jamais me retourner. Je ne veux pas réfléchir, pas y penser. Tout oublier, ne jamais y revenir. Mais les souvenirs, innombrables et intaisables, reviennent en force, se frayent un chemin dans mes pensées afin d'envahir le tout. Les baisers, les caresses, les regards, l'intimité...
J'essaie d'avancer plus vite.
Et lorsque je regagne la plage, ce n'est que là que je me rends compte à quel point je suis cruellement nu, sans mes masques ni mes prétextes.
Je me rhabille, mais cette vulnérabilité ne veut pas s'en aller.
Alors, c'est moi qui m'en vais.
Je ne veux pas le revoir. Ce soir, je ne peux pas le revoir.
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