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    Re: Adam&Eve — I can't say "Hello" to you and risk another goodbye

    Dim 26 Mar 2023 - 9:54
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    Adam Renfield
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    Métier/occupation : Détective au LAPD
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    Un soupir suffit à lui faire réaliser que sa question ouverte était trop maladroitement formulée. Embarrassé, voilà qu'il regrette instantanément cette main figurée qu'il avait inconsciemment tendue vers son ex. Malgré tous les efforts qu'il avait fait pour la maintenir à distance et en sécurité, loin de lui, force est de constater qu'il demeure faible en sa présence, incapable de résister au désir de retomber dans leurs vieilles habitudes, de la prendre dans ses bras et de la rassurer avec tendresse et affection.

    C'est pourtant une Eve bien différente à laquelle il fait face aujourd'hui: elle semble si nerveuse en sa compagnie qu'il aurait presque l'impression qu'un allergologue lui avait confirmé qu'elle risquait l'asphyxie si elle restait plus de cinq minutes en sa compagnie. Au niveau de son visage, aucun mouvement zygomatique ne cherche à trahir le moindre sentiment positif: Eve reste stoïque, distante, de marbre. Une conséquence de ses propres actions, et une conséquence nécessaire, de surcroît. Adam a bien conscience des risques, des enjeux, et de l'ampleur de son sacrifice. Cela ne rend pas les choses moins douloureuses pour autant.

    Pas un jour ne passe sans qu'il ne pense à Eve, ni à ce qui aurait pu être si les choses avaient été différentes. Il avait imaginé ad infinitum l'endroit où il lui aurait demandé sa main en mariage (devant la fontaine, bien évidemment), à la destination de leur voyage de noces (le Lac Tahoe, un paysage idyllique où il y a suffisamment d'arbres pour l'apaiser et d'eau pour faire rêver Eve, sans pour autant anéantir ses économies), la maison qu'il aurait acheté pour leur famille (une maison en banlieue sur deux étages qu'Eve aurait remplie de ses peintures), les enfants qu'ils auraient pu avoir ensemble (deux garçons, Andrew et Stuart, comme son oncle et son père, et deux filles, qu'Eve aurait nommées), le chien qu'ils adopteraient (Rex, un berger Allemand qui seraient inexplicablement friand de la babouche gauche d'Eve), et finalement, de l'endroit où ils feraient leur retraite (Los Angeles, bien entendu, car Adam ne se voit pas partir loin de sa famille).

    Il avait contemplé la possibilité de renoncer à sa carrière, renier l'appel du devoir pour pouvoir se consacrer à celui de l'amour – mais rien, pas même une session d'hypnose particulièrement intense ne serait parvenu à l'arracher à son destin. Ce n'est pas qu'Adam aime davantage sa carrière qu'Evangeline: c'est simplement que défendre cette ville fait partie de son ADN, jusqu'au plus profond de ses entrailles. Rien, ni personne, ne pourra jamais obfusquer la responsabilité qu'il ressent vis-à-vis de sa ville natale. Si Adam aime Eve, il aime Los Angeles tout autant. Foncièrement altruiste, le choix ne se fait pas entre deux amours, mais entre le plus grand impact que ses actions peuvent avoir. Un choix qui le hante profondément, mais auquel il reste loyal. Dans le récit de la vie d'Eve, Adam retrouve relégué par choix au statut d'amour de garnison, aussi passager et temporaire qu'insignifiant. Elle finirait très certainement par trouver un homme digne d'elle (tout du moins, il l'espère, conscient que le risque qu'elle tombe sur un connard fini soit bien plus élevé) et par oublier Adam. Lui ne l'oubliera cependant jamais. Aucune autre femme ne trouvera la clef cachée qui mène vers son coeur: Eve était la seule qui en connaissait l'emplacement secret.

    Voilà qu'elle se relève subitement, d'une façon relativement abrupte. Comme par instinct, Adam se redresse de concert. Les mots d'Eve le frappent avec tout le poids des reproches qu'elle a pu lui faire par le passé, ainsi que des non-dits qu'elle se refuse encore le droit de lui communiquer. Les sourcils d'Adam se froncent, indéniablement contrarié par la brutalité pourtant justifiée des mots de la blonde. Le détective ne sait pas à quoi il s'attendait en osant lui poser pareille question: ça semblait pourtant inévitable qu'elle lui réponde de la sorte. Tentant de se sauver la face, l'Américain fait ce qu'il sait faire de mieux: changer de sujet pour évader aux questions compliquées. Un talent qu'Eve avait eu la malchance de découvrir de nombreuses fois par le passé, et qui n'arrangerait très certainement en rien leur situation. Il aimerait pourtant pouvoir lui confesser à quel point il regrette ses actions. Comment il se maudit, quotidiennement, pour la façon dont il l'a traitée. Combien il regrette d'ainsi l'avoir éloignée de lui, combien elle lui manque, combien sa vie n'a pas de sens sans elle pour la partager à ses côtés. Mais Adam se résigne, conscient que tout aveu de cette nature rouvrirait ce chemin qu'il avait pris la décision ferme de condamner. Il a beau avoir été réassigné dans un autre département, les affaires sur lesquelles il travaille restent tout aussi épineuses, avec tout autant de risques et d'enjeux (si ce n'est plus).

    Non, Eve continuera de le détester dans son ignorance. Elle continuera de le maudire de ne pas avoir su être honnête avec lui, sans jamais découvrir ce qu'il lui cache. Il mourra seul et incomplet. C'est mieux ainsi.

    « Je te promets que nous ferons de notre mieux pour retrouver ta voiture. En attendant, Cindy à l'accueil peut t'appeler un taxi si tu en as besoin. Rentre bien, Eve. Et prends soin de toi, s'il te plait. »

    Il y a une sincérité touchante dans ses derniers mots. Le genre de sincérité qui affirme qu'il tient encore à elle. Le genre de sincérité qui trahit, malgré lui, les sentiments qu'il préserve à son égard. Le genre de sincérité qui veut dire, sans ambiguïté: « je te souhaite de trouver tout le bonheur que tu mérites, et de trouver un homme qui te méritera plus que moi. » Et maintenant qu'Eve est partie, Adam retourne s'installer dans le fauteuil, jetant un dernier regard au beignet rassis avant de le balancer dans la corbeille à papier, trop écoeuré par la fin de cet entretien pour pouvoir continuer d'avoir faim. Douze années de regrets continuent de peser sur ses épaules, le brun résistant férocement au désir obsédant de courir après la blonde pour lui avouer qu'il l'aime encore.

