La poignée de jeunes présents semblaient être satisfaits d’avoir de quoi se rafraichir. Clarence ne savait pas exactement si l’alcool était permis sur la plage à une telle heure de la journée mais cette fois-ci, il n’était pas là pour jouer les chaperons. C’était si grisant de se sentir sur la même longueur d’ondes avec de purs inconnus, d’être débarrassé comme eux des obligations et des responsabilités. Il n’était qu’un californien parmi tant d’autres qui profitaient d’un événement caritatif pour s’amuser. Jusqu’ici, il se sentait à l’aise avec la nudité des autres. Il fallait dire que les plus timides seraient aux abonnés absents aujourd’hui – et il y avait des connaissances qu’il souhaitait éviter. Comme par exemple, Adriel Snow, le fils de son patron, dont il venait d’apercevoir le fessier avant que celui-ci ne se joigne à un autre groupe pour une baignade collective. Heureusement, celui-ci ne le reconnut pas tout de suite et s’éloigna, pour le soulagement de Clay. Tandis qu’il buvait plusieurs gorgées de bière fraiche, il assistait à l’arrivée de plusieurs personnes. Etait-il le plus vieux ou quoi ? Il jeta un regard de détresse de travers vers Leaven qui, elle, lui affirma son envie d’aller se baigner. Son sourire stimula le cœur du grand blond qui eut tout juste le temps de lui glisser : « Toi nue et de l’eau fraiche, tu surestimes mes capacités, chérie. » Il la laissa s’échapper à contrecœur. Il prenait réellement sur lui afin qu’elle ne se sente pas étouffée. Après tout, elle n’allait pas se noyer dans une flaque d’eau. D’un coup, le trentenaire se retrouva tout seul. Et peu à peu, il prit conscience qu’il était bel et bien nu devant tout le monde. Que faisait-il là déjà ? D’un cul sec, il acheva sa bière puis rangea la bouteille vide dans un sac poubelle.
Son regard scruta les alentours à la recherche de quelqu’un avec qui parler. Il ne comptait pas s’éloigner du large – au cas où Leaven aurait besoin de lui. Il n’allait plus rien manquer, pas après les derniers mois difficiles. Clay aurait voulu faire un geste de la main à sa petite amie et lui confirmer qu’il n’allait pas s’en aller mais il revint à la raison avant d’accumuler une nouvelle bourde. C’est alors que ses yeux clairs rencontrèrent une silhouette réfugiée près de son sac. Visiblement, l’étudiante aux cheveux roux (Lola) n’était pas à l’aise dans cet environnement et s’apprêtait à rebrousser chemin. Alors que l’inconnue attrapait un paréo avant de l’enrouler autour de son corps menu, Clay s’approcha lentement avec une bière à la main qu’il finit par lui tendre. « Ca donne souvent du courage. » Parce que mine de rien, il en fallait pour s’aventurer ici au milieu de fêtards qui n’avaient que faire de se retrouver nus à chaque soirée qu’ils écumaient. Il fut un temps, il avait été l’un d’eux. Conscient que l’approche d’un homme de sa carrure, et dans le plus simple appareil, pouvait être impressionnant, il esquissa un sourire rassurant. « Qu’est-ce qui t’a poussé à faire quelque chose qui te gêne ? » Demanda-t-il de but en blanc. Il ne se montrait pas envahissant, juste compatissant. « Clay. »