BIG GIRLS DON’T CRY (Talya & Elisa)

Il était 20 heures à Los Angeles ce soir. J’étais debout devant la fenêtre de mon appartement, à guetter une silhouette familière dans la rue. Même si je n’étais pas obligée de faire de la surveillance, je la faisais quand même… déformation professionnelle. L’invitée de ce soir? Nulle autre que ma meilleure amie Talya, que je n’avais pas vue depuis bien trop longtemps à mon goût…  Nous avions convenu de nous retrouver chez moi pour dîner et regarder un film et j'étais très enthousiaste à l'idée de la retrouver comme au bon vieux temps. Le seul problème? Le contexte. En effet la belle brune était en proie à une grosse déception amoureuse si j’en croyais les messages qu’elle m’avait envoyé ce matin. Ah Talya… Elle avait un certain goût à toujours tomber love des filles qui ne la méritaient pas…

Je m'étais habillée avec soin, vêtue d'un jean slim noir et d'un pull fin gris décolleté, mes cheveux longs tombant en cascade sur les épaules. L’heure approchant, je jetais un dernier coup d’œil derrière moi. Mon appartement était modeste, mais j'avais tout de même fait de mon mieux pour le décorer et créer une ambiance chaleureuse. Bien rangé. Tout moi. En plus ça sentait vraiment bon. J'avais préparé un délicieux bœuf stroganoff, comme ma mère le faisait quand j’étais petite. Pas pour me la péter mais c’était clair que le plat allait être une tuerie. J’étais aussi bonne cuisinière que Talya était une catastrophe culinaire. « D’ailleurs heureusement qu’on mange chez moi et pas chez elle! » Pensais-je en riant.

J’espérais que Talya ne soit pas trop blessée par sa récente entrevue avec Eden, qui ne s’était pas bien passée visiblement… c’est sûr qu’apprendre que la femme que vous aimez va se marier avec une autre personne peut… comment dire, être plutôt gerbant. Mes pensées furent interrompues par le bruit de la sonnette. Oups, je ne l’avais pas vue arriver finalement! Je me pressais vers la porte d’entrée pour accueillir le petit cœur brisé. - Talya ! Tu es enfin là! Entre! Fis-je en entrouvrant la porte pour découvrir la jeune médecin.

@Talya S. Adams

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J'ai besoin de cette soirée plus que jamais. Ce n’était pas juste un caprice, c’était carrément vital. Et même si j’adorais voir Eli pour aucune raison, c’était une autre femme qui me poussait être dans ce supermarché ce soir, en train d’acheter de la vodka et du vin.« Ohoh et bien….On dirait qu’on va passer une bonne soirée? Vous allez faire la fête? » Demandait le caissier pour faire la conversation. Désolée mais je détestais le small talk avec des inconnus et … perdu fréro! « Euh non non ça c’est juste pour moi…» mon expression très sérieuse et mon sourire en coin eurent raison de sa curiosité. L’air désapprobateur, il me tendit mon ticket de caisse et me laissa filer vers mon occupation nocturne.

Cette autre femme dont je parlais, c’était Eden. Malheureusement les retrouvailles avec la Gamma ne s’étaient pas passées comme prévu. Non seulement j’avais du lui annoncer la mort de son père, mais j’avais en plus découvert qu’elle allait se marier. A qui direz-vous? Pas à moi! Non pas du tout!! Alors ok j’étais partie des mois et avant cela j’avais été avec une autre … mais inconsciemment ou consciemment je n’avais jamais vraiment sorti la Snow de mon esprit. Et elle non plus! La preuve? Elle m’avait embrassée. Avant de me larguer seule dans mon bureau. Pas mal. Mais attendez, il y a pire! Non contente de m’avoir renversée comme une quille au bowling, Eden m’avait écrit ce matin pour me demander des nouvelles. La belle affaire… et comment ça s’était fini? Oh … bah vous savez la routine! Je lui avais dit que j’y voyais pas clair et que la situation me faisait du mal, elle a dit: ouais moi aussi… et puis on s’est jurées de plus se reparler pour vivre nos vies séparées chacune de notre côté pour y voir plus clair. Une décision vraiment excellente… sur le papier. Pour des personnes qui n’ont pas de sentiments. Pas de coeur du tout d’ailleurs.

Or malgré ce que vous pensez, vous qui considérez sa future femme et qui vous dites: « mais t’as pas de cœur Talya tu vas foutre tout ce qu’elle a construit en l’air!!! » … Certes… mais non! Car j’avais bien un coeur qui battait fort là-dessous. Un cœur qui ne battait que pour la blonde… et qui s’était brisé en mille morceaux.

Heureusement Elisa était là, elle. Elle avait toujours été là d’ailleurs. Ma meilleure amie. Cela faisait des années qu’on se connaissait et jamais elle n’avait failli. C’était ma Oscar au féminin. Même s’ils étaient très différents. Ils avaient chacun une place spéciale dans mon coeur… enfin revenons à nos moutons.
Quand j’avais dit à Eli que j’avais besoin de me changer les idées ce soir… elle n’avait pas hésité une seconde à m’inviter dîner chez elle.

Ma voiture conduisît toute seule et mes pieds me guidèrent chez Eli comme en pilote automatique. Il faut dire que j’y avais mes habitudes… en attendant derrière la porte avec mes bouteilles, je me sentais déjà un peu mieux. Triste bien sûr… mais je savais d’avance que j’allais passer une bonne soirée grâce à la brune.

