OLD FASHIONED - Finnegan & Ezra

Mais qu'est-ce que je branle, putain... Qu'est-ce qui m'a prit de créer ce profil Tinder ? Juste pour parler avec lui, et... Jouer, clairement. Bien sûr que tout ça n'est qu'un jeu pour moi. Mais la vérité, c'est que depuis que je l'ai croisé, a l'inauguration, j'arrive pas a me dire que je dois le laisser au passé. C'est plus fort que moi, les souvenirs sont tous remontés en masse, et je me retrouve face a plusieurs problèmes, dont il est acteur central... Une envie de le frappé, l'autre de ressentir sa poigne sur ma taille. Une envie de le surpasser dans le cadre du travail et lui montrer qu'il n'aura pas le dessus, tout en ayant envie de le sentir entre mes jambes.

Je m'en veux de penser tout ça. Je me sais faible, mais... La vérité, c'est que je met tout ça sur le compte de la nostalgie. Il faut croire que cette nuit a réellement comptee, bien qu'elle soit unique. Du moins je le pensais, jusqu'à maintenant.

En tout cas, faut pas que je le dégonfle. Je veux continuer de jouer, conscient que je peux me brûler a tout moment... Mais je m'habille, mettant un t-shirt simple à motif, ainsi qu'un jean dechiré. Une tenue de jour où je ne bosse pas, quoi. J'ai pris une douche, froide, pour éviter que mon érection m'empêche de rentrer dans le club. J'ai souffert, mais au moins, tout va mieux la. Me voilà a chercher l'adresse de son club, l'éclipse. Ça me fait sourire, pensant un instant que ce nom me va bien, au final. Éclipse. C'est ce que je suis devenu, cette nuit là. Un phénomène rare, dont tu as profité, magnifique le temps d'un instant. Je chasse ses idées de ma tête et chevauche ma moto, me rendant à l'adresse obtenue sur internet.

J'ai des instructions précises. Me rendre au bar, demander Fin. Hors de question, après tu vas directement savoir que c'est moi. Je compte faire en sorte que tu me vois, sans te douter que je suis là pour toi. Je me présente au bar, après avoir scruté le lieu avec attention... C'est sympa ici, j'avoue... effectivement loin de l'ambiance du ladies' night mais je ne peux pas vraiment comparer, ce n'est pas mon club, ni mon identité. Quand j'aurai créé le mien, là on verra ..

J'entre, marchant d'un pas décontracté vers le bar, m'adressant à un barman.

- Bonsoir.. j'aimerai un old fashioned, s'il vous plaît.

Je glisse une billet contre le bar, et attend ma consommation avant de me relever, prenant mon verre à la main, après une gorgée. Un petit sourire se forme sur mes lèvres, fier de mon idée. Pour le coup, ça me donne un alibi.

- où est le bureau de votre patron ?

Je réglisse un billet. Ne l'appelle pas, je veux lui faire la surprise. Je dirige mon regard vers une porte, et m'avance vers elle. Je souffle devant, fermant un instant les yeux.

Courage, Ezra. Il est trop tard pour reculer. Puis une autre fois, ça ne veut rien dire, surtout quinze ans après.

J'ouvre la porte en poussant la poignée, la refermant derrière moi

- pas mal, mais vu tes critiques sur moi je m'attendais à mieux...

Et comme pour illustrer mes propos, je reprends une gorgée. Tu ne me l'auras pas offert, au final.

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Cet océan de passion qui déferle dans mes veines, qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine. Doucement j'y plongerai, sans qu'une main me retienne. Lentement je m'y noierai, sans qu'un remord ne me vienne.

KoalaVolant

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de m'inscrire sur Tinder. Je n'ai jamais eu besoin d'application pour trouver des mecs, ni pour m'amuser. J'aime draguer, laisser le feeling faire monter la pression et surtout la soulager n'importe où, n'importe quand comme si on avait pas d'autre choix que de s'envoyer en l'air. Et ce Jaxon, je ne le sens pas. On discute pas mal mais le fait qu'il cache son identité me rebute. Je suis presque sûr que c'est un minet boutonneux qui va débarquer, ou un homme marié qui veut tenter les mecs pour se prouver quelque chose et sortir de sa routine. Je sais que je vais être déçu et pourtant, les messages qu'on a échangés ces dernières heures m'ont tellement excité que j'ai proposé un rendez-vous ce soir. Et même de briser ma règle en se retrouvant aussi demain. Je ne suis qu'un abruti.

Ce soir, il y a un groupe de jazz qui joue dans le club. Ambiance intimiste qui colle parfaitement avec le style bar clandestin que j'ai donné au lieu. La voix grave de la chanteuse porte jusqu'à mon bureau et je me surprends à taper le rythme avec le bout de mon stylo sur mon bureau. La comptabilité n'a jamais été mon truc et ça fait une heure que je fixe les comptes sans réussir à écrire quoi que ce soit. Mon esprit repart inlassablement vers Jaxon, ou peu importe son prénom, et imagine tous les scénarios possibles. Je me sens étrangement nerveux mais aussi pressé de savoir le fin mot de cette histoire.

Je lui ai demandé d'avertir le bar de son arrivée et pour le moment, aucun message pour moi. On ne s'est pas donné d'heure donc il peut très bien arriver maintenant ou dans trois heures. Le suspense me tord le ventre et quand la porte de mon bureau s'ouvre, je retiens mon souffle.

Sourcil qui se hausse et légère déception quand ce n'est pas mon inconnu qui referme la porte. Déception qui passe en un clignement de cils, remplacé par quelque chose que je préfère ignorer.

Ezra ?

Tu es bien la dernière personne que je m'attendais à voir ce soir. En fait, je pensais dur comme fer que tu n'aurais jamais les couilles de te pointer. Comme quoi, la vie est pleine de surprises. Mon regard passe de ton verre à mes lèvres et je te fais signe de t'installer sur un des fauteuils face à moi.

Ne sois pas trop sévère avec Sven, je le forme depuis seulement un mois.

Un sourire en coin étire mes lèvres. C'est étrange de te voir là. Plaisant mais étrange. Ça me ramène à un temps où nous étions des collègues et pas encore des ennemis.

