- Je ne peux plus reculer. Je suis au bord du précipice. Un pas en arrière, je tombe. Il est là, l’Apollon. Il me retient prisonnier. Ses yeux azuréens me scrutent. Il me libère de ses ‘chaînes’. Mes mains commencent leur exploration sous sa chemise, jusqu’à atteindre son centre névralgique. Son entrejambe. Nous nous embrassâmes. Longuement. Je cède. Je déploie le drapeau blanc. Je capitule. Il prend l’ascendant sur moi. Il obtient ce qu’il désire. Moi. Mon être. Il me prie de ne pas résister. Entre la maxime d’Oscar Wilde et la réalité, un fossé. L’embrasser, découvrir son corps, pour le néophyte que je suis, c’est déjà énorme. Il ne faut pas mettre la charrue, avant les bœufs. Pourtant je le sens particulièrement avide de s’approprier mon corps. Son regard n’est animé désormais que par le simple souhait de me dévorer. Ses mains deviennent pressantes, il me serre plus encore contre lui, il me palpe les fesses avec vigueur. Je sens son pénis durcir. Il était excité. Il a chaud. Moi aussi. Je l’embrasse encore n’osant passer le cap. Une goutte de transpiration perle sur ma tempe. La chaleur ambiante devient particulièrement insupportable. Il ne s’agit plus d’une librairie, mais d’une fournaise. Son souffle sur ma peau, son corps près du mien. Il m’émoustille. Mais je n’ose continuer mon exploration. Intimidé par tant de nouveauté. Ma main tâte la marchandise. Son gourdin a bien durci, ses fesses sont fermes. Grâce à ma main, je découvre chaque parcelle de son corps. Timidement. Je ne suis pas habitué. Pourtant, lui, je le devine, est chaud comme la braise. Il n’attend qu’un geste de ma part, un signe pour lancer les hostilités. Je le pressens.
Je n’ai pas tort. Il bouillonne. Il s’impatiente. Alors que nos deux corps jouent à collé-serré, il me repousse, brusquement… Brutalement. Je sens le support des étagères heurter mon dos. Des livres tombent. Mes livres. Je n’ose regarder lesquels. Je me mordille les lèvres. Mes trésors ont chu. Puis, sans daigner demander mon aval, il remonte mon tee-shirt et le retire. Il le jette quelques mètres derrière. Je suis torse nu, pour seul habit, ma chaîne à laquelle mes alliances. Son visage s’approche de mon torse, ses lèvres effleurent ma clavicule. Brûlure. Je retiens ma respiration. Je suis nerveux. Je ne sais à quelle sauce je vais être mangé… dévoré ! Je perçois une pression autour de mon pantalon. L’Adonis essaie de violer mon intimité. Il y parvient. Mon pantalon commence à révéler les richesses qu’il protège. Sa main titille mon appareil génital. C’est à ce moment qu’il lève les yeux vers moi et me questionne. Il n’y a aucune équivoque dans ses propos. Il veut que la valse des sens, des plaisirs charnels commence. Derrière son regard aguicheur, il attend un mot, un geste de ma part, pour lancer les hostilités. Mais, je ne sais que dire, que faire. Intimidé. Pourtant, je suis persuadé que lui, derrière son visage angélique, a prévu des choses, sait où il compte me mener. Je demeure muet, dans l’attente qu’il fasse le premier pas, quelque chose. Je n’ose bouger, tétanisé par l’inconnu. Paralysé simplement en songeant à la suite. Je suis une proie à sa merci.