Quand la porte s’ouvrît sur ses cheveux ondulés et ses grands yeux bruns scintillants, je ne pus contenir mon sourire. « Hey salut ma belle!» Je la presse contre moi dans un petit câlin amical pour la saluer. « Waouh… cette odeur… dis-moi que c’est ce que tu nous as préparé à manger je t’en prie !!! » dis-je avec une mine de chat potté. Ça sentait divinement bon. Tout comme Elisa d’ailleurs. Je pris un air charmeur et demandais. « Nouveau parfum? J’aime bien. » Avant de sortir les bouteilles du sachet kraft et les exposer triomphalement avant de les tendres à la cuisinière du soir. « Et comme promis, voilà de quoi nous mettre bien minables! »

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I’VE LOVED AND I’VE LOST

Je n’ai pas le temps de prononcer un mot de plus que déjà je suis dans les bras de la jeune médecin. - Ça me fait hyper plaisir de te voir! C’est vrai que c’était un sentiment agréable… surtout que nous avions des choses à rattraper, Talya était partie bien trop longtemps. Alors que notre éteinte prenait fin, je me surpris à ressentir une forme de soulagement, comme si j’avais enfin tout ce qu’il me fallait. Un doux sourire sur le visage, je la regardais avec tendresse s’émerveiller sur l’odeur qui emplissait l’air. - Et bien je ne sais pas si ça sera bon mais j’ai fait de mon mieux! Je hausse les épaules pour prouver mon incertitude bien qu’en réalité j’avais goûté le plat à plusieurs reprises et je pouvais attester avec une confiance totale qu’il allait être une réussite.  Je ne pouvais pas m’empêcher de prendre le sujet à la rigolade et de souffler à Talya - Bon en tout cas, je pense que ça sera meilleur que ton dernier gâteau!. Talya m’avait invitée chez elle il y a peu et son dessert avait carrément pris feu, on avait bien ri ce soir là, les voisins un peu moins à cause de l’alarme incendie. La doctoresse fit un commentaire sur mon parfum et le fait qu’elle le remarque m’en boucha un coin. - Cuisinière catastrophique mais un vrai nez de parfumeuse à ce que je vois !. J’approchais mon nez de son cou pour essayer de l’imiter… sauf que moi j’étais meilleure cuisinière que nez. - Et toi tu sens… le … la… tu sens bon. J’éclatais de rire en me retirant. C’était vrai, Talya sentait divinement bon. Un mélange de son parfum, l’odeur de sa peau, son shampoing… un tout délicieux.

Lorsqu’elle sortit les bouteilles de son sac, je lui fis signe de me suivre dans le salon. J’avais déjà mis la table pour nous deux, et sur la table basse, près du canapé, j’avais déposé un verre à shot ainsi qu’un grand verre à vin et un tire bouchon. - Je te laisse l’ouvrir et te servir? Je vais mettre les pâtes en cuisson. Je jetais les spaghettis dans une casserole et ramenais à Talya quelques gâteaux apéritifs pour éviter que nous ne soyons trop vite pompettes. En me posant sur le canap' à côté d’elle je demande - On trinque? Aux soirées déprime et au bœuf stroganoff! Après avoir fait tinter nos verres, je mis les pieds dans le plat, comme à mon habitude. - Bon alors… t’as été floue par texto, qu’est-ce qui va pas? Raconte! Tu as revu Eden? J’examinais son expression prenant mon interrogatoire au sérieux et tout en affichant un sourire doux pour lui montrer qu’elle pouvait tout me dire.

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Elisa Levinsky aime ce message

« Plaisir partagé très chère!» Je me laisse envelopper par les bras chaleureux d'Elisa dès que je franchis le seuil de sa porte. Et immédiatement les soucis s’envolent comme des pigeons à la vue de gamins. Elle avait ce pouvoir magique de me faire instantanément me sentir mieux. Comme quand vous rentrez à la maison. Les odeurs familières. La présence bienveillante.

Je souris en entendant Elisa me taquiner gentiment en mentionnant le gâteau que j'ai brûlé lors de notre dernière rencontre. « Alors pour ta gouverne, le petit goût de brûlé c’était fait exprès pour apporter un petit twist d’amertume qui était sensé marcher avec le chocolat… » ouais bon ou alors il était complètement foiré. Je ris de moi-même devant une telle mauvaise foi. Mes joues me font mal. Plus habituées à rire autant. C’est vrai que depuis ce jour j’avais du mal à dormir… à penser à autre chose…  pourtant ce soir je ne peux m'empêcher de rire quand elle essaie de qualifier mon odeur. Je pris une grande bouffée de son parfum avant de prendre mon meilleur air supérieur et lui asséner « Fleur de frangipanier, vanille, des notes d’ylang-ylang, le tout dans un ensemble capiteux. Ça ressemble à La Femme de Prada ton parfum. J’ai bon? » dis-je d’un air assuré. Ma mémoire olfactive était assez précise en général et j’avoue que j’avais envie de l’impressionner un peu pour une fois.

