Nos lèvres s'épousent ... Comme si elles avaient été faites pour se marier. Parfaitement emboitées, telles les pièces d'un puzzle, cela m'attriste presque de les voir se séparer ... Et pourtant, je suis bien conscient qu'il est nécessaire que nous ayons un minimum de retenue. Après tout, une famille de catholiques puritains pourrait décider de se promener dans le coin et ... Oui, ce serait fort regrettable. Et pourtant, le désir de recommencer brûle en moi. J'ai envie de me jeter sur lui afin d'enterrer mes doigts dans ses belles boucles brunes, histoire de pouvoir mieux plaquer mes lèvres contre les siennes. J'ai envie de pouvoir enfin vivre ce moment que j'attends tant, depuis des années : le merveilleux athlète sur lequel je fantasme depuis maintenant six années vient tout juste de me remarquer, et maintenant, je suis en mesure de pouvoir jouer de cela à mon avantage ... Et pourtant, j'ai peur. Cela ne me ressemble pas. Habituellement, ce n'est pas moi, qui embrasse les autres. Ce n'est jamais moi qui fait le premier pas. Et pourtant, là ... Non seulement l'avais-je fait, mais je ne m'étais ensuite ni détourné, ni enfui. Pour une fois, je ne me sens pas comme le jeune que les hommes murs se plaisaient à séduire, mais comme l'homme mûr qui se plaît à séduire un autre, plus jeune que lui ... Et si cette vision est certes quelque peu faussée dans la mesure où nous nous sommes tous deux amusés à nous séduire, mutuellement ... Je ne peux pas dire qu'elle me déplait entièrement. Est-ce donc ça, le fait de grandir ? Avoir envie de séduire comme un homme le ferait ? D'être musclé, fort, viril et protecteur ? De s'occuper de quelqu'un au lieu d'avoir envie que quelqu'un s'occupe de nous ?
Pendant mes moments de réflexion intense, je n'avais pas remarqué la "disparition" d'Adriel. Ce n'est que lorsqu'il avait déclaré que l'un des satanistes avait été maitrisé par des clefs que mon regard se leva alors vers lui afin de découvrir, surpris, qu'il s'était tant éloigné de moi en si peu de temps. Lorsque sa main vient caresser mon menton afin de me forcer de le regarder dans les yeux, je souris, gêné, avant de détourner mon regard à nouveau, incapable d'affronter ses beaux iris bleutés et son sourire éclatant. Il dit avoir une "petite idée" sur comment "maitriser" le deuxième Sataniste (à savoir moi) et je me demande s'il compte retenter l'expérience à nouveau (à savoir, m'embrasser) ou si maintenant qu'il avait obtenu ce qu'il voulait, il allait s'amuser autrement (à savoir, disparaitre sans jamais me donner le moindre signe de vie ... Par exemple, hein !)
M'apprêtant à lui demander quelle était donc cette fameuse idée légendaire qu'il aurait bien pu avoir pour faire taire le deuxième sataniste à tout jamais, je n'ai même pas le temps d'entrouvrir mes lèvres que déjà, sa cruelle langue s'y faufile afin de me forcer à succomber à son charme, une deuxième fois. Les yeux initialement écarquillés par la vitesse, la violence et la passion de ce deuxième baiser, inattendu et pourtant, cruellement désiré ... À la fois brusque et pourtant, si passionné ... Mes paupières se referment rapidement tandis que je me laisse tomber lentement sur le dos, dans l'herbe, encouragé par le torse d'Adriel s'écrasant avec force contre le mien. À présent, il est au dessus de moi. Nos lèvres se murmurent de tendres secrets tandis qu'une de mes mains va s'égarer dans ses cheveux, sa jumelle se contentant de glisser autour de sa taille. Nos langues se mêlent avec tendresse et passion, rapidement et calmement, jouant à un jeu de chat et de souris dans les cavernes de nos bouches, glissant l'une contre l'autre à une rapidité impressionnante. Sa saveur est délicieuse, par ailleurs et l'humidité de ses lèvres me rafraichit d'une façon qu'une bouteille d'eau de source serait bien incapable de le faire, malgré elle. Pour le coup, je ne me sens pas à la place du séducteur, mais bel et bien de la victime, du séduit, à ce moment précis ... Mais cela ne me dérange pas non plus.
Tant que je suis avec lui, rien ne me dérange.
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