Si Isay n’était en rien emballé par pareille soirée, il ne pouvait se dérober au dernier moment. Quelques jours plus tôt, le chef des pompiers en personne s’était présenté à son domicile afin de lui offrir une invitation quant à se joindre à la fameuse soirée du bal des pompiers. Évidemment, en tant que médecin réputé en ville, il n’avait pu décliner cette proposition, mais sa sœur, ou plutôt sa femme, elle, avait eu une bonne excuse de dernière minute : un patient arrivé aux urgences qu’elle allait devoir opérer sur-le-champ. Isay s’admira une dernière fois dans le miroir, et cela faisait déjà la dix huitième fois en à peine une demie heure, afin de s’assurer qu’il avait dépassé son seuil de perfection. C’est donc vêtu d’une chemise bleue, d’un jean et d’une paire de chaussures en cuir noir que le trentenaire arriva à la caserne. Il eut à peine le temps de serrer la main de quelques pompiers que son portable, coincé dans la poche arrière de son pantalon se mit à sonner et rapidement, il alla trouver un coin tranquille afin de répondre à sa supposée compagne. « Oh non, crois-moi que tu ne loupes absolument rien. Et nous sommes bien loin du bal de pompiers… » En cinq minutes à peine, Isay en avait déjà assez vu, et même entendu. « On dirait plutôt une sorte de dérivée à une fête d’étudiants en chaleur. Le monde a bien du souci à se faire avec une bande d’incapables dans leur genre. », soupira-t-il à l’encontre de sa cadette. C’est à cet instant qu’il vint à envier la jeune femme : lui aussi aurait tant aimé avoir une bonne excuse pour ne pas venir au vu du désastre actuel d’une soirée qui avait commencé depuis un peu moins d’une heure maintenant. Oui, si Monsieur était si en retard, c’était uniquement parce qu’il avait une fois encore passé trop de temps dans la salle de bains à admirer un physique que n’importe qui pourrait lui envier. « Allez, courage pour cette nuit, on se verra demain matin. », soupira-t-il finalement avant de raccrocher. « Seigneur, je pleure pour le devenir de l’humanité. » Isay s’enfichait pas mal que qui que se soit puisse l’entendre, la moitié de la foule présente n’avait aucun respect vis-à-vis de l’environnement dans lequel ils se trouvaient et il trouvait ça clairement pitoyable. Mais il n’était pas maître des lieux et n’allait pas mettre ces personnes à la porte à coups de pied dans le derrière, non, ses chaussures étaient trop impeccables pour botter l’arrière-train du bas peuple qui grouillait. Aussi, lorsqu’il passa à proximité des camions et matériaux des pompiers, il perçut les paroles hystériques d’une jeune femme (Tacia) précédées d’un bruit strident de verre brisé. Ah, voilà donc les deux jeunes (Timothy & Kai) qu’il avait vu filer avec une bouteille un peu plus tôt. Dorénavant, place au faiseur de leçons qui enfonce ses mains dans les poches de son jean. « Messieurs, si vous comptiez vous mettre la tête à l’envers, vous avez choisi le mauvais endroit. Ici, ce n’est pas le club de débauche que vous avez l’habitude de fréquenter. » Et dire que les jeunes sont censés représenter l’avenir… pitié, à un autre. Isay posa finalement son regard vers la demoiselle également présente. Demoiselle ou furie, allez savoir. « Quant à vous, vous devriez apprendre à contrôler vos sauts d’humeur si vous voulez prouver que vous valez mieux que ces énergumènes. » Et tout ça, les enfants, c’est cadeau.