Je l’ai ensuite suivie dans le salon, et j’ai exécuté ma tâche en faisant s’envoler au loin le morceau de Liège qui me séparait du précieux raisin alcoolisé. Après en avoir versé une bonne partie dans mon grand verre, je décidais aussi de servir mon hôte avec son breuvage de l’est-Europe. Eli revient et fit sonner son verre contre le mien avant de … faire une Elisa. Cette fille devait vraiment apprendre à tourner un peu plus autour du pot. Bien sûr elle voulait évoquer la raison de ma déprime. J’ai haussé les épaules avant de déguster quelques gorgées de vin, sentant la chaleur se diffuser dans mon corps. J’avais à la fois envie d’avoir son avis sur la question et à la fois envie de penser à autre chose… mais en bonne ancienne psy, Elisa se refusait à me laisser cacher mes soucis sous le tapis. « Oui je l’ai revue… c’était ultra bizarre… en gros je sortais d’une réanimation sur un homme d’une soixantaine d’années, le monsieur était décédé. Je vais pour prévenir la famille et je tombe sur qui? Devine… » la question était rhétorique. « Bien sûr il y avait de la paperasse… tu connais… je l’amène dans mon bureau et on a discuté… façon nous quoi. Elle m’a reproché d’être partie, de pas avoir appelé … et moi j’ai juste acquiescé. Ça m’a fait quelque chose de la revoir tu vois… genre vraiment ça m’a retourné l’estomac. » Je m’hydrate un peu la gorge avec une lampée du liquide couleur sang. « je lui ai avoué que je regrettais de ne pas avoir fait plus parfois et qu’elle comptait beaucoup pour moi… la vérité quoi… j’ai jamais vraiment arrêté de penser à elle … même quand j’étais avec Gia… même quand j’étais à Haïti … je me demandais de qu’elle devenait … si elle allait bien… bref … on s’est un peu rapprochées physiquement … plutôt à mon initiative d’ailleurs … et elle m’a recalée en me disant, même si j’avais compris seule, qu’elle allait se marier … et comme si c’était pas suffisant… » Je me noie au fond du verre. « Elle m’embrasse, avant de me dire qu’elle peut pas et elle se barre…  elle m’écrit ce matin pour me demander comment ça va alors que c’était silence radio depuis des semaines … elle m’a confirmé que ce sentiment bizarre que j’avais ressenti n’était pas unilatéral … mais elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas choisir entre moi et la personne avec qui elle est … alors j’ai décidé de couper les ponts pour l’aider d’une part et… protéger mon petit cœur de l’autre…» Il allait me falloir plus de vin si je devais écouter Elisa me donner son avis sur le sujet car la connaissant elle n’allait pas y aller de main morte … « voilà tu sais tout… »

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Les yeux pétillants de la brune me font sourire… et surtout sa mauvaise foi incarnée. Chaque personne avait ses points forts et ses points faibles… et le point faible de Talya était sûrement son niveau en cuisine voilà tout! Par chance elle avait une meilleure amie adorable qui accepterait de donner de son temps pour remettre cette criminelle culinaire sur le droit chemin. - Ah ça oui c’était un très très gros twist d’amertume… j’écarquille les yeux pour souligner l’invraisemblance de ses propos. Quand tout à coup elle se met à me respirer comme si j’étais une fleur. Je suis un peu gênée je dois dire. J’espérais que je sentais vraiment bon et que ce n’était pas un coup de chance lorsqu’elle avait hume mon parfum un peu plus tôt. Telle une détective elle énuméra les effluves avant de trouver le parfum que je portais. - Ha ouais ok, nulle en gâteaux mais vraiment très bonne en parfums… pas qu’en parfums d’ailleurs… mais ça n’était pas le sujet. - Très impressionnant…encore un nouveau talent caché découvert!

Un autre de ses talents était sa descente. A peine avais-je évoqué Eden, le sujet brûlant qu’elle nous avait descendu son verre pour se donner du courage, oublier, ou peut-être un peu des deux. Je l’écoutais religieusement me raconter comment ses retrouvailles avec la blonde s’étaient passées … et autant dire que ça n’était pas vraiment classique. Je ne voulais pas l’interrompre dans son récit, me doutant que ça n’était pas évident à raconter. Je pose une main compatissante sur la cuisse de la médecin. - Et comment tu te sens par rapport à tout ça? Qu’est-ce que tu as envie de faire? Je me demandais si elle serait vraiment capable de tourner la page et passer à autre chose… car depuis qu’on se connaissait j’entendais beaucoup parler de cette fille, à tel point que j’avais l’impression de la connaître. - Tu veux que je re donne mon avis? Je pense que cette fille, même si tu as des sentiments à son égard et que ça semble réciproque, n’est peut-être pas faite pour toi… Elle ne t’a pas choisie Talya… j’avale un shot de vodka avant de terminer ma phrase. et ne pas choisir entre toi et cette autre personne, alors qu’elle va se marier … c’est faire un choix. je pris l’initiative de resservir Talya en vin, sachant que cette discussion allait certainement lui … donner soif. - Je comprends qu’il y a un truc spécial entre vous deux mais… depuis le temps que je te vois te torturer à son sujet, j’ai pas l’impression qu’elle en vaille tellement le coup… en toute amitié Talya. Tu es quelqu’un de bien, tu mérites qu’on te choisisse… je fais un plongeon dans le noir de ses yeux en me demandant comme elle voyait les choses à son niveau.

