« Qu’est-ce qu’on a? » Demandais-je en enfilant mes gants en latex. « Jonathan Snow. Homme de 58 ans, il s’est effondré sur son lieu de travail. Arrêt cardio-respiratoire il y a 12 minutes. Fibrillation ventriculaire. » je plisse les yeux. 12 minutes… il allait être difficile à récupérer. « il est massé depuis? » . Pendant que je vérifiais ses pupilles avec ma lampe stylo, le pompier continuait le massage cardiaque. « depuis le début, il s’est effondré au milieu d’un rendez-vous d’affaires. » « Préparez les palettes s’il vous plaît. » Adressais-je à l’infirmière qui me faisais face, située de l’autre part du brancard. Un pompier était à califourchon sur l’homme, tentant de lui insuffler un nouveau souffle de vie. D’un geste de la tête je lui demande de descendre et stopper la manœuvre désespérée. « Vous pouvez arrêter. On le met sur le lit à 3. 1…2…3…» tous ensemble nous soulevons le corps lourd pour le faire passer sur le lit du box. Il n’a pas un teint très frais. L’air un peu préoccupé, je prépare une seringue d’adrénaline pendant que mon infirmière posait une intraveineuse. « je passe 10 milligrammes. » . Pendant ce temps, le patient était intubé dans une intense chorégraphie médicale où il n’y avait pas de place pour l’erreur. Allez… on allait le récupérer, il fallait y croire. « levez les mains » . Je pose les palettes sur son torse froid. Il se soulève sous l’impulsion du premier choc électrique. Nous avons tous les yeux rivés sur les écrans de contrôles.
Rien.
Un membre de l’équipe médicale reprend le massage cardiaque en attendant que l’on puisse rechoquer. Ça ne sentait pas bon… pas bon du tout. « je charge. » tout le monde s’écarte. Le corps de l’homme se soulève à nouveau mais aucun signe de vie ne se fait ressentir. Allez mon gars, tu ne peux pas laisser ta famille tomber… il faut se battre…« on remet une ampoule d’adré. Je te relaie pour masser. Quelqu’un peut regarder dans son téléphone et essayer de joindre sa famille? Il faut leur dire de venir. » .
Cela faisait trente longues minutes. Trente minutes que nous alternions les rôles, les bras fourbus des massages sans effet, les regards graves. Jonathan Snow n’était plus. Le pauvre. Ce pincement au cœur de n’avoir pas pu sauver mon patient m’envahît. Ce sentiment je ne le connaissais que trop bien. A vrai dire c’était quotidien aux Urgences. Il fallait avoir les reins solides. Mais savoir que cet homme avait eu une enfance, une adolescence, une vie… des amis… de la famille… des enfants sûrement … et qu’il n’était plus… ça ne me laissais jamais indifférente. Bien au contraire. Je souffle « on arrête… heure du décès 16h46. » . Tout le monde s’écarte du patient avec une pointe de déception. « Nous avons fait ce qu’il fallait, tout le monde… je sais que ce n’est pas le résultat auquel on aime aboutir… » . Je recouvre le défunt d’un drap d’hôpital pour ne pas choquer la famille au cas où elle serait dans les alentours. « vous avez réussi à les joindre? » . On m’indiqua que sa femme était injoignable, tout comme ses fils, mais que sa fille attendait dans la large salle d’attente des urgences. « je vais aller lui annoncer. » . Dis-je en retirant mes gants et en remettant mon stéthoscope sur mes épaules. On me pointa du doigt une jeune femme blonde, alors j’allais me présenter devant elle. Bien qu’elle soit assise dos à moi, elle avait une aura familière… « Mademoiselle? … » .
Rien.
Un membre de l’équipe médicale reprend le massage cardiaque en attendant que l’on puisse rechoquer. Ça ne sentait pas bon… pas bon du tout. « je charge. » tout le monde s’écarte. Le corps de l’homme se soulève à nouveau mais aucun signe de vie ne se fait ressentir. Allez mon gars, tu ne peux pas laisser ta famille tomber… il faut se battre…« on remet une ampoule d’adré. Je te relaie pour masser. Quelqu’un peut regarder dans son téléphone et essayer de joindre sa famille? Il faut leur dire de venir. » .
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Cela faisait trente longues minutes. Trente minutes que nous alternions les rôles, les bras fourbus des massages sans effet, les regards graves. Jonathan Snow n’était plus. Le pauvre. Ce pincement au cœur de n’avoir pas pu sauver mon patient m’envahît. Ce sentiment je ne le connaissais que trop bien. A vrai dire c’était quotidien aux Urgences. Il fallait avoir les reins solides. Mais savoir que cet homme avait eu une enfance, une adolescence, une vie… des amis… de la famille… des enfants sûrement … et qu’il n’était plus… ça ne me laissais jamais indifférente. Bien au contraire. Je souffle « on arrête… heure du décès 16h46. » . Tout le monde s’écarte du patient avec une pointe de déception. « Nous avons fait ce qu’il fallait, tout le monde… je sais que ce n’est pas le résultat auquel on aime aboutir… » . Je recouvre le défunt d’un drap d’hôpital pour ne pas choquer la famille au cas où elle serait dans les alentours. « vous avez réussi à les joindre? » . On m’indiqua que sa femme était injoignable, tout comme ses fils, mais que sa fille attendait dans la large salle d’attente des urgences. « je vais aller lui annoncer. » . Dis-je en retirant mes gants et en remettant mon stéthoscope sur mes épaules. On me pointa du doigt une jeune femme blonde, alors j’allais me présenter devant elle. Bien qu’elle soit assise dos à moi, elle avait une aura familière… « Mademoiselle? … » .
I’VE LOVED AND I’VE LOST