    Elle l'avait bien dit: « maintenant c'est trop tard ». Et les choses sont mieux ainsi.
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    Re: Adam&Eve — I can't say "Hello" to you and risk another goodbye

    Mar 28 Mar 2023 - 19:28
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    Evangeline C. Carstairs
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    Si seulement il avait accepté de lui parler à l'époque.

    Si seulement il avait fait ce pas vers elle.

    Elle l'avait attendu. Des heures sous cette pluie battante, à la fontaine, au point d'en être trempée jusqu'à l'os et il n'était pas venu. Des jours à aller sur ce banc tous les matins, ce même banc depuis deux ans. Rien. C'était tout ce qu'elle avait obtenu de lui. Le néant. Elle avait pourtant fait tout ce qui était en son pouvoir. Elle lui avait laissé du temps. Une semaine, qui s'était transformé en quinze jours avant qu'elle ne tienne plus à l'aube de la troisième semaine qui se profilait, et se décide enfin à se rendre au seul endroit où elle était sûre de le trouver. Le commissariat. Ce même commissariat où elle se trouvait aujourd'hui. Elle avait pris son courage à deux mains ce jour-là pour oser aller le déranger sur son lieu de travail. Elle n'avait jamais franchi cette limite auparavant et ne pensait pas le faire un jour. Elle avait dû demander timidement mais fermement à l'accueil à lui parler. Eve pensait bêtement que tout reviendrait à la normal quand il la verrait, qu'il l'embrasserait, ou tout du moins qu'il la prendrait dans ses bras comme il l'avait toujours fait, mais elle s'était retrouvée face à un mur. La jeune femme n'avait pas reconnu la personne en face d'elle. Ce n'était plus Adam, en tout cas plus son Adam... Il l'avait à peine regardé quand elle lui avait demandé ce qui se passait, n'avait même pas daigné lever les yeux du dossier qu'il avait à la main quand elle s'était effondrée en larme, quand elle l'avait confronté par rapport à la bague et qu'il lui avait répondu le plus naturellement du monde qu'elle n'était pas pour elle. Comme si Eve aurait pu croire un seul instant à ce mensonge qui la hantait encore aujourd'hui.

    Ses mots semblent avoir eu l'effet escompté à en croire la réaction d'Adam. Toujours la même réaction. Ses sourcils qui se froncent et creusent un peu plus la ride du lion qui marque peu à peu son front et il change de sujet pour ne pas avoir à aborder leur rupture. Il n'avait peut-être même rien à en dire. Pas de regrets, ni même de remords. Elle n'avait été que deux ans de sa vie après tout, et qu'est-ce que deux ans ? Douze années étaient passées, de l'eau avait coulé sous les ponts, elle n'était possiblement qu'un vague souvenir dans sa vie à lui, peut-être même un souvenir qu'il regrettait en se demandant comment il avait pu perdre deux ans de sa vie avec elle... Et pourtant, pour elle ses deux ans avaient été si important... Ils avaient probablement défini la femme qu'elle était aujourd'hui. Eve aurait probablement fait tout un tas de choix différents si Adam n'avait pas été là, et aurait certainement eu une vie bien différente s'il ne l'avait pas quitté comme ça. Même si l'artiste avait refait sa vie après lui, qu'elle avait aimé à nouveau de tout son cœur pour tout détruire par elle même cette fois-là, Adam était toujours resté une blessure ouverte dans le cœur d'Eve.

    Son sang ne fait qu'un tour lorsqu'elle l'entend lui dire de prendre soin d'elle. Cette phrase qu'elle l'avait entendu prononcer tant de fois et qui désormais n'avait plus la même saveur. Cette marque d'attention qui lui donnait maintenant l'impression que son cœur (ou ce qu'il en restait) était transpercé d'un coup de poignard. C'était à lui de prendre soin d'elle, à l'époque. C'était ce qu'ils s'étaient promis même s'il n'avait jamais officiellement poussé l'engagement aussi loin. C'était exactement le contraire de ce qu'il avait fait en la mettant à la porte, la laissant se débrouiller seule un soir d'orage dans cette si grande ville où elle ne connaissait presque personne à part lui.

    Elle le fixe droit dans les yeux une dernière fois, réduisant définitivement son propre cœur en miette. « Arrête » Sa voix se brise sur ce simple mot. Elle tente de le fusiller du regard alors que ses yeux sont embués de larmes, et que sa gorge se noue. « Par pitié. Arrête. » Elle lui tourne alors définitivement le dos, s'empresse de rejoindre la porte et de la claquer derrière elle en sortant avant qu'il n'ait le temps de contourner le bureau pour la rattraper, si tant est qu'il en ait eu l'envie. Elle avance en s'accrochant au mur comme à une corde de survie, sentant ses pieds prêts à la lâcher d'une minute à l'autre, et la mousseline de sa robe semblant déterminée à entraver un peu plus chacun de ses pas en venant s'enrouler à ses jambes. Elle arrive enfin dans le hall après ce couloir sans fin et aucune porte n'avait jamais était aussi attirante à ses yeux. C'était sa lumière au bout du tunnel, son espoir que ce cauchemar cesse enfin. Elle dû agripper de toutes les forces qui lui restait à la poignée de la porte pour ne pas basculer alors qu'elle passe enfin le porche du poste de police pour se retrouver dehors. L'air frais lui fouette le visage et elle inspire enfin, réalisant seulement à ce moment là qu'elle a retenu sa respiration tout ce temps, pour retenir les sanglots qui l'accompagnait. Elle fait tomber son téléphone à terre en tentant de le sortir de son sac pour commander un Uber et se met à pleurer de plus belle. Le sort s'acharnait contre elle, et elle n'avait plus la force de se battre. Si en arrivant, prendre le métro lui paraissait inconcevable à cause de sa tenue de soirée, c'était finalement le fait qu'elle n'était plus capable d'aligner deux pas qui avait eu raison d'elle.