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Elisa Levinsky aime ce message

Je passe une main dans mon épaisse chevelure ébène pour me gratter le crâne. Mon cerveau était en pleine tempête et sa question plutôt … juste. Qu’avais-je envie de faire? J’avais bien envie de lui dire: conduire très vite après avoir bien picolé et me prendre un mur en béton, mais je doutais que cela soit une pensée qui devait quitter mon esprit. Comment me sentais-je? Inutile. Mal-aimée. Rejetée. Abandonnée. Seule. Triste. Déçue. Affreusement. « Euh… honnêtement je me sens mal… genre profondément. Je veux dire… ok c’est dur de faire un choix, mais pourquoi tu viens me parler dans ce cas là? Et je ne sais pas quoi faire… en fait je suis partagée entre l’inviter à boire un café et en discuter en adultes ou ne plus jamais la revoir… »

Les paroles de la policière étaient on ne peut plus sensées mais si elles sonnaient dur. Comme un coup de poing dans le plexus. Je soupire longuement en regardant mon verre se remplir. Le plus douloureux c’était qu’elle avait raison mais elle ne me disait pas ce que j’avais envie d’entendre … j’avais envie qu’elle me dise que c’était mon âme sœur et que je devais tout faire pour elle car quand on aime une personne à ce point alors cela doit être ma boussole. Ce qui me guide. Je devais la retrouver. Mais non… pas pour Elisa. « C’est vrai … au fond c’est peut-être mieux comme ça … je ne voulais pas être comme un cheveu sur la soupe dans sa vie et elle l’a construire sans moi… » Je connaissais ses raisons. Je les comprenais même. Il ne me restait qu’à les accepter. « Tu le penses? » Je porte mon verre à mes lèvres et avale encore un peu de vin. Je sens une douce chaleur qui commence à m’envelopper et me désinhiber. Mes yeux viennent se glisser sur la Lieutenant. «… Que je suis quelqu’un de bien? Que je mérite qu’on me choisisse? » je descends le reste de mon verre et à nouveau je cherche son regard bienveillant. « Le destin est plutôt odieux quand on y pense… à quoi ça rime de nous mette toujours sur le chemin l’une de l’autre si c’est pour finalement qu’on fasse nos vies loin l’une de l’autre?… je comprends pas… enfin… je vais arrêter d’épiloguer … toute façon comme tu dis elle m’a pas choisie alors… » J’allais remplir mon verre mais à vrai dire… flemme. Je prenais la bouteille directement par le goulot et allais chercher l’ivresse à la source. « Toi au moins t’as pas ce problème, au moins en étant seule tu prends pas le risque de souffrir… je devrais peut-être essayer … »

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Talya est douée pour plein de trucs mais cacher ses émotions ce n’était pas son fort. Je lis dans ses yeux la déception de n’avoir pu agir pour récupérer sa bien-aimée. Enfin la récupérer… l’avait-elle déjà eue? - Et qu’est ce qu’est-ce que tu attendrais de ce rendez-vous? Quelle issue? Fort était à parier que la belle médecin espérait qu’Eden lui tombe dans les bras, mais peut-être que de simples explications suffiraient à apaiser son cœur meurtri? J’essayais tant bien que mal de l’aider à y voir plus clair, mais soyons honnêtes, la plupart du chemin, elle devait le faire en tête-à-tête avec elle-même.

Je détestais l’écouter se dévaloriser et quand elle me demanda si j’étais sincère quand je lui disais qu’elle était une personne bien, j’ai senti mon sang bouillonner dans mes veines. Je n’arrivais pas à comprendre qu’une fille aussi géniale puisse être autant rendue confuse par une déception amoureuse. - Talya regarde-moi. Je plongeais mon regard dans le sien, soulevant son menton avec l’une de mes mains. - Ne doute jamais de ta valeur, et encore moins pour une fille. D’accord? Sincèrement je n’avais pas d’explication à lui fournir sur le destin et son goût prononcé pour la torture amoureuse. J’étais moi-même dans un marasme certain de ce point de vue. - Je ne crois pas au destin ni au déterminisme… tu es libre de la laisser partir si c’est ce qui est le mieux pour toi, comme tu es libre de te battre pour elle.… Je souris en surface, mais la voyant s’emparer de la bouteille pour la boire, je ne peux m’empêcher de ressentir un peu d’inquiétude à l’intérieur. - Je ne prends pas le risque de souffrir… mais je ne prends pas le risque d’être heureuse à deux non plus. Ça manque parfois tu sais. J’avais beau trouver mon compte dans ma vie actuelle, je me rendais compte que j’avais un grand besoin de mes amis et ma famille pour me sentir vraiment bien… à n’en pas douter, être accompagnée par la bonne personne me rendrait la vie meilleure. - A mon avis tu devrais plutôt essayer de tourner la page et de changer de style de meuf… les blondes c’est pas ta came… Riley, Gia et maintenant Eden… je ris doucement tandis que mon téléphone vibre, m’indiquant que les pâtes sont cuites. - Tu as faim? Je vais te préparer une assiette. J’avais dressé la table mais je pensais qu’un repas sur le pouce ne serait que plus propice à la discussion.

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Ses lèvres contre les miennes. Je t’aime. Son souffle dans mon cou. Ses doigts dans mes cheveux. C’est toi, ça a toujours été toi. Son regard dans le mien. Son parfum dans l’air. Une étreinte infinie. Voilà comment j’aimerais que se passe notre rendez-vous. Voilà comment je souhaiterais revoir Eden. Je ne voulais pas la voir suspendue aux lèvres d’une inconnue. Je ne voulais pas la voir épouser une autre personne. Mais avais-je le choix au fond? « J’aimerais qu’elle réalise qu’elle fait une erreur en faisant sa vie avec une ou un autre… qu’elle réalise qu’on est faites l’une pour l’autre … et … qu’elle ne se marie pas évidemment … » La tête basse. Le regard vide. J’ai mal au cœur. A l’âme. Je brûle d’un feu ardent qui me consume. Je l’aime c’est vrai. Comme si elle était mon oxygène. Indispensable. L’idée de la voir m’échapper était insurmontable.

