Je fais tourner le carton d'invitation entre mes mains, planté devant mon miroir à me demander si vraiment cette inauguration est une bonne idée. La voix de la raison hurle dans ma tête que je dois absolument continuer à tisser mon réseau si je veux que L'Éclipse soit un succès. Mais il y a une autre voix qui résonne plus doucement, démon aux longues cornes qui plante ses griffes dans ma nuque en me susurrant que je ferais mieux d’aller me pieuter pour rattraper mes heures de sommeil en retard. La lumière et l’ombre qui font rage dans mon crâne comme à chaque fois que je dois prendre une décision. Dernier soupir lasse qui franchit mes lèvres et j’attrape les clés de ma moto. Presque toutes mes économies sont passées dans ce club, je ne peux pas le faire couler juste parce que j’ai la flemme de me rendre à une foutue inauguration. Je débranche mon cerveau, active le pilote automatique pour ne pas être tenté de faire machine arrière. Le bruit du moteur de ma Harley qui vibre entre mes jambes calme quelque peu mon anxiété et je fais défiler les rouleaux de bitumes de Venice où j’ai élu domicile. Direction Westwood, quartier branché qui attire la jeunesse dorée du coin ainsi que pas mal de touristes qui espèrent croiser une célébrité au détour d’une rue. Bon emplacement. Le mec qui m’a invité à ce soir possède déjà un bar à Central, pas très loin de L'Éclipse, et il va se faire des brunes en or avec ce deuxième emplacement. On aurait pu devenir rival mais on ne joue pas sur le même tableau et on a pas la même clientèle, on a donc décidé de s'entraider plutôt que de se tirer dans les pattes.
Je gare ma moto à quelques portes de l’entrée du bar. Il y a la queue à l’extérieur ce qui est généralement signe d’une très bonne soirée. Vu le quartier, je sais que ma moto n’aura pas bougé quand je reviendrais alors je me permets même de laisser mon casque sous la selle pour éviter de me le trimballer toute la soirée. Pas que je compte m’éterniser mais ça sera plus pratique si je veux boire un verre, voire en payer un. Quitte à passer un bout de soirée ici, je peux peut-être trouver de quoi rendre le reste de la nuit plus agréable. Je passe une main dans mes cheveux pour les remettre rapidement en place et je remonte la file des fêtards qui attendent de pouvoir entrer. Les regards suivent mes moindres faits et gestes. Soit il se demande qui est cet enfoiré qui va s’épargner une heure trente d’attente, soit c’est ma carrure allié à mes tatouages qui les attirent. Dans tous les cas, je n’en tient pas compte et serre la fin du vigile à l’entrée que j’ai déjà croisée plusieurs fois depuis mon retour à Los Angeles. Je lui donne mon carton ainsi qu’un billet pour qu’il garde un œil sur ma bécane puis je passe la lourde corde rouge pour découvrir enfin à quoi ressemble le nouveau bar en vogue de la ville.
Premier constat, il y a beaucoup de femmes. C’est bon pour les affaires mais moins pour moi. Je longe les murs pour pouvoir observer les lieux sans devoir me mêler à la foule. J’ai besoin de quelques minutes pour souffler avant de sauter dans la fosse aux lions. La musique électronique résonne dans les enceintes, une DJ au casque orné d’oreilles de chat occupe une scène dans le fond de la pièce et un bar immense occupe toute la partie gauche de la salle. Petits coins cosy avec des canapés, bouteilles de champagne qui passent sur les épaules des serveurs et groupes de danseurs dont les hanches tournent au même rythme que le rugissement des basses. Pas mal, vraiment pas mal. La déco est sympa et l’ambiance est électrique. Je décide enfin à quitter mon poste d’observation pour m’élancer en direction du bar quand je suis arrêté en chemin par un groupe de mecs en costards. Des investisseurs bien connus du monde de la nuit californien. Juste le temps de plaquer un sourire factice sur mon visage et je me retrouvaille assailli par la meute de hyènes assoiffée de dollars. Un jour, je pourrais avoir besoin de ces mecs alors je fais semblant d’être captivé par les dernières vacances de Seychelles de Costard 1 puis par la dernière acquisition automobile de Costard 2. Bon sang, je l’aurais mérité mon verre ! Je hoche la tête de temps en temps, ri en même temps que les autres mais mon regard est bien vite attiré par un tout autre spectacle qui a lieu derrière le bar. Des bouteilles volent dans les airs, des cris admiratifs retentissent et le show de flair me replonge dans des souvenirs lointains. Il fut un temps où je m'adonnais à la même activité avant de me consacrer à deux cent pour cent à l’art de la mixologie. Un temps où tout était plus facile et… Bref, ce n’est pas le lieu pour devenir nostalgique. Je ne vois pas le barman à cause de l’obscurité des lieux et de la foule mais il est vraiment doué. Je saisis l’occasion pour aller papoter avec quelqu’un de plus intéressant que ces portefeuilles sur pattes.