    Evangeline arrive enfin chez elle, après près d'une demi heure de trajet à pleurer par vague à l'arrière du taxi, et le karma semble bien décidé à ne pas la lâcher. Évidemment que ses clés lui échappent des mains dans sa précipitation d'enfin regagner son appartement. Évidemment qu'elle n'arrive pas à trouver la bonne clé parmi les 7 clés qu'elle a et toutes les breloques qui lui servent de porte-clés. Évidemment que sa première envie est d'aller continuer de pleurer sous la douche. Évidemment qu'elle n'arrive pas à défaire la fermeture éclair de sa robe. Évidemment qu'elle fini par se contorsionner pour l'enlever et s'arracher quelques cheveux au passage. Évidemment qu'elle avait oublié la coupure d'eau jusqu'à demain midi. Évidemment qu'elle fini par aller se coucher sans même se démaquiller, roulé en boule sous sa couette et pleurant à chaude larme jusqu'à ce que Karyn vienne se lover contre elle. Évidemment qu'elle sait pertinemment qu'elle ne fermera les yeux que quand elle tombera de fatigue. Et évidemment qu'elle ne rêvera que d'Adam.
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    Adam&Eve — I can't say "Hello" to you and risk another goodbye  - Page 2 180712123547514439

    Re: Adam&Eve — I can't say "Hello" to you and risk another goodbye

    Jeu 30 Mar 2023 - 23:08
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    Adam Renfield
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    Arrête.

    Les échos du passé lui reviennent en mémoire, dessinant, de leurs voix insistantes, cette nuit fatidique dont les couleurs restent vives malgré le passage des années.

    Par pitié. Arrête.

    Exactement les mêmes mots, la même voix, la même intonation. Le même regard implorant, luisant de larmes et d'incompréhension. La même fissure dans l'énonciation de ses paroles, la même tension au niveau de sa boite vocale. La même Eve. Le même Adam. Et douze années de moins.

    Il les revoit, dans cet appartement parfaitement taillé pour deux. Ou plutôt, pour eux deux. Elle avait son espace pour peindre. Il avait un canapé duquel il pouvait la regarder peindre. Une harmonie complète, un ménage parfait. Rien ne pouvait les arrêter.

    Par pitié, Adam.

    Il revoit ce regard, ce dernier soir, lorsqu'il lui avait affirmé que tout était terminé et qu'il fallait qu'elle parte. Son coeur s'était déchiré au rythme de ses mots, chaque nouvelle parole, un mensonge évident qui l'anéantissait de l'intérieur.

    Il faut que tu t'en ailles. Désolé.

    Des mots bien maigres pour tenter d'englober l'atrocité de la situation. Ça avait pourtant été pour son propre bien. Il en avait conscience, il en avait la conviction. Mais ça, Eve ne pouvait que l'ignorer. Incapable de s'exprimer correctement, un détail qui ne s'est pas amélioré au fil du temps, son « désolé » ne suffit pas à englober tout le traumatisme de la situation. Un traumatisme partagé, autant par elle que par lui.

    Le meurtre de l'amour.

    Par pitié, Adam.

    Les mots sont répétés en vain, Eve incapable de trouver d'autres arguments pour lui faire changer d'avis alors qu'il lui place la poignée de sa valise entre les mains.

    Ça ne sert à rien d'en parler, il faut que tu parles.

    Adam ... S'il te plait ...

    Il sentait bien la pression accablante des émotions de la blonde, menaçant de mettre en ruines ses défenses et de détruire tous ses efforts pour la préserver. Mais Adam ne pouvait pas se laisser choir dans la faiblesse. Les enjeux étaient bien trop élevés. Il se détesterait toute sa vie pour la réponse qu'il lui offrira, conscient qu'il devait tâcher ses réponses d'une certaine brutalité féroce pour la convaincre de l'abandonner.

    Dégage, bordel!

    La porte ouverte, la jeune femme laissée dans le couloir. Il s'en voulait avant même d'avoir prononcé les mots. Il s'en veut encore, à l'heure actuelle.

    Par pitié. Arrête.

    La voix d'Eve le hanterait même si elle ne s'était pas amusée à riposter de la même façon, douze années plus tard. Mais avec le temps, les défenses d'Adam sont rouillées. Son regard ferme et austère s'est adouci. Il n'a plus le feu de la conviction qui l'animait, dans sa jeunesse, ni l'élan de son traumatisme pour motiver ses réactions. Il n'a que cet amour inavouable qui le torture intérieurement, une souffrance que ses iris reflètent avec ferveur et efficacité.

    Contrairement à la dernière fois, il ne dit rien. Cette fois-ci, ce n'est pas lui qui la chasse: elle s'en va de son propre gré. Son coeur se resserre, le désir de la rattraper, d'enrouler ses doigts autour de son poignet, étant particulièrement insupportable. Malgré le désir brûlant de lui courir après pour la prendre dans ses bras, s'excuser, se prosterner à genoux et la supplier de le pardonner, de le reprendre, et d'effacer toutes ces dernières années, Adam a bien conscience qu'il s'agit là d'un fantasme irréalisable: trop de choses se sont passées, et le danger reste bien trop réel pour que cela puisse seulement être envisageable. Affalé dans sa chaise, le détective se masse la tempe.

    « Décidément, mon grand, tu es toujours aussi con. »

    Le silence l'accable. Il regarde autour de lui, cherchant quelque chose pour l'occuper. En vain. Il finit par se connecter au moniteur pour tenter de noyer son chagrin sous le travail. Un véritable échec. Le visage d'Eve est ancré dans ses pensées, son nom se répétant dans ses idées. Il ne parvient pas à réfléchir, hanté par l'odeur de son parfum, qui demeure malgré son absence, comme pour le torturer. Il joue la mascarade une petite heure ou deux, répondant à quelques e-mails, étudiant quelques dossiers, sans grande conviction. Finalement, lorsqu'il se rend à l'évidence que sa soirée ne sera pas productive et qu'il ne parviendra pas à se défaire de ce regard bouleversant, le brun s'empare de sa veste pour quitter les lieux. Pas d'au revoir à son partenaire, probablement déjà rentré, depuis belle lurette. Un simple salut silencieux est offert à la standardiste avant que le brun ne regagne le parking, où il retrouve sa voiture. C'est uniquement une fois installé qu'il cogne le tableau de bord par frustration.

    « Putain de merde! »

    Autour de lui, un silence des plus oppressants continue de règner.

    La vérité est qu'Adam est seul, contre le monde. Avant, il y avait Eve. Maintenant, il n'y a personne. Il ne peut y avoir personne. Une vérité écrasante, qui lui pèse davantage de jour en jour. Des larmes de rage perlent à ses yeux tandis qu'il tourne la clef dans le contact. La voiture s'éveille, le trajet vers son appartement, toujours ce même appartement risible dans lequel ils avaient emménagé, lorsqu'ils étaient jeunes et enrichis uniquement par la force de leur amour et la qualité de leurs rêves, et duquel il n'avait jamais pris la peine de s'émanciper. Un détail qu'il regrette particulièrement par cette soirée émotive, lorsque chaque coin de l'habitation lui rappelle un ou deux souvenirs d'Eve et qu'il est incapable de la chasser de ses pensées.