Les encouragements d’Elisa passaient un peu de baume sur mon cœur, mais il ne l’empêchait en rien d’être brisé… Je me perds un long moment dans ses prunelles brunes.  « … » Je n’étais pas vraiment du genre à avoir confiance en moi en général, même si durant ces dernières j’avais pris un peu de gallons. Professionnellement déjà, et je pensais que personnellement également … jusqu’à ce soir. Je me sentais comme un chamallow. Molle. Sans consistance. « C’est difficile d’avoir confiance en toi quand tu réalises que les personnes supposées t’aimer en ont rien à foutre de toi… »

Mes yeux commencent à s’humidifier, ma gorge se serrer et je n’ai pas envie de pleurer maintenant. J’avais déjà bien trop espéré. Je m’étais déjà fait trop de mal à ce sujet. Fermer le livre. Clore le chapitre au moins. Voilà ce que je devais faire pour guérir mon pauvre palpitant.  « Sauf que tu dois te mettre sur le grill pour espérer être heureuse… et te connaissant, tu dois avoir bien du mal à laisser les choses échapper à ton contrôle… et puis qu’est-ce qui se contrôle moins que des sentiments hein? » Puisqu’on faisait ma psychanalyse amoureuse, je trouvais amusant de comprendre les raisons pour lesquelles Elisa était une éternelle célibataire. « Tu as raison, je mets un terme à la période blonde. Tu me conseilles plutôt les brunes ou les rousses pour cette nouvelle ère? »

Les mots sortent de ma bouche sans aucun filtre désormais. Comme sous sérum de vérité. Et ma tête commence à tourner à force de m’enivrer. « Je crève de faim!!! En plus tu m’as vendu que c’était une tuerie alors y’a intérêt à ce que tu honores tes engagements! » Je prends une mine sévère comme si elle allait subir un châtiment suprême si son plat était raté. Alors que la Lieutenant se lève pour aller nous chercher de quoi nous restaurer, je m’empare d’une main qui trainait pour la retenir. « Hey… Eli. Je ne t’ai même pas remerciée de m’avoir invitée… mais … merci vraiment… j’avais besoin de changer d’air… et d’être avec quelqu’un qui me comprenne et m’écoute ce soir… »

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L’issue espérée par Talya me semblait idéaliste au plus haut point. Malheureusement si le mariage d’Eden était déjà planifié, il y avait peu de chances pour qu’elle envoie tout voler en éclats. Même si, à dire vrai, un mariage même prononcé pouvait se défaire alors rien ne serait jamais écrit dans le marbre, à voir la mine déconfite de mon amie, je sentais qu’il lui fallait passer un autre chose. Jusqu’à présent Éden ne lui avait rien apporté de vraiment positif. Je l’avais bien sûr vue très heureuse il y a quelques années lorsqu’elle l’avait rencontrée, puis lorsqu’elle l’avait revue à maintes reprises… mais le temps avait passé et il semblait qu’il ne restait que de la douleur dans cette relation. Voir Talya douter d’elle-même et se sentir aussi minable m’était très pénible. - Alors, mademoiselle Adams, petit un, ça m’étonnerait fort qu’elle en ait rien a foutre de toi vu ce que tu m’as raconté. Petit deux, il y a des personnes qui t’aiment dans cette pièce et qui en ont pas rien à foutre de toi. ma main se pose sur sa cuisse, comme pour lui dire: je suis avec toi ; je me surprends à ressentir une douce chaleur dans mon estomac et la mis sur le compte de la vodka. Mes yeux plantés dans ses jolis iris noisettes, je lui souris amicalement.

La meilleure défense était l’attaque et Talya ne le savait que trop bien. Plutôt que de débattre de sa vie amoureuse des heures, elle avait décidé de me mettre dans la sauce en évoquant la mienne. - Je n’aime pas tout contrôler, j’aime juste ... que les choses aillent comme je les ai prévues.   me rendant compte de ce que je venais de dire j’explose de rire - Ouais ok j’aime tout contrôler!l Ma liste de critères était longue. Très longue même… mais à quoi bon sortir avec n’importe qui?  Et c’est vrai que j’avais mis un terme a pas mal de relations car mes partenaires n’agissaient pas comme je la souhaitais ou se révélaient être trop différents de ce que j’attendais d’elles. - Tu as vu la couleur de mes cheveux je présume? Comment veux-tu que je prêche pour une autre paroisse que la mienne? Les brunes évidemment! Surtout si elles étaient aussi canon que nous deux! J’avale un shot avant de me lever pour aller préparer nos assiettes, un peu de pâtes et bien sûr le fameux bœuf Stroganoff. Les mots de Talya m’arrachent un sourire. Bien qu’elle n’était pas prévue au programme de cette soirée, j’étais vraiment ravie de l’avoir avec moi. D’un air entendu, je lui faisais comprendre que c’était la moindre des choses. Je m’affaire rapidement en cuisine, embarque une paire de couverts pour elle, une pour moi et je viens les déposer sur la table basse, à côté du vin et la vodka. Je prends ma fourchette, et entortillonne quelques pâtes dessus avant de goûter le plat. - Attention c’est hyper chaud, te brûle pas! Tu aimes? je parcours son doux visage du regard, sondant ses expressions faciales à la recherche d’une réponse à ma question.