Tu aurais dû me faire appeler, je t'aurais préparé ton cocktail. Et te mettre à niveau en passant.

Je dois me mordre l'intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire face à ton expression. Je t'adresse un clin d'œil avant de fermer mon ordinateur portable. Tant pis pour la comptabilité, ça attendra demain.

Alors, qu'est-ce qui t'amène ?

Je ne pensais pas mettre les pieds dans ce club, pour tout dire... Je me suis dit que j'allais oublier qu'il était revenu comme une fleur dans ma vie, alors que je ne m'y attendais pas. Mais c'est souvent comme ça que les aventures d'une vie démarrent, non ? D'un malentendu... Ou d'une erreur. Parfois du hasard. Et dans mon cas, sûrement un peu de tout. J'avoue que j'avais encore en travers de la gorge notre dernière entrevue... Sa main qui m'a collé à lui, son corps contre le mien, sa voix rauque raisonnant des mes oreilles, alors qu'il m'a dit de clairement arrêter de le chercher pour rien. Il m'a dominé. Il a réussi à avoir le dessus sur moi. C'était à mon tour de me montrer tel l'Alpha.

En tout cas, l’effet de surprise est réussi. Regardez le, la tête levée, par dessus son bureau… Ouais, t’es surpris, quoi de plus normal ? Après tout, je ne t’ai pas signalé ma venue. Du moins, pas celle d’Ezra. Celle de Jaxxxon, par contre… Mais c’est autre chose, peut-être est-ce que je te le dirais tout à l’heure ? Je ne sais pas encore si je veux te partager mon secret… Je vais y réfléchir. Mais pour le moment, je veux juste te taquiner un peu.. Surtout que je sais que ton esprit est ailleurs.

- C’est mon prénom, oui. Tu t’en rappelles, c’est bien.

Oui, bon, je sais que j’abuse, et qu’il dit ça juste sous le coup de la surprise.

- Comment ne pas être sévère avec un mec qui porte le nom d’un Renne dans un dessin animé ? Puis c’est que tu dois avoir perdu en capacité d’apprentissage. Je me rappelle de comment tu m’as formé, je savais faire de bons cocktails en moins de temps que ça…

Il a encore de la route à parcourir, le petit Sven. Après, il est mignon, il a la gueule du barman qui plait aux nanas. J’espère que ce n’est pas pour ça que tu l’as choisis… Tu descendrais dans mon estime.

- J’aurai pu, mais je n’aurai certainement pas voulu te déranger, alors que tu… as l’air passionné par ce que tu fais.

Je m’assois sur le fauteuil qu’il me montre, et joue avec mon verre, que je termine rapidement. Je ne prend pas de plaisir à le boire, mais bon, j’vais pas gâcher. Puis tu reportes ton attention sur moi, et plus sur ton écran. Ça me va. Regarde moi, Finn. Qu’est-ce qui m’amène ? Si tu savais…

- J’travaille pas ce soir, et j’passais pas loin. J’me suis rappelé de ton bar, et j’ai eu envie de voir si t’avais des raisons de fanfaronner…

Pas du tout, putain. C’est toi qui m’a dit de venir. Presque. Mais j’peux pas te le dire. Si ?

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Cet océan de passion qui déferle dans mes veines, qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine. Doucement j'y plongerai, sans qu'une main me retienne. Lentement je m'y noierai, sans qu'un remord ne me vienne.

KoalaVolant

Je tente vraiment d’être sympa et de ne pas t’envoyer chier. Tu as fait l’effort de te pointer ici alors même si tu fais ta tête de con, surement par habitude, je balaye tes remarques d’un simple mouvement discret du menton. Mon dos retombe contre mon dossier et je prends une position plus décontractée. On est donc parti pour un nouveau combat, c’est ça ? On ne pourra donc jamais avoir une conversation normale tous les deux ?

Il porte peut-être le nom d’une renne mais il est appliqué, sérieux et il se pointe tous les soirs sans exception, sans une seule minute de retard. Alors effectivement, il n’a pas ton talent mais au moins, je suis sûr qu’il ne va pas me planter du jour au lendemain sans explication.

A peine les mots sont sortis de ma bouche que je les regrette. Je ne sais pas pourquoi j’ai ce besoin de faire disparaître ton beau sourire de tes lèvres. Peut-être que c’est pour te rendre la monnaie de ta pièce et de te faire ressentir un fragment de ce que je me trimballe depuis des années. Mes lèvres remontent vers le haut et je sors une bouteille de whisky de mon tiroir, réserve secrète que je garde pour les soirs où la comptabilité me séquestre dans ce bureau. J’en tire également un verre que je remplis avant de me pencher par-dessus le bureau pour remplir le tient. Après avoir tenté un cocktail de Sven, tu mérites bien quelque chose de plus doux pour tes papilles.

Tu sais que j’ai toujours eu une grande passion pour la comptabilité.

Enfin non, tu sais pas. Ou peut-être que tu t’en souviens. J’en sais rien. Pendant que je te formais à la mixologie, moi on me formait à l’art de tenir un bar. Je t’enseignais les recettes de mes meilleurs cocktails et après j’allais plancher pendant plusieurs heures sur de la paperasse, l’encre noir faisant sauter les fins vaisseaux de mes yeux.

Je devrais peut-être embaucher un assistant.

Je lève mon verre dans ta direction et prends une gorgée de whisky qui réchauffe chaque parcelle de mon corps qu’il traverse. Un poids invisible quitte mes épaules mais je me promets de me remettre sur mes comptes dès que tu auras été trainer ton cul musclé ailleurs. Pourquoi est-ce que je pense à ton cul d’ailleurs ? Merde, j’espère que Jaxon va vote se pointer pour que je me soulage et que j’arrête de tout ramener à ton corps.

Et alors, quel est ton verdict ? Mon club répond-t-il à tes attentes ?

Question balancée sur un ton léger mais j’attends impatiemment ta réponse. Je ne veux pas y accorder trop d’importance mais ton retour m’importe. J’ai envie d’entendre ton avis, me dire si je me plante complètement avec ce lieu et qu’il est voué à l’échec ou si tu penses que je peux en faire quelque chose qui va perdurer dans le temps. Je n’ai pas l’ambition d’ouvrir un nouveau temple de la nuit mais j’ai toujours aimé l’idée d’avoir un bar clandestin. Un lieu secret où seuls les initiés pourraient se retrouver.