    La douche qu'il prend pour se changer les idées sert simplement à lui rappeler la tendresse de leurs ébats dans le confort intimiste de leur salle de bain.
    Le réfrigérateur habituellement vide sert de contraste à la belle époque, lorsqu'Eve se chargeaient de le remplir pour qu'il ne manque jamais de rien.
    Les grincements du parquet lui rappellent les pas silencieux qu'il tentait de faire, la nuit, pour ne pas la réveiller, lorsqu'il se réveillait par inadvertence afin de se rendre à la salle de bains.
    C'est cependant la chambre à coucher qui représente la plus grande menace, le plus grand danger. Un danger auquel il ne veut pas se confronter.

    Alors le brun ouvre l'armoire du couloir pour en tirer un oreiller et un plaid, qu'il part poser sur le canapé. Il allume la télévision, la chaine des crimes et enquêtes, pour tenter de se distraire. Bien entendu, un nouvel échec. La voix d'Eve continue de faire écho dans ses oreilles, comme un chant de sirène.

    Par pitié. Arrête.

    Et il avait obéi. Cette fois-ci, il avait obéi. Bien que toutes les cellules de son corps l'avaient imploré de la retenir, il n'avait rien fait.

    Et par le passé?

    Comment les choses se seraient-elles déroulées s'il l'avait écoutée, la première fois?

    Par pitié. Arrête.

    Adam s'apaise. Il s'excuse. Il s'explique.

    Il partage ses craintes, ses frayeurs, ses appréhensions.

    Eve le rassure.

    Elle lui affirme qu'elle choisit de rester, malgré les enjeux.

    Elle lui explique que la vie n'a pas de sens, sans lui.

    Il la croit.

    Ils vivent heureux. Adam lui demande sa main. Elle la lui offre, allègrement. Le mariage est merveilleux dans sa modestie. Elle fait de lui un homme meilleur. Il fait d'elle une femme heureuse. Leurs vies se déroulent paisiblement. Un enfant. Adam est comblé. Eve est comblée. Sa carrière continue de progresser, mais il songe à sa famille désormais. Il demande volontairement à être transféré dans une division moins dangereuse. Il y a moins de risques, moins d'enjeux. L'équilibre est trouvé. Ils vieillissent ensemble. Leur enfant est parfait. Ils prennent leur retraite. Leur vie est parfaite. Il veille sur Eve, à la vie, à la mort. Elle est la première à regagner le coeur de la terre. Il a veillé sur elle jusqu'à la fin. Leur enfant lui tient compagnie jusqu'à ce que la mort le prenne en pitié et se décide à le réunir avec la seule et unique femme de sa vie. Et tout se termine, comme cela aurait dû. Fin de l'histoire. C'était une belle histoire. La réalité l'est bien moins.

    Lorsqu'enfin, il s'endort, il est déjà trois heures passées, le visage toujours illuminé par l'écran éveillé, les yeux rongés par le sel de ses larmes, le coeur toujours empourpré par les paroles de sa bien-aimée.
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    Re: Adam&Eve — I can't say "Hello" to you and risk another goodbye

    Jeu 6 Avr 2023 - 22:31
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    Evangeline C. Carstairs
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    Une playlist tourne dans l'appartement, mais personne ne l'écoute. Les chansons s’enchaînent les unes après les autres mais personne ne les entend car elles ne sont là que pour étouffer le bruit des sanglots de la jeune femme, recroquevillée dans son lit et pleurant plus de larmes que ce que son corps n'aurait dû pouvoir contenir. Eve finit par être complètement vidée de ses larmes et du peu d'énergie qu'il lui restait après ses retrouvailles douloureuses et inattendues avec Adam. Des flashs du visage d'Adam lui passe sans cesse devant les yeux, elle tente de les fermer pour les faire disparaître mais l'image n'en est que plus nette. Le visage de son souvenir se superpose à celui qu'elle vient de retrouver, changé et pourtant identique. Rien ne saurait atténuer la douleur qu'elle vit, identique à celle qu'elle avait pu ressentir douze ans plus tôt et comme douze ans plus tôt, c'est la fatigue qui l'emporte alors qu'elle continue de sangloter bien qu'elle n'a plus aucune larmes à verser. Elle n'entend distraitement qu'une dernière phrase venant de la playlist qui tourne toujours en fond avant de sombrer dans l'inconscient.

    ...all the time. It turns out freedom ain’t nothing but missing you wishing I'd...

    Le visage d'Adam l'accompagne jusqu'au pays des songes où elle se retrouve dans un appartement qu'elle a trop bien connu et elle réalise qu'elle s'apprête à revivre cette soirée là. Elle est désormais spectatrice de cette nuit funeste où elle aurait préféré se prendre une balle en plein cœur que de ressentir toutes les émotions qu'elle avait pu éprouver le soir de leur séparation et qui risquait de se rejouer intégralement à moins qu'elle ne trouve le moyen de s'en échapper. Elle a l'impression de flotter à travers la pièce, elle se voit assise sur ce canapé avec son stupide livre dont elle ne se souvient même pas du titre. Elle se hurle d'aller le voir pour l'empêcher de faire ce qu'il s'apprête à faire. Elle est pourtant bien consciente que c'est aussi utile que d'invectiver les héros d'un film d'horreur qui décide de se séparer, ou bien de hurler des conseils à travers l'écran lors de match de sport comme si vous étiez le coach sportif alors qu'il n'y avait pas la moindre chance qu'on vous entende. Et pourtant. Evangeline ne pouvait s'en empêcher, elle ne pouvait pas rester là à rien faire, à attendre comme elle avait pu le faire à l'époque alors qu'elle savait parfaitement ce qui allait suivre. La porte qui claque, Adam qui lui fout la valise entre les mains et la pousse vers la porte. Adam qui lui hurle de dégager alors qu'il n'avait jamais haussé le ton avec elle. Elle n'avait pas reconnu l'homme qu'elle aimait à l'époque, et restait convaincue que ce n'était pas la même personne. Elle n'avait jamais réussi à trouver le fin mot de cette histoire qui la hanterait probablement toute sa vie.