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Je n’avais plus envie de parler de la Snow pour ce soir. Je n’avais pas envie de m’étaler sur ma vie sentimentale et être de mauvaise compagnie auprès d’Elisa. J’esquisse un sourire lorsqu’elle sous-entend qu’elle tient à moi, comme si au fond j’en doutais. Il fallait bien qu’elle ne s’en fiche pas pour me supporter dans cet état… à ma décharge, j’étais rarement en mode Titanic… mais ce soir c’était différent. J’avais juste envie de manger de la glace, boire beaucoup trop d’alcool, danser jusqu’au bout de la nuit et rire comme une tarée. D’un air malicieux je reprends son bout de phrase à mon avantage en plissant les yeux. « Quoi? Tu veux dire que tu m’aimes? » Ma main vient glisser sur la sienne et je lui souris en retour.

Je ris avec elle lorsqu’elle évoque son côté control freak. « Bon c’est pas à toi que je vais apprendre ça … le reconnaître c’est déjà résoudre une partie du problème!» vu que la belle lieutenant était en train de m’ouvrir les bras, je voulais éviter de la charger. « On a qu’à dire que tu es … exigeante voilà! C’est plus flatteur. » Je fais la moue en repensant à ce qu’avait dit Eli sur mes exs ou les filles sur lesquelles j’avais eu une vraie attirance… toutes blondes. Peut-être qu’elle avait raison dans le fond… non pas que la couleur de cheveux ait une réelle importance … mais peut-être que j’étais toujours inconsciemment attirée par le même type de personnes et que ces personnes ne me correspondaient tout simplement pas. Du tout. «Pas cool pour les rousses, mais vendu!» J’annonce fièrement en prenant une pose de super héroïne. « Ma prochaine conquête sera une brune! » Enfin … si j’arrive à trouver une brune qui veuille de moi… Alors qu’elle va nous chercher à manger, je reprends une lampée de vin rouge. La bouteille était déjà bien entamée. J’allais finir complètement bourrée ce soir. Ivre. Mais peu importe. Je savais qu’au pire je pourrais squatter son canap. Les plats arrivèrent et cela sentait divinement bon. Je ne me fis pas prier et attrapais un peu de chaque ingrédient avec ma fourchette. Miam. Ça avait l’air délicieux. A peine le plat eut-il effleuré mes papilles, il déclencha un orgasme culinaire. Je créerais un effet dramatique en ne répondant pas immédiatement à Elisa, comme si j’étais un juge de Top Chef. Solennellement je souffle. « C’est une tuerie. » Je tape dans mon assiette comme si je n’avais plus mangé depuis des lustres. C’était vraiment bon. « Tu es bonne à marier toi! Tu es célib? » je lui jette un regard séducteur en riant de ma remarque extrêmement sexiste. Je termine sans trop m’en rendre compte la bouteille de vin ainsi que mon assiette. « C’était trop bon! Franchement je suis époustouflée… Je vais chercher la glace pendant que tu nous cherches un film? » Je demande en me frottant l’estomac. La glace et l’alcool étaient le seul remède efficace contre les peines de cœur, et il me manquait un ingrédient essentiel pour ce cocktail.

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Je secoue la tête comme pour signifier la bêtise de Talya. - Comme si tu en doutais espèce d’andouille. Puis comme pour faire pardonner de ma méchante parole, je l’embrasse tendrement sur la joue. Je le reconnaissais volontiers, je n’étais pas la fille la plus facile à mettre en couple, et c’était peut-être pour ça que j’étais seule aujourd’hui. Pas mal d’amis avaient essayé de m’arranger des coups avec des filles géniales, canons, brillantes… mais il me manquait toujours cette petite étincelle, ce petit truc qui fait qu’on passe d’une soirée sympa à une soirée géniale, d’une nuit cool à une nuit memorable. Je n’avais plus nourri de sentiments profonds pour quelqu’un depuis un certain temps, à tel point que je demandais si mon cœur n’était pas un peu rouillé. - Oui… exigeante voilà. Très regardante. Je mets la barre haute. Mieux vaut être seule que mal accompagnée. Je crois que je les ai toutes faites. Je ris doucement en regardant Talya, nous connaissions la vérité toutes les deux, j’étais chiante. Voilà tout. Je me souris en moi-même lorsqu’elle évoque que sa prochaine conquête sera une brune. Voilà une bonne résolution! Surtout si ca pouvait lui faire oublier sa chère Éden et que ça mettait un peu de baume à son cœur.

De retour à table, j’étais suspendue aux lèvres de Talya, comme si j’allais remettre ma carrière de cuisinière en question si elle trouvait mon plat dégueulasse. A mon soulagement, ma cuisine était à son goût. J’effectuais un salut assise pour plaisanter et lui répondis amusée. - Oui, ma chère. J’attends la princesse charmante qui viendra me délivrer de mon célibat éternel. Et Talya se proposa d’aller chercher le dessert promis plus tôt au congélateur. Son addiction à la glace me surprendrait toujours mais c’est vrai que c’était un grand classique des déceptions amoureuses. - Oui je vais m’occuper de trouver un film adapté! Premier tiroir!