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Ah, apparemment je l’ai piqué en parlant de Sven… Du moins, en y pensant bien, je ne pense pas. Je suppose que c’est juste une occasion pour me remettre dans la gueule mon départ impromptu… Mais bon, au final, est-ce que je peux lui en vouloir ? Pas vraiment, il l’a mal vécu, et je le comprend. Après, ce que je ne comprend pas, c’est comment il n’est pas passé à autre chose depuis tout ce temps… Mais je tenterai d’éclaircir ce mystère, un jour. En tout cas, je ne peux que le féliciter pour ce pic pas du tout dissimulé. Simple, rapide, efficace.

J’en perd un instant mon sourire, imaginant que de toute façon, peu importe quel pic je peux lui envoyer, nous reviendrons toujours à cette histoire, inlassablement. Franchement, que veux tu que je te dise de plus que la dernière fois ? Le travail de Sven te correspond mieux ? Soit. Et bien garde le, hein.

- Si ça te va, tant mieux.

Le verre reposé, je commence à me demander ce que je fais encore là. Peut-être que mon plan d’attaque n’est pas le bon, puis… j’sais pas, est-ce que j’ai encore envie de lui, là ? Mon assurance semble s’être légèrement envolée, j’sens que même si je lui avoue pour Jax, il va trouver un moyen de me parler d’abandon. Et j’suis pas là pour ça, clairement. Après.. ce n’est qu’un juste retour de balle. J’lui parle de mauvaise formation, rappelant aussi l’époque.. On récolte ce que l’on sème, il parait.

En tout cas oui, je me rappelle de ta passion pour la paperasse… Et surtout de ton sourire quand tu me rejoignais au bar, quittant ses feuilles, lignes, colonnes, et centaines de chiffres pourtant indispensables à la gestion. Je me suis toujours dit que j’engagerai un comptable pour ça, et de te voir là, assit à un bureau, loin du coeur du bar, ça me conforte dans l’idée. Et apparemment, tu as une idée semblable à la mienne. À une exception près.

- On se croirait dans le début d’un mauvais porno.

Je prend le verre qu’il me sert, de ce qui semble être un bon whisky. À l’odeur, je le confirme, et encore plus en trempant mes lèvres dedans. Je me surprend à imaginer aussi un instant comment ça pourrait se passer, avec un assistant… Un jeune, trop bien habillé pour correspondre au lieu, sortant de grande école, avec un air bien trop sérieux pour toi. Je l’imagine aussi être beaucoup trop passionné par les chiffres, et te parler de tout ça comme si c’était vraiment quelque chose de fou. Et je t’imagine aussi le faire taire en lui roulant un patin, ou pire, en lui montrant la zone libre sous ton bureau.

Je grimace en y pensant, me ressaisissent bien vite. J’sais que la discussion de la journée ne m’aide pas à avoir de pensées chastes, mais… si j’suis là, c’est que je suis sensé être dedans, non ? Après tout, c’est aussi le besoin de me dire que tant que je ne le fais pas… j’arriverai pas à ne pas y penser.

- C’est pas mal. Après y’a encore du boulot. Mais t’as vraiment envie d’avoir mon avis ? Pas besoin de faire de politesses.

Je serai toi, j’ajouterai des tables de jeux… Pourquoi pas du poker, dans un coin ? J’ai quelques idées, pour le coup, mais ne compte pas sur moi pour les balancer comme ça. J’suis rancunier. Comme toi, au final.

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Cet océan de passion qui déferle dans mes veines, qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine. Doucement j'y plongerai, sans qu'une main me retienne. Lentement je m'y noierai, sans qu'un remord ne me vienne.

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Même si je voudrais t’offrir ma colère indéfiniment, je ne peux pas m'empêcher de sourire de nouveau à ta réflexion. Merde, merde, merde. Pourquoi est-ce que nous avons toujours cette alchimie ? Tu ne voudrais pas me détester assez pour ne plus jamais vouloir me croiser plutôt que de te pointer dans mon bureau avec ton t-shirt qui dévoile un torse que je meurs de découvrir ? Ca serait plus simple pour tous les deux si nous restions sur le mode ennemi sans chercher à sympathiser. Je reprends une gorgée de whisky pour adoucir mes nerfs et jette rapidement un œil à l’heure qui s’affiche sur ma montre connectée.

Ou le début d’un très bon. Scénario classique mais le dessous d’un bureau pour se révéler intéressant. Qu’est ce que t’en pense ?

Tu peux jouer aux hétéros mais je t’ai eu dans mon lit, je sais exactement ce qui te fait vibrer et soupirer mon prénom. Ou celui d’un autre. Enfin d’une autre plutôt, je suppose que pour jouer ton rôle, tu as dû t’afficher avec pas mal de femmes. Nouvelles gorgées de whisky. A ce rythme, je vais finir complètement saoul avant l’arrivée de Jaxon. S’il se pointe, je commence à avoir quelques doutes à ce sujet.

Si je te demande ton avis c’est qu’il m’intéresse. Sinon je prendrais pas la peine de te le demander. Je suis trop vieux maintenant pour me forcer à faire des trucs dont je n’ai pas envie.

Je termine mon verre, le remplit de nouveau et t’interroge du regard pour savoir si tu veux me suivre. Loin de moi l’idée de te saouler mais puisque t’es là, autant en profiter pour boire un peu. D’ailleurs, j’ai toujours pas bien compris ce que tu fous là. Je te vois mal te promener dans le quartier et soudain avoir envie de passer voir ma tronche. C’est pas comme si on était pote ou qu’on s’entendait bien. Notre dernière entrevue était plutôt tendue. Enfin quelque chose était tendu en moi après t’avoir plaqué contre mon torse mais je ne suis pas sûr que cette partie t’intéresse.

Je pensais que t’aurais ouvert ton propre bar depuis le temps. T’en parlais pas mal, y’a quinze ans. Qu’est ce qui te retient ?

Sujet de conversation neutre. Pas de risque de déraper en parlant boulot. Maintenons une ambiance cordiale jusqu’à ce que tu décides d’aller passer le reste de ta nuit hors de mon bureau. Je peux le faire. Je peux redevenir ce mec sympa et souriant que tu as rencontré dans une autre vie.