    Elle ressent la déflagration de la bombe qui vient de faire exploser sa vie et son cœur jusqu'au bout de ses ongles, elle n'est plus qu'une infinité d'éclat qu'on ne pourrait jamais rassembler complètement car il manquerait toujours une pièce, celle qui était à l'origine de tout ça. Alors qu'elle tente de toutes ses forces d'atteindre la porte d'entrée encore entrouverte, lui laissant croire qu'elle a encore la liberté de changer les choses, alors qu'elle court à en perdre haleine sans bouger d'un millimètre, elle se sent absorbée par le souffle de l'explosion qui la tire en arrière et elle tombe à la renverse. Elle est en chute libre vers l'infini et pourtant elle se rapproche chaque seconde un peu plus du sol. Elle espère l'atteindre un jour pour qu'enfin tout s'arrête, ne plus rien ressentir et se réveiller de cette hallucination.

    Morphée semble d'humeur taquine ce soir et Eve est son jouet préféré qu'il n'est pas encore prêt à laisser tranquille.

    Quand enfin la jeune artiste touche le sol bien plus délicatement qu'elle ne l'aurait espéré, elle regrette immédiatement d'être de retour sur la terre ferme. Elle reconnaît le roulis de l'eau avant même d'ouvrir les yeux. La fontaine. Cette maudite fontaine qu'elle avait si précautionneusement pris le soin d'éviter. Seulement l'endroit à changé. On aurait pu s'y attendre après tant d'année mais ce n'est pas ce qui dérange Eve dont les larmes s'étaient remises à couler. Les oiseaux semblent figés dans le ciel, pas un bruit ne vient perturber celui du bassin derrière elle. La pluie tombe du sol, de plus en plus fort et la jeune femme se retrouve vite avec de l'eau jusqu'au cheville, elle constate que la fontaine déborde et vient s'ajouter à cette pluie insensée qui lui remonte le long des jambes. Ses larmes se font de plus en plus forte alors qu'elle sent l'angoisse monter en elle, et l'eau de la source semble redoubler en échos à ses larmes qu'elle ne peut contrôler. Elle se noie dans ses émotions qu'elle ne peut arrêter, comme elle ne peut arrêter le débit de cette fontaine. Elle a maintenant de l'eau jusqu'aux épaules, plus que quelques secondes avant qu'elle n'ait la tête sous l'eau et ne puisse plus respirer.

    ...back from the dead, oh, oh, oh. These hands had to let it go free, and this love came back...

    Une chanson sortie d'on ne sait où résonne dans le corps de l'artiste alors qu'elle se laisse couler, emporter par les flots d'émotions qui la subjugue.

    Dans ce qu'elle croit être un moment de lucidité, elle aperçoit une main tendue à la surface et décide d'utiliser ses dernières forces pour la rejoindre. Elle se débat autant que possible contre cette eau devenu vase qui engourdit chacun de ses mouvements et cherche désespérément à la garder en son cœur.

    Hélas, tout n'était pas si simple.
    Encore un effort pour atteindre cette dernière chance.
    La main qui semble si près et pourtant si loin.
    Plus que quelques centimètres pour toucher du doigt cette épiphanie avant de réaliser en émergeant...

    Ce n'est pas n'importe quelle main. Une main d'ombre étincelante qu'une pierre qu'elle reconnaîtrait entre mille fait scintiller. Une aigue-marine montée en bague de fiançailles, sa bague de fiançailles à la main d'une autre dont elle ne voit pas le visage, dont elle ne distingue qu'un sourire carnassier qui la nargue de ne pas avoir su être la bonne. De ne pas avoir mérité cette bague, son amour, ses deux ans de sa vie qu'elle avait gâché à en faire partie.

    Evangeline est prise à la gorge et elle étouffe. L'air ne circule plus à travers ses poumons et elle s'agrippe de tout son être à cette bague, tentant désespérément de la faire bouger pour se libérer. Pour récupérer le contrôle sur ses poumons, son corps et sa vie. Tout s'efface autour d'elle et elle ne voit plus que cette bague. Une promesse brisée qui aurait dû être le début d'une nouvelle vie, ou plutôt la continuité de ce qu'ils avaient commencé à bâtir ensemble. Des bribes de ce qui aurait pu être défile devant ses yeux alors qu'elle commence à suffoquer. Eve qui remonte jusqu'à l'autel accompagné par Ansel, rayonnante dans la plus belle robe qu'elle aurait pu imaginer, jusqu'à rejoindre Adam. Son Adam prit par l'émotion. Une maison en banlieue où elle aurait eu son atelier plutôt que de s'étaler dans le salon bien que ça ne l'ait jamais dérangé. La maison du bonheur qui aurait connu tant de rire et de larmes, surtout de joie. Les barbecues du week-end qui serait devenu une véritable tradition chez les Renfields. Ce nom qui aurait été aussi le sien. Ils auraient vieilli ensemble, amoureux comme au premier jour et ce jusqu'à ce que la mort les sépare, comme il l'aurait juré 50 ans plus tôt lors de leur mariage.

    Elle voulait hurler son nom en voyant le film de ce qu'aurait dû être sa vie, mais l'air lui manquait, alors elle se contentait de le maudire en silence, des larmes de rages coulant amèrement sur ses joues alors que le film touchait à sa fin. Elle voyait enfin la lumière au bout du tunnel, qui venait la délivrer

    ...was the great escape, the prison break. The light of freedom on my face...

    Elle ouvre enfin les yeux en hurlant son nom et cherche de l'air à tout prix. Sa respiration est saccadée mais elle respire, bien que difficilement. Elle est toujours dans sa chambre, dans son lit et elle réalise doucement que ce n'était qu'un rêve. Le pire qu'elle ait pu faire de ces dix dernières années et elle espérait ne jamais revivre cela alors que certaines images venaient se graver de manière indélébile dans sa mémoire, écorchant un peu plus son cœur au passage. Elle se lève alors pour ouvrir le rideau d'où filtrait le raie de lumière qui l'avait tiré de son cauchemar et se dirigea vers la salle de bain pour espérer laver les résidus de cette nuit qui lui collait encore à la peau, alors qu'une dernière chanson emplissait la pièce.

    ...Rain came pouring down when I was drowning, that's when I could finally breathe, and by morning gone was any trace of you, I think I am finally clean...

