J’étais arrivé sur les lieux de la bagarre un peu par hasard. En même temps, j’avais la tête dans le cul. J’avais encore trop abusé de la poudre. Je marchai sans but précis, un peu là où me menaient mes pas. J’étais comme une bouteille à la mer, emporté par la houle marine. Le mouvement de foule était impressionnant. Un attroupement s’était organisé et des voix s’élevaient, comme si on assistait à un combat de coqs. Je tentai de me frayer un chemin au milieu de cette foule, n’hésitant pas à bousculer des gens pour voir. Je balayai la foule du regard, à la recherche d’un visage amical, une connaissance. Là-bas, je crus reconnaître Abel. Il avait l’air concentré, comme s’il était sur le trône. Je décidai de me mouvoir vers lui, réprimandant les jeunes gens qui osaient me marcher sur les pieds, me bousculer. Puis j’en vins à arriver à côté de lui. Il ne m’avait pas percuté. Pauvre âme que j’étais. Trop concentré le gonze. « Pète un coup, ça te détendra ! ». Puis me mis à rigoler, euphorique, en lui tapant sur l’épaule. Il avait vraiment beaucoup d’ambiance, ou alors s’était dans ma tête. Ca dégénérait j’aimais ça. Et pour une fois, je n’étais pas au cœur de l’intrigue. J’étais plutôt fier de moi. Je tirai un nouveau coup sur mon pétard avant de proposer à Abel : « On prend les paris ? Je pense que Xéna la guerrière, là-bas, elle a de l’avenir ! » Ah, elle était quand même à deux doigts de se prendre une baigne.