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Putain, Finn… sors de mes pensées, je déteste quand tu fais ça ! Comment est-ce que tu peux parler de pipe sous un bureau avec son futur petit con d’assistant ? Bon après, forcement, quand on parle de porno et d’assistant dans un bureau, c’est normal que tout le monde pense à passer sous le bureau, mais… ça me perturbe quand même que tu y penses maintenant, au moment où je me suis moi même imaginer la scène. Dans ma tête, c’est pas sexy, j’te jure Finn… en vrai, les porno c’est pas la réalité, alors abandonne l’idée. Puis c’est chiant, mais tu sais bien te démerder dans les chiffres, non ?

Puis encore une fois, c’est un pic qui sort de ses lèvres. Celui là, je le reçois pile au dessous sur coeur, comme si il m’avait piqué entre deux côtes. T’es con, Porter.

- Nan, ça c’est les porno bas de gamme sans budget. Voilà ce que j’en pense.

Pas d’autres remarques… Pour le moment. Je sais très bien qu’il dit ça parce que… bah on va pas le nier, quand on a commencé à se chauffer à l’époque au bar, avant d’aller chez lui… c’est une option qui a été envisagée. Si j’étais du genre à sucer, on aurait certainement commencé comme ça, à l’époque. Mais j’suis pas comme ça. Puis d’ailleurs, ça m’excite même pas un peu…

- … Je passerai une soirée entière ici, et je te ferai un avis détaillé… Mais commence par passer autre chose que du Jazz, de temps en temps, et installer des tables de jeux. Ça peut être cool l’ambiance poker illégal. Et change la devanture, c’est moche.

Ouais, j’suis cash, mais bon… il m’a demandé mon avis, après tout ! Alors je lui donne les premières réactions, c’est pour moi, c’est cadeau !

- J’y ai pensé, souvent. Mais ça coute beaucoup de fric, et j’ai du mal à mettre de côté. J’préfère expérimenter, tester de nouvelles activités… L’appel de l’inconnu.

J’ai toujours aimé ça, la découverte, le challenge… et mettre de côté n’a jamais été mon fort.

- Mais on pense à monter notre affaire, avec une amie mixologue aussi. On prépare le truc, doucement.

Après, pas sûr que ça corresponde à l’idée que j’avais de base. Mon bar. Eros Lip’s. Le nom, le lieu, tout est dans ma tête depuis des années.

- On verra quand le moment sera venu, quand j’aurai trouvé le courage de me lancer.

Je termine le verre, et hoche la tête pour être resservi. Au même moment, j’entends du bruit de l’autre côté de la porte. Une tentative pour ouvrir, ratée, puisque j’ai fermé le verrou derrière moi quand j’suis entré. Et juste le bruit d’un serveur qui annonce que quelqu’un demande à le voir. … putain, il va croire que c’est son rendez vous Tinder, alors que j’suis là. Putain, c’est qui le connard qui nous dérange là ? J’espère juste que c’est un mec qui veut féliciter le patron.

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Cet océan de passion qui déferle dans mes veines, qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine. Doucement j'y plongerai, sans qu'une main me retienne. Lentement je m'y noierai, sans qu'un remord ne me vienne.

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Il faut vraiment qu’on arrête de parler porno tous les deux parce que ma température corporelle est en train de grimper en flèche. Ma langue passe sur mes lèvres déshydratées à cause des pensées salaces que tu injectes directement dans mon esprit. Je suis à deux doigts de te demander ce que tu préfères comme porno mais je ne suis pas sûr d’assumer la suite. Je risque de prendre feu en imaginant tes fantasmes alors que tu resteras de glace face à moi. Mauvais plan. Le scénario du mec hétéro qui tente des trucs gay ce n’est défintivement pas ce qui m’excite.

Je me penche plus en avant que tu évoques le club. Tu as des bonnes idées, de très bonnes même je suis obligé de le reconnaître. Je hoche doucement la tête, note tes idées dans un coin de mon esprit.

Les tables de jeux sont une bonne idée. J’ai une arrière salle qui n’est pas utilisée pour le moment, je pourrais la convertir en casino clandestin.

Il va falloir que je budgétise la transformation de cet espace mais c’est une idée qui me plaît bien. Il va falloir refaire la déco, acheter du matériel, ça va couter cher et j’ai déjà utilisé toutes mes économies pour acheter les lieux. Mais les soirées marchent bien et si ma gestion n’est pas trop mauvaise, je pourrais ouvrir ce nouvel espace d’ici un an. Peut-être moins si j’arrive à trouver un financeur sérieux. Il va falloir que je continue à fréquenter les soirées de mes collègues si je veux trouver un portefeuille généreux qui me suivent dans mes idées.

Pour la devanture, c’est prévu. J’ai repris en l’état mais j’ai déjà eu plusieurs propositions pour la transformer.

Je tapote du bout des doigts un dossier rouge qui contient plusieurs propositions d’artiste du coin pour en faire quelque chose de plus sympa. Je suis tenté de te demander ton avis puisque tu as l’air de bon conseil mais j’ai déjà bien donné le change pour ce soir. On verra une prochaine fois. S’il y a une prochaine fois. Je ne sais pas quand tu comptes venir te promener dans le coin et passer dans mon bureau.

Tenter de nouveau truc, hein ?

Je m’abstiens de toute remarque supplémentaire et planque mon sourire dans mon verre. A en croire le léger sourire qui ourle tes lippes, on est sur la même longueur d'onde. Je dévie rapidement la conversation pour le bien de ma tension artérielle.

C’est moins flippant de se lancer à deux mais c’est galère si vous venez à être en désaccord. Si un jour t’as besoin de conseils pour te lancer, tu sais maintenant où je me trouve.

Non pas que je me cachais avant mais tu semble tellement à l’aise dans mon bureau que j’ai l’impression que tu viens souvent me rendre visite. Comme… Un ami ? Une connaissance ? Pas envie de te coller une étiquette. On arrive à discuter sans en venir aux mains, c’est déjà une belle avancée. Mes lèvres s’ouvrent pour ajouter quelque chose quand la poignée de ma porte attire mon attention. Je plisse les yeux en te dévisageant.