    Si seulement c'était vrai.
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    Adam&Eve — I can't say "Hello" to you and risk another goodbye  - Page 2 180712123547514439

    Re: Adam&Eve — I can't say "Hello" to you and risk another goodbye

    Mar 18 Avr 2023 - 4:25
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    Adam Renfield
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    Identité HRP : Ferdi (rashomon#2268)
    Gameplay : Jeu flexible, personnage: il/lui.
    Disponibilité RP : Disponibilité Limitée
    Avatar (+ crédits) : Tom Hiddleston © FA (ava), eternalroleplay (signa)
    Nationalité/origines : Américain
    Avertissements contenu : Police (LAPD), Homicide involontaire, PTSD, traumatisme, rupture, activités criminelles (le personnage est détective au LAPD et traite d'affaires en tous genres), enlèvement
    Orientation & situation : Hétérosexuel, célibataire, marié à son travail. Toujours secrètement amoureux d'Eve.
    Métier/occupation : Détective au LAPD
    Résidence : Toujours le même appartement dans le Downtown que celui dans lequel il vivait avec Eve
    Do you want children? Do you want to marry me? Do you want to run marathons in Long Beach, by the sea? I've got things to do, like ... Nothing, at all, I want to do them with you.

    Do you want to do them with me?





    I didn't leave you. I never left you. Eve, you gotta believe me. You just gotta.

    Mots égarés dans la salle. Ils rebondissent sur les murs avant de s'effacer dans les temps morts. Les silences entre deux paroles, entre deux actions, entre deux idées.

    Les silences fourrés de non-dits. Toutes les pensées accumulées, au fil des années. Une église, une réception. La salle est pleine, les invités divisés en deux bancs. Une femme blonde, vêtue de blanc, arpente le corridor, accompagnée de la marche nuptiale. Lumineuse et radieuse, la salle entière semble graviter autour d'elle. Il n'a pas besoin qu'elle se retourne pour imaginer son visage. Eve.

    Son coeur se pince en la voyant gravir les marches de l'autel, faisant face à un homme sans visage, dont il ignore l'identité, hormis le fait qu'il ne s'agit pas de lui.

    Eve, please!

    Ses pensées sont bruyantes mais aucun son ne sort d'entre ses lèvres. Il tente d'avancer mais demeure figé, immobile, impuissant face à cet évènement horrifiant. Les voeux échangés, la mariée illumine la salle de son sourire étincelant. Aussi belle qu'au premier jour. Le coeur d'Adam se resserre, son rythme s'accélérant, martelant sa cage thoracique avec tant d'intensité que celle-ci menace d'exploser. Les nouveaux mariés s'embrassent, avant qu'Eve ne se retrouve portée par son conjoint, retraçant ses pas précédent dans le sens inverse.

    Eve!

    Eve!


    « Come back ! »

    La marche s'interrompt. Le public se lève. Personne n'a de visage, tous semblent l'accuser. Des index, par milliers, pointés en sa direction.

    You.

    It's all your fault.

    It's all my fault.


    Le nouveau couple s'immobilise sur place, avant de faire marche arrière, comme lorsqu'un film est rembobiné vers le départ. Adam observe avec désarroi les amants dé-sceller leur union et défaire leurs voeux. Le sourire d'Eve s'éteint, elle marche à reculons, le long de l'Église. Dans un moment d'impulsion, le détective attrape le poignet de son ancienne amante.

    « Stay with me, please. »

    La blonde à l'âme d'artiste et au coeur de pierre demeure immobile avant de se retourner vers lui. Son visage est cadavérique. Ses yeux sont vitreux. Sa voix est hantante.

    « YOU'RE TOO LATE. »

    Non ...

    Non, Eve ... Par pitié ...

    Non ...

    Le sol se dérobe, le plafond s'écroule. Adam tombe dans la crevice, Eve s'élevant dans les airs, telle une messie. La pénombre le dévore, consumant tout sur son passage, hormis la spectre portant cette robe jadis blanche, désormais grisâtre et en lambeaux.

    « Nooooooooooooooooooooo! »

    ***

    Une chute, qui semble interminable, parmi un vide intersidéral des plus glaciaux. Il tente de se raccrocher à la nuit, mais celle-ci ne répond pas au toucher de ses mains. Le manteau de l'obscurité lui file entre les doigts, glissant comme de l'eau, fluide et visqueuse, impossible à saisir.  Il crie, mais aucun son ne s'échappe. Chute libre.

    ***

    La lumière le frappe de plein fouet. Le ciel, aveuglant, ne présage rien de bon. Un orage se profile, à l'horizon. Il se revoit, à la fenêtre, occupé à sonder la ville, perdu dans ses songes. Sur le canapé, elle dessine, avec allégresse et insouciance.

    Ses sourcils, à lui, sont froncés. Contrarié, il réfléchit, étudiant la situation sous tous les angles, mesurant le pour et le contre. Cette scène, il ne la connaît que trop bien. Il aimerait pouvoir y échapper, ou au contraire, en changer l'issue ... En vain.

    Le jeune Adam se dirige vers la chambre d'un pas assuré, ouvrant placards et tiroirs avant d'en tirer un florilège d'apparence interminable de vêtements bariolés. Des écharpes rouges, des pulls en cachemire, des peignoirs en soie, des brassières en dentelle. La valise minuscule est remplie. Cela ne l'empêche pas de dévorer, avec gloutonnerie, les nouveaux vêtements qui lui sont offerts. Le vieil Adam tente de s'interposer, d'interrompre les mouvements mécaniques de son double, sans succès.

    Avec impuissance, il suit son fantôme passé vers le salon. Il revit la conversation fatidique. Il crie. Il hurle. Il proteste. Il implore. Il essaie de changer l'issue de l'entrevue. Il s'énerve contre le jeune Adam. Il plaide sa cause auprès de la jeune Eve. Personne ne semble le voir, ni l'entendre.

    Le miroir au fond du corridor lui indique un reflet qui n'est pas le sien.

    Adam plisse des yeux, pour y retrouver le visage d'Eve. Mais pas la jeune Eve: la vieille Eve. Celle qu'il a vue au commissariat, quelques heures plus tôt, dans la vraie vie, non pas ce rêve endiablé. Rongée par la souffrance et l'amertume, sa beauté, bien que plus glaciale, n'a de cesse de lui couper le souffle. Alors qu'il se rapproche du miroir, les sourcils de la vieille Eve se froncent, contrariée, alors que son double spectral du passé plaide et implore le jeune Adam en lui demandant de s'expliquer. Les larmes inondent le visage du vieil Adam, qui se rapproche du miroir.