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Elisa Levinsky aime ce message

L’appel de la glace.
Telle les héroïnes des comédies romantiques, j’avais une irrésistible envie de crème glacée pour noyer mon chagrin. Heureusement, Eli avait le Saint-Graal bien caché au fond de son congélateur. D’un pas leste, je m’extirpe du canapé pour me mettre en quête du délice gelé… mais les jambes ne l’entendent pas ainsi. Ou ma tête. Ou les deux. L’ivresse. L’alcool qui coule dans mes veines. Ils m’en empêchent. Me mettent des bâtons dans les roues. Ma vision se floute. Ma tête tourne. Malgré moi, je chute extrêmement près de mon point de départ. Immédiatement. Par chance, je me vautre sur mon amie Elisa et non pas sur le sol ou encore sur un objet contondant. Je laisse échapper un « Ah » de surprise avant mon atterrissage involontaire.

Est-ce l’alcool? Est-ce l’ivresse? Est-ce la détresse? Le chagrin? Ou un peu de tout ça?
Je ne sais pas trop ce qu’il se passe.
Je ne réfléchis pas.
Je ne sais plus.
Pourquoi?

Elle est belle. Douce. Elle est là pour moi. Là quand mon cœur en a besoin. Elle m’écoute. Elle me fait rire.

Yeux. Bouches. Sourire.

Je l’embrasse.

C’est doux. Fugace. Simple. Irréfléchi. A ce moment précis, cela n’a aucun sens. C’est juste agréable. Bon. Léger. Mais cela a-t-il lieu d’être? Certainement pas.

Toujours assise plus ou moins maladroitement sur ses jambes. Le visage toujours proche du sien. « Je … je suis désolée j’aurais peut-être pas dû faire ça … » ou peut-être qu’au contraire c’était exactement ce dont j’avais besoin. « Je crois que je suis un peu bourrée … » pour info c’était vrai. Mais je me sentais obligée de me justifier. Nous étions amies et j’avais agi sous le coup d’une impulsion.. je n’avais pas envie de foutre en l’air tout ce que nous avions construit. « Tu ne m’en veux pas ? .. » A vrai dire je ne regrettais qu’à moitié. Cela n’était pas bien. Pas la bonne personne. Pas non plus le bon moment. Pourtant c’était si agréable… une partie de moi avait envie de recommencer. Je m’en voulais un peu de mettre en péril notre relation mais j’avais besoin de m’amuser. Et c’est bête … Me sentir désirée. Appréciée. Sentir que je comptais pour quelqu’un.

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I’VE LOVED AND I’VE LOST

Alors que je m’apprêtais à fouiller dans le catalogue de Netflix pouf dénicher une comédie, j’ai vu Talya chanceler. Je n’ai même pas eu le temps de me lever pour l’aider, qu’elle venait de retomber aussi sec à l’endroit d’où elle était partie, ou presque. En effet, si plus tôt elle était assise à côté de moi, elle avait atterri un peu plus sur moi qu’autre chose. Nous nous retrouvions dans une proximité extrême et je ne savais pas pourquoi mais je sentais quelque chose de différent dans son regard. Talya me dévisage un court instant avec des yeux que je ne lui connaissais pas. Elle s’approche lentement. Assez lentement pour que j’ai le temps de me demander: mais que diable est-elle en train de faire? Ses lèvres douces viennent percuter les miennes et tout d’un coup je comprends pourquoi son regard était différent, il s’était passé quelque chose dans sa tête.

Je me surprends à fermer les yeux pour profiter de ce moment volé. Je sais que ce n’est pas vraiment ce qu’elle veut au fond, que je ne suis pas vraiment celle qu’elle aimerait embrasser à ce moment précis, que probablement son alcoolémie contribue beaucoup à cette incartade. Cela faisait des années que nous nous connaissions et jamais Talya n’avait manifesté à mon égard de l’intérêt amoureux. Quant à moi, même si je n’étais pas sûre de ce que je ressentais, son absence prolongée à Haïti m’avait profondément impactée, plus qu’elle aurait dû. Le jour où je l’avais retrouvée m’avait semblé comme un soir de Hannoukah où l’excitation d’ouvrir ses cadeaux se mélange à la joie d’être au comble du bonheur, entouré par les siens.

Je redoute la fin de ce baiser car je sais qu’il va falloir en parler et même si c’était Talya qui en était à l’origine, j’allais devoir retenir ma franchise légendaire pour son propre bien. - Pourquoi je t’en voudrais? Technique de manipulation: répondre à une question par une autre question, et ainsi faire dire à l’autre ce qu’il avait envie qu’on dise. Un sourire en coin marque la fin de ma phrase. - En fait je dois dire que j’ai trouvé ça plutôt… agréable. Très agréable même et peut-être même un peu trop, malheureusement ma conscience m’empêchait de reproduire cette sensation agréable. Je n’avais pas envie de la perdre comme amie et je savais que… - Tu es vulnérable Talya.  Je ne veux pas avoir l’impression de profiter de toi. Toi dans un état second, toi qui a le cœur en miettes, toi avec tes cheveux en cascade qui caressent mes bras, toi avec les billes noires qui me fixent, toi avec la peau dorée, dont les reflets sont mis en exergue par les lumières chaudes de mon appartement. Je résiste et tiens bon, pour toi, plus que pour moi.