Tu as verrouillé ? Drôle de réflexe Ezra. Peut-être que le scénario du boss et de l’employé ne t'est pas si étranger finalement.

Mon rire résonne entre nous et j’indique à mon barman que j’arrive. Je vide mon verre dans une longue gorgée qui me tire une grimace et me lève pour contourner mon bureau. Le fameux Jaxon aura eu le courage de se pointer finalement. Le moment de vérité est enfin arrivé et je te remercie d’avoir fait passer le temps plus vite.

Je ne te mets pas dehors mais j’attends quelqu’un. On peut se revoir si ça te dit ?

Mais pourquoi je te propose pas ? Je suis complètement débile ? Le cul sec de whisky m’a grillé tous les neurones. Il faut que je garde en tête qu’on est pas pote tous les deux. Mon regard glisse une dernière fois sur ton corps et sur tes mains posées sur tes cuisses et… Stop. Jaxon tombe pile au bon moment finalement.

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Regardez nous… on a l’impression qu’on parle comme de vieux amis, à se donner des avis sur nos vies, nos bars, et nos projets… J’suis là à conseiller le mec que j’ai le plus envie d’envoyer chier, en ce moment… d’où c’est venu, tout ça ? C’est bien ce que je trouve le plus étrange… Notre relation a toujours été étrange, à sa manière… Sauf qu’avant, nous étions proche, et maintenant… Ce n’était plus le cas, on ne va pas le nier. Avant, on parlait de tout, les vannes sortaient mais… Ce n’était pas dans le but de mettre à terre.


C’est peut-être aussi pour ça que je ne prend pas de pincette quand je lui donne mon avis sur son bar.. je me doute bien que ce soit son bébé et qu’il fera tout pour qu’il puisse vivre le plus longtemps possible, donc… Si je lui donne de bonnes idées, il a tout intérêt à les prendre même si ça lui casse surement le cul. Apparemment, il aime mon idée de table de jeux. Forcement, je ne dis pas que de la merde, et effectivement si il a une pièce dispo… c’est cool. Je me met un instant à sa place, essayant de trouver comment est-ce qu’il pourrait se procurer des tables sans trop de problèmes et pas trop cher… Puis merde, c’est pas mon bar ! C’est son problème.

- Tu peux essayer, ouais. Ça peut être sympa.

En tout cas, il avoue que mes idées ne sont pas connes, et malgré tout, ça me fait plaisir. Et ouais Finn, j’ai de bonnes idées, tu ferais mieux de m’écouter plus souvent ! Je continue mon verre, quand il me parle de tenter de nouveaux trucs… je parle d’apprendre une nouvelle langue, un nouveau sport.. rien d’autre, alors calme toi. Je sens que tu n’en penses pas moins mais… Tais toi. Quand il enchaine sur mon projet… il a pas tort. On a pas évoqué ça avec Jolene, pour l’instant c’est juste une discussion de bar qu’on a eu, l’horoscope nous guidant, et la toupie confirmant. Ca ne veut pas rien dire… Mais on verra.

- C’est noté..

Même si ce n’est pas sur que je l’appelle. On verra. Dans mes plans… j’aurai encore fuit. Surtout si mon plan de ce soir se passe comme prévu… D’ailleurs putain, pourquoi il a fallu qu’on me grille, avec la porte ?

- Roh ta gueule

Ça sort tout seul, même si il n’a pas tout à fait tort… Putain, ça y est, j’ai la boule au ventre. Surtout qu’attend, le mec me congédie ou je rêve ? Il aurait été capable de me foutre à la porte juste pour se taper le mec là ? Parce que bon, okay il dit qu’il me met pas dehors mais.. Un peu quand même, non ? Je ne réponds pas quand il propose de se revoir, le laissant me contourner pour se rendre vers la porte. Juste avant qu’il ne la déverrouille, je tourne la tête, et agit, par réflexe.

- Attends…

Je bois cul sec le reste de mon verre… Je vais bien avoir besoin d’au moins ça. Je me lève, et avance jusqu’à lui passer devant, posant ma main sur le verrou, que je replace en position off. Signe de « n’ouvre pas ». Putain, mon ventre, j’le sens se serrer. Pourquoi ça me fait ça ? Là c’est ma seule chance.

- … Il ne viendra pas.

Est-ce qu’il a compris ? Dans le doute, je continue, le regardant dans les yeux, comme si j’étais confiant alors que je crève de trouille.

- Le H de Hollywood hein ? T’as de l’imagination.

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Cet océan de passion qui déferle dans mes veines, qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine. Doucement j'y plongerai, sans qu'une main me retienne. Lentement je m'y noierai, sans qu'un remord ne me vienne.

KoalaVolant

Ta vulgarité me fait rire. Ça te va bien en fait, cette rébellion. Maintenant que nous ne sommes plus rien l’un pour l’autre, tu es animé d’une liberté que tu contenait il y a quinze ans. Je retiens tant bien que mal mon sourire, une main sur la poignée qui a arrêté de s’agiter sous les assauts de mon barman. Je déverrouille la porte dans un cliquetis sonore. Bon aller, c’est fini des discussions polies, il est temps que je passe à la partie la plus intéressante de ma soirée. Enfin, si l’énigmatique Jaxon ne se révèle être un camionneur bidonnant de cinquante ans. Mais il m’a dit de lui faire confiance et bon, je n’ai pas grand chose à perdre. Au pire, on avale un verre rapidement et je prétexterais une urgence administrative pour m’éclipser.

Je suis bien partie pour te congédier de mon bureau pour rejoindre la salle principale à tes coté quand ta voix m’arrête sur ma lancé. Je tourne le visage vers toi pendant que tu descends ton whisky cul sec également. On va tanguer tous les deux jusqu’au bar à ce rythme. J’ai envie de rire de la situation mais ta mine grave me fait ravaler toutes mes tentatives d’humour. Hum, tes sourcils froncés n’augure rien de bon. Le fait que tu viennes verrouiller de nouveau la porte non plus. Et tu n’as pas une tête qui pourrait me faire penser que tu as soudainement envie de passer sous mon bureau. Je recule de quelques pas pour me permettre d’observer ton visage. Mes sourcils se froncent d’incompréhension.