    « S ... S-stay w-with ... m-me ... P-Puh-lease. »

    Mots saccadés, visage crispé par les larmes et la douleur. Le reflet, stoïque, le regarde, impassible.

    La blonde à l'âme aigrie et au regard austère demeure immobile avant de se métamorphoser devant lui. Son visage devient cadavérique. Ses yeux deviennent vitreux. Sa voix, hantante, répète le même refrain.

    « YOU'RE TOO LATE. »

    Le miroir éclate en un millier de petits fragments.

    Stupéfait, Adam tente de les attraper, pour se raccrocher au souvenir d'Eve. Ses doigts se tranchent sur un pan de vitre, son sang giclant au sol, créant plusieurs flaques dorées dans lesquelles il voit ses fantasmes de la vie d'Eve sans lui à ses côtés.

    Eve qui se marie avec un homme inconnu.
    Eve enceinte, d'un homme inconnu.
    Eve, enceinte de nouveau, un enfant blond à ses côtés.
    Eve, et ses deux enfants, qui jouent à la plage.
    Eve, qui se rend à la remise de diplômes de sa fille.
    Eve, en retraite, avec ce mari aux contours incertains.
    Eve, hospitalisée, dans ses derniers moments. Le visage paisible, bien que légèrement contrarié.
    Eve, dans un cercueil. Les yeux clos. L'air serein.
    Eve.
    Tout simplement Eve.

    Elle a vécu une longue vie.
    Elle a vécu une belle vie.
    Elle a vécu une vie sans Adam, et cette absence se lit dans ses traits.

    Penché au dessus de son cercueil, les larmes d'Adam s'écrasent contre les joues de la plus vielle des Eve.

    « S... S-stay ... W-with ... M-me ... Please. »

    Il s'effondre au dessus du cercueil, avant de tomber dedans. Le couvercle se referme sur lui, sur elle, sur Eve, sur eux.

    Ils tombent, à l'abandon.

    Adam sanglotant.

    ***

    Chute interminable parmi des branches et des échos. Le bruit écorche ses bras et son visage. Les feuilles l'assourdissent de leur texture cirée. Plus il tombe, plus la descente s'accélère. L'obscurité donne sur la lumière. Adam tombe à travers une aperture aveuglante. Où est Eve? Est-ce à ça que ressemble le paradis?

    ***

    « ... Stay. »

    Elle s'immobilise, choquée par ce qu'elle vient d'entendre.

    « ... What? »

    « ... Stay with me. Please. »

    Les revoilà, de nouveau, dans cet appartement qui demeure inchangé à ce jour. Eux restent inchangés dans ce souvenir vécu et revécu si souvent qu'il leur est greffé dans l'âme, à l'un comme à l'autre. Mais le souvenir est différent, cette fois-ci. Adam dit autre chose, cette fois-ci. Et Eve l'écoute.

    Il se met à genoux, sort la boite minuscule de sa poche.

    « ... Evangeline Cordelia Carstairs ... Will you marry me? »

    Ses yeux, emplis d'espoir et d'incertitude, attendent une réponse.

    « Oh, Adam ... »

    Elle se jette sur lui. La réconciliation est douce et sucrée. Adam répond au baiser tant fantasmé avec fougue et passion. Il se donne, corps et âme, à cette relation.

    La blonde à l'âme apaisée et au coeur pansé demeure immobile dans ses bras, ses vêtements s'usant en l'instant de quelques secondes, son visage se creusant avec le passage des années. Le visage cadavérique, les yeux vitreux. Sa voix hantante susurre de façon effrayante.

    « TOGETHER. FOREVER. »

    ***

    Nouveau flash de lumière, et Adam se réveille face à une crinière blonde. Un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'il la réveille.

    « Good morning, sleeping beauty. »

    Elle grommelle dans son sommeil, éternuant comme elle avait l'habitude secrète de le faire, avant de se réveiller avec douceur et élégance.

    « ... Adam? ... What time is it? »

    Son regard azur se perd dans ceux de sa compagne, hypnotisé par ses iris envoutantes. La blonde à l'air serein et au corps dénudé demeure immobile à ses côtés, son visage éclatant de vivacité. Elle sourit, avant de fermer les yeux. Lorsqu'elle les rouvre, Adam plonge à travers leurs orbites vides.

    Une nouvelle marche nuptiale. Cette fois-ci, il l'attend, à l'autel. Lisa est assise au premier rang. James est trois rangs plus loin. Le coeur d'Adam s'arrête, époustouflé par la vision idyllique qui s'offre à lui. Une Eve, plus belle que jamais, s'avance vers lui, vêtue de blanc. Impatient, il guette son arrivée. La cérémonie est interminable. La cérémonie est trop courte. Entourés de sourires, il s'agit du plus beau jour de sa vie. Adam soulève le voile.

    La blonde au destin scellé et à l'amour transi demeure immobile face à lui, lui souriant alors que tout s'obscurcit dans la salle et que les fleurs de son corsage se fane. Sa peau s'embrume, son visage se ternit. Le visage cadavérique, les yeux vitreux. Sa voix hantante insiste, réverbérant à travers la salle:

    « I DO. »

    Adam tombe à la renverse et s'écrase contre le sol marbré qui éclate sous l'impact de la chute. Il hurle.

    ***

    Cabane boisée, isolée, insolite, donnant sur un lac. Adam porte sa femme à travers le seuil de la porte. Ils feignent la modestie un bref instant, inspectant les lieux, puis le frigo. Eve l'embrasse. Adam l'embrasse aussi. Les baisers s'intensifient, ses mains se perdant sous le haut de son épouse, dégrafant son soutien-gorge, la déshabillant avec autant de délicatesse que si elle était faite de porcelaine. Adam la porte vers la chambre à coucher, la déposant doucement sur le lit.

    Leurs corps s'unissent dans l'ombre. Eve soupire. Adam râle. Eve bascule vers l'arrière. Les rayons de la lune embrassent leurs silhouettes comme ils s'embrassent, une fois le fait accompli. Ils s'endorment. Adam est paisible. Eve sourit. Ses traits s'affermissent. Le visage cadavérique, les yeux vitreux. Sa voix, douce et mélodieuse, se met à fredonner un air inquiétant.

    ***

    « What are you drawing? » demande-t-il, ses yeux rieurs se perdant sur l'aquarelle colorée.

    « Do you like it? »

    « Of course. What is it? »

    ***

    Une belle maison de banlieue. La maison de leurs rêves. La maison de ses rêves. Ses rêves magiques de nymphe artistique, véritable muse aux talents multiples. Son imagination le tient en haleine. La maison est vide. La maison est meublée. Adam est spectateur. Il voit Eve, aller et venir. Il voit l'autre Adam, la suivre, avec dévouement.

