La bouteille de whisky était maintenant presque vite : c’est dingue à quel point une bouteille peut se vider très vite. Encore plus car nous étions à deux. En tout cas, Aidan semblait se calmer un peu sur l’alcool, et c’était tant mieux : nous n’étions de toute façon déjà plus dans notre état normal. Je devais avoir les joues toutes rouges, j’avais terriblement chaud et il semblait avoir chaud lui aussi puisqu’il avait retiré sa chemise plusieurs minutes plus tôt. L’alcool, c’était bien pour oublier, oui. Alors pourquoi est-ce que je n’arrivais pas à oublier ce que Dmitri m’avait dit le temps d’une soirée ? Surtout que j’étais en train de la passer avec mon meilleur ami qui, soit dit en passant, ne pouvait pas voir Dmitri en peinture. Peut-être que dès le départ, j’avais mal fait les choses. Peut-être que dès le départ, je n’aurais pas dû prendre la perte de ma virginité autant au sérieux. Toutes les filles ouvraient les cuisses aux premiers venus sans aucune difficulté, pourquoi est-ce que je n’avais pas su en faire autant ? De toute façon, la première fois était en général douloureuse pour les filles, et c’était loin d’être la plus belle soirée de leur vie, alors qu’est-ce que j’avais foutu à croire au prince charmant ? J’étais pitoyable. Allongée, face à Aidan, je fermais les yeux en sentant sa main caresser ma joue doucement, me rappelant presque ce même geste qu’il avait eu envers moi ce week-end lorsque nous avions d’ailleurs le même sujet de conversation. Si tu penses réellement qu’il peut être le bon, fonce… Je pense seulement qu’il y a beaucoup mieux avec un risque de souffrir beaucoup moins important… D’autant plus que ce n’est qu’un ami pour toi. Je ne vois pas pourquoi il y aurait plus… J’ouvrais les yeux pour le regarder, lui adressant un petit sourire triste. Si Dmitri était le bon ? Je ne le pensais pas. « Tu as raison… », soufflais-je doucement, gardant mon regard plongé dans le sien. « Si Dmitri était le bon, je l’aurais su il y a trois ans quand nous étions ensemble… » J’haussais les épaules en lui souriant à nouveau, sentant mon cœur se mettre à battre de plus en plus fort au fur et à mesure que je sentais ses doigts sur mon visage. D’ailleurs… ce baiser que tu m’as donné… tu… enfin, ça voulait rien dire ? Je le regardais, le souffle coupé alors que j’avais la forte impression que mes joues viraient au rouge tomate. Je baissais les yeux pour éviter son regard, bafouillant alors, « Je… je ne sais pas… ». Je passais ma main sur la sienne pour qu’il la retire de ma joue, me redressant doucement pour m’asseoir. Je me sentais vaciller légèrement, et je passais mes doigts dans mes longs cheveux bruns que je tirais en arrière. Je tournais la tête vers lui et je lui souris, « T’étais là…et t’étais doux… » Je ris doucement et j’ajoutais, « J’ai juste eu envie de t’embrasser… Pourquoi, j’embrasse mal ? » Je souris, ne pensant qu’à le taquiner histoire de ne pas montrer ma gêne face à sa question.