Qui ne viendra pas ?

Je ne comprends rien. Quelqu’un devait venir et je ne suis pas au courant. Je refais le tour de mon agenda dans ma tête mais je n’avais aucun rendez-vous de prévu pour ce soir. Je te fixe comme si la solution allait s’afficher en lettres lumineuses sur ton front. Mais soudain, c’est l’illumination. Je reste un instant sans voix parce que je ne peux pas croire ce que tu es en train d’avouer. Jaxon ne viendra pas parce…

Putain, c’est toi Jaxon ?

Je vois rouge. Mes poings se serrent jusqu’à faire blanchir mes jointures. Mes ongles se plantent dans mes paumes en laissant des croissants carmins en souvenir de ce moment d’humiliation comme je n’en ai pas vécu depuis… Quinze ans. Ma voix gronde comme le tonnerre au milieu du désert. Je suis sûr qu’on peut m’entendre dans le bar, même avec la musique du groupe qui fait danser la foule.

C’est ta vengeance Ez ? C’est ta putain de vangeance parce que j’ai osé te demander des explications ? C'était ça ton plan ? Venir ici pour m’humilier et te foutre de ma gueule ?

Je ne maîtrise plus rien. J’ai envie de tout fracasser, en commençant par ta gueule de con. T’as été trop loin. Beaucoup trop loin, cette fois. Je comble la distance entre nous, me place en face de toi pour que tu puisses voir les flammes des enfers rougeoyer dans mes pupilles.

Casses toi. Casses toi tout de suite et ne reviens plus. Je ne sais pas jusqu’à quand je vais pouvoir me retenir de te frapper alors dégage de mon bureau. Tout de suite.

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Beautiful Things •• I hold you every night, That's a feeling I wanna get used to But there's no man as terrified As the man who stands to lose you

 

La bombe est lâchée… j’en reviens pas, pour le coup, j’ai retrouvé mes couilles pour lui dire la vérité. Pourquoi ? Comment ? J’en sais rien. J’en viens même à douter de pourquoi j’ai crée ce compte tinder.. J’ai bugué sur ses photos de profil, ça je me rappelle… J’ai failli swiper, mais j’ai justement perdu mes couilles. Oui, elles partent et repartent très vite, chez moi. Surtout en ce moment, allez savoir pourquoi..

Oui, j’ai pris une autre identité, mais c’était pour la bonne cause ! Avoue, Finn, si j’étais venu à toi avec mon vrai compte, tu ne m’aurais pas cru… Puis bon, tu m’aurais prit pour un faux compte aussi, vu ma photo d’il y a des années, sans mon corps pleine de tatouages… Donc au final, tu ne trouves pas que c’est mieux comme ça ? Vu ta tête, je n’en ai pas l’impression, et je me demande si je n’ai pas fait une connerie…

Tu commences à poser des questions… Apparemment, t’as pas encore compris… c’est pour ça que j’ai ajouté un clin d’oeil à la discussion que tu as eu avec Jaxon. Maintenant… tu sais. Et vu ta tête, effectivement, tu ne le prends pas bien. Ah, le ton aussi change… Putain je crois que je ne t’avais pas vu énervé comme ça avant.. Jamais… est-ce que tu gueulais pareil quand j’suis parti ?

- Ouais..

Putain, il va me frapper. Je prend les paris ! Là, il a tous les signes pour me frapper… Et il ne rigole pas du tout. Il hurle, j’aime pas ça, surtout qu’ils vont tout entendre, depuis l’exterieur, et… ça me retourne encore plus le ventre.

- Nan, c’était pas pour ça.. Mais arrête de gueuler putain !

Attire pas l’attention plus que ça… Parce que pour le coup, j’assume pas du tout la raison de ma présence ici. Tu penses que j’serai venu juste pour voir ta tête après la révélation ? En tout cas, il me menace pour le coup… Après… j’suis plus à ça prêt.

- Attends au moins que je t’explique !

Je souffle, et le regarde dans les yeux. Faut que je calme la bête pour le coup.. Parce que ce regard, aussi sexy soit il, montre bien qu’il ne rigole pas du tout. Je peux pas expliquer tout, car ça serait avouer l’existence de mon compte, déjà. Putain, j’suis niqué.

- … J’suis tombé sur ton profil, et j’ai vu tes photos. Tu m’aurais parlé si je t’avais dit que c’était moi ?

Pour une fois, j’suis honnête. J’espère juste que… enfin… qu’il me prendra pas pour un taré.

- Tu me gaves avec tes insinuations depuis qu’on s’est revu. Et j’compte pas changer. Mais… Si j’suis là, c’est pas pour t’humilier, loin de là…

Mais est-ce que je dois tout dire ? Nan. Abusons pas. Puis il peut comprendre tout seul.



- … Après si tu préfères changer nos plans de base, et me foutre ton poing contre ma mâchoire, je comprendrais. Juste…essaye de me laisser présentable, je bosse demain…

Je ferme les yeux, grimaçant un peu. Vu sa tête ? Il meurt d’envie de me frapper. J’le sais.

- Dépêche, par contre…

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Cet océan de passion qui déferle dans mes veines, qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine. Doucement j'y plongerai, sans qu'une main me retienne. Lentement je m'y noierai, sans qu'un remord ne me vienne.

KoalaVolant

Je dois ressembler à un dingue à m’agiter dans tous les sens, à gesticuler pour faire sortir ma colère. Mais là, il faut vraiment que je me maîtrise sinon je vais m’en prendre à toi et je n’en ai pas envie. Malgré ce que tu viens de faire, je n’ai pas envie de me laisser aller à la facilité de te frapper. Tu le mérite putain, tu mérites que je t’éclate les dents une par une.

Que j’arrête de gueuler ? Attends tu te crois en position d’exiger des trucs en plus ? Je me fous de ce que tu veux Erza, j’en ai rien à carrer.

Impossible que je me calme. Mon sang s’est transformé en lave. Je bouillonne littéralement de l’intérieur. Tu m’as contacté sous un faux profil, sous un faux nom pour te foutre de ma gueule et tu penses que je vais arrêter de gueuler. Non mais là tu te fous le doigt dans l'œil et jusqu’au cul !