    Eve a le ventre rond? Adam porte les courses.
    Eve a le ventre plat? Adam porte un enfant.

    Poussette, berceau, biberon, veilleuse. Nuits blanches, passées à surveiller le gamin au sommeil perturbé. La peinture se fissure. Eve repeint les murs.

    Eve a le ventre rond? Adam peint les murs.
    Eve a le ventre plat? Adam porte un enfant dans chaque bras. Le fils, âgé de 3 ans. La fille, nouvellement arrivée.

    Poussette, berceau, biberon, veilleuse. Nuits paisibles, passées dans le réconfort d'une enfant aussi angélique que sa mère.

    Les années filent à une allure vertigineuse.

    Le véhicule familiale ressemble davantage à un camion qu'à une voiture. Il y a les vacances au Lac Tahoe, les camps d'été. Les nuits passées à réviser pour les contrôles surprises, ou à ré-apprendre l'arithmétique pour mieux savoir l'expliquer. Eve cuisine, Adam se lèche les babines. Eve peint, Adam l'observe en silence. Adam rentre tard, Eve l'attend. Adam se douche, Eve le rejoint. Les nuits sont passionnées, ponctuées de tendres baisers et de caresses féroces. Les enfants grandissent. Adam vieillit. Eve aussi, mais plus lentement. Et plus élégamment.

    Adam a trente ans.
    Adam a quarante ans.
    Adam a cinquante ans.
    Adam a soixante ans.

    Adam a soixante-dix ans, mais Eve reste splendide à ses yeux. Ils la prennent, leur retraite, au lac Tahoe, qui a ponctué nombreux de leurs souvenirs. Ils vieillissent, ensemble. Le monde les oublie, mais ils ne s'oublient pas. Lorsqu'Eve meurt, Adam ne l'oublie pas. Il ne l'oublie jamais. Il lui tenait la main, dans ses derniers moments.

    « It's alright. You can go, now, my love », avait-il soufflé.

    Ses yeux s'étaient refermés. Elle était sereine. Pour de vrai, cette fois. Elle avait vécu une belle vie, il n'y avait aucun doute. Elle pouvait reposer en paix. Le visage cadavérique. Les yeux vitreux.

    Adam continue sa vie sans Eve. Leurs enfants veillent sur lui, jusqu'à ce qu'il s'agisse de son tour à nouveau. Il passe ses journées à regarder le lac. Les traits d'Eve se dessinent dans les reflets de l'eau.

    Adam meurt.
    On le rend à Gaia, la terre. Un cercueil qui rejoint celui d'Eve.

    La lune se lève.
    La lune se couche.
    Le soleil se lève.
    Le soleil se couche.
    La lune se lève.

    Une main émerge de la terre.
    Adam se lève aussi.

    Le monde a changé, tout a changé. Le ciel est rouge. Il pleut du sang. Tout brûle, autour de lui. Il n'y a que des flammes effervescentes. Où est Eve?

    Eve ne s'est pas relevée.

    Il n'y a qu'Adam.

    ***

    Un avant-dernier souvenir, le plus tendre de tous.

    Nous en revenons à la première instance ou Eve a le ventre rond. Elle a appris qu'ils auront un fils. Elle peint des soucoupes volantes sur le mur, Adam colle des autocollants phosphorescents en forme d'étoiles sur le plafond.

    Sur le mur, un nom est inscrit en lettres manuscrites, dessinées avec amour par Eve.

    A - N - D - R - E - W.

    Un hommage à cet oncle qu'il avait tant aimé, le frère de son père, le père de Lisa.

    Adam enlace Eve dans ses bras. Elle continue de peindre, en chantonnant. Ses traits s'endurcissent, sa peau se ternit. Son regard se vitréfie.

    Elle continue de chanter ce refrain effrayant.

    ***

    « S ... S-stay w-with ... m-me ... P-Puh-lease. »

    Le visage crispé par la douleur, sa main enserre celle d'Eve avec désarroi.

    « ... Adam? »

    La voix rauque, le visage dérouté, elle tourne péniblement son visage vers lui.

    « ... Is that you? »

    Il se contente de hocher de la tête, incapable de parler. Des larmes argentées coulent le long de ses joues, aussi discrètes qu'elles sont amères. Elles s'écrasent dans la plaie luisante qui semble s'accroitre infiniment sur cette robe autrefois blanche. La flaque de sang s'élargit de seconde en seconde alors qu'Eve pâlit entre ses mains.

    « Eve ... S-S-stuh-stay w-with m-muh-me ... P-puh-lease ...! »

    Adam ne parvient pas à contenir ses larmes, qui coulent à flot torrentiel. Eve bat des cils, ses doigts se crispant autour de ceux d'Adam avant de lâcher prise, définitivement.

    « ... Adam ... »

    Un filet de sang rouge cerise coule le long de ses lèvres, les empourprant davantage.

    « ... Stay with me, Eve, we're gonna make it ! », implore-t-il, en plein déni.

    « ... Y-You ... K-Killed ... M-Muh-Me ... » souffle-t-elle péniblement, le regard empli de regrets.

    Ses yeux se retournent sur eux mêmes. Sa tête tombe vers l'arrière.

    « No ... » souffle-t-il avec effroi.

    « No, no, no, no, no ... » Adam secoue Eve. Il lui fait du RCR. Ses mains écrasent sa poitrine, tentant vainement de la ranimer. Il lui fait du bouche à bouche. Il se surprend même à prier.

    En vain.

    Il sanglote.

    Eve se redresse entre ses bras. Son visage est cadavérique. Ses yeux sont vitreux. Son expression est hargneuse. Sa voix est hante.

    « YOUUUU KILLEED MEEEEEEEE ! ! ! ! ! »

    « NO NO NO NO NO NOOOO ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! »

    Dernier flash de lumière.

    ***

    Les oreilles bourdonnantes, il se réveille en sursaut. Le silence est assourdissant. L'obscurité est aveuglante. Ruisselant, il met un instant à se re-situer. Est-il couvert de sueur ou de sang? À travers la fenêtre, la ville continue de briller. Los Angeles ne dort jamais. Il devrait songer à arrêter de le faire, également.

    Se redressant péniblement, Adam se frotte le visage.

    « Jesus Christ, Eve ... » se contente-il d'affirmer.
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