D’abord le fantôme de son ex, puis l’insouciance de son petit ami … La soirée n’était pas des plus festives pour Shaé qui rêvait de se noyer dans son shooter. Et pourtant, un fin sourire se déploya sur ses lèvres, brisant l’air grave de son visage, lorsque Clarence lui assura que tout serait rentré dans l’ordre le lendemain. « Tu vois c’est ça que j’aime chez toi … ». Son optimisme ? Sa façon de dédramatiser, de relativiser ? Elle n’aurait su mettre de mot précis sur ses pensées et elle devait peut-être ça à l’alcool. Quoi qu’il en soit, elle appréciait cette simple phrase du jeune homme qui l’éviterait de broyer du noir toute la soirée. En tournant la tête elle s’était aperçu que les yeux du soigneur avaient suivis les siens sur la créature blonde qu’Aaron avait rejoint non sans une certaine émotion qui la piquait sans qu’elle ne puisse la décrire exactement. Au fond d’elle, elle savait qu’elle aurait du le laisser vivre sa soirée, flirter, faire des rencontres mais c’est avec un égoïsme conscient autant que culpabilisant qu’elle le gardait encore auprès d’elle. « Oh j’en connais une Burns pourtant qui laisse ses oreilles traîner un peu partout … ». Bien sûr elle parlait de Romane, un sourire taquin. Non sans savoir que le frère Burns était déjà au courant pour le petit coup monté que sa sœur lui avait fait subir. Si elle avait été vexée dans un premier temps, elle avait rapidement fait l’impasse en découvrant une jeune femme qui la comprenait bien plus que n’importe qui. Et alors qu’elle jouait avec son verre vide, le grand blond l’obligea à lâcher prise, engloutit son verre d’alcool – à brûler comme disait l’italienne qui détestait profondément la vodka - et l’entraîna sur la piste de danse. Littéralement traînée, elle avait essayé de ne bousculer personne, mais sa démarche légèrement troublée par l’alcool n’avait épargnée ceux trop proche d’elle. Déjà elle riait, l’alcool faisait son travail, elle se sentait dans un état second, grisée et enjouée. Ses longs cheveux bruns trempés lui collaient au visage et elle les repoussa en arrière. Sa robe lui collait à la peau et elle sentait des gouttes d’eau glisser sur sa peau nue. Clarence subissait le même sort et ses yeux curieux détaillaient son torse qu’elle pouvait aisément imaginer ainsi. Mais ce n’était pas le seul spectacle auquel elle assistait, sur une musique funky, le jeune homme se mit à danser comme elle ne l’avait jamais vu. Deux yeux rieurs, elle ne pouvait s’empêcher de sourire et de rire quand il en devenait trop ridicule. Sans hésiter, elle entrait dans son jeu, réellement amusée, dansant avec lui à la manière des années 80. C’est alors que le jeune homme décida de pousser le vice en l’attirant contre lui pour un slow sur une musique qui ne s’y prêtait pas. Elle n’arrêtait plus de rire, balancée de gauche à droite, plaquée contre son corps. Et sans qu’elle n’en ait véritablement conscience, son corps se réchauffait par cette proximité. « Tu m’avais caché tes talents … ». Lança-t-elle avant de pouffer de rire. Si on pouvait appeler ça des talents ! Puis elle se tourna dos à lui, tout en restant contre lui pour remuer en rythme toujours de manière exagérée et dépassée. Mais voilà, elle s’amusait.