J’en veux pas de tes explications ! Je veux juste que tu te casses ! C’est quoi ton problème ? T’es devenu suicidaire en plus d’être cruel ?

La seule chose que je peux te reconnaître, c’est que t’a les couilles de rester face à moi. Peu de mecs seraient restés coincés dans une pièce aussi petite quand je suis dans cet état. J’ai l’impression de perdre la maîtrise de mon corps, de mon esprit. Je t’imagine avec ton portable, sur ton canapé, à bien te foutre de ma gueule. A ça, t’as dû bien te marrer à me voir plonger dans ton mensonge comme un con. Voilà pourquoi je n’ai jamais utilisé d’application de rencontre ! Putain, je suis vraiment trop con. Ma crise de nerf ne semble pas t’alarmer puisque tu continues de parler. Mais bordel, tu veux pas la fermer ?

Je te fixe, la respiration lourde. Je te regarde comme si tu étais un alien qui venait de débarquer sur terre et que tu voulais communiquer.

Tu devrais la fermer parce que je comprends rien à ce que tu racontes.

Je me laisse retomber sur le fauteuil dans lequel tu étais installé. J’attrape la bouteille de whisky, restée sur le bureau et j’en bois une longue gorgée directement au goulot. Je garde le regard braqué sur mes chaussures parce que si je reviens à ton visage de traître, je vais de nouveau péter un câble.

C’était quoi le but, Ezra ? Tu cherchais quoi en venant me parler sur cette application ?

Nouvelle gorgée d’alcool pour faire passer la boule de rancœur qui obstrue ma gorge. Je ne te regarde toujours pas. Je ne peux pas.

Bien sûr que je t’aurais parlé si tu étais venu me parler avec ton vrai profil.

Le niveau sonore de ma voix faiblit. Je me fois que tu m’entends ou pas. Je me racle la gorge, me redresse et prend de nouveau du whisky.

Tu comptes pas changer alors qu’est ce que tu veux ? Me prouver que t’es pas gay ? C’était ça le but ? Jouer la comédie pour me montrer que c’est ce que tu as fait il y a quinze ans ? Bravo Ezra, tu peux repartir. Je certifierais à qui tu veux que t’es cent pour cent hétéro.

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Il n’a pas tord, j’suis pas en position d’exiger quoi que ce soit, mais je veux quand même essayer d’être compris.. Même si ça parait mission impossible, là. Mais j’essaye quand même, creusant surement un peu plus ma tombe à chaque mots. Suicidaire ? Oui, remarque… Peut-être un peu… ou masochiste. Mais ça devrait te plaire ça, non ?

Il va s’assoir, et j’espère que ça va le calmer un peu. Prend cette bouteille et termine là, même, si ça te fait plaisir… Si ça peut te calmer, surtout… En tout cas, je m’en prend plein la gueule.. Mais je le laisse faire, ça sert à rien que je le menace, là. Puis pour dire quoi ? J’aurai gueulé encore plus que lui si j’avais été à sa place…

- J’te dis, j’ai pas calculé… J’ai vu les photos, et… Bref, tu sais ce que tu cherches avec tes photos, donc bon. Tinder, quoi. Mais j'ai pas fais de plan machiavélique, c'était juste... une faiblesse.

J’ai l’impression d’être un gosse qui doit se justifier d’une bêtise… Par contre, entendre qu’il m’aurait parlé sous ma véritable identité… ça me fait penser qu’il ne doit pas m’en vouloir de trop, du coup… Franchement, moi je l’aurai pas fait, après notre dernière entrevue… Mais je me sens con, du coup. Mais au moins, il se calme…

- Mais rien à voir, écoute quand je te parle putain ! J’te dis que je voulais pas ça.. J’suis venu juste parce que tu m’as donné envie, en discutant. J’mentais pas. Enfin, si, sur le nom…Mais m’oblige pas à le dire, s’il te plait.

Je le rejoins vers le fauteuil, me posant devant toi, un bras de chaque coté, sur les accoudoirs. Je me penche un peu, et parle doucement. comme si baisser le son de ma voix allait aussi te calmer.

- Je ne veux pas qu'on parle de ma sexualité, okay ? j'veux... une parenthèse.

Je prend ta bouteille, et pose mes lèvres dessus, pour en prendre une gorgée, avant de la lui rendre. Tu sembles en avoir besoin pour supporter le son de ma voix.

- J'veux pas repartir. Tu m'as demandé de venir, j'suis venu, malgré tout ce que tu penses de moi. Mais... j'espérais une trêve, et... j'sais pas, faut croire que j'me suis un peu trop laissé aller. Alors... tu sais quoi ? On oublie. Désolé, j'voulais pas te ridiculiser ou je ne sais quoi.

Faut que je me casse, mon plan est clairement un échec, et là... Il faut que je prenne la fuite.

- Fais comme si j'étais pas venu. On se captera pour un verre, ou pour le taf.

Comment j'ai pu croire que... quinze ans après, ça se passerait comme avant ? J'ai vraiment cru qu'on se sauterait dessus, et qu'il me poserait des questions plus tard. Ridicule, Ezra. Les joues rosées, je retourne vers la porte, pour la déverrouiller, et rentrer chez moi, méditer sur mes idées de merde... Celle la dans le top 3. Le clac du loquet, à deux secondes de passer cette porte, pour de bon.

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Cet océan de passion qui déferle dans mes veines, qui cause ma déraison, ma déroute, ma déveine. Doucement j'y plongerai, sans qu'une main me retienne. Lentement je m'y noierai, sans qu'un remord ne me vienne.

KoalaVolant

Je ferme les yeux un instant, comme si ça pouvait faire disparaître ce putain de cauchemar. Je vais fermer mes paupières, compter jusqu’à cinq et quand je ferais de nouveau apparaître la réalité, tu ne seras pas là. On fera comme si on ne s'était jamais chauffé tous les deux. Enfin toi tu m’as chauffé, moi j’ai chauffé Jaxon. Je suis vraiment un imbécile. Quand j’y pense, tous les signes étaient devant mes yeux et j’ai juste choisi de les ignorer. Qui file un rendez-vous à un mec qui n’a pas assez de courage pour mettre une vraie photo. Je le savais et pourtant, je t’ai dit de venir. J’ai même accepté d’aller en forêt avec toi. Je… Il faut que j’arrête de ressasser parce que ça va me faire devenir dingue. Un rire désabusé m’échappe.