Excusez-moi, Messieurs. Le devoir m’appelle !
Je réponds par un sourire aux rires qui s’élèvent et je m’échappe en direction du bar. Le petit spectacle est terminé et le barman à l’origine de l’envolée de bouteilles me tourne le dos. Je me laisse une seconde pour admirer le dos musclé qui me fait face et le fessier prometteur moulé dans un jean qui semble n’attendre que mes mains. Je me racle la gorge pour me préparer à élever la voix afin que tu m’entendes malgré la musique. Comme si le groupe de femmes à côté de moi avait senti que j’allais me lancer dans une opération séduction, elles décident de quitter le comptoir pour rejoindre la piste de danse. Ok, j’ai le champ libre pour t’accoster maintenant.
Pas mal le show, tu t’entraînes depuis longtemps ?
@Ezra Lynch
Je gare ma moto à quelques portes de l’entrée du bar. Il y a la queue à l’extérieur ce qui est généralement signe d’une très bonne soirée. Vu le quartier, je sais que ma moto n’aura pas bougé quand je reviendrais alors je me permets même de laisser mon casque sous la selle pour éviter de me le trimballer toute la soirée. Pas que je compte m’éterniser mais ça sera plus pratique si je veux boire un verre, voire en payer un. Quitte à passer un bout de soirée ici, je peux peut-être trouver de quoi rendre le reste de la nuit plus agréable. Je passe une main dans mes cheveux pour les remettre rapidement en place et je remonte la file des fêtards qui attendent de pouvoir entrer. Les regards suivent mes moindres faits et gestes. Soit il se demande qui est cet enfoiré qui va s’épargner une heure trente d’attente, soit c’est ma carrure allié à mes tatouages qui les attirent. Dans tous les cas, je n’en tient pas compte et serre la fin du vigile à l’entrée que j’ai déjà croisée plusieurs fois depuis mon retour à Los Angeles. Je lui donne mon carton ainsi qu’un billet pour qu’il garde un œil sur ma bécane puis je passe la lourde corde rouge pour découvrir enfin à quoi ressemble le nouveau bar en vogue de la ville.
Premier constat, il y a beaucoup de femmes. C’est bon pour les affaires mais moins pour moi. Je longe les murs pour pouvoir observer les lieux sans devoir me mêler à la foule. J’ai besoin de quelques minutes pour souffler avant de sauter dans la fosse aux lions. La musique électronique résonne dans les enceintes, une DJ au casque orné d’oreilles de chat occupe une scène dans le fond de la pièce et un bar immense occupe toute la partie gauche de la salle. Petits coins cosy avec des canapés, bouteilles de champagne qui passent sur les épaules des serveurs et groupes de danseurs dont les hanches tournent au même rythme que le rugissement des basses. Pas mal, vraiment pas mal. La déco est sympa et l’ambiance est électrique. Je décide enfin à quitter mon poste d’observation pour m’élancer en direction du bar quand je suis arrêté en chemin par un groupe de mecs en costards. Des investisseurs bien connus du monde de la nuit californien. Juste le temps de plaquer un sourire factice sur mon visage et je me retrouvaille assailli par la meute de hyènes assoiffée de dollars. Un jour, je pourrais avoir besoin de ces mecs alors je fais semblant d’être captivé par les dernières vacances de Seychelles de Costard 1 puis par la dernière acquisition automobile de Costard 2. Bon sang, je l’aurais mérité mon verre ! Je hoche la tête de temps en temps, ri en même temps que les autres mais mon regard est bien vite attiré par un tout autre spectacle qui a lieu derrière le bar. Des bouteilles volent dans les airs, des cris admiratifs retentissent et le show de flair me replonge dans des souvenirs lointains. Il fut un temps où je m'adonnais à la même activité avant de me consacrer à deux cent pour cent à l’art de la mixologie. Un temps où tout était plus facile et… Bref, ce n’est pas le lieu pour devenir nostalgique. Je ne vois pas le barman à cause de l’obscurité des lieux et de la foule mais il est vraiment doué. Je saisis l’occasion pour aller papoter avec quelqu’un de plus intéressant que ces portefeuilles sur pattes.
Excusez-moi, Messieurs. Le devoir m’appelle !
Je réponds par un sourire aux rires qui s’élèvent et je m’échappe en direction du bar. Le petit spectacle est terminé et le barman à l’origine de l’envolée de bouteilles me tourne le dos. Je me laisse une seconde pour admirer le dos musclé qui me fait face et le fessier prometteur moulé dans un jean qui semble n’attendre que mes mains. Je me racle la gorge pour me préparer à élever la voix afin que tu m’entendes malgré la musique. Comme si le groupe de femmes à côté de moi avait senti que j’allais me lancer dans une opération séduction, elles décident de quitter le comptoir pour rejoindre la piste de danse. Ok, j’ai le champ libre pour t’accoster maintenant.
Pas mal le show, tu t’entraînes depuis longtemps ?
@Ezra Lynch