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I know we weren't perfect

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Je fais mine d’être un peu gênée, bien qu’au fond l’alcool me désinhibe complètement, regardant vers le bas. « Tu pourrais m’en vouloir de profiter de ton hospitalité. Non seulement tu me donnes à manger mais en plus tu dois me laisser t’embrasser? Non… ça va un peu loin. » je ris doucement avant de remonter les yeux lentement jusqu’aux siens.

Je ne tarde pas à savoir ce qu’elle a pensé de notre baiser. Elle ne semblait pas particulièrement choquée… elle me disait même avoir apprécié. Je ne pouvais m’empêcher de me dire que tout cela n’était pas très bien… mais au final qui était là pour juger de ce qui était bien ou pas à part nous? Sans m’en rendre compte, je me mords la lèvre inférieure. « Ha vraiment ? … » Mes prunelles s’attardent sur son sourire et sur ses lèvres. Mais qu’est-ce qui m’arrive? Moi qui n’avais jamais ne serait-ce qu’envisagé Elisa comme autre chose qu’une amie, je me retrouvais à avoir envie de goûter à ses lèvres à nouveau. « Et si j’ai envie de recommencer…? » J’approche mon visage du sien doucement et mes lèvres frôlent les siennes. Je peux sentir sa respiration sur ma peau. L’alcool me grise, mais cette sensation encore plus. « Est-ce que tu me laisserais faire?… » Sous-entendu: est-ce que je suis la seule à avoir envie de recommencer? Quand je sentais son regard sur moi je n’avais pas l’impression de faire fausse route, mais nous étions dans une situation… inédite. Jamais depuis que nous nous connaissions nous nous étions retrouvées à nous embrasser, du moins pour autre chose qu’un gage perdu ou pour rendre jalouse une ex qui passait par là.

Je compris que l’élément qui bloquait Elisa n’était pas nécessairement notre amitié ou le fait que je n’étais pas à son goût, mais plutôt que j’étais dans des dispositions un peu … particulières. Un peu ivre. Un peu brisée. Un peu triste, c’est vrai. Je recule un peu mon visage, me positionne plus confortablement à califourchon que dans ma chute, et pose mon index sur sa bouche comme pour l’empêcher de parler. « Je suis peut-être un peu bourrée… mais je suis une grande fille… » Et si j’en ai envie alors j’en ai envie.

Pas envie de penser.

Silencieusement, je déboutonne mon chemisier en soie, en commençant par le bas, jusqu’à faire glisser de mes épaules et laissant apparaître mon soutien-gorge. Je sens Elisa sur la brèche alors je souffle doucement. « Arrête de réfléchir. On est pas à demain… On est à toi et moi, maintenant.. » Je trouve dans l’alcool une dose de confiance que je ne me connaissais pas. Je retire mes mains toujours emprisonnées dans mon chemisier et le laisse tomber sur le sol du salon. « Mais si ca te met mal à l’aise… on arrête. Je comprends… »

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I’VE LOVED AND I’VE LOST

Talya S. Adams aime ce message

Je déshabille Talya du regard. Si je sais qu’il n’est pas souhaitable que nous nous retrouvions dans cette situation, elle, le cœur brisé par une autre, moi, attirée par ma meilleure amie, nous sommes pourtant là face à face. Quand elle me demande si je la laisserais m’embrasser à nouveau, je garde le silence. Mais mon regard en dit long... j’en ai envie. J’ai envie d’elle, d’être encore plus proche, d’aller plus loin… mais la simple idée qu’elle puisse le regretter demain matin me fait frémir. Si elle se rendait compte que celle dont elle voulait ce soir n’était pas Elisa Levinsky mais Eden Hazel Snow? Et si moi aussi je regrettais? Pourrait-on effacer de nos mémoires les courbes, les râles, les gémissements, le plaisir, la proximité extrême? Je n’y croyais pas une seconde. Ce baiser n’avait pas la même saveur que les précédentes fois où mes lèvres avaient goûté les siennes. Il n’y avait jamais eu cet enjeu. Avant c’était pour rire, ce soir c’était autre chose.

Elle commence à se dévêtir et mon cœur fait un salto arrière. Je ne l’avais pas envisagée comme cela, comme une amante, pourtant lorsque je la vois ainsi, je déconnecte mon cerveau et je laisse mon corps parler. Je me mords la lèvre avec envie, lorsqu’elle se retrouve sans chemisier devant moi. Même si des émotions contraires me traversent, je ne peux m’empêcher de glisser une main derrière sa nuque pour ramener son visage vers le mien et capturer ses lèvres. Sa peau hâlée sous les lueurs orangées des lumières du salon m’attire et je viens désormais goûter son cou, ses clavicules, ses épaules et le haut de son décolleté. - Seulement toi et moi… Je lui susurre à l’oreille. Tant pis pour le bon sens et les considérations passées. Mes mains quittent sa peau pour passer sous ses fines cuisses. Je la fais basculer sur le canapé, pour l’allonger sur le dos, me retrouver au dessus d’elle et pouvoir prendre le contrôle de la situation. J’enlève à mon tour mon pull, devenu trop chaud et encombrant et nous nous retrouvons à égalité. Je continue à l’embrasser tandis que mes mains retirent son bas et explorent ses formes superficiellement. - Tu es vraiment sûre? … J’ai envie de lui faire du bien, de la voir comblée, elle qui était si dépitée plus tôt dans la soirée … mais ma prévenance prenait le dessus. Silencieusement, je plonge mes yeux dans le charbon des siens, attendant son consentement pour poursuivre mon œuvre.

Spoiler :

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