Une faiblesse, une parenthèse,... Comme il y a quinze ans, c’est ça ?

Bon, au moins, aujourd’hui les choses sont claires entre nous. Je cherche un plan cul pour occuper ma soirée et toi, tu veux juste te perdre dans les bras d’un homme avant de reprendre ta vie de parfait petit hétéro. Bordel, je suis sûr que t’as une meuf sublime que t’aime trimballer à ton bras pour compléter ton déguisement. La bouteille de whisky m’échappe des mains pour atterrir contre tes lèvres. La colère qui gronde dans mon ventre s’est calmée et je peux respirer un peu plus facilement. Et avant que j’ai pu ajouter quoique ce soit à ta tirade, tu commences à te tirer.

Attends.

Je devrais te laisser filer, ça serait plus facile. Tout serait plus facile si tu te cassais d’ici et qu’on faisait comme si on ne se connaissait pas. Mais la facilité, ça n’a jamais été notre truc. Et je vois qu’on a pas changé tous les deux. Ta main se fige sur la poignée et mes sourcils se froncent une nouvelle fois.

Je capte pas Ezra, pourquoi moi ? Tu peux t’envoyer en l’air avec n’importe quel mec de la ville, du genre qui se fout de savoir qui tu es et ce que tu caches. Alors pourquoi prendre le risque de venir me parler à moi ?

Je ne comprends pas tes motivations, ni le plan que tu avais élaboré dans ta tête. Je crois que je ne t’ai jamais compris mais là, c’est de pire en pire. Toutefois, je réussi à me lever, la bouteille de nouveau dans ma main et les fesses à demi posées contre le bureau. Je t’observe comme un lion matterais un morceau de viande qu’on vient de balancer dans son enclos. Le fauve est de retour, je reviendrai à ma colère plus tard quand je serai seul. Mais là…

Si tu veux une parenthèse, va falloir venir la chercher parce que je ne vais pas te courir après. Tu peux passer cette porte et on oublie tout ce qui s’est passé. On ne s’est jamais envoyé de messages et tu n’es jamais venu ici. Ou tu peux remettre le verrou et venir prendre ce que t’es venu chercher. Je ne ferais pas ce choix pour toi.

J’observe le moindre de tes faits et gestes. Ta mâchoire qui se serre face à mon dilemme, ton doigt qui frappe la poignée pendant que tu réfléchis, ton torse qui monte et qui descend au rythme de ta respiration. Prends tes responsabilités cette fois. A toi de faire le bon choix.

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Exactement… t’as trouvé les mots juste… Une faiblesse, comme il y a quinze ans. J’ai flippé il y a quinze ans, mais c’est cette attirance qui m’a aussi poussé à me laisser aller, pour la première fois de ma vie. C’est la nuit qui m’a ouvert les yeux, même si elle n’a pas suffit à faire tomber mes barrières. Je ne réponds pas, prenant ça pour un énième pic de ta part, ce qui me conforte dans l’idée de me barrer, et vite.

Pourtant il me demande d’attendre, ce que je fais. Je tourne ma tête vers lui, regardant Finn pendant qu’il parle. Forcement, il comprend toujours pas, en même temps moi non plus. Ça fait bien longtemps que je me suis perdu moi même dans mes envies et mes besoins. Bien sur que je peux m’envoyer un mec de la ville, mais… Comme j’ai dis, ce sont tes photos qui m’ont donné envie… Donc ouais, j’ai eu envie de toi et pas d’un autre.. Puis tu me connais déjà, et tu vas pas parler de moi… c’est tout bénef, non ?

- Tu pourrais autant ne rien dire qu’un inconnu.. toi tu le sais déjà.

Mais se sont d’abord tes photos. Mais ça, je ne te le rappellerait pas, c’est trop pour moi. J’peux pas m’écraser, trop en dire, et avouer que si j’ai fais ça, c’est dans l’espoir d’avoir un moment avec toi. J’suis faible, et ça me fait mal de l’admettre.

Mais à ma grande surprise, il se lève, et me fait face, à l’autre bout de la pièce, posé sur son bureau. Bureau sur lequel j’aurai aimé être, il y a une dizaine de minutes, mais qui là me semble bien loin… et pourtant, tu m’offres le choix. Tu me confrontes à mes envies, et me pousse à une deuxième fois : porter mes couilles. Putain, c’est clairement difficile, tu ne le vois pas Finn ? J’attendais que toi, tu me sautes dessus ! Tout aurait été plus simple… et surtout, j’aurai pu dire que l’acte aurait été de ta faute. Tu vois ? Tout serait plus simple…

Je peux pas, là. Je pense trop, mon cerveau fume… Alors sans rien dire, je pousse la poignée, et sort de son bureau, fonçant vers le bar. Faut que je me la mette, pour m’aider un peu. Puis bon, faut que je sois discret, non ? J’file retrouver Sven, et dépose deux billets sur le bar.

- Mets moi quatre shots de tequila.

Ça arrive, rapidement, et je les enquille. J’en bois rarement, de la téquila, juste parfois dans mes créations de cocktail, mais là… Je le prend comme du courage liquide. Deuxième, troisième. Et le dernier, que je tape contre le bar, avant de retourner dans le bureau de Finn. Je ne le regarde à peine, refermant derrière moi. Clac, la porte. Clic, le verrou. Et le regard brillant, porté par les premiers verre que j’ai bu, et mentalement par les shots que je viens de prendre. Ils n’ont pas encore d’effets physiques, mais on va dire que si.

Je parcours les derniers mètres qui nous séparent, avec assurance, jusqu’à me retrouver face à toi… J’ai l’air d’un gosse, putain… il m’intimide grave, mais… J’en ai marre de réfléchir. Alors, comme prévu à la base, je viens lier nos lèvres, dans un baiser qui se veut assez violent. J’suis pas là pour rendre le moment tendre. J’attrape une poignée de tes cheveux, pour t’inciter à rester là, nos lèvres écrasées, par dessus ce bureau.

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